21 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

CREATION, AMENAGEMENT ET INAUGURATION

DE L'AERODROME DE TROYES

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Les générations futures qui assisteront à l'atterrissage des avions de tourisme ou de commerce, à l'aérodrome de Troyes, les passagers qui prendront le départ où arriveront à cette gare aérienne, ne songeront nullement aux difficultés inouïes qui présidèrent, pendant près de vingt années, à l'établissement d'un terrain d'aviation dans notre ville; il fallut qu'un homme, notre ami Roger Renard, apportât toute son énergie, tout son amour pour la cause aérienne, afin que notre cité, elle aussi, ait enfin son aérodrome.

Sans doute, dès l'apparition de l'avion, M. Joanneton supputait qu'il y aurait, un jour, absolue nécessité d'aménager, dans notre ville, un terrain d'aviation.

Sans doute, dès 1910, notre Président s'entreprenait, avec M. Bonvalot, de faire reconnaître officiellement l'aérodrome de Pont-Hubert. Ses projets échouèrent.

Sauf le Club-Aéronautique de l'Aube et quelques bonnes âmes sympathisantes, personne à Troyes, à cette époque, ne voyait la nécessité d'une telle création.

Et cependant, le ciel était bien gros de nuages. Souvenons-nous des appels si pathétiques que lançait M. Chanteclair à notre population plongée plus que jamais dans une mortelle torpeur, à la veille même de la guerre.

Aussi, en présence des événements qui se déroulèrent bientôt, la Ligue Nationale Aérienne avait-elle raison de réclamer, d'urgence, l'établissement, en France, de terrains d'aviation.

Mais, avec la fin de la guerre, c'est l'avènement de l'aviation commerciale, et avec elle, la création de nouvelles voies aériennes dans le monde entier.

De même, l'aviation de tourisme va bientôt naître et se développer assez rapidement sous l'heureuse impulsion des Aéro-Clubs français groupés en Fédération, depuis 1929.

En présence de ces faits très importants et en prévision de ceux qui, demain, vont se précipiter, ne verrons-nous pas, pour ne citer qu'un seul exemple, au début de juillet 1935, le Ministre des Postes, M. Mandel instituer officiellement, pour la France, un service postal aérien, régulier, " Air-Bleu " (1); il était donc indispensable que Troyes eût enfin son aérodrome.

Dès 1919, le service de la navigation aérienne envisage l'aménagement d'un aérodrome à Troyes, distant de 4 kilomètres du centre de Troyes, au lieudit " La Maladière ", situé au sud du village des Noës et aux abords de la route n° 60.

En raison du prix excessif des terrains, ce projet est abandonné.

A Troyes, l'Aéro-Club de l'Aube, désormais ressuscité de ses cendres, est vraiment qualifié pour s'intéresser à cette question primordiale, car s'il y a pénurie de terrains d'atterrissage, il ne faut pas espérer avoir beaucoup d'avions.


(1) Les quatre premières lignes aériennes postales crées sont les suivantes : Paris-Arras-Lille; Paris-Rouen-Le Havre; Paris-Nancy-Strasbourg; Paris-Tours-Angoulême-Bordeaux.

Enfin, la ligne Paris-Rome AR a été ouverte le 29 juillet 1935.

Mr. Roger RENARD

Au Club, notre camarade Renard prend, nous l'avons dit, l'affaire en mains et la mène si bien que le terrain est ouvert officiellement, depuis le 30 juin 1933, au service de la navigation aérienne.

Qu'il me soit donné de présenter ici M. Roger Renard, ce bon ouvrier pour la création de l'aérodrome de Troyes.

A la déclaration de guerre, en 1914, M. Roger Renard est mobilisé à l'équipage de ponts du 20e C.A. Il participe, comme sapeur u Génie, à la campagne de Belgique et reçoit la Croix de guerre belge. Sur sa demande, il passe dans l'aérostation et rejoint la 39e compagnie d'aérostiers, dans la Somme (1916).

Elève observateur sous les ordres des lieutenants Brillaud de Laujardière et Arondel, des as de l'observation en sphérique, il obtient son brevet d'observateur (n° 317).

Affecté à la 45e compagnie (11e C.A.), M. Roger Renard participe aux opérations du Chemin-des Dames, à la découverte et à la contre-batterie des " Bertha " qui tirent sur Paris. Enfin, il prend une part active aux dernières offensives de Champagnes (1918).

