Projet et inauguration de la rue Léon Darsonval à Sainte-Savine (Aube)

Rencontre avec Mr. DARSONVAL Jean-René, fils de Léon Darsonval

Le 3 juin 1999, les élections européennes. Un bureau de vote de l’école Jules Ferry est l’occasion d’une rencontre inopinée avec Mr. Jean-René Darsonval, habitant depuis plus de 60 ans dans sa maison rue Gabriel Péri (anciennement rue de l’Avenir), où m’a accueilli quelques jours plus tard pour évoquer l’histoire de son père Léon Darsonval un “merveilleux fou volant”. L’occasion de tourner quelques pages de l’histoire de Sainte-Savine et du département à travers sa passion peu banale pour les plus légers que l’air.

- Pouvez vous vous présenter ?

“ Rentré aux Coopérateurs de Champagne en 1950, je suis devenu inspecteur commercial avant de prendre ma retraite. Dans les années 80, avec ma voiture publicitaire, j’animais les assemblées de sociétaires et différentes manifestations dans l’Aube. Dans les communes, j’organisais des séances de cinéma gratuites. A ces séances on invitait le Président du comité de section COOP ainsi que les notables M. le Maire et M. le Curé. Je me souviens aussi du temps de la succursale savinienne COOP (aujourd’hui l’ATAC) avoir organisé des lâcher de ballons pour les enfants. Voilà tout simplement.

- A propos de ballon, peut-on retracer la passion de votre père pour ceux qui volent ?

“ C’est à l’âge de 8 ans qu’il découvre les aérostats, ceux surnommés “Saucisses” à cause de leur forme allongée, manipulés par une compagnie militaire de passage dans la région de Vendeuvre où son père était carrier. Ses parents ayant créé en 1895 la marbrerie Savinienne “ Au bon Souvenir “ située en face du cimetière de Sainte-Savine entre les rues “Nouvelle” aujourd’hui Louis Auger et Jules Ferry. (d’ailleurs à une époque quelques “coucous” du début de l’aviation, étaient entreposés à l’intérieur du bâtiment). Les ateliers de marbreries, eux, étaient situés dans le bâtiment au 49 rue Louis Blanc, à l’intersection de la rue de l’Avenir (rue Gabriel Péri) et de la rue Louis Blanc). Nous habitions, dans ma jeunesse, dans la petite maison juste en face, au 47 de la rue Louis Blanc, où un ancien garage en bois, faisait l’angle ; “une petite anecdote, pour vous dire que vers l’année 1932, dans ce garage mon père rangeait son automobile, et mon frère Hubert n’a pas trouvé mieux que de démonter la voiture entièrement, bien sûr en prenant de grandes précautions et en repérant toutes les pièces. Mais mon père survenant impromptu, stupéfait de contempler l’état de son véhicule ! pria instamment son fils de remonter toutes celles-ci sans délais. Ce qu’il fit immédiatement.” Mon frère Hubert était féru de mécanique ! Plus tard, il s’engagea dans l’Aviation et effectua toute sa carrière à Air-France.

Mon père entre à la Société Aéronautique de l’Aube en 1903. Devenu secrétaire du club, il fait de nombreuses ascensions en ballon libre, 41 au total avant et après la guerre de 14, pour 4.918 kms parcourus en 218heures de vol. Il organise des conférences, forme des pilotes, réalise de longs parcours dont le record de France de l’année 1931 qui le mène de la Manche à la Baltique. De fait, il s’occupe peu de la marbrerie familiale sinon que pour y entreposer un avion Farman en vue d’y former de jeunes mécanos du club aéronautique devenu Aéroclub de l’Aube en raison du développement de l’aviation. Mais son père a toujours un fervent des ballons, captivé par ces engins qui ont été les premiers à voler, par la majesté et le silence de leur vol au gré des vents et la maîtrise nécessaire du pilote à l’atterrissage.


- D’où partait-il pour ses ascensions ? Lui est-il arrivé de partir de Sainte-Savine ?

Avec les ballons du Club Aéronautique, les ballons, l’Aube”, “La Fille de l’Aube” et le “Titi”, il s’élançait le plus souvent de Troyes, de l’actuel Boulevard Victor Hugo, et surtout de la place du Cirque en raison de la proximité de l’usine de gaz. Les ballons de cette époque étaient gonflés au gaz de ville ce qui n’était pas sans danger. De Sainte-Savine, il n’est parti qu’une fois, le 2 juillet 1911 pour la grande fête annuelle de l’Alliance Sportive de Sainte-Savine, sur la place de l’Eglise. Un événement mémorable puisqu’il correspond aussi au baptême de l’air d’une jeune troyenne Suzanne Bernard, le début pour elle d’une vocation de pilote. Vocation au destin tragique, car elle sera la première femme victime d’un accident d’avion. Elle trouvera la mort à 19 ans en tombant de l’avion sur lequel elle passait son brevet de pilote.

