Tholos de la Lauve

Cette randonnée a été réalisée le 7 août 2013 sous la houlette de Robert et Claire-Marie. Elle débute au lieu-dit La Muie, ignoré des cartes officielles, mais bien connu des autochtones comme la plage sur les bords de la Bresque, près du Pont romain. Nous passons devant des ateliers de céramistes, témoins de l'activité célèbre du pays. Un petit détour nous permet de découvrir les ruines du château féodal et d'admirer le panorama sur la vallée de la Bresque et les toits de Salernes. Le chemin traversant La Roque se trouve en contrebas d'une corniche où affleurent les argiles rouges sparnaciennes. Il s'agit vraisemblablement d'anciennes carrières dans ces argiles ferrugineuses, matériau de base pour la fabrication des tomettes. Les risques d'éboulement de la falaise de La Roque ont nécessité la pose de filets de protection métalliques.

En cette saison, l'origan sauvage et le fenouil sont en fleurs. Les amateurs de cuisine provençale en cueillent à pleines brassées. D'autres enroués cueillent des fleurs de molène pour en faire des tisanes.

Le chemin que nous suivons suit le cours d'un aqueduc enterré. Nous nous en apercevons alors que nous enjambons la départementale 560.

Une haie d'Hibiscus ceinture le jardin de cette jolie demeure.

Vers le NE, derrière les oliviers et les cyprès de Toscane, apparaissent les contreforts dolomitiques du Picaillau qui culmine vers les 450 m d'altitude. Nous nous engageons sur le chemin de Combe Amère (étymologiquement Coumbo Malo). Un cheval de bronze garde cette splendide maison d'architecte, parmi les oliviers et les micocouliers. Nous atteignons l'orée de la forêt. Quelques caroubiers arborent leur gousses le long du chemin. Nous faisons une halte rafraîchissante près du réservoir, avant de faire une petite escapade dans un creux ombragé du ruisseau de la Brague (ou Braque selon les cartes), affluent de la Bresque. En suivant la rive droite de la rivière, nous pénétrons alors dans le vallon de la Brague, une combe creusée dans les dolomies jurassiques. Au bout d'une allée s'ouvre le domaine de Saint Barthélémy, classé espace naturel sensible. Les pins maritimes, hauts d'une trentaine de mètres, se hissent vers la lumière. L'écorce crevassée des plus vieux se débite en grosses écailles. Nous retraversons le cours d'eau pour nous reposer quelques instants au bord de l'étang. Le miroir calme, hérissé d'herbes aquatiques, reflète les rochers et les carrés de ciel bleu. Mais, de nouveau, nous repassons en rive droite sur ce moderne pont de bois. La chapelle dédiée à Saint Barthélémy est perchée sur un palier rocheux que nous gravissons par l'escalier de pierre tapissé d'orpin blanc. Cette chapelle, construite initialement au XVI ème siècle, a été profondément modifiée au XIX ème siècle. Au travers du judas grillagé de la porte, on peut admirer les fresques modernes qui tapissent les murs et l'autel.

Retour le long de la Brague et ses galets tachés du sang du saint (une algue en fait) et passage à gué sur quelques pierres plates. Nous nous enfonçons au coeur des gorges. De nombreuses grottes et abris-sous-roche grignotent la dolomie pulvérulente. Ces cavités, naturelles à 'origine, recèlent les traces d'occupation de l'homme préhistorique. Nous ne pourrons voir la célèbre grotte de Fontbrégoua, interdite d'accès par son propriétaire, mais qui nous apprend les moeurs culinaires particulières de nos ancêtres. Nous n'irons pas non plus au Trou du Loup, conduit karstique pittoresque, pour ne pas trop dévier de notre circuit.

En ce lieu contrasté, d'ombre et de lumière, d'aridité et d'eaux-vives, les arbres semblent aussi hésiter dans leur croissance. Dans le pré ouvert poussent l'herbe-aux-femmes-battues, le fragon. Y courent la salsepareille, la clématite vigne-blanche, la coronille et la ronce. La Pariétaire officinale occupe le pied des murailles calcaires. Quelques jeunes micocouliers ombragent le chemin. Parmi les papillons aux jolies couleurs qui virevoltent, on reconnaît le tabac d'Espagne et le zygène. Le Capricorne butine les fleurs de ronce.

Un chemin dans le taillis nous hisse progressivement sur le rebord du vaste plateau d'Aups. Voilà, une coupe géologique intéressante. Au-dessus des dolomies du Jurassique terminal, nous découvrons des poches d'argiles rouges plus ou moins riches en bauxite. Ces roches datent de l'Albien (-112 à -100 millions d'années). Elles sont d'origine continentale (pas marine comme les calcaires au-dessous) et elles témoignent que le climat de l'époque était très chaud et très humide (type tropical). En montant un peu plus haut, la végétation s'éclaircit et l'on passe à un causse.

On distingue nettement une barre de calcaire blanc d'une dizaine de mètres d'épaisseur avec un pendage (pente des couches) apparent vers le Sud. Ces calcaires blancs font penser, de loin, aux gypses ou aux calcaires lacustres. Ils sont entrelardés de marnes mauves. Leur âge de formation est le Danien, un étage géologique du tout début de l'ère tertiaire (-66 millions d'années). Bien que le faciès de la roche s'y prête, inutile d'y chercher des ammonites, elles viennent juste de s'éteindre de la planète. Mais en regardant de près, il y a des fossiles et Claudine (C) nous ramasse un petit gastéropode.

Nous atteignons un replat vers les 400 mètres d'altitude. Au milieu d'un champ de cailloux, subsistent les restes d'un mégalithe circulaire, la tholos de La Lauve. Ce type de tombe est unique dans le Var. Le site a souffert d'incendie depuis sa découverte et paraît assez reconstitué. Le panorama à 360° nous présente les bessouns sous un autre angle.

Par le chemin caillouteux des Vaux, nous redescendons vers Salernes, traversons l'ancienne ligne de chemin de fer reconvertie en départementale routière. Un massif de clématite flammette grimpe sur la clôture. D'autres plantes échappent à ma connaissance, que d'autres identifieront.

L'épilogue de la randonnée se fera près du Pont romain auprès duquel La Bresque est aménagée pour la baignade. Ce lieu plein de fraîcheur est le rendez-vous familier d'animaux de tout genre.

Afficher Tholos sur une carte plus grande

Afficher Tholos sur une carte plus grande