Conte de Noël pour les enfants de 7 à 77 ans...

La petite fille qui n’avait pas de nom

(Adaptation d’une idée originale d’un ami)

Il était une fois, un petit royaume situé fort, fort loin d’ici qui s’appelait Jolyval. Là, vivait en compagnie de son papa, de sa maman et de son grand frère, une petite fille. Un majestueux château trônait au centre d’un grand parc, qui faisait l’orgueil de tous les Jolyvalois. Dans cette belle et somptueuse demeure vivaient en harmonie le jeune roi Félycio ainsi que sa charmante épouse la reine Enjouée.

C’est par un beau jour d’avril, que l’héroïne de cette histoire, vu le jour. Son arrivée avait comblé de joie sa maman Karyna, son papa Lucas et leur fils Frédéric.

Cependant, sur ce bonheur planait une sorte de brouillard chagrin car la petite famille était très pauvre. Or, au royaume de Jolyval, lorsqu’un bébé voyait le jour, il fallait l’inscrire auprès du Gardien du registre officiel des prénoms et cela exigeait de remplir des formalités et payer une redevance. C’était une tâche compliquée pour les parents de la petite fille, car ni le papa, ni la maman n’avaient eu la chance d’aller à l’école bien longtemps.

Lors de la naissance de Frédéric, Domino, une sorte de généreux savant s’était offert pour les aider. Malheureusement, et personne ne savait comment, Domino avait mystérieusement disparu. Comment feraient-ils pour remplir tous les papiers et pour payer la redevance ? Car Après avoir passé des soirées à aligner des chiffres et encore des chiffres, Lucas et Karyna constatèrent tristement, qu’ils n’avaient pas de quoi verser la somme obligatoire. Leur petite fille n’aurait pas de nom jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de payer l’inscription au registre.

C’est ainsi qu’au fil des années, le bébé grandit sans porter de nom, et devient une jolie fillette de 5 ans. La fée nature l’avait dotée de deux petites billes remplies de vivacité, d’un petit nez retroussé qui pointait au ciel semblant vouloir l’interroger, et de longs cheveux bruns tout lisses.

Quand sa maman s’armait d’une brosse et d’un peigne notre petite amie questionnait :

- Tu ne vas pas me faire des nattes, hein Maman ?

- Et pourquoi donc, répliquait sa maman

- Parce que…

- Parce que quoi ? Ta tignasse sans nattes aura tout plein de nids de souris

- Peut-être, mais moi je n’aime pas. C’est très laid des nattes.

C’est que notre petite amie savait déjà ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas. Et ce qu’elle aimait c’est que ses cheveux reçoivent la caresse du vent, comme la crinière de Bébert, le cheval du pépère Hubert.

Tout naturellement la petite fille devint pour sa maman et son papa simplement Petite.

- Petite, on ne parle pas le bouche pleine ou encore Petite, il est l’heure d’aller te coucher. Va te laver les dents et met ton pyjama, disait sa maman Karyna

- Petite, ne touche pas à ça. Tu vas te faire mal, disait son papa Lucas.

Quant aux gens du voisinage, quand ils parlaient d’elle, ils disaient le plus souvent la Petite à Lucas ou encore la Petite à Karyna. Évidemment au secret de son cœur Petite aurait souhaité posséder un prénom bien à elle. Son grand frère en avait un, lui, et Petite trouvait qu’il avait bien de la chance.

Parfois notre petite amie questionnait sa maman

- Quand est-ce que je vais avoir un nom bien à moi, dit Maman?

- Quand tu seras grande

- Grande comment ? Comme ça ? Et avec son doigt elle montrait le haut du bahut de la cuisine

- Petite, arrête, s.t.p. tu vois bien que je suis occupée. On verra ça plus tard. Je te l’ai déjà cent fois, quand tu seras grande.

- Grande comme Frédéric, demandait alors Petite

- Petite, arrête je t’en prie. Ça coûte beaucoup de sous, une inscription au registre des noms. Pour le moment, Papa et moi, nous n’avons pas ce montant. En plus, cesse de me déranger, tu vois bien que je suis occupée. Tiens, aide-moi plutôt à mettre la table. On va bientôt manger. J’ai fait un ragout de boulettes. Tu les aimes mes boulettes hein ?

Mais le cœur de maman Karyna comprenait parfaitement le désir de sa petite fille. Elle souhaitait tellement qu’un jour qu’ils auraient assez de sous pour que Petite puisse avoir un nom comme tout le monde et ce jour là elle se promettait d’en faire une très belle journée de fête.

