14 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

La course PARIS-ROME-TURIN

(28 Mai-Juin 1911)

Cette épreuve eut lieu le 28 mai 1911, ayant comme itinéraire, pour la première étape, Paris-Dijon, en passant tout d'abord par la vallée de la Seine, avec départ de Bue. La plupart des concurrents planèrent sur Troyes, car l'aérodrome de Saint-Lyé fut désigné comme escale de ravitaillement par l'Aéro-Club de France, de concert avec l'Association générale Aéronautique et le Petit Journal qui subventionnait cette épreuve.

Voici la liste des engagés :

1. GARROS, sur monoplan Blériot;

2. BEAUMONT, sur monoplan Blériot;

3. VIDART, sur monoplan Deperdussin;

4. KIMMERLING, sur monoplan Sommer;

5. MANISSERO, sur monoplan Blériot;

6. A. FREY, sur monoplan Morane;

7. WEYMANN, sur monoplan Nieuport;

8. LEVEL, sur biplan Savary;

9. GAGET, sur monoplan Morane;

10. BATHIAT, sur monoplan Sommer;

11. BIELOVUCIE, sur biplan Voisin;

12. MOLLA, sur monoplan Sommer;

13. VEDRINES, sur monoplan Morane;

14. LEMASSON, sur biplan Caudron;

15. LUSETTI, sur monoplan Morane;

16. NIEMELA, sur monoplan Nieuport;

17. Prince de NISSOLE, sur monoplan Tellier;

18. Pierre LANDRON, sur monoplan, de Pischoff;

19. TABUTEAU, sur biplan Bristol;

20. TETARD, sur biplan Bristol.

A Saint-Lyé

Sur l'aérodrome de Saint-Lyé atterrissent Vidart et le lieutenant Chevreau. Le lieutenant Clavenad, après escale de ravitaillement à Nogent-sur-Seine, descend à Barberey, puis arrive, à 7 h. 30, à Saint-Lyé, Kimmerling se pose à proximité de Saint-Martin et Weymann, aux Noës. Ce dernier repart, pour Saint-Lyé, faire remettre en état son appareil légèrement endommagé. Molla, après escale à Saint-Mesmin, arrive à Saint-Lyé qu'il quitte le 29 à 3 heures du matin.

Le lieutenant Chevreau reprend son vol le 29 et passe, au-dessus de Troyes, à 4 heures du matin, mais quelques minutes plus tard, par suite d'une panne de moteur, il est obligé de descendre auprès de la ferme de " La Borde " à proximité de Fresnoy. La réparation effectuée, le lieutenant Chevreau reprend la voie des airs et atterrit à Dijon à 10 heures 15.

Kimmerling quitte l'aérodrome de Saint-Lyé, le 29 mai, à 3 h. 30 du matin et Vidart, à 5 h. 50.

Weymann repart également dans la même journée, à 5 h. 25 du matin; contraint de se poser à Celles-sur-Ource, son avion capote à l'atterrissage, au lieudit " les Landes de Morres, près du Fossé-Blanc ". L'aviateur sort indemne de cette aventure, il est exactement 6 h. 10. Quant au lieutenant Clavenad, il s'élève le 1er juin, à 4 h. 20 du matin, mais gêné par le brouillard, il atterrit brusquement à Laignes (Côte-d'Or).

A Romilly-sur-Seine et aux environs

Bathiat est obligé d'atterrir sur le territoire de Romilly-sur-Seine, une soupape d'admission de son moteur s'étant brisée. Il repart le 30 et fait escale à Saint-Lyé, puis sous l'orage, à Baigneux-les-Juifs (Côte-d'Or).

Le biplan Savary que montent Level et Le Coutellec et qui est arrêté à Nogent-sur-Seine, repart le 29 mai, pour atterrir de nouveau, à 6 heures du matin, entre Origny-le-Sec et Ossey-les-Trois-Maisons. Il reprend les airs à 6 h. 40. Il voguait vers Bar-sur-Seine venant de passer Troyes, quand soudain une panne de moteur immobilise son hélice. L'appareil est à ce moment à 600 mètres entre Bréviandes et Rosières; descendant à une vitesse vertigineuse en direction d'un bouquet de bois qu'il peut éviter par une ultime manœuvre. Level s'oriente vers un champ où il atterrit brusquement, cassant du bois. Après réparation de l'avion, l'aviateur reprend son vol pour essayer son moteur, son compagnon le suit en auto. Dès que l'aviateur s'est rendu compte que tout fonctionne au mieux, il atterrit à Saint-Thibaut et Le Coutellec reprend sa place sur l'avion qui continue sa route jusqu'à Dijon. <arrivé dans cette ville, Level abandonne, préférant la bonne hospitalité des Bourguignons aux aléas que présente cette course, car Rome est encore bien éloigné !!

Et le raid Paris-Rome se termina par la victoire de Beaumont.

MORT DU LIEUTENANT DE GRAILLY

( 2 septembre 1911 )

Quelques mois à peine se sont-ils écoulés depuis la course Paris-Rome, qu'un long voile de deuil va bientôt obscurcir notre ciel de l'Aube. En effet, le 2 septembre 1911, un grand oiseau de France vient se briser les ailes, sur le territoire d'une commune de notre département, à Rigny-la-Nonneuse. Le lieutenant de Grailly se tue en se rendant aux manœuvres, à Vesoul.

Vers 6 heures et demie du matin (1) quatre cultivateurs qui labouraient dans un champ entre les villages de Fay et de Rigny-la-Nonneuse virent poindre à l'horizon le monoplan du lieutenant de Grailly qui cinglait vers l'aérodrome de Saint-Lyé. Ils admiraient sa belle marche, quand, soudain, l'appareil pointa vers le sol comme s'il voulait atterrir. Bientôt le bruit du moteur s'arrêta, le monoplan était encore à cent mètres de hauteur. La descente s'opéra bien, et cependant l'atterrissage parut brutal. Il semblait aux deux témoins qu'une aile était déchirée. Toujours est-il que l'appareil se posa de travers dans un champ labouré et s'inclina brutalement sur une aile, ce qui occasionna la crevaison du réservoir.

Une gerbe de feu jaillit à dix mètres de hauteur. Les cultivateurs se précipitèrent et vainement jetèrent de la terre. On vit de Grailly faire quelques gestes pour se dégager, mais il fut rapidement étouffé par la fumée. Quand on put approcher de ce qui restait de l'appareil, on trouva l'aviateur tout recroquevillé, la main droite étendue au-dessus de sa tête, l'autre crispée sur son sein, dans le geste classique de l'homme qui étouffe. D'eux-mêmes, les vêtements se détachèrent et c'est nu que le corps du lieutenant Jacques de Grailly fut transporté sur une civière à Rigny, où il fut déposé dans la salle de la Mairie.

On fit aviser avec les ménagements nécessaires, à Vesoul, où elle s'était rendue pour l'attendre, la famille du malheureux officier.

Le lieutenant de Grailly, mis en bière à Rigny, fut conduit à l'hôpital de Nogent-sur-Seine, où eut lieu une cérémonie funèbre à laquelle assistèrent la famille, les autorités civiles et une délégation de 8e cuirassiers, corp auquel appartenait le lieutenant, et de nombreux officiers aviateurs.

Puis le corps fut acheminé vers Poitiers, où l'inhumation eut lieu le 6 septembre.

Aussi l'année suivante, le 29 septembre 1912, inaugure-t-on une stèle érigée en souvenir de ce glorieux aviateur tué, à cet endroit, en service commandé. Trois délégués du Club Aéronautique de l'Aube sont présents à cette émouvante cérémonie (2).

Au premier rang des invités prennent place : la famille de Grailly ainsi que les autorités civiles et militaires du département. Puis, se presse une foule toute rempli d'émotion. Au lever du voile qui recouvre la stèle apparaît cette inscription gravée sur la pierre :

In memoriam

" Le 2 septembre 1911, le lieutenant-aviateur de Grailly a trouvé ici une mort glorieuse en se rendant, par la voie des airs, aux manœuvres ! "

Quelque temps avant la cérémonie, trois avions militaires, les lieutenants Cheutin, Battini et Coville, atterrissant à cet endroit. C'est le suprême hommage rendu par la France ailée à la mémoire du lieutenant de Grailly, mort au champ d'Honneur !

MEETING DE SAINT-LYE

( 10-11-12 Septembre 1911 )


La mort de nos héroïques aviateurs, puisque le Capitaine Camine se tué également au cours de cette malheureuse journée di 2 septembre, à Vauviller ( Seine-et-Marne ), ,e saurait apporter le moindre découragement à ceux qui ont décidé, avec la foi la plus vive, de vulgariser coûte que coûte cette science nouvelle. Et ces holocaustes, puis-je m'exprimer ainsi, ne semblent pas ralentir l'ardeur de nos sublimes pionniers de l'air, car à quelques jours de ces cruels événements nous verrons un meeting très important s'organiser sur le terrain de Saint-Lyé qui vient d'être ouvert à la navigation aérienne. Cette manifestation grandiose pour l'époque se déroula les 10, 11 et 12 septembre 1922. Ce fut un régal d'acrobaties aériennes vraiment dignes des temps héroïques, accomplies par quelques-uns de nos meilleurs pilotes : Védrines, Laurens, Mme Driancourt, Allard, et notre compatriote Daucourt.

