20 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

CREATION DU RALLYE-BONNETERIE

Bellonte à la manifestation aérienne de Saint-Julien-les-Villas

( 23 Août 1931 )

L'AIGLE ( par Fiot )

Challenge Camille Marot

L'Aéro-Club de l'Aube, toujours soucieux de procurer plus de gloire aux ailes auboises et une plus grande renommée à notre industrie locale, décide la création d'un rallye annuel de bonneterie.

Cette manifestation, dotée de prix intéressants et du Challenge Camille Marot, " L'Aigle ", par Fiot, ne peut qu'inciter les touristes aériens à venir nombreux, chaque année dans notre cité, visiter nos monuments et nos usines. Aussi, est-ce dans cet état d'esprit que furent organisés les rallyes aériens.

Cette fois, le terrain choisi est situé en bordure de la route de Saint-Julien à Menois, à hauteur de la ferme de Verdun, mais du côté opposé à cette route.

Dans la matinée, atterrissent vingt appareils de tourisme, et c'est M. Bivois, de Mézières-Charleville, qui s'adjuge la première place.

Bellonte, le célèbre co-équipier de Costes dans sa randonnée à travers l'Atlantique, est cette fois des nôtres; il nous arrive sur un Farman 120 C.V., suivi bientôt du Potez du Général Tulasne, délégué du ministre de l'Air.

Les fêtes s'annonçaient brillantes et joyeuses, quand un accident mortel de la parachutiste, Mme Dravet, femme de l'organisateur du meeting, vint endeuiller tous les cœurs (1).

Vers 4 heures, l'intrépide parachutiste prit place, sur le biplan Hanriot du Club, extérieurement à la carlingue, aux côtés du pilote troyen Joly.

Après avoir bouclé plusieurs fois l'aérodrome, l'avion semblait ne pouvoir prendre de la hauteur, quand amorçant un virage, ce fut la glissade sur l'aile, puis la vrille et la chute fatale !

Mme Dravet était tuée et Joly grièvement blessé.

Nous saurons conserver le souvenir de notre malheureuse compatriote qui, en cette journée, inscrivit son nom au trop long martyrologe de notre aviation nationale.

Cette jeune femme avait foi dans les ailes qui la pertaient, aussi servit-elle l'Aéronautique avec âme, avec passion... jusqu'à la mort !

avant ce pénible accident, les berlines Farman des aviateursPortal et Moreau, remportèrent un grand succès : elles furent littéralement envahies par les amateurs de baptêmes de l'air.

Barbot, sur son puissant Fokker 600 C.V., fut remarquable de vitesse alors que le pilote Lepreux, sur un Dewoitine 500 CV., se signalait par des exhibitions très osées, et que le célèbre acrobate Romaneschi déployait tout son talent, dans des exercices bien périlleux. Tous trois méritent donc d'être loués sans réserve.

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Ainsi, les années 1930 et 1931 se signalent par une grande activité. Et si, en 1930,l'avion Hanriot 28 de l'Aéro-Club de l'Aube termina tristement sa carrière, par un capotage dès la livraison, nous avons la satisfaction, en mai 1931, d'acheter un nouvel appareil Hanriot 14 que pilote Paupe, ce qui nous permet de donner aux membres de l'Aé. C. A. une série intéressante de baptêmes de l'air.

Les Touristes aériens du premier Rallye-Bonneterie, photographiés sur le terrain de Saint-Julien-les-Villas

Au premier rang et au centre, on remarquera M. le Général Tulasne, représentant le Ministre de l'Air.

De son côté, le Potez 36 de notre camarade Camille Marot accomplit de nombreuses sorties vers Evreux, Auxerre, La Baule, Vichy, Saint-Quentin, Strasbourg, Dôle, Deauville, Dieppe, etc... Il participe brillamment au premier tour de France des avions de tourismes, secondé, dans les moments difficiles, par le pilote Joly. Si bien qu'en 1931, l'avion Nénette et notre Hanriot peuvent inscrire, à leur actif, 174 heures de vol et 11.200 kilomètres de parcours.