Petite espérait tellement devenir grande. Alors chaque soir avant de s’endormir elle parlait à la lune et aux étoiles et leur confiait son espoir. Souvent elle rêvait, qu’elle se réveillait le matin et qu’elle était devenue grande. Mais, malheureusement chaque matin elle se réveillait aussi petite que le jour d’avant. Elle se disait que ce serait peut-être pour demain. Il lui faudrait attendre encore. Faire preuve de patience. Frédéric, lui n’a pas de patience car Papa Lucas disait souvent : Frédéric, ne sois pas si impatient. Retiens bien ceci mon p’tit gars : Tout vient à point à qui sait attendre.

Si, son grand frère n’avait pas de patience, Petite elle en aurait. Elle s’en faisait la promesse. Si Frédéric n’avait pas de patience, il n’aimait pas, non plus, faire comme tout le monde.

Comme Papa et Maman t’appelle Petite, ben moi, je l’appellerai Petiote, avait-il déclaré. Et, Petite n’avait pas aimé du tout

Pourtant, notre petite amie adorait son grand frère Frédéric Freddy comme elle disait. Freddy parce que cela rimait avec gentil. Elle lui vouait une admiration sans bornes. Cependant, elle n’aimait pas qu’il l’appelle Petiote. Un jour, tournant ses nattes autour de ses doigts, c’était sa façon à elle de se donner confiance, d’une voix mi fâchée, mi triste elle lui avait dit :

- Tu sais, Freddy je n’aime pas quand tu m’appelles Petiote. Petiote ça rime avec sotte. Et je ne suis pas sotte, ajouta-t-elle avec force et conviction peut-être même avec un brin d’entêtement.

- Mais, non tu n’es pas sotte, répondit Frédéric. Tu es juste une tête de linotte

- C’est quoi une tête de linotte, questionna Petite avec un intérêt qui pétillait dans son regard noisette

- Ben, c’est une petite fille comme toi, répondit alors Frédéric, décidé à ne pas lui en dire plus, juste pour le plaisir de la voir s’interroger encore.

- Pareille à moi ? J’ai une jumelle alors, répondit-elle déjà enthousiasmée à l’idée d’avoir quelqu’un avec qui partager ses jeux car son grand frère avec un peu de mépris, les appelait des jeux de filles…

- Vois-tu, Petite, comme tu peux être sotte ? T’as pas de jumelles pas plus que moi j’ai un jumeau. Une linotte c’est juste un oiseau. Pis, c’est un passereau. Il a de belles plumes brunes et rouges, ajoute Frédéric tout fier de lui démontrer son savoir.

- Oh un oiseau ! Je les aime les oiseaux. Est-ce qu’il est joli le chant de la linotte, Freddy ? Elle chante comme le rossignol, la Linotte , dis Freddy ?

- Ben non, Petiote, une linotte chante comme une linotte, pas comme un rossignol répondit Frédéric convaincu de sa logique masculine, Mais oui, si tu veux savoir, le chant d’une linotte, c’est harmonieux.

Bien qu’elle ne sache pas très bien ce que signifie harmonieux, notre petite amie se sent réconfortée. Un grand sourire éclot sur ses lèvres tout à la joie d’avoir appris quelque chose de nouveau. Si, Petiote rime avec le prénom d’un oiseau c’est bien différent.

Frédéric qui est taquin mais qui a aussi bon cœur, ne croit plus utile de poursuivre son explication. C’est vrai que Petiote agit souvent comme une tête de linotte, mais, bon faut être juste. Elle n’a seulement que 5 ans. Et pis, pense Frédéric convaincu de sa vérité, ma foi, une fille peu importe son âge, ça reste juste une fille.

Il pourrait bien l’appeler Petiote tant qu’il le voudrait, Freddy. Maintenant elle trouvait même cela amusant et cela lui donna l’envie de jouer au jeu de rimes. Il est bien pratique ce jeu, pas besoin d’être deux.

Petiote, petiote, ma petite linotte,

T’es un gracieux petit oiseau,

Un joli passereau

Dont le chant si beau

Mérite des bravos, chantonna Petite visiblement heureuse de sa trouvaille.

Finalement on arriva au mois de décembre, le plus beau mois de l’année ! Car au royaume de Jolyval il y avait une tradition. On racontait que l’arrière-grand-père du roi Félycio, un dénommé Hugo quand arrivait décembre sortait de son palais pour rendre visite à ses sujets et leur apportait un panier de Noël.