On le trouve, à l'Armistice, comme sous-lieutenant, décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre. Il est, en outre, titulaire des quatre citations suivantes :

Le 23 avril 1918, ordre de la 21e D.I.; le 12 mai 1918, ordre de la VIe Armée; - le 29 juillet 1918, ordre de la 41e D.I.; - et le 23 septembre 1918, ordre de la IVe Armée.

M. Roger Renard, qui est capitaine de réserve d'aérostation depuis fin décembre 1935, accomplit trois descentes en parachute (ballon incendié).

Le 8 novembre 1926, notre ami recevait la Légion d'Honneur.


Les difficultés ne manquèrent pas, mais la ténacité naturelle de M. Roger Renard vint facilement à bout de toutes les entraves qui se présentèrent à lui.

Tout d'abord, lors des élections municipales de Troyes, en 1929, M. Roger Renard, sollicité de prendre place sur l'une des listes présentées aux suffrages des électeurs, obtient de faire figurer au programme la création d'un terrain d'aviation; " Si je suis élu, déclare-t-il à ses amis, mon seul souci sera la réalisation de cette idée ".

Elu au Conseil, notre camarade se met au travail et ne tarde pas de porter la question de l'aérodrome à l'étude de cette Assemblée.

M. Demange, adjoint au Maire et Président de la Commission des Finances, reconnaissant l'importance que pourrait prendre, dans l'avenir, l'établissement à Troyes d'une gare aérienne, fait admettre, par le Conseil, l'inscription au budget de 1930 de la somme demandée.

Le Comité-Directeur de l'Aéro-Club apporte toutes ses lumières, pour aider notre camarade dans la lourde tâche qu'il vient d'assumer. Ce Comité, composé en majeure partie de personnes adaptées à l'aviation, est à même de juger, mieux que quiconque, les nécessités, les conditions techniques indispensables à l'étude du projet en cause.

Du fait que l'Aéro-Club est société agréée, il est par cela même ressortissant du Ministère de l'Air qui lui adresse, le cas échéant, toutes demandes, circulaires ou rapports intéressant son secteur et qui s'étend à tout le département de l'Aube.

A la suite d'une circulaire ministérielle en date du 31 janvier 1929, l'Aéro-Club de l'Aube répond au Ministre en exposant son programme d'action, soulignant qu'il s'intéresse particulièrement à la création de l'aérodrome, à Troyes.

Deux emplacements, et éventuellement le champ de manœuvres de la garnison, sont envisagés. L'Aéro-Club de l'Aube sollicite du Ministère l'envoi d'un représentant qualifié pour la reconnaissance de ces terrains.

Emplacements étudiés

Parmi les problèmes que pose la navigation aérienne, les plus importants sont :

1° Le choix de l'emplacement du terrain d'atterrissage, la topographie et la nature des lieux.

2° La liaison rapide et immédiate avec la ville qu'il dessert.

Toute la partie Nord et Est de Troyes, rive droite de la Seine, ne saurait être envisagée en raison des ondulations prononcées des terrains qui, de plus, sont sillonnés par de nombreuses lignes électriques.

La partie Sud, aux environs du village de Rosières, pourrait se prêter topographiquement à cet emplacement cherché, mais le prix des terrains est par trop élevé.

La partie Ouest, comprise entre la route Nationale 60, les villages de Torvilliers et de la Rivière-de-Corps, est favorable également, surtout au point de vue aérostatique, en raison de la proximité de la côte de Montgueux et de la butte du champ de tir de Troyes, sérieux obstacles qui limitent les envols en ligne droite et créent des remous dangereux; les vents dominant de la région, vents d'Ouest, venant directement par-dessus les côtes.

Il ne reste donc plus que la partie Ouest-Nord-Ouest de Troyes, c'est-à-dire la plaine comprise entre la route Nationale n° 19 et les collines de Montgueux.

L'ingénieur-chef du service des bases, désigné par le Ministre, vient sur place et étudie un emplacement présenté, par l'Aéro-Club de l'Aube, dans le voisinage de la partie Ouest-Nord-Ouest sus-désigné. Cet emplacement, qui est à cheval sur le chemin de terre, ancienne route de Paris, et dont la planimétrie est remarquable, donne toute satisfaction. On l'accepte.

En conséquence de cette reconnaissance officielle, une ligne électrique en construction, qui se dirige vers Sainte-Maure et passe sur ce terrain, est détournée après entente entre les Ministères intéressés.

Ce terrain d'une superficie d'environ quarante hectares, étant reconnu, le Conseil municipal de Troyes vote, pour l'aérodrome, un crédit de 200.000 francs.