M. Cazal se rend propriétaire d'un Farman, de même que M. Thiéblin fils acquiert un Morane 35. Le Farman de M. Cazal, piloté par Joly, accomplit le rallye international de Bucarest, alors que le Morane de M. Thiéblin, que pilote également Joly, participe aux meetings de Reims, Dijon, Cherbourg, Caen, Granville et Auxerre.

Sans l'impulsion bienfaisante de cette grande française, Mlle Deutsch de la Meurthe, qui vient de doter notre aviation du superbe domaine des " Boullains " (Seine-et-Marne), d'une superficie de 200 hectares et que demain l'on dénommera " la Maison des Ailes", des fêtes sont organisées, en France, pour accueillir les sommes nécessaires à l'institution de cette oeuvre éminemment humanitaire.

Désormais, les aviateurs auront leur maison de convalescence; c'est donc la sécurité morale et matérielle du lendemain assurée pour les héros de l'air infortunés.

LA DEUXIEME FETE AERIENNE DE BAR-SUR-AUBE

( 20 Septembre 1931 )

En 1931, vingt-deux années après le vol de Paulhan, Bar-sur-Aube se devait d'organiser un meeting aéronautique. Le samedi 19 septembre 1931, une grande animation règne aux abords de la ferme de Courcelles. Les tribunes se dressent, et déjà les avions arrivent pour prendre part, le lendemain, à cette manifestation qui promet d'être intéressante. MM. Dravet et Ganneau, de l'Air propagande, sont organisateurs de cette journée.

Le dimanche 20 septembre, les spectateurs se portent nombreux aux abords de l'aérodrome improvisé où l'on signale la présence de MM. le Sous-Préfet; Bureau, maire de Bar; Rage, ancien maire; Séyès, président du Tribunal; Giudicelli, Bourotte, Comte, Baudry, maire d'Arrentières, et des membres du Comité de Direction de l'Aéro-Club de l'Aube.

Tout d'abord, Vanlaere prend son vol sur Caudron et exécute de savantes acrobaties; quant au célèbre trapéziste Romaneschi, il émerveille tout simplement son public par de téméraires exercices.

Sur son Potez, le pilote Hérissé fait une belle démonstration sur l'aviation de tourisme; de même, Camille Marot et le docteur Crochet, de Paris, rehaussent-ils l'éclat de cette fête, par de superbes envolées.

Enfin, pour terminer, la limousine Farman à 4 places, pilotée par Portal qui rentre d'Amsterdam, donne le baptême de l'air à 150 néophytes dont MM. l'Archiprêtre Laurain et l'abbé Chalicarne. Le doyen des passagers fut un vieillard de 82 ans, grand-père du vétérinaire, M. Garnerin.

Félicitons la ville de Bar-sur-Aube, toujours à l'avant pour la vulgarisation de l'aviation dans notre département.

elle a bien mérité des ailes auboises.


Au début de l'année 1932, l'Aéro-Club de l'Aube acquiert un Potez 36 et, à la date du 13 février, sur le terrain d'aviation de Romilly, on le baptise du nom de notre héroïne Suzanne Bernard. Le parrain est M. Couhé, inspecteur général de l'aviation civile au ministère de l'Air, et la marraine, Mme André Gillier.

A la Foire de Champagne organisée à Troyes, du 14 au 22 mai, sur le boulevard Victor-Hugo, l'Aéro-Club de l'Aube présente dans son stand, notre premier salon aéronautique, le Potez 36 Suzanne-Bernard, avion biplace, conduite intérieure, moteur Renault 95 CV.; on peut y voir aussi un avion sport Farman 231, moteur Renault 95 CV, et un planeur-école Sablier, pour le vol à voile, construit par un jeune amateur, M. Pillost, de Lépine.

La nacelle de l'Aube, qui vient de remporter la Coupe des Mines de Béthune, figure à l'une des places d'honneur.

Plus de 6.000 personnes visitèrent cette exposition; ce fut donc un véritable succès pour notre aéronautique locale.

Au cours de cette année, l'un des élèves de l'Aéro-Club de l'Aube, M. Hougleur, passe avec succès, le 15 juin, le brevet de pilote d'avion de tourisme.

D'autres part, notre petite flottille d'avions verra son contingent augmenté d'une unité, car le 19 décembre 1932, le pilote Dumont se rendra à Bruxelles, pour prendre livraison d'un Morane 35.

