Le commentaire littéraire

des conseils pour le commentaire littéraire

Le Commentaire littéraire

Comprendre la démarche

Avoir des pistes de travail…

Ah ! Le commentaire littéraire… L'exercice le plus apprécié des littérateurs. Pourquoi ? Parce qu'ils peuvent réussir à mettre en avant leur sens de l'observation et les outils de reconnaissance. Le plus souvent, les élèves croient, à tort, que le commentaire littéraire est un gentillet bavardage, « Oui, encore un gâteau, ma chère », autour d'un texte. Comme ils sont très bavards mais, surtout, habitués à parler autour de très peu de références, le travail devient vite laborieux et fort ennuyeux à lire.

Pourtant, si l'exercice a une telle aura, ce n'est pas pour rien. Je dirai que, personnellement, je le trouve passionnant. En effet, il va pouvoir mettre en avant l'imagination du candidat, mais pas cette imagination, ô combien, bridée par les expériences de lecture, de jeu, de films et séries et de discussions, toujours les mêmes, qu'on utilise pour se croire original dans l'écriture d'invention. Non, l'imagination d'une interprétation qui s'appuiera sur les faits du texte.

Première histoire pour voir ce qu'il y a de passionnant dans le commentaire littéraire :

Vladimir Nabokov, un auteur Russe d'expression Française qui finit ses jours en Suisse et passa plusieurs années aux USA, dans un de ces cours, expliquait à ses étudiants que le commentaire littéraire était un véritable exercice de détective. Pour appuyer ses dires, je me référerai à la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle, « Black Peter », où il harponne un cochon pour vérifier les types de blessure qu'on peu faire, suivant sa taille où la position du corps. C'est, d'ailleurs le même principe qui faisait le succès du détective Serial killer Dexter, dans la série éponyme.

Mais voilà, Umberto Eco, un chercheur le littérature Italien et, non moins, l'écrivain qui fit connaître l'incroyable Le Nom de la rose, mis au cinéma, plus tard par Jean Jacques Annaud, explique dans on livre Les Limites de l'interprétation, que Sherlock Holmes ne fait pas de déduction puisqu'il n'est qu'un personnage de roman et que les déductions qu'il fait, ce sont des inventions de Conan Doyle. Il ne faut, donc, plus parler de déduction mais d'abduction, une sorte de déduction guidée par l'imaginaire de l'auteur.

C'est exactement ce qui doit être fait dans le commentaire littéraire. Une abduction où les outils, tout aussi réels que les mouvements du harpon dans la chair de cochon, vont prouver une interprétation toute personnelle de celui qui fait l'exercice.

Cependant, attention ! Si l'exercice devient assez vite très plaisant, il ne faut pas perdre de vue que nous avons affaire à un correcteur et que si nous voulons le convaincre, il va falloir des preuves irréfutables. En effet, pour peu que ce que nous voulions démontrer ne lui convient pas, si nos preuves sont fragiles et mal exploitées, il aura tôt fait de pointer la faiblesse de notre raisonnement.

J'espère vous avoir convaincu de l'intérêt de ce travail qui met en jeu, à la fois, notre sens de l'observation, nos connaissances de la littérature, notre imagination, notre capacité à convaincre et notre sens de l'écriture.

I L'observation

C'est la partie que les élèves comprennent le moins bien. En se mettant à leur niveau, un texte « raconte ». il suffit de réfléchir à ce « raconte » et l'exercice sera clos. En gros, il réfléchissent au « quoi ? », mais le « comment ? », très lié au « Pourquoi ? », ils ont bien du mal à le saisir. Alors, allons y de la petite explication.

