Milorad Pavić

Pesme / Poems: 

L'Autobiographie

(From Wikipedia, the free encyclopedia) Milorad Pavić (Serbian Cyrillic: Милорад Павић, pronounced [mîlɔ̝raːd pǎːv̞it͡ɕ]; 15 October 1929 – 30 November 2009) was a Serbian novelist, poet, short story writer, and literary historian. Born in Belgrade in 1929, he published many poems, short stories and novels during his lifetime, the most famous of which was the Dictionary of the Khazars. Upon its release, it was hailed as "the first novel of the 21st century." Pavić's works have been translated into more than thirty languages. He was vastly popular in Europe and in South America, and was deemed "one of the most intriguing writers from the beginning of the 21st century." He won numerous prizes inSerbia and in the former Yugoslavia, and was mentioned several times as a potential candidate for the Nobel Prize in Literature. He died in Belgrade in 2009.

Biography

Milorad Pavić was born in Belgrade, Kingdom of Yugoslavia on 15 October 1929 to a distinguished family of intellectuals and writers. He received a Bachelor of Artsin literature from the University of Belgrade, and later obtained a Ph.D. in literary history at the University of Zagreb.

Pavić entered the literary scene with two collections of poetry titled "Palimpsests" (Serbian: Palimpsesti), and "Moon Stone" (Mesečev kamen), published in 1969 and 1971, respectively. Pavić's poems were soon translated into English, and included in the anthology titled "Contemporary Yugoslav Poems". Soon after, Pavić dedicated himself to writing prose and several short story collections were published. Pavić's first and most famous novel, Dictionary of the Khazars ("Hazarski rečnik"), was published in 1984. It received widespread critical acclaim upon release, and was hailed as "the first novel of the 21st century." Written as a poeticdictionary, the book has been described as "a quasi-historical account of the semi-imaginary tribe of the Khazars."

Pavić's second novel was titled "Landscape Painted with Tea", and was published in 1988. Organized as a crossword puzzle, it follows a failed architect from Belgrade as he travels to Greece to trace the fate of his father who disappeared there during World War II. Pavić wrote many more novels, including "The Inner Side of the Wind" and "Love in Constantinople: A Tarot Novel of Divination". Described as "highly imaginative", Pavić is said to have "[done] everything to disrupt the traditional models of fiction writing such as the development of story and the notions of beginning and end." He was described as being "one of the most intriguing writers from the beginning of the 21st century." As a result, he was mentioned several times as a potential candidate for the Nobel Prize in Literature.

Apart from writing, Pavić taught philosophy at the University of Novi Sad before joining the University of Belgrade. In 1991, he became a member of the Serbian Academy of Sciences and Arts (SANU). During this time, he translated a number of works of Russian fiction into the Serbian language. In 1993, he published his first and only play, titled "Theatre Menu For Ever and a Day".

Originally written in Serbian, Pavić's works have been translated into more than thirty languages. Pavić was renowned for his highly imaginative fiction, and his novels diverged from traditional literary notions by means of an open-ended structure and the entwining of the mythic and historical. Dictionary of the Khazars: 

Dictionary of the Khazars was Pavić's first novel and international success. Written in 1984, it is a lexicon-format novel which follows the story of the semi-fictional tribe known as the Khazars. In it, the Great Khan of the Khazars has a dream that is nearly impossible to interpret. To shed some light on it, he summons representatives of the world's three great religions: a Christian, a Jew and a Muslim. He asks the three to explain the dream, promising that the entire Khazar tribe will convert to the religion which provides the most convincing explanation. The three scholars subsequently provide three dictionaries: one Christian, one Jewish and one Muslim. This trilogy presents three different versions of the story, and in effect it produces the novel itself.

Selected list of works: 

Article de Serbica.fr

Écrivain de renom international, traduit dans le monde entier, Milorad Pavić est sans conteste le prosateur le plus original de la littérature contemporaine serbe. Esprit encyclopédique et talent à multiples facettes – poète, nouvelliste, romancier, auteur dramatique, traducteur, essayiste, chercheur – cet ancien universitaire spécialiste du baroque serbe s’est lancé dès le début de sa carrière littéraire dans un projet extraordinaire dont le but était quasiment révolutionnaire : à la fois le renouvellement de l’art de la narration et le changement radical du mode traditionnel de lecture !

