Le salon de musique

L'ovale d'un miroir courtise la noblesse d'une cheminée altière;

Sur un mur, tendu d'une moire précieuse, bat le cœur d'un cartel.

De son cadre ourlé d'or, l'ancêtre musicien posent un tendre regard

Sur les douces rondeurs des bergères de soie.

Attentif, sur un piédestal, le buste de l'aïeul,

Tient compagnie à un antique lutrin.

Dans la pénombre qui lentement s'installe,

Du grand piano noir gisant dans le salon,

Le souffle ultime d'un accord sur les cordes sensibles,

Enveloppe de langueur les flammes du candélabre.

Quelques larmes en glissant, frôlent le corps des chandelles,

Puis s'étendent en douceur sur le lit d'une coupelle.

Au cœur de l'atmosphère intime du salon de musique,

L'arôme de la cire distille des relents d'intense émotion.

Dans un bruissement de pas sur le parquet ciré,

Furtivement, une ombre féminine quitte cet espace feutré,

Où, le temps d'une sonate, d'une fugue, d'une pièce musicale,

Ses doigts de pianiste ont effleuré l'essence de son passé.

Marybé 25 mai 1997