Si je veux dire, à titre d'information, que j'ai peur du noir, je vais utiliser le schéma de message le plus simple « J'ai peur du noir ! », mais, ici, je ne suis pas en littérature. Je suis avec des copains que j'aime assez pour leur révéler une phobie ridicule, je veux qu'ils me comprennent. Maintenant, si je suis un auteur et que je veux qu'un de mes personnages ait peur du noir, je peux choisir le niveau zéro, équivalent de la vie courante : « il a peur du noir ». Mais je peux aussi faire comprendre à mon lecteur que mon personnage vit mal cette phobie qui le rend ridicule à ses yeux. Là encore, je peux écrire au nouveau zéro de la littérature, c'est à dire transmettre l'information : « Il a peur du noir. Il se trouve ridicule ». Mais bon, ça ne le fait pas, il va falloir que je trouve autre chose, j'ai un nombre infini de possibilités. « Sa peur du noir le gêne », « il ne veut pas dire qu'il a peur du noir, il se trouve ridicule », « le ridicule de son achluophobie » etc. Il va falloir que je choisisse ce qui me semble le plus intéressant. Supposons que, moi, auteur, je choisisse « Il soupira… Il tourna la tête, gêné… « J'ai... »Il n'acheva pas sa phrase. Il semblait vraiment mal à l'aise. La salle était obscure. » La question qui va se poser c'est « pourquoi, j'ai choisi cette forme ? » Une méthode pour y répondre, c'est d'observer, de tous les points de vue possible le choix fait pour établir, une fois les faits observés une théorie sur les raisons du choix de cet auteur. C'est cette démarche qu'on appelle le commentaire littéraire.

II Les outils

Inutile de vous munir d'un harpon et d'un cochon ! Les outils d'observation du commentaire sont nombreux :

    • la phonétique, ou l'étude des sons

    • la prosodie, ou l'étude des formes poétiques et sur cette page du site

    • la syntaxe ou l'étude de la construction des phrases et cette page pour une petite présentation

    • la morphologie ou toute la grammaire qui n'est pas la syntaxe

    • le lexique ou l'étude du choix des mots et cette page du site

    • la sémantique ou l'étude des jeux de sens effectués ou cette page du site

    • le discursif ou l'étude des discours

    • l'historique de l'auteur ou l'étude de la vie de l'auteur par rapport à l’œuvre

    • l'historique littéraire ou l'étude de l'histoire littéraire par rapport au moment de création

    • l'Historique ou l'étude de l'Histoire de l'humanité que pouvait connaître l'auteur au moment d'écrire

      • Comme on peut le voir, ce fait beaucoup d'axes pour observer un texte. Un élève qui pourra utiliser avec la même facilité les axes pourra réussir beaucoup mieux un commentaire que celui qui ne se contentera que d'une vague connaissance de la sémantique.

      • III L'Imagination

      • L'observation sous ces axes devrait, normalement, au fur et à mesure des observations, vous amener à mettre en place une ou deux théories. Ces théories seront celles que vous choisirez car vous les avez construites en étant en phase d'observation, elles seront d'autant plus faciles à prouver.

      • Cas particuliers : Vous êtes en série technologique, on vous propose deux axes, c'est bien plus simple de les suivre, sauf si, bien sûr, vous trouvez votre théorie plus intéressante, mais soyez vraiment sûr de vous. Sinon, suivez les deux axes pour sélectionner vos points d'observation. Autre cas, rien à faire, vous n'avez pas d'idée, alors il y a le plan de secours : « Que dit le texte ? » « Comment habituellement, en littérature cela est dit » « pourquoi une telle différence entre l'habitude et le texte ? ». C'est un plan facile et passe- partout mais ça évite de se trouver à sec.

      • IV La Capacité à convaincre

      • Quelque soit le cas de figure, vous devez convaincre votre correcteur. Cela va devoir imposer un plan clair et facile à suivre, des idées toujours soutenues de preuves textuelles expliquées dans le sens de l'idée et une démarche d'argumentation « partie 1 / partie 2 = partie 3 ». Comme vous le voyez, on est quasiment dans la démarche de la dissertation. La différence est que vous ne travaillez pas sur la réflexion d'une idée, mais sur un texte.