Dès 7 heures du matin, la foule des spectateurs commence à envahir l'aérodrome. Elle afflue de toutes les directions, nombreuse et compacte. Aux hangars, les mécanos passent en revue, une dernière fois, les appareils de Mme Driancourt, d'Allard et de Daucourt. Le Morane de Védrines, arrivé de Paris la veille sur la remorque d'un camion automobile, est monté et mis au point. Le Deperdussin de Laurens, encore prisonnier dans son emballage, ne sera prêt qu'au cours de l'après-midi.

Vers 9 heures, Mme Driancourt, bottée et casquée comme il sied en la circonstance, portant chandail blanc et culottes de velours, donne à son mécanicien l'ordre de sortir son biplan. Elle prend place sur son siège de pilote, le Caudron bleu décolle quelques instants après et s'élève gracieusement. Un tour de piste au-dessus des tribunes, de la pelouse où se masse le public et l'appareil atterrit avec autant de sûreté que d'élégance.

Notre compatriote Daucourt accomplit un superbe vol de plusieurs minutes, tandis qu'Allard boucle l'aérodrome et rentre au hangar.

Peu de temps avant midi, Védrines, le glorieux vainqueur de Paris-Madrid, s'élance dans l'espace, mais des ratés au moteur l'obligent bientôt à atterrir. Aussi, vers deux heures et demie de l'après-midi, reprend-il sa revanche et, en présence d'une foule toujours de plus en plus considérable, tient l'air pendant plus de dix minutes.

A 4 heures 25, Védrines s'élève de nouveau, puis Mme Driancourt. Enfin Daucourt, à 5h. 05, entre en lice suivi du rapide Allard.

Quel impressionnant spectacle offre aux yeux émerveillés de tous, ces quatre appareils évoluant simultanément dans l'azur du ciel !

A son atterrissage, l'appareil de Mme Driancourt chavire, sans capoter. On se précipite, mais déjà la sympathique aviatrice est descendue de son avion dont un patin est brisé ainsi que l'extrémité de l'hélice. Daucourt, lui, à 1.400 mètres, s'est perdu dans les nues, bientôt il descend dans un superbe vol plané pendant qu'Allard et Védrines évoluent sans interruption, se posant au sol comme de véritables libellules.

Et Mme Driancourt termine cette magistrale journée d'exhibition en accomplissant, en auto cette fois, un tour d'honneur, recueillant ainsi les applaudissements enthousiastes de ses admirateurs.

Mais le soleil avait depuis longtemps disparu à l'horizon que la foule s'écoulait lentement, comme à regret, vers la cité.

Bientôt le crépuscule étendit son large voile sur toutes choses et, maintenant silencieux, les avions reposaient dans le hangar qu'enveloppait une brume légère. Après un bienveillant regard sur leurs chevaux ailés, les héros du jour ne tardèrent pas à quitter ces lieux. J'attendis leur départ et revins le dernier. Seul avec mes pensées, je songeais en marchant. Mes oreilles étaient toutes emplies du vrombissement des moteurs. Un grand trouble s'était emparé de mon âme et c'étaient des ailes, des ailes encore, toujours des ailes qui s'agitaient en moi. Et cependant, je connaissais bien cettegriserie de l'air, ce bonheur suprême de parcourir l'immensité de la voûte éthérée, en cela, le ballon l'Aube ne m'avait-il pas comblé.

Très ému je m'assis sur le bord du chemin. Irrésistiblement, toutes mes pensées se portaient vers ces chevaliers de l'air, véritables idoles d'un peuple en délire, ne venais-je pas de vivre leurs exploits ? Et, somnolent, j'entrevoyais, comme dans un rêve, un lumineux sillage que traçaient dans l'azur le plus pur, ces nouveaux météores qui dévoraient l'espace, quand soudain, je me vis dans la nuit profonde !...

Déjà d'autres étoiles s'étaient allumées dans l'infini des cieux !

