Pages annexes de mon blog Camino mon chemin spirituel et militant https://michel1955.blogspot.com/
QU'EST-CE QUE LE DHAMMA ? QU'EST-CE QU'IL N'EST PAS ?
(un texte de la tradition du Theravada) télechargé à partir de ce groupe de facebook
Le Dhamma, avec un D majuscule (dhamma signifiant "chose/phénomène"), désigne communément l'Enseignement du Bouddha. Bouddha n'enseigne que sur la Souffrance, son origine, sa cessation, rien de plus, il ne fait pas dans la cosmogonie. Ainsi il enseigne le moyen de mettre fin aux cycles de renaissances et ainsi à la souffrance, chose qui passe obligatoirement par le lâcher prise car c'est l'attachement (upadana) qui conduit à renaître.
IDÉES REÇUES SUR LE BOUDDHISME
- Bouddha est un dieu.
Sûrement pas, c'est un homme et il est mort il y a 2 500 ans.
- Selon le bouddhisme, Dieu n'existe pas.
Le Bouddha reconnait l'existence d'entités telles qu'appelées "Dieu" en occident, toutefois ils ne sont ni le créateur, ni omnipotent, et sont aussi soumis à Dukkha, la mort et la renaissance (cf DN1 http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/digha/dn01.html#1B )
- Le Dalaï Lama est l'équivalent du pape pour les bouddhistes.
Le Dalaï Lama est le chef spirituel de l'école des bonnets jaunes (Gelugpa), une école d'un sous-courant du Mahayana. Si on ramenait le Bouddhisme à la Chrétienté pour comparaison, le Dalaï Lama serait le chef spirituel des témoins de Jéhovah. S'il est si connu c'est de par la situation géopolitique du Tibet dont il est aussi le chef du gouvernement. Cela n'enlève rien à son altruisme et sa grande compassion, mais pour un Théravadin il ne représente rien d'autre qu'un homme très bon.
- Un bon bouddhiste est végétarien.
Un bon bouddhiste ne s'associe pas directement à la destruction de la vie (AN 3.164). Ainsi il ne tue pas d'animaux, et il évite de donner des sous à l'industrie qui tue. Cependant il peut manger de la viande, Bouddha mangeait de la viande. La seule raison pour laquelle il est interdit à un moine de manger de la viande c'est si l'animal a été tué spécifiquement pour lui, car dans ce cas, accepter de la manger reviendrait à s'associer au meurtre. Accessoirement il existe toutefois 10 types de viandes proscrites : humain, éléphant, cheval, chien, serpent, lion, tigre, panthère, ours et yack.
- La réincarnation de Bouddha...
Stop ! Bouddha ne s'est pas réincarné, ce serait un non-sens, Bouddha a atteint l'objectif, et l'objectif est justement de ne plus renaître.
- La réincarnation
On ne se réincarne pas, on renaît. Se réincarner signifierait qu'il y ait quelque chose à réincarner, or ce n'est pas le cas, il n'y a pas d'âme, ni de substance propre à l'individu et permanente, c'est un des 3 axiomes du bouddhisme : Anatta, l'absence d'en-soi.
- Alors dans ce cas, qu'est-ce qui renaît ?
Le sujet est assez long et compliqué tant qu'on ne comprend pas le principe d'Anatta ( http://dhammadana.org/dhamma/3_caracteristiques/anatta.htm ), des Agrégats d'attachement ( http://dhammadana.org/dhamma/5_agregats.htm ) et de la Coproduction Conditionnée ( http://dhammadana.org/dhamma/paticca_samuppada.htm ). Bonne lecture ^^
- Les Bodhisattvas sont des divinités / sont des bouddhas / nous guident / nous protègent (...)