Sollicité, le Conseil Général vote à son tour, à la session d'avril 1930, un crédit de 50.000 francs, sur présentation, par l'Aéro-Club de l'Aube, du projet en cause qui est également soumis à la Chambre de Commerce, à la Chambre syndicale de la Bonneterie, au Syndicat d'Initiative de l'Aube, et à l'Association des Petits Commerçants.

Toutes ces institutions le retiennent et l'approuvent, émettant des vœux unanimement favorables.

Malgré cette entente, voici venue l'ère des difficultés : la protestation véhémente des propriétaires de terrains. Nous allons peut-être assister à des scènes de révolte comparables à celles que rencontrèrent, dans certaines contrées, les ingénieurs-géomètres traçant l'emplacement des premières voies ferrées en France, car à cette époque, les propriétaires défendaient leurs champs avec acharnement, parfois même avec violence, en faisant, pour le moins, disparaître les jalons, au fur et à mesure qu'ils étaient fichés en terre.

Mais non ! Nous ne sommes plus en ces temps. Nos braves paysans champenois sont nés malins. Aussi prennent-ils, ce que l'on appelle en bon français, la voie hiérarchique, en présentant leurs doléances à M. le Préfet de l'Aube, par l'intermédiaire de leurs Conseils municipaux.

On veut, affirment-ils, nous enlever nos meilleurs terres !

Et ce chemin, dont une partie serait incorporée au terrain d'aviation, n'est-il pas absolument indispensable à nos besoins ?

Evidemment, tout cela est vrai. Volontiers, nous reconnaissons le bien-fondé de toutes ces objections. Mais enfin ! cet aérodrome, il faut bien l'installer quelque part et tout particulièrement, dans une situation compatible avec les besoins actuels de l'aviation, et surtout en prévision des nécessités imposées, dans la suite, par le développement de l'Aéronautique dans le pays tout entier.

Et si nous devions frapper à d'autres portes, ces mêmes observations, bien légitimes cependant, ne nous seraient-elles pas également présentées ? Alors que faire ?

Un Comité de Défense des intérêts des communes intéressées est créé. Les Conseils Municipaux des Noës et de Barberey se réunissent, adressant des extraits de leurs délibérations à la Préfecture, qui les communique à son tour à l'Aéro-Club de l'Aube.

Nous répondons. Des entretiens ont lieu entre le Président du Comité et notre Association. Les choses traînent en longueur. On parlemente. L'Aéro-Club, pour arranger l'affaire, offre même de reporter le terrain un peu plus vers l'Ouest. Mais le Conseil des Noës veille. Ce qui arrange l'un, nuit à l'autre. De nouveau, cette commune adresse à la Préfecture une nouvelle note qui n'est certes pas rédigée avec le souci d'apporter la solution désirée.

On en était là, quand le Sous-Secrétaire d'Etat à l'Air, M. Riché vint à Troyes à l'occasion de la célébration du trentenaire de l'Aéro-Club. Après sa visite, les choses s'engagèrent dans une voie meilleure. On finit par s'entendre et à prendre jour pour se rencontrer en chœur, chez le notaire !

Ah ! ah ! les affaires n'ont pas toujours marché comme sur des roulettes pour la création de l'aérodrome !

On s'en souviendra dans Landerneau !!

Je dois ajouter que, pour faire en détail l'historique de la création de l'aérodrome de Troyes, plus de cinquante pages de texte seraient nécessaires, tant la résolution de cette question nécessita de tractations, d'entretiens avec les différents Ministères, d'interventions, et surtout une rédaction importante de rapports et de réponses à une correspondance très chargée.

Tout cela passa par les mains de notre Secrétaire, qu'il en soit félicité.

Je me suis donc astreint à ne fournir ici que des éléments essentiels, susceptibles d'éclairer la religion du lecteur sur la réalisation de cette œuvre.

J'ouvrirai ici une parenthèse, pour signaler que des projets d'agrandissement de l'aérodrome seront définitivement arrêtés, par l'autorité militaire, au cours de l'année 1935. Par le dessin reproduit à la page ci-dessus, on se rendra compte de l'importance du nouvel aérodrome, en comparant l'emplacement primitif, représenté par la partie ombrée, avec l'agrandissement prévu (70 hectares). Soit désormais, 110 hectares en totalité.

Aménagement de l'Aérodrome

L'aérodrome créé, il fallait songer à son aménagement. L'Aéro-Club de l'Aube s'y emploie, avec cette foi ardente qui du moins, si elle ne soulève pas les montagnes, fait ouvrir les coffres-forts.

