Des mises en scène de théâtre classique: Phèdre et Dom Juan

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Chéreau reste un metteur en scène hors norme. il perçoit la scène comme un espace complet, à la fois espace théâtral mais aussi espace figuratif et cinématographique. Ici, la disposition de la pièce théâtrale de Phèdre va donner pleins pouvoirs aux personnages. le public est placé de part et d'autre de l'espace de jeu. les personnages se déplacent autant au centre de la ligne de gradins, que depuis les gradins ou depuis leurs côtés. Quelque part, à la manière du théâtre Elizabéthain, où les nobles avaient leur siège sur scène, le spectateur n'est pas en position frontale de la scène. il ne la regarde pas comme s'il voyait à travers un quatrième mur transparent, le propre de la scène à l'Italienne. Il est mélangé à l'action, il en est, à la fois,

Le spectateur et le juge. il devient, finalement, une représentation de la "fata", el destin des personnages, puisqu'il connaît ce destin et qu'il y assiste une fois de plus. c'est d'ailleurs la raison, semble-t-il de la simplicité du décor et des costumes. Ce qui devient intéressant, ce n'est pas l'apparat, propre au théâtre qu'on connaît habituellement, c'est de pouvoir observer de près les figures des personnages, ressentir au plus près leur émotions et pouvoir développer une mimesis empathique qui ne jugera plus Phèdre mais qui participera, avec elle, à son fatal destin.

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Chez Vitez, du moins dans cette mise en scène de Dom Juan, il n'y a pas de recherche au niveau de la participation du public aux événements. il reste dans le rapport purement frontal. Ce qui l'intéresse, autant parce que Dom Juan est une pièce du répertoire presque trop connue, autant parce qu'il est l'héritier libéré du théâtre épique de Brecht, que parce qu'il veut trouver le meilleur ajustement, il va rendre visible le trompe l’œil du théâtre. L'espace devient alors à la mesure du personnage et laisse, pour autant, planer le mystère: Dom Juan est un monstre ou un ange annonciateur, un héraut, un héros? Le public suit la pièce tout en ayant la conscience bien nette que "ce n'est pas vrai", tout en se laissant prendre par le personnage de Don juan et son valet Sganarelle.

Marcel Bluwal, toujours à propos de Dom Juan, en 1965, a construit une mise en scène de la pièce de théâtre en un ouvrage cinématographique. tout s'y prête. Loin des canons du classicisme, et par une urgence de l'écriture, Molière a présenté une pure pièce baroque qui, si elle respecte la règle de bienséance, n'en respecte aucune autre. Dès lors, pourquoi ne pas utiliser les possibilités que nous offre le cinéma? Nous suivrons ainsi un ensemble théâtre, cinéma, qui laisse mieux saisir l'étrange caractère du héros, à la fois très aristocrate et très libre. Michel Piccoli, l'acteur du personnage de Don Juan, Met particulièrement bien en avant la dualité du héros.

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