Les 11 et 12 septembre

Malgré un soleil resplendissant, le vent s'élève et vient contrarier la sortie des aviateurs. Cependant, dans la matinée, Mme Driancourt et Daucourt prendront quand même le départ effectuant un vol, mais de courte durée. A 9 heures et demie, le Caudron bleu est sorti de son hangar. L'Anzani ronfle régulièrement, il part ! Un moment d'émotion ! L'appareil poussé par le vent s'incline assez violemment sur la gauche, Mme Driancourt, d'un geste vigoureux redresse cette fausse direction et, prenant de la hauteur, file à vive allure vers Saint-Lyé pour revenir bientôt, dans un virage gracieux, en direction du hangar. Mais le moteur s'arrête brusquement; on comprend qu'il survient quelque chose d'anormal car l'avion descend lourdement en dehors de l'enceinte, et touche le sol sans toutefois capoter. Que s'est-il donc passé ? Un exprès nous en rend compte : c'est une panne d'allumage tout simplement et Mme Driancourt est indemne.

Après cet atterrissage extra muros, Daucourt fait sortir son Blériot. - A 9 h. 58, il s'élève rapidement mais rentre aussitôt au hangar se plaignant de forts remous qui secouent violemment l'appareil, aussi décide-t-il de ne plus sortir, sauf dans la soirée s'il se présente une accalmie.

Au cours de l'après-midi, les vols reprennent. Laurens sort son Deperdussin et s'élève, 5 heures 05 minutes, pour faire, à très faible hauteur, le tour de l'aérodrome. On l'aperçoit parfaitement au poste de pilotage, sa tenue kaki est très remarquable.

A 5 h. 10, Allard monte à bord de son biplan et prend de la hauteur, tandis que Laurens qui vient de virer au-dessus de la pelouse arrive dans sa direction. Allard, en trombe, passe très près au-dessus de lui et cette prouesse attire les applaudissements frénétiques des spectateurs.

Pendant l'évolution du Deperdussin et du Caudron, notre compatriote Daucourt s'élance à leur suite, sur son Blériot.

Ces trois appareils qui scintillent, dans les virages, sous les rayons d'un soleil oblique, offrent vraiment un indicible spectacle, quand bientôt Allard, nous faisant de la main un cordial adieu pique droit en direction de Troyes pour s'en aller survoler la partie Nord-Ouest, le Faubourg Saint-Martin et le petit village des Noës.

Daucourt et Laurens se sont posés; mais Allard regagnant l'aérodrome accomplit plusieurs tours de piste. Avec maëstria, il rase les toits des hangars et vient atterrir si aisément, qu'il soulève une indescriptible ovation.

Mme Driancourt reprend ses vols et pendant douze minutes, tient sous le charme de ses sensationnels virages, un public enthousiaste.

Mais il ne saurait y avoir de fête d'aviation sans vol de passagers. Laurens emmène d'abord son mécano et, à 6 heures, le docteur Armbruster prend place aux côtés du pilote. L'avion décolle, s'élève et prend la direction de Saint-Lyé. Il vire au-dessus des arbres de la route de Paris, fait un tour d'honneur au-dessus de l'aérodrome et atterrit six minutes après son départ.

" C'est la première fois, dit en descendant le Docteur Armbruster, que je monte un Deperdussin et je suis enchanté de mon petit tour en avion, bien que des remous au-dessus du bois aient secoué assez violemment l'appareil. "

Mais le vent s'élève, " on arrête les frais " ! A demain d'autres vols, ce sera la journée des passagers et des baptêmes de l'air.

Quels sont donc les noms de ces heureux mortels ? car dites-vous bien qu'en ces jours, vous étiez réputés chevaliers des airs, en mettant le pied sur le fuselage de l'avion. Une parisienne, Mlle Tony, fait plusieurs fois le tour de l'aérodrome; M. Coqueret, de Paris, va survoler Grange-l'Evêque et les arbres de la route de Paris; enfin Suzanne Bernard, à son tour, pour la deuxième fois, s'élève dans les airs. J'aime beaucoup l'avion m'affirme-t-elle à sa descente, mais soyez assuré que je ne renie pas pour cela le ballon L'Aube.

Et M. Glaudin, un Troyen, en recevant le baptême de l'air, le dernier, clôture ces trois mémorables journées qui laissèrent, dans l'esprit de tous, un souvenir durable.

Ainsi se terminèrent ces fêtes imposantes où 50.000 personnes ne ménagèrent pas leur admiration aux homme-volants.