- Comment cette épopée s’est elle terminée ?

“ La seconde guerre mondiale a mis fin aux vols d’aérostats consacrant l’essor de l’aviation. Mon père s’éteint en 1951, inhumé au cimetière de Sainte-Savine. Sur sa tombe, nous avons installé un bas relief de bronze d’Auguste Suchetet, un de ses amis, sculpteur de renom, celui-là même qui réalisa “ le Rapt” œuvre exposée dans le square public devant la Préfecture. Sur ce bas-relief, le ballon “l’Aube” survole la cathédrale de Troyes et l’église Saint-Rémy, avec au premier plan le profil de mon père.”

- Aujourd’hui que reste-t-il de tout cela ?

“ Des souvenirs, des coupures de presse et surtout un livre écrit par mon père en 1936, illustré par Carles Favet : “ l’Aéronautique dans le département de l’Aube du XVIIIème siècle à nos jours”. Un livre de référence pour l’aviation qui fait autorité aujourd’hui, mais introuvable, son édition étant épuisée. Mon fils Jean-Claude souhaite le rééditer…..

La place me manque pour évoquer tous les souvenirs attachés à cette épopée vécue par Léon DARSONVAL. Il ne reste plus qu’à espérer fortement la réédition de son livre.

Et pourquoi ne pourrait-on pas proposer le 2 juillet 2000 ou 2001 sur Sainte-Savine un envol de montgolfière, comme trait d’union entre le siècle passé et le millénaire qui s’ouvre où les dirigeables, après le tour du monde du petit-fils du Professeur Piccard semble retrouver un avenir. On comprendrait aussi qu’une prochaine rue de Sainte-Savine porte le nom de Léon DARSONVAL, aéronaute-historien. “

Alain FINET (conseiller municipal de Sainte-Savine)

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Léon Darsonval gonfle à bloc Sainte-Savine

Aujourd’hui 14 juillet 2003, une Fête nationale qui ne va pas sans rappeler Icare, hier à Sainte-Savine. Pour rendre hommage à Léon Darsonval, pionnier en aéronautique, la municipalité a offert un baptême en montgolfière à douze de ses administrés.

“ En relisant l’histoire savinienne, nous avons trouvé cette coïncidence “, confesse dans un large sourire Jean-Jacques Arnaud, maire de la Commune. Devant lui, trois ballons ont pris place. Derrière, des bannières tricolores qui ornent chaque lampadaire.

Comme dans toutes les villes de France et de Navarre, les défilés et autres feux d’artifice ont attiré une partie de la population. Rassemblement des personnalités locales, allocution du premier magistrat. Et Thérèse Darsonval, 81 ans, invitée d’honneur. C’est la nièce de Léon, “ un héros savinien et pionnier de l’aéronautique qui a accompli son premier vol le 14 juillet 1903.” Cela fait exactement un siècle. Il n’en fallait pas plus à la commune pour créer la surprise. Et organiser une série d’animations particulièrement gonflées : comme ces baptêmes en montgolfières pour douze administrés tirés au sort. Tout simplement décoiffant !

Une lacune que tentera de corriger la municipalité qui, outre l’exposition qu’elle a consacrée jusqu’à hier à l’aérostier, s’apprête à éditer une série d’ouvrages sur ce personnage mythique.

Nul doute qu’elle s’appuiera sur les anecdotes de sa nièce. Intarissable sur le sujet :

“ Léon, je le voyais tous les jours. Comme il était poète, il me posait plein de questions sur son style d’écriture. C’était une grande fierté pour moi. Car, il aurait tout aussi bien pu questionner mon père. “

Etrangement, Thérèse n’a jamais effectué la moindre balade en ballon. Un oubli impardonnable ?

B.C.

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Une rue offerte pour la postérité


Pour Jean-Jacques Arnaud, interdit de polémiquer : “ Léon Darsonval fait partie de ces personnes qui ont pris des risques par goût de l’aventure. Il inspire au rêve et nous nous devons de faire rêver les jeunes “.