Sous la double casquette d’écrivain et de chercheur

Dans son « Autobiographie », sorte de credo littéraire, on peut lire : « Jusqu’en 1984, j’ai été l’auteur le moins lu dans mon pays. Depuis, je suis devenu l’écrivain le plus lu ». C’est vrai, du moins en partie, bien que Pavić ait publié, avant cette année charnière, plusieurs livres – deux recueils de poèmes : Палимпсести (Palimpsestes, 1967) et Месечев камен (Pierre de lune, 1971) et cinq recueils de nouvelles dont : Le Rideau de fer (Гвоздена завеса, 1973), Les Chevaux de Saint-Marc (Коњи светогa Марка, 1976) et Le Lévrier russe (Руски хрт, 1979) – dans lesquels apparaissent en filigrane plusieurs traits de sa poétique innovatrice. En fait, ces premiers livres qui combinent habilement l’érudition et le fantastique montrent déjà que Pavić possède une imagination débridée et une énergie créatrice débordante qui le poussent dans des investigations hors des sentiers battus de la littérature.

Mais si l’écrivain reste, dans ce premier temps, confiné dans l’ombre ‒ d’ailleurs, fort injustement ‒, c’est en revanche Pavić essayiste, traducteur de Pouchkine et Byron, chercheur et historien de la littérature qui réussit non seulement à s’épanouir pleinement mais aussi à se faire reconnaître par ses pairs. Ses travaux de recherche portant sur les écrivains serbes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles – en particulier Историја српске књижевности барокног доба (Histoire de la littérature serbe à l’époque baroque, 1970) et Историја српске књижевности класицизма и предромантизма (Histoire de la littérature serbe, classicisme et préromantisme, 1979) ainsi que ses études sur G. S. Venclović (1966) et Vojislav Ilić (1972) – avaient, eux aussi, une dimension novatrice : ils ont à la fois bousculé les canons établis de l’historiographie littéraire serbe et offert un nouveau regard sur l’héritage littéraire et l’évolution historique de la littérature serbe moderne.

« Le premier livre du XXIe siècle »

Après de longues années passées dans l’ombre, Pavić devient effectivement, à partir de 1984, l’un des écrivains serbes les plus lus : c’est précisément cette année-là qu’il crée l’événement avec la publication de son fameux Dictionnaire khazar (Хазарски речник). Ce roman-lexique présenté sous la forme d’un dictionnaire, ce livre-labyrinthe qui tient de la Tour de Babel, provoque d’abord un véritable séisme dans le milieu littéraire yougoslave avant d’être traduit dans le monde entier. Publié en France en 1988, ce livre est accueilli avec un enthousiasme inhabituel. Fascinée mais aussi désemparée par « cet apocryphe génial », par les jeux surprenants et mystificateurs de son auteur, la critique française ne dissimule pas son émerveillement : selon elle, « c’est le livre le plus étrange du monde », « le premier livre du XXIe siècle », bref « un époustouflant coup de génie ». Conçu sur une idée insolite, cet ouvrage inclassable propose à la fois une nouvelle forme de roman et une nouvelle manière de lire. En présentant son livre comme une structure ouverte, mobile et inachevée, l’écrivain offre de fait un nouveau rôle au lecteur – celui en quelque sorte de coauteur – et l’invite à donner, selon son propre choix, la forme finale à l’ouvrage.

Pourtant, si l’esprit ludique de Pavić semble atteindre son apogée dans ce roman-lexique, les sources novatrices de l’auteur ne sont pas taries. Les romans publiés ultérieurement proposent, chacun à son tour, une nouvelle réalisation de l’idée de « l’œuvre ouverte » qui compte sur la complicité et l’imagination du lecteur. Ainsi Paysage peint avec du thé (Предео сликан чајем, 1988) se présente sous la forme de « mots croisés » et se base sur le principe et l’esprit de l’art cruciverbiste : l’écrivain y propose une lecture « horizontale » (« pour les lecteurs qui préfèrent l’intrigue »), et une lecture « verticale » qui permet de découvrir le profil des différents protagonistes. Dans L’Envers du vent (Унутрашња страна ветра, 1991), l’auteur réalise un nouveau modèle romanesque : une sorte de roman-sablier. Concrètement, composée de deux parties disposées tête-bêche, cette œuvre possède deux débuts et une seule fin, située au milieu du livre : une fois lue la première moitié de l’ouvrage, il faut ensuite le prendre à l’envers pour en poursuivre la lecture de la même manière que l’on retourne un sablier.