O Saint-Lyé ! mais ton nom désormais figurera au livre de gloire de nos ailes auboises, car après la manifestation de Paulhan, à Bar-sur-Aube, tu fus le premier grand meeting qui illustra, d'une aussi brillante façon, notre vieille capitale champenoise à l'immortelle renommée !

Saluons tous, ici, ces glorieux, ces héros de l'air ! Ils donnèrent en leur temps, la mesure des qualités de notre race !...


LES PREMIERS VOLS A VENDEUVRE-SUR-BARSE

(11-12 Septembre 1911)

Alors que Saint-Lyé se distinguait par ces tournois aériens, la ville de Vendeuvre-sur-Barse était elle-même honorée par la présence d'un homme-oiseau.

Les 11 et 12 septembre 1911, le pilote Darioli venait donc en cette bourgade faire une démonstration qui remporta, pour la première fois, un signalé succès.

Les fêtes se déroulèrent pendant ces deux journées aux abords de la ferme des Varennes, en présence d'une affluence considérable de spectateurs accourus de tous les pays environnants.

Le lundi 11 septembre fut consacré à la visite de l'aéroplane aux Varennes, un monoplan Blériot équipé d'un moteur Anzani 60 CV. Le soir, l'avion s'éleva emportant comme passager, M. Richoux, de Vendeuvre.

Le mardi 12, vols en circuit et de hauteur, sur la campagne et sur la ville avec passagers. Enfin la fête se termina par de brillantes illuminations et par un superbe feu d'artifice offert par le châtelain, M. Bourlon de Sarty, à proximité de sa propriété, route de Beurey.

Sadi-Lecointe qui venait de faire une chute malheureuse à Carmaux (Tarn) où il s'était cassé un bras, ne put, à bord de son appareil, accompagner Darioli à Vendeuvre. Mais en 1913, étant caporal-pilote dans l'aviation militaire, et après entente avec son ami, Albert Dugrés, habitant cette localité. Sadi vient y atterrir à deux reprises différentes, dans les champs avoisinants le parc du château, entre la route de Beurey et celle de Longpré.

La première fois, le 26 juin 1913, ayant quitté Belfort avec l'escadrille Blériot 10 qui se rend à Mailly, il lui fait faux-bond à Bar-sur-Aube, se dirige vers Vendeuvre et descend, à 4 heures 30 du matin, sur le terrain désigné ou seul l'attend Albert Dugrés. Après une bonne collation, l'aviateur reprend la voie des airs au cours de la journée.

La seconde fois, Sadi-Lecointe atterrit le 11 juillet dans les mêmes conditions, vers 5 heures 30 du matin, alors qu'il regagne Belfort. MM. A. Dugrés, Costard, Noël et Maurice André, le maître-queue si réputé de toute la région, assistent à son arrivée.

Il va sans dire que ces atterrissages ne se passèrent pas sans un " arrosage " en règle et dans une débauche de champagne, de bourgogne et de bordeaux, excellents nectars qui donnent du cœur au ventre. N'en fallait-il pas à cette époque pour accomplir ces exploits ?

Mais le 5 septembre 1914, lors de la bataille de la Marne, Sadi-Lecointe, Thoret, le futur aviateur du Mont Blanc, et Pégoud, tous trois venant d'Epinal et se rendant à Saint-Oulph, près de Méry-sur-Seine, attachés qu'ils sont à l'Etat-Major du général Foch, passent à Vendeuvre.

Sadi-Lecointe et Thoret atterrissent, Pégoud continue sa route.

Enfin, en septembre 1918, toujours aux abords du Château, Sadi-Lecointe revient atterrir accompagné de l'aviateur Haegelen, tous deux sur Spad.

Ainsi, grâce à cette solide amitié qui unissait Sadi-Lecointe à mon compatriote Albert Dugrés, Vendeuvre peut s'enorgueillir d'avoir vu voler des " as ".

Aujourd'hui ne font-ils pas partie de cette glorieuse phalange de pilotes qui ont écrit, dans le ciel, les plus belles pages de notre aviation nationale.

Et pour clore l'année 1911, notre sympathique camarade Carpentier, du Club Aéronautique de l'Aube, aura, dans le courant du mois de décembre, la grande satisfaction d'accomplir, en compagnie de Renaux, gagnant du prix Michelin (Paris-Puy-de-Dôme), une excursion en avion de Mourmelon à Vincennes; ce voyage sera enregistré avec satisfaction par notre Club, car il constitue, pour cette époque, une performance digne d'intérêt.

(1) De l'Aérophile

(2) MM. Lemaire, Brocard, Darsonval.