Moja zvezda
MON ETOILE
Aïe, mon étoile, source de ma vie,
l’immortel feu de ma mortalité,
qui calme sillonnes les voies prévues,
tout autour du soleil divin,
de ce soleil divin, ce cœur divin,
comme entoure l’immortelle pensée
sa créatrice, l’âme très-immortelle.
O mon étoile de tout mon sort tel,
immortelle pensée de dieu immortel,
pourquoi es-tu si mortellement pâle,
en luisant faiblement vers ici-bas !
Ma petite étoile, étoile pâle,
quelle tristesse en toi s’installe,
quel mal tu as ?
Mais je te sais, claire douloureuse,
et l’Etoile du soir aussi te connaît :
comment l’Etoile du soir t’ignorerait
que de tes rais tu la vises toujours,
et quand tu passes tout près d’elle,
ton cœur t’attire à la claire amante,
dans ce désir d’éternelle passion
tu trembles et pâlis et frissonnes,
tu luis faiblement vers moi en bas —
ma petite étoile, étoile pâle,
quelle tristesse en toi s’installe,
quel mal tu as ?
Même si je voulais, immortel feu,
que tu ressembles à moi un peu,
que nos chemins soient identiques,
en tout désir, en toute panique,
pour au ciel me représenter alors :
donc comme déjà tu l’aimes si fort,
l’Etoile du soir de ta humble vie,
pourquoi du chemin éternel ne dévies,
ne t’arraches pas au soleil puissant,
ne tombes pas sur ce tien désir,
ce tien désir, l’Etoile du soir ?
Est-il plus grand le sort inévitable
par lequel le créateur éternellement
te lie à son cœur, à ce clair soleil,
te guidant de sa main invisible
tout le long de la route immobile ?
Est-elle plus forte, plus courageuse
l’éternelle vision du fatal jugement
qu’aimer aveuglement, éperdument,
qu’un instant de l’ardeur condensée ?
Serait-il, cet instant, à ta pensée
le même qu’une éternité glaciale,
dis-moi, étoile, dis-moi, ma pâle ? !
Mais tu es muette, muette et pâle ;
tu luis faiblement vers moi en bas,
quelle tristesse en toi s’installe,
quel mal tu as ?
Ne vaut-il pas la vie éternelle
que de quitter le solitaire chemin,
solitaire chemin du jugement divin,
de tomber sur le sein lumineux
de ton Etoile du soir, ton vif désir,
se disperser sur ses seins perlés,
se disperser et disparaître en rien
sur le clair contour du sein aérien,
seul allumer les univers vides,
qu’à côté de ta flamme complice
le soleil brillant s’assombrisse,
et astres minces, minuscules, vains
perdent dans leur nuit leurs chemins,
et qu’après plus nul ne t’oublie,
blême de sa sombre jalousie !
Aïe, mon étoile, étoile haute,
dis-moi, étoile, ne vaut-il pas
renoncer ainsi à l’éternelle vie,
ainsi disparaître — ne le vaut-il,
ne le vaut-il donc un tel péril ?
Mais tu ne dis rien, chœur éloquent,
chœur très-luisant du noir avenir,
tu n’es, étoile, que trop pâle,
tu luis faiblement vers moi en bas,
petite étoile, petite étoile pâle,
quelle tristesse en toi s’installe,
quel mal tu as ?
(Traduction de Kolja Mićević)