Le roi Félycio et la reine Enjouée qui étaient, comme leur ancêtre, des gens de cœur avait tenu à respecter scrupuleusement cette tradition C’est ainsi que Petite et Frédéric avaient découvert lors des mois de décembre précédents, des mets étranges. Dans le panier royal se trouvait toujours une dinde dodue accompagnées d’un paquet de jolies petites boules rouges.

- Qu’est-ce que c’est, avait demandé Petite ? On dirait des boules de Noël

- Des boules de Noël qui se mangent, avait répondu Frédéric. Tiens, croques-en une, Petiote

- Non, toi d’abord

- Il faut les cuire, avait dit Karyna. Ce sont des canneberges. Je vais en faire une compote et on la mangera avec la dinde à Noël.

Dans le panier royal se trouvaient d’autres fruits variés, tous plus savoureux les uns que les autres. Des tas de friandises comme des suçons en forme de bonhomme de neige. Il y avait aussi ce que Petite appelait des flocons de neige. C’était en fait des guimauves moelleuses que Papa Lucas faisaient dorer sous la flamme vive qui brûlait dans la cheminée. Que c’était bon quand le flocon fondait sur la langue !

Mais, cette année, il circulait une rumeur étrange. On chuchotait que le roi et la reine ne quitteraient pas leur palais.

Se pourrait-il qu’il n’y ait pas de visite royale ? Se pourrait-il qu’il n’y ait pas de panier cette année ?

- J’ai ouï dire que notre roi et notre reine ne feront pas leur tournée et qu’il n’y aura pas de panier, dit Élodie qui habitait juste à côté de chez Karyna et Lucas.

- Voyons, qui t’a dit cela ? Les décorations de Noël sont installées ? C’est la joie que l’on habille de couleurs, pas les chagrins, répondit Karyna

- Ma foi, c’est bien vrai, répliqua Élodie. Et qu’en pense, ton Lucas ?

- Il pense comme moi. Et as-tu vu comme le château est beau ? Me semble qu’il n’a jamais été aussi illuminé ? Et le sapin ? Il est encore plus géant qu’avant, ajouta Karyna.

C’était évident, les décorations et les lumières qui habillaient le château et le parc étaient encore plus chatoyantes que jamais auparavant. Dans le parc, pas un seul arbre, pas un seul buisson n’avaient été oubliés.

Il tombait un doux duvet blanc, ce matin là quand les Jolyvalois eurent la surprise de trouver une enveloppe dorée accrochée à leur loquet de porte. Elle contenait un beau carton d’invitation. On pouvait y lire : Le roi Félycio et la reine Enjouée se font une joie de convier leurs fidèles sujets à venir fêter Noël au Château. Vous êtes cordialement invités pour festoyer à partir de midi.

Prière de se munir de sa bonne humeur, de son envie de chanter et de danser dans une belle fraternité et amitié.

Imaginez un peu ! Passer Noël au château ! Mais, on ne peut s’y rendre habillé dans des vêtements de tous les jours.

- Qu’est-ce qu’on va mettre pour aller au château, Maman, demande Petite ? Je veux mettre une robe, moi. Comme toi.

Contrairement à sa maman, Petite portait toujours des pantalons, parce que Karyna estimait que c’était la tenue idéale pour jouer.

- Une robe ? Je ne sais pas encore, répondit Karyna. Elle pensait surtout qu’il n’était pas question de faire des dépenses. Il faudrait porter les vêtements qu’on avait.

Pis après avoir réfléchi quelques instants, elle ajouta :

Frédéric mettra son costume de communion et toi, Petite, la robe rouge en velours qu’Élodie nous a donnée parce qu’elle est devenue trop juste pour Lucie

Quant à Papa Lucas et Maman Karyna, ils ont précieusement conservés leur habit de noces. Ah! cette journée de noces, une si belle journée ! Comme ils avaient gardé la silhouette de leurs 20 ans, ils iront au Château, fêter Noël en tenue de marié !

Après quelques hésitations, Karyna avait acheté une paire de souliers vernis pour Petite et pour Frédéric une paire de mocassins noirs. C’était la seule dépense qu’elle s’autorisa. Parce qu’on ne peut pas marcher sur de moelleux tapis ou encore sur de beaux planchers cirés avec de vieux souliers usés n’est-ce pas ?

Le matin du 25 décembre, Petite se réveilla plus tôt que de coutume. Soulevant un coin du rideau, elle vit qu’il faisait encore tout noir.