Cela valait bien un petit geste pour la postérité : Sainte-Savine a tenu, dans la foulée, à baptiser l’une de ses nouvelles rues, située dans le quartier du Hamelet, du nom de ce Savinien pas tout à fait comme les autres. Un hommage symbolique et apprécié par nombre d’anciens “ qui l’ont connu et côtoyé jusqu’à sa mort, dans les années 50. “ Ravie, également par ce geste qui avait échappé à la précédente municipalité, la famille de Léon Darsonval n’a pas manqué de se déplacer.

Romuald (Gendarme), l’arrière-petit-fils, Arlette, la petite-fille mais également Thérèse, la nièce de Léon Darsonval, du haut de ses 81 ans, ont affiché beaucoup d’émotions en découvrant la plaque de la rue.

C’est une grande fierté d’être associé à cette manifestation. Je savais que mon arrière grand-père avait battu des records de distance en ballon mais je ne connais pas toute son histoire dans le détail “, a pour sa part déclaré Romuald. (depuis Romuald a comblé ses lacunes, il a reçu un dossier complet sur son arrière-grand-père).


Mme Thérèse Darsonval, M. le Maire et quelques conseillers municipaux de la Ville de Sainte-Savine (Aube)

M. Darsonval R., arrière-petit-fils de Léon Darsonval; Mme Th. Darsonval, nièce; Mr le Maire de Sainte-Savine; Mme Arlette Darsonval-Jobard, Petite-fille; et M. M. Blandino, un ami de la famille de Sainte-Savine.

Avenue Léon DARSONVAL

Arrêt de Bus " DARSONVAL "

Plan de localisation de l'avenue

" Leon Darsonval "

Romuald sur l'esplanade du terrain d'aviation de Barberey-Saint-Sulpice, dont son arrière-grand-père Léon Darsonval (Secrétaire), est à l'origine de sa création, avec tous les membres du Club-Aéronautique de l'Aube, et de son Président, M. Camille MAROT

L’Aéronautique auboise mise à l’honneur


Cent ans après son premier vol à bord de l’aérostat l’Aube, Léon Darsonval reçoit hommages de la commune de Sainte-Savine.

Le 14 juillet 1903, l’aérostier aubois Léon Darsonval effectuait son premier vol en ballon. Membre du Club aéronautique de l’Aube, ce passionné a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’aventure aéronautique locale et nationale.

Originaire de Vendeuvre-sur-Barse, il s’installe avec ses parents à Sainte-Savine où ceux-ci sont propriétaires d’une marbrerie. A l’occasion des festivités du 14 juillet, la municipalité de Sainte-Savine tenait à rendre hommage à ce “ merveilleux fou volant “ comme l’a souligné Jean-Jacques Arnaud vendredi soir lors du vernissage de l’exposition qui lui est consacrée. Avec l’aide des musées de Troyes, du musée de l’affiche de Chaumont et de reproductions d’affiches provenant du musée de l’air du Bourget, l’exposition retrace les grandes lignes de l’histoire des aérostats. Une centaine de cartes postales par ailleurs montrent quelques-unes des plus belles heures de l’aéronautique dans l’Aube comme celles éditées lors de l’étape troyenne du circuit de l’Est en 1910.

Petites et grandes histoires

Plusieurs objets comme une édition très rare du livre de Léon Darsonval, “ L’Aéronautique dans le département de l’Aube du XVIIIème siècle à nos jours paru en 1936 font également partie de l’exposition. L’aérostier fut aussi poète et publia un recueil de poésie, “ La bonne fée Arlette “ dont un exemplaire est également présenté ainsi que la nacelle du ballon “l’Aube” à bord duquel Léon Darsonval a effectué son premier vol, donnant une idée du danger que pouvait représenter ce genre d’aventure. Autre curiosité prêtée par les musées troyens, l’unique exemplaire de l’opticum inventé par Henry Joanneton au début du siècle dernier et qui permettait de mesurer la vitesse des ballons. Enfin, l’Amicale savinienne de philatélie et de marcophilie présente sur plusieurs panneaux l’histoire de l’aéronautique à travers des timbres et courriers.

L’hommage rendu à Léon Darsonval se poursuivra lundi 14-juillet avec l’inauguration d’une rue qui portera son nom dans le quartier du Hamelet. Une belle façon pour la commune de marquer le centenaire de son exploit aéronautique.

K.M.

Léon Darsonval et sa nièce Thérèse Darsonval

La nacelle du ballon “ Aube

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