Lac des Escarcets

Randonnée effectuée le 10 avril 2013 (merci Michel pour le pilotage).

Voilà des paysages qui diffèrent de ceux rencontrés autour de Brignoles et Carcès. La géologie en est l'explication. Nous nous trouvons dans ce qu'on appelle la dépression permienne. C'est une région en creux comprise entre la Provence calcaire au Nord-Ouest et le Massif ancien des Maures au Sud.

Le Permien (avec pour adjectif permien, avec une minuscule) est une période géologique qui s'est étendue entre -300 et -250 millions d'années approximativement. Cette période a succédé à une phase de formation d'une grande chaîne de montagnes, la chaîne hercynienne, tout aussi importante que notre Himalaya d'aujourd'hui. L'érosion de cette chaîne a produit des sables et des argiles rubéfiés sur des grandes épaisseurs. C'est sur ce type de roches que nous allons marcher principalement. Mais qui dit argile, dit roche tendre et imperméable, voilà pourquoi cette région est en creux et qu'on y patauge allégrement après les pluies. En termes géographiques, cette région plate est encore appelée Plaine des Maures. Une partie en est la propriété du Conservatoire du littoral et c'est une réserve naturelle, inscrite dans Natura 2000. Le paysage est celui d'un maquis, largement ouvert parfois sur des prairies à asters, à allure de savane, d'autres fois plus fermé par des arbustes comme la bruyère arborescente ou le ciste, ou par des arbres comme le chêne-liège et le pin parasol. De nombreux petits cours d'eau, de drains, de mares et de flaques forment un patchwork de milieux humides. Plusieurs espèces de grenouilles, dont la grenouille rieuse, font entendre leurs coassements sonores. Les hérons tournent autour des étangs. Les insectes se délectent des parfums. Notre promenade débute par le passage du pont de Basse Verrerie. Ce pont franchit la rivière l'Aille et représente le point de passage de l'ancienne route du Luc à Saint Tropez. 55 km vers le port emblématique de la maréchaussée, nous rappelle la borne de pierre. Près des rives s'étendent des prairies d'asters. Les pluies abondantes du printemps dernier ont gorgé d'eau les chemins creux. Nous progressons dans la ripisylve boueuse bordant le vallon confluent de Rouré Trouca. Puis nous remontons vers le SSE. Les bancs de grès rouge forment de grandes marches d'escalier. Une trentaine de mètres plus en altitude, nous atteignons un zone haute ouverte sur la lande du Ginestier. De ce point s'offre un panorama vers le Nord, au-delà de la plaine du Luc et le l'aérodrome, vers l'horizon de la Provence calcaire. On reconnaît encore les Bessillons, obliquement par rapport à leur axe. Nous redescendons un peu en rejoignant la sente des Aurèdes. De larges parterres d'iris éclatants et multicolores côtoient les buissons de bruyères qui lâchent au vent leurs nuages de pollen. Nous décrivons un ample Z qui contourne la petite retenue des Aurèdes. Au travers de la phragmitaie qui la ceinture se détache vers le SW les sommets de la Sauvette (776m), de l'Argentière et du Cros de Panaus, parmi lesquels est fichée l'antenne de Notre-Dame-des-Anges.

Au carrefour du P.C. 90m, nous bifurquons à gauche et prenons la sente des Petites Aurèdes, à peine le temps de regarder le panorama. Les cimes enneigées crèvent l'horizon. Nous passons devant la demeure des Aurèdes, monument historique du XIX ème siècle, entourée de clairières. De nouveau, nous tournons à gauche pour suivre une piste assez droite, situé sur un replat boisé. C'est la zone la plus élevée (110 m) que nous atteindrons. Plusieurs espèces d'orchidées y prospèrent.

Au lieu-dit Les Péguières, la sente redescend en serpentant vers le lac des Escarcets. La chapelle Sainte Brigitte perchée au sommet de la colline dominant Vidauban est juste dans notre axe. Beaucoup plus loin encore, la Montagne de Lachens, point le plus élevé du Var avec ses 1714 m est encore beurrée de neige.

La piste longe alors la roselière en bordure du lac des Escarcets. Cet endroit frais est prisé par les familles. Le pêcheur taquine et ramène le gardon qu'il vient de prendre. Il paraît que sur ces fonds sablonneux, le poisson n'a pas le goût de vase.

Une grande dalle faiblement inclinée vers l'eau semble être tombée du ciel pour nous y allonger et nous y reposer quelques minutes. C'est une roche claire, à la surface mamelonnée, au débit prismatique subhexagonal. Pas de doute, il s'agit d'une coulée volcanique, faite d'une roche appelée rhyolite. Cette coulée est épaisse d'environ 5 mètres, comme nous la verrons sur la tranche un peu plus loin. Bien sûr, cette coulée volcanique interstratifiée dans les grès et argiles permiennes n'a pas l'importance en volume de celles de l'Estérel.

Une centaine de mètres plus vers l'Est, un barrage poids en béton nous donne l'explication du lac des Escarcets. Il s'agit d'une retenue collinaire aménagée en 1971 dans le cadre de mesures anti-incendie et qui contient environ 500 000 mètres cube d'eau. L'existence de la coulée volcanique servant d'accroche résistante a conditionné le lieu d'implantation de l'ouvrage. Spectacle rafraîchissant non-stop, du toboggan de trop-plein glisse un voile d'eau écumeuse.

La piste du retour suit la rive droite du vallon des Escarcets, vers lequel confluent quelques torrents dont la traversée à gué est parfois problématique. Près du Pont des Escarcets, en bordure de la D558, nous observerons une autre coulée volcanique. La piste parallèle à la route sera l'occasion de croiser quelques jonquilles et quelques tulipes sauvages.

N.B. : la plupart des clichés photographiques et panoramas peuvent être agrandis en double-cliquant sur l'image. C'est beaucoup mieux.

Le circuit sur la carte IGN (source Géoportail)

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