- Hé! Monsieur le Jour, et alors pourquoi que tu dors encore ? Faire le paresseux un jour de Noël, tu sais, c’est vraiment pas une bonne idée. On va fêter, nous aujourd’hui. On est invité dans un château.

Petite avait l’habitude de parler ainsi aux choses. Par exemple, quand par malheur elle se griffait la main ou le genou aux branches d’un buisson, elle leur demandait des explications. Pourquoi, tu m’as fait ça dis ? T’es pas gentil, tu sais. Et d’avoir exprimé ses sentiments aussi ouvertement, son bobo disparaissait comme par enchantement.

De son œil qui voyait tout, Karyna suivait les préparatifs de chacun. Tout devait être comme elle le souhaitait. Cela voulait dire, parfait !

- Frédéric, ton col est tout de travers. Voyons, fais attention, tu vas froisser ton pantalon. Pis, peigne-toi, tes cheveux sont en broussaille, on dirait de la paille

- Lucas, regarde ta cravate n’est pas droite. Pis ton veston, allez, ferme donc le bouton

- Petite, viens ici. Faut que j’arrange ta tignasse, dit Karyna, qui tenait un peigne dans une main et une brosse dans l’autre. Non, non, je ne te ferai pas de nattes, aujourd’hui.

Et bien, je crois que nous sommes tous prêts, dit finalement Papa Lucas. Allez, un, deux, trois, on y va. Bon, Les enfants faites attention où vous posez les pieds avec vos beaux souliers et pis tenez-vous par la main.

Quand Karyna, Lucas et les enfants arrivèrent au Château, une foule bruyante et riante était déjà rassemblée. Les «joyeux Noël» fusaient de tout part. De la douce musique et des chants sortaient d’un peu partout. Soudain, un murmure parcouru la foule. Sur le perron apparurent dans de magnifiques atours, le Roi et le Reine. Spontanément comme dans un seul élan, la foule les applaudit et se mit à crier :

Joyeux Noël à notre Roi, Joyeux Noël à notre Reine.

Après quelques instants, par un simple geste de la main, le roi Félycio imposa le silence et d’une voix chaleureuse énonça ceci :

Chers sujets, chers amis

À tous un très heureux Noël. C’est un plaisir et un honneur de vous accueillir chez nous en ce jour de Noël. Nous avons pour vous deux belles surprises. Mais avant tout, nous vous invitons maintenant à entrer et à vous régaler. Cette journée et le château vous appartiennent. Dans la grande salle de bal, un buffet vous attend.

Deux belles surprises ? Que pouvaient-elles bien être ? Chacun se questionnait en silence.

C’est qu’il était un peu taquin ce bon roi. Il souhaitait faire patienter ses sujets pour mieux juger de l’effet que ses surprises provoqueraient. Évidemment, la foule qui avait l’émotion curieuse au cœur et la faim au ventre ne résista pas à cette invitation. Elle se précipita à l’intérieur vers le buffet splendidement décoré et magnifiquement garni de toutes sortes de bonnes choses. Les conversations étaient animées et tout le monde sympathisait.

Au milieu du brouhaha, soudain, retentit la voix ferme et claire du Roi

- Bonnes gens de Jolyval, avez-vous bien mangé, avez-vous bien bu ?

Oh! Oui, oui, notre roi, répondit en chœur la foule rassasiée. Merci à vous, merci à notre reine Enjouée .

Parfait, parfait dit alors le roi. Comme Noël c’est la fête du partage, nous voulions partager notre joie avec vous. Mais je vais laisser la parole à la reine. Elle vous dira cela bien mieux que moi. Tous les regards admiratifs s’étaient tournés vers la reine Enjouée qui, prenant avec tendresse la main du roi dans la sienne, pris la parole :

- Mon cher Félycio et moi-même souhaitons vous annoncer une grande, une très grande nouvelle. Je, nous, enfin je…

La reine s’embrouillait un peu. Ce genre de nouvelle ça vous remue de la tête au pied. Elle fini par dire :

- Chers vous tous, j’ai la joie de vous faire part que le royaume attend un petit prince ou une petite princesse pour le printemps prochain.

Existe-t-il une plus belle surprise que la venue d’un bébé ? Après quelques instants de silence, les bravos, les cris de joies fusèrent de partout. On entendit aussi de légers bruits, comme des froissements de mouchoirs. La joie cela peut faire pleurer des fois.