Aussi, après de pressantes démarches, avons-nous la satisfaction de recevoir du Ministère de l'Air la lettre suivante :

Paris, 1er février 1932,

Monsieur le Président,

J'ai le plaisir de vous annoncer que le vous réserve une nouvelle somme de 50.000 fr., en vue de l'aménagement de l'Aérodrome de Troyes, ce qui portera à 100.000 fr., la participation totale de mon département aux dépenses d'établissement de ce terrain.

Cette subvention étant prélevée sur les crédits de l'exercice courant, l'aménagement de l'Aérodrome devra être poussé le plus activement possible, et les justifications de terrains devront me parvenir obligatoirement avant le 31 mars au plus tard.

J'attire votre attention également sur le fait que l'aménagement du terrain devra obligatoirement se faire suivant les directives du Service des Bases de mon département, et sous le contrôle du représentant des Ponts et Chaussées.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération distinguée.

DUMESNIL.


Ce complément de subvention arrivait donc à point pour parer au plus pressé en ce qui concerne l'infrastructure.

Au cours de cette année 1932, se trouvera réalisée l'édification définitive du hangar, mais cela pour le compte personnel de l'Aéro-Club de l'Aube. Ce hangar doit abriter, très prochainement, six avions et notre chef-pilote, M. Bastier, pourra bientôt prendre possession de l'atelier, dont l'installation vient d'être achevée.

Pour le loger, un pavillon est indispensable; nous en envisageons la construction, mais les cotisations des membres de l'Aéro-Club et la subvention suffisent à peine à boucler le budget, aussi devons-nous faire encore appel à la générosité du public !

Avais-je tort de déclarer au début de cet ouvrage qu'une société aéronautique ne saurait s'enrichir et imposait à ses membres bien des sacrifices et beaucoup d'abnégation ?

Quant à la Chambre de Commerce de notre ville, elle a, cette année, généreusement augmenté sa première subvention pour l'Aérodrome proprement dit.

Qu'elle en soit bien cordialement remerciée.

L'Aérodrome de Troyes

"Les Ailes Troyennes" 2021

(Vue du hangar et de la maison du pilote-mécanicien)

Nous apercevons le village de Barberey-Saint-Sulpice à l'horizon.

Pour compléter son œuvre, et afin de justifier sa demande de subvention au Conseil Général de l'Aube, l'Aéro-Club de l'Aube établira plus tard, à la date du 4 novembre 1934, le bilan de la situation technique touchant la création et l'aménagement de l'Aérodrome. Je donnerai ici, dans son intégralité, cet intéressant travail qui a été présenté à la session de cette haute Assemblée, en octobre 1934.

Première Partie : Technique de la question

L'Aéro-Club de l'Aube a été sollicité par lettre du Ministère de l'Air en 1928 pour prendre l'initiative, activer la propagande et intéresser les collectivités à la création d'un Aérodrome à Troyes.

a) Notre représentant au Conseil municipal a posé la question à cette Assemblée, qui a fait sien le projet établi, et un crédit de 208.616 fr. 15 a été inscrit au budget de 1929.

b) Le projet établi par l'Aéro-Club, adopté par la Ville de Troyes, contrôlé et accepté par les Services techniques du Ministère de l'Air, comportait les points suivants :

1° Achat des terres et indemnités, 310.000 fr.

2° Nivellement du terrain, 60.000 fr.

3° Viabilité du chemin d'accès, 50.000 fr.

4° Balisage, 5.000 fr.

5° Téléphone, 4.500 fr.

Hangar, 80.000 fr.

Bâtiment du Gardien, 50.000 fr.

8° Clôtures partielles, 30.000 fr.

9° Poste d'eau, 4.500 fr.

Total : 594.000 francs.

Remarque : Lorsque dans l'avenir, l'aviation sera le moyen courant de transport, les aérodromes seront nécessairement pourvus d'une aérogare. Le bâtiment du gardien prévu ci-dessus n'est autre que l'amorce de ladite gare à agrandir, et qui comprend : le logement du gardien estimé 30.000 fr.; la salle " aéronautique " de renseignements, de repos, le lavabo, le tout estimé 15.000 fr.; quant au chauffage de cet ensemble, il est estimé 5.000 fr., soit en totalité, la somme prévue de 50.000 francs.