      • V Le Sens de l'écriture

      • Bon, on a fait le tour, maintenant à quoi doit ressembler le commentaire ? C'est assez simple, il suffit de reprendre le plan de la dissertation :

      • Introduction – Travail= trois parties de trois paragraphes – Conclusion

      • Rappel, l'introduction et la conclusion ne sont que des paragraphes de présentation qui encadrent le travail. Toutes deux présentent le plan, le texte. La Conclusion rappelle l'idée finale de la dernière partie et, c'est possible, ouvre à de nouveaux axes de commentaire. La conclusion, même si le nom le fait croire, n'est pas l'endroit où se conclut le travail, le travail se termine, se conclut, dans la troisième partie.

      • Autre remarque, qui va faire plaisir, un commentaire à trois parties et trois paragraphes est un objectif, mais atteindre trois parties à deux paragraphes, n'est pas mal vu le jour du baccalauréat.

    • Le plan initial, pour novices doit être le suivant :

      • Introduction, trois à cinq phrases, en moyenne :

    • Phrase 1 présentation texte

    • Phrase 2 présentation plan

    • Phrase 3 Ouverture au paragraphe suivant

    • Travail : trois parties à deux ou trois paragraphes chacune

    • les paragraphes font cinq à sept phrases, en moyenne

      • PARTIE 1 : AXE 1

      • Paragraphe 1

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 2

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 3

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • PARTIE 2 : AXE 2

      • Paragraphe 1'

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 2'

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 3'

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • PARTIE 3 : AXE 1/2

      • Paragraphe 1

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 2

      • Phrase 1 : Ouverture

      • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

      • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

      • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

      • Phrase 5 : ouverture au paragraphe suivant

      • Paragraphe 3

    • Phrase 1 : Ouverture

    • Phrase 2 : Énoncé de l'idée

    • Phrase 3 : Exemple textuel prouvant l'idée

    • Phrase 4 : Réflexion sur l'idée et l'exemple

    • Phrase 5 : Phrase de finalisation avant conclusion

      • Conclusion, trois à cinq phrases, en moyenne :

    • Phrase 1 présentation texte

    • Phrase 2 présentation plan

    • Phrase 3 Ouverture à un nouvel axe de commentaire

      • Ce plan est un plan de départ, pour commencer l'exercice. Plus vous vous entraînerez, plus l'exercice deviendra évident et vous oserez prendre certaines libertés. Attention, à rester prudent, un des principes de base est que, notamment en ce qui concerne le travail, les parties et les paragraphes doivent être équilibrés. De la même manière pour l'introduction par rapport à la conclusion.

      • Bon, et le jour du baccalauréat ?

      • Okay, le tour du propriétaire a été fait, mais bon, le jour du bac, je procède comment ?

      • A. Prendre le texte et chercher ce qu'il veut dire, plein de méthodes, souligner les mots importants, le lire plusieurs fois et voir ce qui reste, etc.

      • B. Créer un nombre de brouillons équivalent au nombre de points d'observation, dix maximum, donnés au paragraphe « II Les outils »

      • C. Notez sur chacun des brouillons les observations faites

      • D. Dès qu'une théorie vient, la noter, une fois tout le parcours achevé, choisir les deux théories les plus intéressantes

      • E. Classer les observation suivant les théories ou les axes donnés de lecture

      • F. Écrire dans chaque axe les idées qui sont prouvées par ces exemples

      • G. Faire deux ou trois groupements d'idées et d'exemples

      • H. Faire le plan des parties 1 et 2

      • I. Au brouillon, comparer les idées des parties 1 et 2, pour une réflexion finale

      • J. Relever les exemples, si possible non utilisés qui vont dans le sens du résultat de la comparaison.

      • K. Faire, au brouillon, le plan de la partie III.

      • M. Rédiger, au brouillon l'introduction.

      • N. Rédiger, au brouillon la conclusion.

      • O. Passez au propre, recopiez l'introduction, suivez le plan pour les trois parties à trois paragraphes et recopiez la conclusion.

      • P. Relisez-vous !

    • Allez une petite série de vidéos: