À La Liberté

Madame La Liberté,

Vous avez fière allure, Madame,

Debout, le bras vers le ciel levé

Sanglée dans un corset de fer

Élégamment drapée dans votre robe cuivrée.

Plus que de l'allure, elle en a de la gueule,

Diraient, parlant de vous, certains de vos amis français.

Il est vrai qu'ils ont droit d'être fiers

Car c'est bien l'un des leurs

Qui vous a mise au monde.

S'inspirant, peut-être, du visage de sa mère,

Ce fameux Frédéric-Auguste Bartholdi

A su vous conférer noblesse et caractère.

Mais, si vous êtes bien de nationalité française

Voilà bien des années

Vous avez immigré en une terre lointaine

Offerte en cadeau pour marquer un centenaire

Et témoigner ainsi de l'amitié franco-américaine

Oui, Madame,

Indiscutablement vous avez de la gueule!

Impassible, affrontant tous les temps,

Qu'ils soient beaux ou encore moins cléments

Portant à bout de bras le flambeau d'espérance

Dont les lueurs embrasent le ciel de l'univers

Et jettent des reflets sur l'Hudson River.

Vous êtes de surcroît, le visible symbole

Qui, au tréfonds des cœurs de chacun des hommes

Représente le bien le plus précieux qui soit.

Madame La Liberté,

Aujourd'hui, pour la première fois

Je suis venue vous visiter.

Si je me sens si bouleversée,

C'est parce que quand j'étais enfant

Il m'arrivait bien souvent d'admirer

Votre image partout où elle se trouvait.

Alors je rêvais en secret

Que je survolais l'océan,

Que j'arrivais enfin sur votre continent.

La vie parfois a un visage étrange

Car c'est un hasard, un jeu de circonstances,

En réalité, une merveilleuse chance

Qui fait que je suis, aujourd'hui, près de vous.

Madame La Liberté,

Votre nom, vous le savez

Est encore, de par le monde

Trop souvent galvaudé.

Alors je me questionne et m'interroge,

Et me permets de vous demander:

Croyez-vous vraiment qu'on puisse espérer

Que demain ou encore un jour prochain

Ce nom si précieux de Liberté

Tous les peuples jusqu'à ce jour opprimés

Tous, les hommes, les femmes, les enfants

Où qu'ils vivent, où qu'ils soient nés

Pourront-ils enfin le porter ?


Marybé