En résumé, l'année 1932 fut intéressante pour nos ailes, car les avions du Club accomplirent encore une belle série de voyages dont le parcours total est vraiment édifiant : 15.700 kilomètres en 183 heures de vol.

Il n'y a pas de doute ! A l'Aéro-Club de l'Aube, le vent est ascendant.


Dès les premiers mois de l'année 1933, M. Joanneton, dont l'état de santé est très précaire, donne sa démission de Président de l'Aé. C. A.

Le Comité de Direction, obligé de se séparer de celui qui fut l'âme de notre Association pendant plus de trente années, accepte, avec regret, cette démission, M. Joanneton est acclamé Président d'Honneur, et M. Camille Marot nommé Président actif de l'Aéro-Club de l'Aube.

Dans les premiers mois de l'année 1933, le pilote Camille Marot, à bord de son Potez, accomplit le circuit Algéro-Marocain.

Parti de Troyes le 8 avril, Camille Marot gagne Casablanca par Orly, Poitiers, Bayonne, Madrid, Séville et Rabat.

Le 14 avril, c'est Casablanca-Casablanca, après escale dans les villes suivantes : Meknès, Sidi-Bel-Abbés, Oran, Alger, Biskra, Gardhaia, Laghouat, Colomb-Béchar, Rich, Fez, Marakech.

Enfin, le 24 avril, notre touriste aérien songe à rentrer en France en partant de Casa pour Troyes, par Tanger, Malaga, Alicante, Baecelone, Perpignan, Marseille, Nice, Lyon, Auxerre. C'est le 30 avril qu'il atterrit à Barberey, ayant couvert, dans cette magnifique randonnée, 8.000 kilomètres.

Mentionnons aussi qu'au cours de ses nombreux voyages aériens, le pilote Marot accomplit la plus grande distance journalière (1.315 km.), par le trajet suivant : Troyes, Marseille, Cannes, Avignon, Lyon, Genève et Berne; ainsi que la plus grande distance, sans escale, Troyes-Bayonne (705 km.).

Voilà les faits qui se passent de commentaires et qui sont tout à l'honneur du nouveau Président de l'Aéro-Club de l'Aube.


C'est aussi au cours de cette même année que la Journée Nationale de l'Air est organisée en France.

N'est-ce pas un devoir, pour tout Français, de participer à cette manifestation en donnant largement, et ce geste doit être entièrement désintéressé, puisqu'il s'agit de voler au secours de ceux qui sont dans le besoin et qui souffrent, aux victimes de l'Air.

Cette journée, essentiellement humanitaire, a lieu le 11 juin 1933.

C'est à l'Aéro-Club de l'Aube qu'incombe la mission de recueillir les sommes offertes par des mains généreuses, dans toutes les communes de l'Aube.

Les autorités civiles, militaires et religieuses apportent leur bienveillant appui.

Des tracts, lancés par avions ainsi que par les ballons L'Aube et Fille de l'Aube, font connaître aux populations que la grande Journée Nationale est commencée et que l'on attend beaucoup de la générosité de tous.

La Journée Nationale de l'Air remporta, dans notre département, un plein succès. Les Aubois répondirent avec empressement à notre appel; qu'ils en soient chaleureusement remerciés.

Mais un événement de la plus haute importance va bientôt se réaliser; dans quelques jours (le 30 juin) l'aérodrome de Troyes sera ouvert au service de la navigation aérienne, et le 9 juillet, on inaugurera officiellement ce terrain.

Deux dates historiques pour notre aviation locale et qu'il convient de ne pas oublier, car Troyes, par cet aérodrome, doit désormais prétendre à devenir une gare aérienne remarquable qui ne peut qu'être profitable à notre commerce et à notre industrie; aussi, en instaurant cet aérodrome, la Municipalité troyenne et l'Aéro-Club de l'Aube n'envisagèrent-ils que la seule prospérité de notre vieille cité champenoise.

L'avenir, qui ne trompe pas; dira si les promoteurs de cette œuvre avaient raison !

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(1) Mme Dravet, née Marguerite Hardy, exécuta pour la première fois une descente en parachute au Meeting de Sainte-Maure.