NON ! Un bodhisatta (bodhisattva en sanskrit) est une personne qui a fait le vœux (et en outre d'avoir juste fait le vœux, accorde sa pratique avec ce vœux) de devenir un jour un sammasambuddha comme le fut le Bouddha historique Gautama. Dans tout le Canon Pali il n'est question de bodhisatta que pour parler des précédentes existences de Bouddha, ainsi Bouddha n'a jamais enseigné la voie du bodhisatta, seulement celle de la cessation de la Souffrance.
Par définition un bodhisatta n'est donc PAS éveillé (sinon il est un arahant et plus un bodhisatta), à ce titre il ne peut pas guider mieux qu'un autre. Un bodhisatta pourrait même bien être une mouche ou un clochard ivrogne dans cette vie actuelle. Il ne s'agit que d'un être qui a choisi de prendre le même chemin que le Bouddha historique.
MAHAYANA vs THERAVADA
Le Theravada se veut le courant de l'Enseignement originel du Bouddha et de lui seul, ainsi il ne comporte pas de rajouts. Les différents courants qui en sont nés sont liés à l'histoire des Conciles (plus d'infos ici : http://dhammadana.org/sangha/conciles.htm ). À partir du 3è concile, un schisme a eu lieu dans la communauté et chaque courant ayant évolué de son côté avec son lot de sous-courants, d'écoles, de maîtres et de rajouts. En gros et pour faire court, l'ensemble des courants du Mahayana s'opposent au Theravada sur le chemin à adopter, respectivement la voie du bodhisatta et la voie de l'arahant. Ce ne sont pas les seules différences, mais c'est la principale. Pour les autres différences, en particulier "la non-dualité", vous pouvez lire un excellent exposé de Bhikkhu Bodhi ici : http://www.bouddhismes.net/node/441
"LES THERAVADINS SONT ÉGOÏSTES"
(ils ne pensent qu'à se délivrer eux même et pas les autres)
En une occasion, le brahmane Saṅgārava vint voir le Bouddha pour lui dire que sa voie était égoïste, qu'elle ne profitait qu'à soi même et pas aux autres. Bouddha lui répondit qu'il existe trois types de miracles : les pouvoirs supramondains, la lecture dans les pensées, et l'enseignement, puis il demanda au brahmane lequel de ces trois il considérait comme le plus haut, le meilleur de tous. Le brahmane répondit l'enseignement, car les deux premiers ne profitent qu'à soi même, tandis que l'enseignement profite aux autres. Le Bouddha acquiesça et fit remarquer au brahmane que des centaines de ses disciples étaient pourvus de ces 3 miracles.
- AN 3.61 (texte intégral ici : http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/anguttara/03/an03-061.html )
Bouddha enseigne qu'on ne peut se libérer que soi même, c'est ce que s'applique à faire le Theravadin, il n'en n'est pas égoïste pour autant et partage le Dhamma autant que faire se peut.
LES MANTRAS ET PRIÈRES
"Suppose, chef de village, qu'un homme jette un gros rocher dans un lac profond, et qu'une grande foule se réunisse, s'assemble, prie, fasse des invocations et processionne avec les mains jointes, en disant: 'Elève-toi, gros rocher! Emerge, gros rocher! Viens te poser sur la berge, gros rocher!' Qu'en penses-tu, chef de village: est-ce que ce gros rocher, en vertu des prières, des invocations et de la procession avec les mains jointes de cette grande foule, s'élèverait, émergerait, ou viendrait se poser sur la berge?"
- SN 42.6 ( http://www.buddha-vacana.org/fr/sutta/samyutta/salayatana/sn42-006.html )
Bouddha enseigne qu'il ne sert strictement à rien de prier et plus généralement de s'en remettre à quelqu'un d'autre (ou quelque chose d'autre) que soi même concernant son propre sort. Aussi les mantras ou prières n'existent pas dans le Theravada.