Merci de partager notre joie, mes amis, dit le roi visiblement ému. Vous savez c’est tellement bon pour le cœur de partager un bonheur car quand il est partagé il est toujours multiplié. Maintenant êtes-vous impatients de découvrir la deuxième surprise ?

Oui, oui, cria la foule qui se mit à scander d’une seule voix et de plus en plus fort : on veut l’autre surprise, l’autre surprise, l’autre surprise.

Le roi fit patienter la foule quelques secondes. Et bien voilà, dit-il, on vient de me prévenir de l’arrivée de grands voyageurs. Je vous propose de les accueillir chaleureusement et en chanson. Il entonna Vive le vent et la foule se mit à chanter avec lui, C’est alors, que Papa et Maman Noël se tenant par la main firent leur entrée dans la grande salle du château. Derrière eux, une demi-douzaine de petits lutins tiraient de gros chariots remplis de paquets. Papa Noël pris place sur le trône que le roi Félycio lui désignait et Maman Noël pris place sur celui de la reine Enjouée.

Faisant tinter ses grelots, un des lutins indiqua aux enfants qu’ils devaient se placer en rang, ce qu’ils firent rapidement et quasiment sans se bousculer. La distribution des cadeaux pouvait commencer.

Quand le tour de Frédéric arrive enfin, en petit garçon bien élevé, il répondit clairement aux questions de Papa Noël et remercia Maman Noël qui lui remit un gros paquet. Il rêvait d’un jeu de magie comme avait son copain Sébastien et il espérait bien que s’en était un.

Ensuite, ce fut le tour de Petite. Son cœur battait si fort, qu’elle pensait que tout le monde l’entendait. Et puis, il lui semblait qu’elle n’avait plus de voix. Comment allait-elle pouvoir répondre aux questions du Père Noël ?

Mais, sous le regard rempli de tendresse de Papa et Maman Noël tout disparu comme par enchantement.

- Dis-moi, comment t’appelles-tu petite ?

- Petite, Père Noël, répondit-elle d’une voix qui tremblotait quand même un peu

Pensant qu’elle n’avait pas compris sa question, de père Noël la reformula

- Comment t’appelles-tu, mon enfant ?

- Petite, répondit-elle encore une fois. Mais prenant plus d’assurance, elle continua. Je n’ai pas de nom, Père Noël, alors tout le monde m’appelle Petite. Mais mon grand frère Frédéric, lui, il m’appelle Petiote.

Le père Noël ne paru pas trop surpris et lança un clin d’œil à Maman Noël qui compris tout de suite ce qu’il signifiait. Depuis le temps qu’ils vivaient ensemble, les mots étaient devenus inutiles. Le langage de leurs yeux suffisait.

- Dis-moi, Petite, continua le père Noël, pourquoi n’as-tu pas de nom ?

- C’est que, c’est que. Mon Papa et ma Maman n’ont pas beaucoup de sous, répondit Petite que ne savait pas très bien quoi répondre.

- Hum ! Hum! Je vois, dit le père Noël, tu veux dire qu’ils n’ont pas de sous pour payer l’inscription au gardien du registre ?

- Oui, Père Noël, répliqua Petite, soulagée que le Père Noël ait compris. Ça coûte des sous et c’est compliqué, mais maman et papa m’ont dit que l’on verrait cela plus tard, quand je serais devenue grande.

- Ah, je comprends tout maintenant, dit le Père Noël Cela veut dire que tu dois attendre d’être une grande fille, que tu dois faire preuve de patience.

- Oui, père Noël et mon Papa dit que tout vient à point à qui sait attendre.

Je vois, je vois dit le Père Noël en caressant d’une main sa longue barde blanche. Ton papa a bien raison, tu sais. Savoir se montrer patient, c’est très important. Cependant, je crois bien que tu es assez grande pour que je te confie une mission. C’est que Maman Noël doit s’absenter. Je suis sûr que tu es capable de m’aider à distribuer les cadeaux ?

Oh! oui Père Noël. Je suis capable, répondit Petite. D’ailleurs, vous savez, j’aide souvent mon papa et ma Maman. Il y a tant à faire dans une maison.

Cette réflexion amena encore un plus large sourire sur le visage du bon père Noël. Cette enfant, avait un raisonnement de grande fille, c’est bien évident.

Les enfants continuèrent de venir saluer le père Noël. A chacun, Petite remettait un cadeau. Papa Lucas, Maman Karyna et Frédéric, qui de loin l’observaient, étaient fiers de constater comment elle accomplissait cette tâche avec sérieux.

