Josepa Massanés et Dalmau

Josepa Massanés i Dalmau (Tarragone 1811 - Barcelone 1887). Née à Tarragone, rue des chaudronniers (Carrer dels Calderers), elle a déménagé à Barcelone à l'âge de deux mois, elle a été éduquée par ses grands-parents paternels car à l'âge de cinq ans sa mère est décédée. ELle s’est formée de manière autodidacte en étudiant les auteurs latins, italiens, français et classiques.

En 1837, son poème intitulé «El beso maternal», traduit en anglais, a été recommandé dans les écoles de New York par la commission d'éducation publique de la ville. Elle a commencé à écrire en espagnol et en 1842 elle a publié son premier livre «Poesías» à Barcelone. Elle a été la première poétesse romantique à publier un livre, bien que la même année Gertrudis Gómez de Avellaneda qui était aussi poète s’ajoutait à cette liste.

Dans les années cinquante, elle commence sa production en catalan avec des poèmes tels que : « La roja barretina », « Creure és viure »… Elle est la première femme écrivain de la Renaissance. Son œuvre poétique en catalan a été recueillie, à titre posthume, dans le volume «Poesies» (1908) avec un prologue écrit par Dolors Monserdà. Elle était très appréciée de ses collègues littéraires de l'époque (Joaquim Rubió i Ors, Pròsper de Bofarull, Marià Aguiló...).

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En 1869, elle a ouvert une école pour jeunes filles à Barcelone et grâce à l’enseignement, elle a contribué à diffuser sa pensée avant-gardiste  pour son époque. Elle y a travaillé jusqu'en 1873, année où elle est devenue veuve.

Elle est morte le 1er juillet 1887 à l'âge de soixante-seize ans et a été inhumée dans l'ancien cimetière de Barcelone.

La ville de Tarragone a donné le nom de Josepa Massanés à un bloc de l'avenue Lluís Companys (Avinguda Lluís Companys) qui était connu comme la Maison des Maîtres. L'écrivaine avait cédé ces terrains à la municipalité à condition que des logements pour enseignants y soient construits. À Tarragone, nous trouvons également le centre de formation pour adultes Josepa Massanés, situé dans la rue Frère Antoni Cardona i Grau (carrer Fra Antoni Cardona i Grau) . Récemment on a pu récupérer le tronçon de rue qui porte son nom et qui va de Saavedra à l’avenue Catalogne (avinguda Catalunya).

Elle a été la première femme dont le portrait à fait partie du Salon des personnes illustres de Tarragone (Saló dels Tarragonins Il·lustres), populairement connu sous le nom du Salon des Pendus  (Saló dels Penjats) de la Mairie de Tarragone.


L'idéologie féministe de Massanés

Dans le prologue de son livre «Poesías» (1841), elle défend le droit des femmes à écrire : «chez la femme les dons d'une brillante intelligence sont menacés de mépris si elle essaie de profiter de ce don d’écrire si estimé, sous pretexte que cette connaissance lui fait du mal». «Non, l'homme ne peut pas se dégrader sans nous dégrader ou nous humilier sans pour autant marcher sur sa propre image».

Il tient à prouver que les facultés intellectuelles, émotionnelles et de raisonnement de l'homme et de la femme sont équivalentes. De la même manière elle veut faire comprendre que l'illumination et la religion ne s'opposent pas et que la femme qui est instruite peut mieux éduquer ses enfants.

C'était une femme absolument consciente des avantages de l'éducation des femmes et de leurs droits sexuels dans ce domaine.

Son poème «La Résolución», écrit en juillet 1837, est aussi un exemple clair de cette revendication des femmes dans le monde de l'écriture. Le sujet y est traité avec beaucoup d'ironie.

Que j’écrive? Non mais oh.

Que Dieu ne me donne pas une telle manie,

plutôt une pneumonie ;

aller d'abord dans un désert.


Avant de composer je veux

pour époux un grossier,

mal né, têtu,

avare, querelleur, [...]


Écrire? Moi? Mon Dieu !

Tu m'aimes mal, D. Juan.

Oubliez-vous ce qu'ils diront

et à quel point je m'expose, à quel point ?


Oh, personne ne me convaincra,

eh bien, vous pouvez arguer.

Une femme écrivant

en Espagne ? Quelle honte! [...]


Traduction: Jennifer Esteban

Museu Víctor Balaguer

ALS BONS PAGESOS 

ALS BONS PAGESOS 

¿Què tenen los cantars

de ma nativa llengua,

que lo cor al sentirlos

bat més fort i depressa,

i sonriuen els llavis,  

i los ulls s’humitejan?

¿No té armonía i gracia

la parla de Castella,

dolsura la toscana

i forsa la francesa?

Donchs, ¿ per què quan els càntichs

nostres paysans axecan

ab accents d’alegría,

d’amor ò de tristesa,

totes les melodíes

olvidem de la terra,

com tota veu s’olvida

sentint la veu materna?

¡Oh, què dols es probarne

exa santa tendresa,

que als turons de la patria

ab flors ens encadena!

i quan la patria es noble,

i, com la nostra, immensa

es la gloria dels títols 

de sa antigua noblesa,

no hi hà orgull més llegítim

que’l que sentim per ella.

¡Lo ser català es honra!

A Deu gracies rendesca

qui la sanch catalana

sent bullir en ses venes,

i en son front honrat porta

barretina vermella. 

[1863]


Antología poética,  1991 

LES FESTES MAJORS A CATALUNYA

LES FESTES MAJORS A CATALUNYA


Bons comparets, les vostres festes

molt verament plauen al cor;

elles son grata recordansa

dels franchs costums d’un temps millor


Elles atrauen, elles junten,

ben avinguts com a germans´,

als qui per sòrt i per nissaga

ò per instint, son catalans.


Elles ab pura senzillesa

i patriarcal fraternitat

igualment donan franch hostatge

al proletari qu’al magnat,


i a la donzella forastera

qu’a cercar và garrut aymant,

com als fadrins qu’ab gentilesa

van darts d’amor als cors tirant.


Quants ab menyspreu ò befa miran

nostres anyals festius aplechs,

ò no han nascut en esta terra

ò tenen cors com buscalls sechs.


Puix molt complau i regositja

veure gosar la joventut;

lo qui ab rencunia al jovent mira

trista tindra la senectut.


Flor de la vida, Jovenesa,

tu ets la esperansa i goig del món;

sens ton bullici i ta cridoria,

de la vellesa’ls jorns ¿què son?


Enfilall d’hores neguitoses,

fexos de mals i sofriments;

disfrutèu, donchs, ab honestesa

d’exos gradosos passatemps.


Cobra, qui molt tot l’any treballa,

en eix descans de nou vigor;

fins son recort al vell reanima

en cada anyal festa major.


També, amichs meus, en la velluria

eix temps felís recordarèu,

i tal vegada a ma memoria

algun sospir consagrarèu.


-Ja no existeix -dirèu- l’anciana,

la popular cantora humil,

la que senzilla’ns inculcava

rica moral en pobre estil;


la que mirava aquexes festes

dels temps passats recorts llunyans

qu’ab sant respecte servar deuen

quants tingan sanch de catalans.-

                

[1879]

Antología poética,  1991