COMPASSION ET ENGAGEMENT
La compassion ( Karuna ) est une des quatre demeures divines avec l'amour bienveillant ( Mettâ ), la joie altruiste ( Mudita ) et l'équanimité ( Upekkha ). Ce sont là quatre choses qu'il appartient à chaque pratiquant de cultiver avec ferveur.
Toutefois il est très important de ne pas tomber dans l'attachement et de bien distinguer où commence la compassion et où elle s'arrête. La compassion est un état mental et elle peut se développer et se pratiquer à travers la méditation. Être compassionné ne signifie pas pour autant agir en conséquence. Si ce devait être le cas, tout bon bouddhiste serait en Afrique à construire des écoles, creuser des puits, soigner les malades ou dans les favelas à bâtir des maisons salubres, ou sur les océans en train d'empêcher la pêche à la baleine (...) en fait la liste est très très longue, pour ainsi dire infinie. Ces actions sont nobles, louables, méritoires, mais vaines. La souffrance est un axiome, il y aura toujours de la souffrance. Le seul moyen d'y mettre terme, réellement, c'est en suivant l'Enseignement et le seul moyen qu'on a d'aider les autres à supprimer la leur, c'est en leur offrant le Dhamma. Nous parlons ici d'un point de vue global, car bien entendu, si l'occasion vous est donnée à un moment, d'aider votre prochain, et que c'est dans vos moyens sur l'instant, ne vous en privez pas. C'est spontané, c'est de la compassion pure et à cultiver. Mener un combat, même un bon combat, c'est de l'engagement, de l'attachement, et ce n'est pas la voie enseignée par le Bouddha. Il n'existera jamais de société idéale dans laquelle la souffrance n'existe pas, le seul idéal à poursuivre et à répandre, c'est la délivrance.
PALI vs SANSKRIT
Le pâli n'est, à proprement parler, pas une langue. Pâli veut dire littéralement "ligne / rangée" et désigne l'ensemble de l'Enseignement du Bouddha (le Tipitaka). La langue du Bouddha et du canon est une langue Magadhi (une famille de langues proches parlées dans la région de Magadha) dont le sanskrit est une petite cousine. Par abus de langage, aujourd'hui on considère le Pâli comme une langue (faisons donc de même pour la suite).
Le Pâli est donc par défaut la langue liturgique (et langue morte, contrairement au sanskrit) du Bouddhisme ancien, originel et c'est dans cette langue qu'ont été rédigés et conservés les Enseignements du Bouddha. Le Mahayana s'étant développé suite au schisme du 3è Concile dans diverses autres régions, ses textes fondateurs ont été rédigés en Sanskrit. Il est donc fréquent de voir un theravadin s'exprimer avec des termes pâli plutôt que des termes sanskrits. Le Mahayana étant plus populaire, les termes rentrés dans le langage commun, tels que le "karma" (kamma en pâli), sont issus du sanskrit.
Quelques termes courants du bouddhisme Sanskrit / Pali :
Karma / Kamma
Sutra / Sutta
Bodhisattva / Bodhisatta
Dharma / Dhamma
Maitri / Metta (et donc pour le prochain Bouddha : Maitreya / Metteya)
Anitya / Anicca (la prononciation est quasi la même)
Dhyana / Jhana (la prononciation est quasi la même)
Anatman / Anatta
Skhandha / Khandha
Samjna / Sañña (la prononciation est quasi la même)
Samskara / Sankhara (la prononciation est quasi la même)
Vijnana / Viññana (la prononciation est quasi la même)
texte à télécharger au format pdf :
QUEST-CE QUE LE DHAMMA _ QUEST-CE QUIL NEST PAS _.pdf
Quelques différences majeures entre Theravâda et Mahâyâna
Je souhaite maintenant aborder trois domaines majeurs de différence entre les philosophies de la non-dualité et l'enseignement du Bouddha, auquel nous nous référerons ici sous le nom de "Ariyan Dhamma" (le Noble Dhamma).
texte à télécharger ici
Un memo essentiel des enseignements du Bouddha