L'oubli

Lorsqu'un souffle de lumière s'accoude à ma fenêtre,

Entre furtivement et s'assied juste au pied de mon lit,

Mes yeux affolés se posent sur le visage inconnu de ces heures

Que le jour nouveau entraîne avec lui.

Un tumulte gronde au profond de ma tête;

Comme des remous vacillants de déchirante détresse,

Comme de sourdes angoisses, consciences du malheur.

Sur les murs de ma chambre, des reflets de pénombre

Éclairent les gravures aux couleurs de l'absence

De tes éclats de rires,

De tes fougueux élans et de tes gestes tendres.

Au centre du placard, prisonnière du silence,

Immobile, ta robe de chambre

Garde précieusement l'empreinte de ton corps,

Comme si elle voulait me faire croire que tu vas revenir.

Ton odeur enivrante reste là témoin de ta présence;

Et la tête me tourne,

Et j'ai le goût de fuir;

M'enfoncer à nouveau dans l'épaisse noirceur

Aux vagues de la nuit qu'il me faut retenir.

Car elle seule me sauve.

Nuit, gardienne de mes souffrances,

Nuit aux lueurs apaisantes qui accueille mes peurs,

Je me dissous en elle, j'épouse son sommeil,

Et ce n'est qu'alors que l'oubli voit le jour.

Marybé 17 novembre 1997