Les deux romans suivants sont inspirés par l’art divinatoire et le fantasme selon lequel il serait possible de deviner l’avenir et, par conséquent, de le changer : Le Dernier amour à Constantinople (Последња љубав у Цариграду, 1994) est conçu selon les règles du tarot et destiné avant tout aux amateurs de jeux de cartes et de cartomancie, alors que Звездани плашт (Le Manteau d’étoiles, 2000) est une sorte de « guide astrologique pour néophytes » qui offre un cycle d’histoires enchevêtrées portant, chacune, le titre d’un signe du Zodiaque. Уникат (Le Livre unique, 2004), que l’auteur qualifie de « roman estuaire », nourrit lui aussi un fantasme insolite : permettre à chaque lecteur potentiel de lire sa propre version du roman en choisissant un dénouement différent ! Кутија за писање (La Boîte à écriture, 1999) n’a pas non plus une fin unique : le lecteur peut choisir entre la variante publiée dans la version papier du livre et celle publiée sur l’internet. Citons, enfin, le dernier roman de Pavić, sorte de « chant du cygne », paru quelques mois seulement avant la disparition de l’écrivain : Вештачки младеж (Un faux grain de beauté, 2009). Ce roman sur l’amour et la vieillesse est de même conçu comme un défi lancé au lecteur : il faut le prendre, précise l’écrivain, comme « un exercice », un « entraînement à un nouveau mode de lecture non linéaire ». Ce dernier livre a montré, une fois de plus, que son auteur est resté jusqu’au bout l’insaisissable « maître de la voltige » qui, même à 80 ans, prenait plaisir à dépasser les limites du roman et de la littérature en général.

La quête d’une nouvelle forme d’écriture

Les livres que nous venons de citer ainsi que les romans : Друго тело (L’Autre corps, 2006) et Позориште од хартије (Le Théâtre en papier, 2007), les recueils de nouvelles : Седам смртних грехова (Sept péchés mortels, 2002) еt Девет киша и друге приче (Neuf pluies et autres nouvelles, 2002), et les pièces dramatiques (« interactives ») : Заувек и дан више, Кревет за троје, Стаклени пуж (Pour toujours et un jour de plus, Un lit pour trois, Escargot en verre, 2004) – ont tous un point commun : la quête d’une nouvelle forme ou de nouveaux procédés d’écriture. Cette quête permanente, passionnée – qui toutefois n’a jamais atteint la splendeur, la magnificence et l’ingéniosité de celle menée dans Le dictionnaire khazar, son œuvre maîtresse – n’était cependant pas sans risque : elle a parfois poussé l’écrivain dans des confins où la lecture n’est plus un plaisir mais un casse-tête. Cette remarque ne met en question ni les extraordinaires capacités innovatrices de ses livres, ni le fait qu’ils ont grandement contribué à révolutionner le genre du roman. À ce propos il faut souligner que Milorad Pavić a perçu très tôt l’importance des nouvelles technologies apparues à l’ère d’internet dans lesquelles il voyait une chance insoupçonnée pour l’essor d’un nouveau type d’écriture et de lecture – fondé sur les « jeux » interactifs et intertextuels – qui change radicalement le rôle tant de l’écrivain que du lecteur.

Mais, au-delà de leur forme insolite, ses livres possèdent également tous les attributs de la vraie littérature, celle qui touche et fait réfléchir. Œuvres d’un érudit, héritier et fin connaisseur de l’antiquité grecque et de la tradition littéraire et spirituelle byzantine ainsi que celle du baroque et du classicisme serbe, ils mêlent habilement la poésie et le fantastique, la légende et l’histoire, la métaphore surréaliste et l’allégorie biblique, le savoir ésotérique et le rêve, l’humour joyeux et le rire sardonique… sans jamais trahir cette simple vérité : la tâche principale d’un écrivain consiste d’abord à raconter des histoires.

Traduit en une quarantaine de langues, lu et apprécié partout dans le monde mais aussi parfois contesté pour des raisons politiques, Pavić continue d’exercer, même après sa disparition, une influence considérable sur les jeunes écrivains en Serbie et, plus largement, dans les pays des Balkans, qui le considèrent comme « le pape » du postmodernisme serbe.

Membre de l’Académie Serbe des Sciences et des Arts, et de la Société Européenne de Culture, Milorad Pavić a reçu nombre de prix littéraires dans son pays et à l’étranger, mais pas celui qu’il espérait secrètement : le prix Nobel de littérature.

