À Matoub Lounès

À Matoub Lounès

Chanteur et poète Kabyle

Né le 26 janvier 1956

Lâchement assassiné le 25 juin 1998

LES SEULS COMBATS PERDUS D'AVANCE SONT LES COMBATS QUE L'ON RENONCE À MENER.

PARCE QU'UN ARTISTE NE MEURT JAMAIS!

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Tant qu'il y a ces femmes et ces hommes qui porteront haut le flambeau de la liberté, tant qu'il y a cette formidable solidarité, l'espoir est permis.

(Matoub Lounès, interview à RADIO-CANADA, 1995).

Parce que tu avais encore tant de choses à nous dire...

Nous dire ton pays blessé où sur la terre rougie fleurit la négation du droit de vivre libre,

Où les ailes des idées n'ont pas d'autres issues que de suivre les traces qui leur sont imposées;

Où les pierres meurtries des villes et des villages pleurent ses enfants assassinés;

Où le ciel ensanglanté frémit d'épouvante face à l'absurdité de cette violence.

Par la musique de tes chansons, tu faisais résistance,

Tu ne voulais rien d'autre qu'éveiller nos consciences endormies sous une paix confortable.

Parce que tu avais encore tant de choses à nous dire...

Nous parler de chez toi,

De cette Algérie toute vêtue de noir, prisonnière d'un voile tissé d'intolérance,

Où des hommes, des femmes, et même des enfants voient l'aube de chaque jour ouvrir son regard au soleil de la peur.

Parce que tu avais encore tant de choses à nous dire...

Parce que tu voulais tenter de rejoindre le monde

Lui faire toucher du cœur le vif de ta souffrance

Rejoindre tous ceux, qui comme nous, sont riches d'être libres,

Tous ceux, qui comme nous, souvent ne veulent pas voir;

Tu croyais au pouvoir de la vie, tu lui faisais confiance

Refusant de voir des ennemis en tes frères.

Parce que tu avais encore tant de choses à nous dire...

Lâchement, ils t'ont tendu un piège pour faire taire ta voix.

Et si ta voix s'est tue et n'est plus que silence

Ta lutte et ta musique, en nous, resteront vivants.

Marybé 1998