Quand tous les enfants eurent reçu leur cadeau, le bon Père Noël semblait heureux mais peut-être un peu fatigué. Mais avant de quitter toutes ces bonnes gens, il lui fallait attendre le retour de Maman Noël. Enfin, celle-ci revint avec un large sourire et un gros paquet qu’elle s’empressa de remettre à Petite. Voilà pour toi, mon enfant, dit Maman Noël et elle ajouta tu ne dois l’ouvrir qu’une fois que tu seras chez toi. Un gros merci, Petite. Viens que je t’embrasse. Elle appliqua une grosse bise sonnante sur chacune des joues de Petite qui en rougit de plaisir.

Notre petite amie avait juste hâte de rentrer chez elle. Dans le ciel, les premières étoiles s’étaient pointées le nez. La lune n’allait sûrement pas tarder.

Aussitôt arrivée, notre petite amie patiente fit preuve d’impatiente. Mais comme on la comprend !

Elle s’empressa d’ôter le papier et d’ouvrir la boîte. Ses parents et son grand frère étaient tout aussi impatients qu’elle. Dès le premier coup d’œil, Petite fut conquise. Dans la boîte, sourirait une magnifique poupée. Petite, l’embrassa et entama avec elle un gracieux pas de danse. Pis, soudain ce fut plus fort qu’elle, un flot de larmes se mit à couler et qui semblait de pas pouvoir s’arrêter. Les yeux de Petite étaient comme un robinet qu’on a oublié de fermer.

Soudain, Frédéric aperçut quelque chose qui brillait au fond de la boîte.

- Petiote, dit Frédéric, regarde au fond, me semble qu’il y a encore quelque chose

Tenant précieusement son nouvel amour, Petite tourna son regard à l’intérieur de la boite.. Vivement, elle plongea une main et en ressorti un petit coffret tout incrusté de pierres multicolores qui brillaient de mille feux. Elle essaya de l’ouvrir. Le coffret résistait. Sans doute était-il fermé à clé ? Dès lors comment faire ? C’est alors que Petite s’aperçu que sa nouvelle amie portait à son poignet un joli bracelet et qu’il y pendait une petite clé dorée.

Aidée de Karyna, Petite détacha la clé et l’introduisit dans la serrure. Un petit tour à gauche et le coffret s’ouvrit révélant son précieux secret. Délicatement posé sur un parchemin, dormait un ravissant petit bracelet d’identité en or. Au milieu, sur la petite plaquette, étaient gravée huit lettres.

- Freddy, qu’est-ce qu’il est écrit, demande Petite d’une petite voix qui n’est plus qu’un murmure étouffé.

Frédéric, un nœud dans la gorge parvient à peine à murmurer ; il est, il est écrit…Manoëlle. Oui, il est bien écrit Manoëlle ma petiote, ma linotte chérie.

Alors Petite, avec des efforts de précaution, prit le précieux parchemin et s’empressa de le donner à ses parents

Papa, Maman est-ce que je suis devenue grande maintenant ? dit-elle

Je pense bien que oui, ma Petite, ma Manoëlle à moi, dit Karyna

Papa Lucas et Maman Karyna serrent très fort Petite dans leur bras. Malgré la pluie dans leurs yeux, ils parviennent quand même à déchiffrer de qui est écrit sur le parchemin et à voix haute ils lisent : En ce jour du 25 décembre, en ce bon Royaume de Jolyval, nous sommes heureux de décerner ce certificat qui autorise une petite fille sans nom à porter désormais et pour toujours le prénom de Manoëlle. Et c’est signé : Son Parrain Papa Noël, Sa marraine Maman Noël.

Pour notre petite amie, ce Noël là restera à jamais gravé dans sa mémoire. L’histoire de son prénom. Manoëlle ne cessera jamais de la raconter, à ses enfants, à ses petits enfants, à ses arrières petits enfants. C’est qu’elle vécu très très longtemps. On dit même qu’elle allait avoir près de 120 ans quand un certain jour de Noël, elle choisit de se faire pousser deux jolies ailes de linottes. Puis dans un élan, elle se laissa emporter au gré du vent, tout en fredonnant :

Petiote, petiote, ma petite linotte,

T’es un gracieux petit oiseau,

Un joli passereau

Dont le chant si beau

Mérite des bravos!

Et, complice et souriant, le bon vent la fit voyager loin, très loin, jusqu’au pôle Nord où l’attendaient impatiemment son parrain et sa marraine.

Marybé décembre 2008