Amour fortuit

La blancheur du drap transpire leur désir assouvi,

Occulte leur nudité échevelée soudée aux ombres de la nuit.

Leurs yeux ébouriffés se posent sur la moiteur de l'aube,

Découvrent la clarté incongrue de ce lieu de hasard,

Où leurs corps assoiffés d'avide impatience,

Se sont livrés au jeu de cet amour fortuit.

Un silence troublé meuble l'espace de la chambre.

Comme englués, pris au creux d'une étrange pudeur,

Interdits, maladroits, peut-être un peu gênés,

Les yeux mi-clos, comme pour ne pas voir le monde qui les sépare,

Ils reprennent, par saccades, leurs gestes d'habitude.

Dans le miroir du jour, leur nuit d'amour se dilue et s'efface.

S'effacent les reflets des gestes de tendresse,

Ces heures d'intimité au lit d'un plaisir partagé,

Où le cœur du temps s'est arrêté de battre,

Où le cœur du temps leur a permis de fuir et d'oublier

L'obsédante solitude