Articles

Pavić died in Belgrade on 30 November 2009, at the age of 80. His death came as the result of a heart attack. He was survived by his wife, Jasmina Mihajlović, and by his son Ivan, and his daughter Jelena.[6] Pavić was buried in the "Alley of the Greats" at the Novo Groblje cemetery complex in Belgrade. Works

Je suis écrivain depuis deux cents ans. En 1766, un Pavic avait publié à Budapest un recueil de poèmes et, depuis, nous nous considérons comme une famille d’écrivains. Je suis né en 1929, au bord d’un des quatre fleuves du Paradis, à 8h30 du matin sous le signe de la Balance (ascendant Scorpion), et celui du Serpent, selon l’horoscope aztèque. J’ai connu mon premier bombardement à l’âge de 12 ans, mon deuxième à l’âge de 15 ans. Entre ces deux bombardements, je suis tombé amoureux pour la première fois et, sous l’occupation allemande, j’ai été forcé d’apprendre la langue allemande. À cette époque j’ai appris aussi l’anglais avec un monsieur qui fumait une pipe qui sentait bon. Dans le même temps j’ai oublié pour la première fois le français (ensuite je l’ai oublié encore deux fois). Enfin, dans une école de dressage de chiens, où je me suis retrouvé lorsque j’ai fui les bombardements anglo-américains, un officier de la Russie tsariste émigré a commencé à me donner des leçons de russe en se servant des recueils de poèmes de Fet et de Tioutchev. Il n’avait pas d’autres livres en russe. Aujourd’hui, je suis convaincu que l’apprentissage des langues était pour moi une sorte de transformation en différents animaux fascinants.

J’ai aimé deux Jean : Jean Damascène et Jean Chrysostome.

J’ai vécu plus d’amours dans mes livres que dans ma vie. Avec une exception, qui dure encore. Dans mon sommeil, la nuit se collait avec délice contre mes deux joues.

Jusqu’en 1984, j’ai été l’auteur le moins lu dans mon pays. Depuis, je suis devenu l’écrivain le plus lu. J’ai écrit un roman en forme de dictionnaire, un autre en forme de mots croisés, un troisième en forme de clepsydre et un quatrième en forme de manuel divinatoire avec les cartes du Tarot. Le cinquième fut un guide astrologique pour les non-initiés. J’ai essayé de bousculer le moins possible mes romans. J’estime que le roman est comme le cancer – il vit de ses métastases et s’en nourrit. Au fur et à mesure que le temps passe, je suis de moins en moins l’auteur de mes livres et de plus en plus celui de ceux qui vont venir et qui ne seront probablement jamais écrits.

À ma stupéfaction, mes livres ont, jusqu’à présent, connu une centaine de traductions. Bref, je n’ai pas de biographie. Je n’ai qu’une bibliographie. Les critiques en France et en Espagne ont noté que j’étais le premier écrivain du XXIe siècle, alors que j’ai vécu au XXe siècle où l’on devait prouver son innocence, et non sa culpabilité.

Mes plus grandes déceptions proviennent de mes victoires. Les victoires ne sont pas rentables.

Je n’ai tué personne. Mais on m’a tué. Plusieurs fois, avant que je meure. Il aurait mieux fallu pour mes livres que leur auteur soit turc ou allemand. J’ai été l’écrivain appartenant au peuple le plus haï du monde ‒ le peuple serbe.

Le nouveau millénaire a commencé pour moi en 1999 (avec trois 6 renversés) avec le bombardement de l’OTAN sur Belgrade et la Serbie. Depuis, le fleuve au bord duquel je vis, le Danube, n’est plus navigable.

Je suis entré dans le XXIe siècle sur les planches de théâtre. L’année palindromique 2002. Vladimir Petrov « a lâché la première hirondelle interactive à Moscou et a conquis la capitale russe sans combattre » en mettant en scène au Théâtre académique et artistique Tchekhov de Moscou mon menu théâtral Pour toujours et un jour de plus. La même année Tomaz Pandur a construit une tour avec 365 sièges où il a fait jouer sur le sable, comme dans un cirque, Le Dictionnaire khazar à Belgrade et à Ljubljana transformant devant le public la parole en chair et l’eau en temps. En 2003, le Théâtre Académique Lensov de Petersburg a accueilli le jubilée des nuits blanches et le tricentenaire de la ville avec la représentation de ma pièce Histoire brève de l’humanité.

Tout compte fait, je peux dire que j’ai obtenu dans ma vie ce que de nombreux écrivains obtiennent après leur mort. Je pense que Dieu m’a honoré de Son infinie miséricorde en m’offrant la joie de l’écriture, mais il m’a, avec la même force, puni, peut-être justement à cause de cette joie.

Traduit du serbe par : Maria Béjanovska

Date de publication : mars 2012 (source: http://www.serbica.fr