Nuit de songes

À l'heure où le jour se maquille de reflets mordorés

Quand les yeux des étoiles commencent à briller

À l'heure où les paupières du ciel se fardent d'un rose doux

Le visage de la nuit se révèle à nous.

On entre dans son silence sur la pointe des pieds.

Les voix se font plus douces comme murmures feutrés.

Les pensées, sous le front, quittent la monotonie,

Et se drapent dans un voile tissé de rêveries.

Le corps las, abandonné sur un nid de coussins

Dérive, comme entraîné au creux d'un chemin,

Parsemé d'herbes folles et de cailloux précieux,

De fleurs au teint de songe et parfums capiteux.

Glissant dans le sommeil, le réel s'estompe.

Les pas marquent la trace du sable d'un autre monde.

Le temps n'a plus nom, demain n'existe plus,

Aux entrailles de la nuit, voilà qu'on s'est perdu.

Marybé novembre 1996