Branko Radičević

[From BNet] Branko Radičević was born in Brod na Savi, in 1824. He finished high school in Sremski Karlovci, the setting of his best poems. He studied in Vienna. In 1847 his first book of poetry appeared, announcing a new era in Serbian poetry. He went to Serbia but soon returned to Vienna to study medicine. His second collection of poetry was weaker than the first. His awareness of his impending death from tuberculosis, in his twenty-ninth year, is manifested in Kad mlidijah umreti (When I Thought of Dying). In his poetry Branko gave expression to simple emotions such as joy on a sunny morning or in a fishing boat, pleasure derived from flowers, the exuberance of school youth, patriotic fervor, and love's joys and sorrows. His youthful zeal is also expressed in unabashed eroticism and in the exultation of wine, women, and song. More importantly, he was the first to write poetry in the simple language of the common people. He attempted to recreate the rhythm of the folk song, thus supporting the belief of Karadzic that even poetry can be written in the language of peasants and shepherds.

Among his best poems are: Djački Rastanak (The Parting of School-friends), Put (A Journey), Tuga i Opomena (Sadness and Warning), and Kad Mlidijah Umreti.

De Serbica.fr

Branko Radičević est une de ces figures lumineuses et pérennes des lettres serbes dont l’éternelle jeunesse brille par-delà les siècles. Poète novateur à la mort précoce (il meurt de tuberculose à 29 ans !), d’une aisance verbale stupéfiante, il marque par son œuvre l'avènement de la nouvelle littérature serbe dans son ensemble. Délaissant l'expression classiciste et son vocabulaire slavon au profit de la langue vernaculaire et des formes poétiques héritées à la fois de la poésie romantique occidentale (Byron, Schiller, Uhland, Heine, Pouchkine) et de la poésie lyrique orale, il introduit en poésie un nouveau langage, de nouvelles formes, une nouvelle diction et dans un même mouvement introduit une nouvelle manière d'écrire, de percevoir, de ressentir. Son humour, sa jeunesse et sa spontanéité insufflent à ses poèmes une vivacité telle qu'elle fit cas d'école.

Il y eut un avant et un après Branko Radičević. La publication, à Vienne, de son premier recueil de poésie marque une date dans les lettres serbes modernes : Песме / Poésies (1847) sortent la même année que la traduction du Nouveau testament de Vuk St. Karadžić, de Рат за српски језик и правопис / De la guerre pour la langue et l'orthographe serbes de Đura Daničić et Гoрски вијенац / Les Lauriers de la Montagne de P. P. Njegoš. L'ensemble de ces ouvrages démontrent la souplesse d'expression et l'éventail de thèmes que peut aborder la nouvelle norme de la langue littéraire serbe établie par le philologue Vuk Karadžić (norme qui embrasse l'ensemble des régions serbes, que ce soit la Voïvodine en Europe centrale, la Principauté de Serbie, la Bosnie ottomane ou le Monténégro sur l'Adriatique). En ce sens, Branko Radičević participe pleinement à la victoire des idées romantiques et réformatrices de Vuk Karadžić, disciple de Herder et ami des frères Grimm.

Radičević est né à Slavonski Brod, ville de Slavonie et province de l’empire austro-hongrois. Son père était fonctionnaire et, à ses heures, traducteur littéraire. Sa mère meurt jeune, atteinte de la tuberculose, ainsi que son frère et sa sœur. Lui-même s'éteint à vingt-neuf ans des suites de cette maladie. Il effectue sa scolarité à Zemun (à partir de 1830), au Lycée de Sremski Karlovci (1836), comme nombre d’intellectuels serbes avant lui, dont Karadžić, puis à Timisoara (1841). Il s'exerce à la poésie dès l'école et compose son célèbre Ђачки растанак / Les Adieu des étudiants en langue allemande d'abord. Soutenu par son père, il poursuit ses études à Vienne (1843), où il se lie au cercle littéraire de Vuk Karadžić et s'éprend de sa fille, Mina. Ami de Bogoboj Atanacković, nouvelliste et romancier, de Đura Daničić, philologue et traducteur de l'Ancien testament en serbe vernaculaire, il délaisse peu à peu la poésie lyrique et élégiaque, ses thèmes de prédilection (l’amitié, l’errance, l’amour libertin, le regret, le pressentiment de la mort imminente) au profit d’une poésie polémique qui prend fait et cause pour les idées linguistiques et culturelles de Karadžić (Пут / Le chemin) qu’il traduira par une poésie épique assez malhabile. Il devient ainsi le premier des romantiques à composer des ballades et poèmes satiriques bien que son don premier soit la poésie lyrique, élégiaque, euphonique, expression vraie de son talent et noyau dur de son œuvre.

Etudiant en droit à Vienne, poète déjà renommé en Serbie, il s’installe en Syrmie durant la révolution de 1848. Il fera plusieurs séjours à Belgrade mais, craignant son influence auprès des étudiants, les officiels de la Principauté de Serbie l’expulseront de la capitale serbe, contribuant ainsi à sa légende. En 1849, toujours à Vienne, il s’inscrit en faculté de médecine et publie, en 1851, un deuxième recueil de poèmes.

Branko Radičević a introduit, dans la poésie serbe, plusieurs nouvelles formes (dithyrambe, élégie, romance) et nouveaux thèmes : la vie lycéenne, la vie estudiantine et urbaine, l'insouciance de la jeunesse, l’hédonisme, l'amour, le regret de la fiancée défunte, l'exaltation des plaisirs où se mêlent avec brio poésie bucolique et érotique, un large éventail de sentiments et d’états d’âme, etc.

Branko Radičević s'éteint à Vienne. Ses restes seront transférés à Stražilovo, sur les hauteurs de Sremski Karlovci, auprès du Lycée qui a marqué sa jeunesse et l'a formé en tant que poète. Son père, traducteur du Guillaume Tell de Schiller, a publié sa poésie posthume en un volume, en 1862.

Boris Lazić

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