6 - Mémoire de Jean-René Darsonval

Adèle Lorain

Charles Caillet

Germaine Caillet

Adèle Lorain

Susanne Caillet

Il est certain que les projets qu’avaient faits mes grands-parents dans le commerce de la boucherie ont été arrêtés par la mort trop jeune et trop rapide de ma grand-mère qui était la cheville commerciale de leur établissement. A cette époque, en 1919, mon père et ma mère qui habitait 102 route de Sens à Sainte-Savine recueillirent chez eux le grand-père Charles Caillet qui les uns après les autres avait vu disparaitre sa famille, son épouse, en 1913, sa fille Germaine en 1916, son petit fils, en 1917 Il ne restait plus qu’une seule personne pour veiller sur lui, sa fille Susanne, ma mère. Il habitat plus tard au 21 de la rue de l’Avenir à Sainte-Savine et décèdera, en cette même localité, en 1921, année de ma naissance.

Donc en 1921, dès ma naissance je soufrai de rachitisme avec déviation de la colonne vertébrale, ainsi que je l’ai écrit au début de mon récit, papa me fit entrer dans une clinique spécialisée de Troyes celle du docteur B. où mon petit corps fut enfermé dans une espèce de gaine en plâtre qui m’empêchait de respirer librement. Aussi, au bout de quelque temps, mon état ne s’étant pas amélioré, mon père, aidé d’un ami, Monsieur P., chausseur de taxi, profitant de l’absence du docteur, coupa mon plâtre et m’enleva pour me conduire dans une clinique de Bourges. Au moment de mon enlèvement, l’une des infirmières contrariée par l’attitude de mon père, courut après lui et lui dit “ Je suis anglaises et en Angleterre, nous soignons ce genre de maladie par telles sortes de piqures … Seulement ici, en France, aucun docteur ne voudra prendre la responsabilité de les faire” . Et c’est pourquoi, je me suis trouvé soigné dans cette clinique de Bourges, tenue par des religieuses qui acceptèrent justement de faire ces piqures, sous la responsabilité de mon père et je fus sauvé de cette malformation qu’aurai pu subir ma colonne vertébrale qui commençait déjà à épouser la forme d’un S. A ma sortie de cette clinique, maman ne pouvant s’occuper de moi, papa me confia à une famille très amie de la nôtre, Abel et Delphine Frelat, demeurant justement à Bourges, 94 rue Charlet, qui continuèrent le traitement, pansements, exposition au soleil, couché dans un grand panier d’osier, poids à chaque pieds, aussi grâce à ces deuxièmes parents Abel et Delphine, j’ai pu marcher mais seulement à partir de trois ans. Je revins, ensuite, auprès de ma mère et de mon père, au 49 rue Louis Blanc à Sainte-Savine où se trouvait avec eux mon frère Hubert qui avait huit ans de plus que moi. La maison n’était pas bien grande mais assez confortable, au rez-de-chaussée, une petite cuisine, attenante à la salle à manger qui elle même donnait sur une chambre. De la cuisine un escalier conduisait au premier étage, c’est à dire dans la première chambre où je couchais, attenante à la chambre de mes parents. Une grange était mitoyenne avec la maison qui servait de dépôt pour la voiture à bras et un peu plus tard pour la première auto que mon père a acheté, une 6 chevaux Renault décapotable. Dans la cour se trouvait une buanderie où trônait en bonne place une machine à laver à foyer. La cour était adjacente au chantier de la marbrerie. Malheureusement je ne me rappelle plus très bien de ces moments de ma prime enfance, sinon d’une dame qui venait passer de temps en temps un court séjour chez nous, elle s’appelait Mme B. et je la considérai comme une grand-mère gâteaux. Elle habitait à Rhodon, petit pays de la région parisienne, dans la vallée de Chevreuse. Nous allions également lui rendre visite, à ma grande joie. Elle était très affectueuse envers moi et m’aimait bien.