Plage en quarantaine

Sous l'épais linceul noir, le sable blanc suffoque.

Par milliers, des oiseaux, le corps supplicié,

Moribonds, agonisent dans le piège de leurs ailes engluées.

Leur dernier souffle exhale dans le vent

L'écho de leurs plaintes douloureuses,

Victimes innocentes d'une lâche indifférence.

Personne ne foulera plus l'or de cette plage gracieuse,

Désertée, condamnée, mise en quarantaine,

Désormais, interdite aux jeux insouciants des enfants.

Plus de châteaux de sable, éphémères oeuvres d'art,

Plus de chasses aux trésors dans le secret des dunes,

Plus de flâneries indolentes le long de son rivage.

Pourquoi a-t-il fallu que ce fier navire, au profil d'arrogance,

Défie impunément lois et règlements,

S'octroyant le droit de soulager le trop plein de son ventre

De livrer les profondeurs de ses entrailles gluantes,

En pâture aux flots de l'océan.

Vous, qui tenez la barre, maître à bord, capitaine du bateau

Pour la désolation que vous avez fait naître

Je vous tiens responsable.

Je vous tiens responsable et mon coeur vous en veut

D'avoir compromis, par négligence,

D'avoir entaché par aveugle insouciance,

L'avenir de nos enfants.

Marybé 14 mai 1997