C'est donc par ignorance de ces détails, que ce bâtiment a été qualifié de " somptuaire " au Conseil général.

c) L'Aéro-Club a sollicité et obtenu les subventions suivantes pour la création de l'Aérodrome :

Ministère de l'Air 150.000 francs

Conseil Général 50.000 francs

Chambre de Commerce 50.000 francs

Tous ces crédits ont été intégralement reversés à la Ville de Troyes, réalisatrice de l'Etablissement.

d) L'Aéro-Club de l'Aube a versé lui-même, de sa propre caisse, une somme de 8.000 francs.

e) Par lettre des 23 mars et 23 avril 1932, l'Aéro-Club a reçu une subvention du Ministère de l'Air, de 50.000 fr., bien spécialement désignée et destinée à l'édification du hangar de l'Aéro-Club de l'Aube et pour son usage personnel.

f) La Ville de Troyes a réalisé elle-même l'aérodrome, c'est-à-dire l'aire d'atterrissage, dans les conditions suivantes :

1° Achat des terres et indemnités de toutes sortes, 341.837 fr. 11; 2° Nivellement et chemin d'accès, 89.747 fr. 09; 3° Balisage, 5.646 francs; 4° Téléphone, 5.472 fr. 72; 5° Ensemencement, 5.000 fr.; 6° Clôtures, 14.500 fr. Total actuel : 462.202 fr. 92.

La différence à constater entre les prévisions d'achat des terres et a réalité, provient d'un léger agrandissement du terrain dans un sens, imposé par le Ministère, et surtout du paiement d'indemnités et intérêts plus fort que prévus et causés par une certaine lenteur administrative.

g) Il reste donc à terminer les aménagements : Hangar et bâtiment gardien, 130.000 fr; Poste d'eau, 4.500 francs.

h) La participation financière du Ministère de l'Air, pouvait être à l'époque de 50% des dépenses prévues; on aurait donc dû recevoir 297.000 fr. Comme il n'a été reçu que 200.000 fr., normalement on peut encore espérer recevoir : 97.000 francs.

i) Du fait des dépenses imprévues expliquées 31.800 fr. et des aménagements résolus, tous les crédits rassemblés sont à peu près épuisés. Si l'on compte sur le solde à recevoir du Ministère pour parfaire les aménagements prévus, il manquera :

134.500 fr. - (moins) 97.000 fr. = 37.500 francs

Et voilà tout le secret et l'importance précise chiffrée et détaillée de la demande de subvention complémentaire sollicitée. On comprendra facilement que l'Aéro-Club ne se soit pas adressé de nouveau à la ville de Troyes, dont l'importance de la participation financière fut la plus forte, pour combler ce manque de crédits, minimes cependant.

Deuxième Partie : Considérations importantes et nécessaires :

De ce qui précède, on remarquera donc :

1° que l'Aéro-Club n'a été qu'un élément de propagande en faveur de l'aérodrome;

2° qu'il a été lui même un souscripteur bénévole;

3° qu'aucune des constructions prévues au projet, n'est encore réalisée, et nous précisons bien :

1° Que le hangar actuellement édifié, appartenant à l'Aéro-Club de l'Aube, l'a été par ses moyens financiers propres, avec la subvention du Ministère et celle de 10.000 francs de la Chambre de Commerce.

2° Que la Maison du pilote, de l'Aéro-Club de l'Aube, actuellement en construction, ne saurait être confondue avec le " Bâtiment du Gardien " et que les moyens financiers proviennent de souscriptions intérieures à la Société, de dons et prêts.

3° Que l'Aéro-Club de l'Aube sera, l'an prochain, locataire de la Ville de Troyes, pour l'emplacement occupé par ses constructions personnelles.

4° Que soucieux des deniers des contribuables - et pour cause - nous n'avons pas voulu prévoir un projet d'Etablissement grandiose et d'utilisation lointaine, voire même incertaine, à l'instar de certaines villes comme celle-ci par exemple :

Saint-Etienne (165.000 hab.), 750.000 fr.

Rennes (78.000 hab.) 2.700.000 fr.

Besançon (45.000 hab.) 750.000 fr.

Bourges (37.000 hab.) 3.000.000 fr.

Dieppe (25.000 hab.) 1.200.000 fr.

Dinan (9.000 hab.) 800.000 fr.

Deauville (5.000 hab.) 2.000.000 fr.

Nous n'avons prévu et sollicité que l'indispensable et le suffisant pour le présent, à l'aide d'arguments et de chiffres établis avec la plus entière sincérité dont nous nous honorons.


Ainsi, cet exposé contribue-t-il à éclairer mes lecteurs tant sur le r^le de premier plan, joué par l'Aé.C. A. en cette affaire, que sur l'affectation des sommes votées ou attribuées à titre de subvention, délimitant ainsi pour l'avenir, et d'une façon présise, les devoirs et les droits de chacun.