11 - Léon Darsonval (Pilote Aéronaute)


Préface du livre de Léon Darsonval

« L’Aéronautique dans le département de l’Aube » 1936

De Léonard de Vinci traçant le dessin prophétique de la machine volante aux navigateurs aériens d’aujourd’hui, qui font au monde un visage nouveau, qu’elle rude épopée écrite dans le sang et par l’effort de tous les précurseurs de tous les chercheurs d’idéal, des pionniers de la plus belle conquête, qui à travers les siècles ont été hantés par les mystères de l’infini « pour lequel nous n’avions ni barques, ni voiles » et qui se sont acharnés aux moyens « de violer l’azur vierge », pour finalement, après bien des trébuchements et des chutes, en triompher et l’asservir aux fins de l’homme.

Mr. Léon Darsonval – une âme d’apôtre – a su trouver des étapes de toute cette conquête à travers les annales du département de l’Aube. Il a évoqué l’envol du plus léger que l’air qui faisait dire au marquis d’Argenson que « la garde des trésors, l’honneur des femmes et des filles seraient bien exposés jusqu’à ce qu’on ait établi des maréchaussées de l’air ».

Il nous fait revivre la période héroïque des premiers exploits qui se succèdent fiévreusement de 1909 à la veille de la guerre et il nous redonne le spectacle d’une génération qui s’attachait avec passion, dans une frénétique émulation, à ouvrir les chemins du ciel à l’activité des hommes, à constituer aussi une arme nouvelle qui allait avoir à « servir » si glorieusement. Intuition de toute une génération volontaire qui savait combien la Patrie allait avoir besoin d’elle.

Mr. Darsonval fait aussi sa place au persévérant effort d’organisation de l’aéronautique dans la paix.

Le grand nom de Dieudonné Costes y est légitimement associé pour son inoubliable traversée de l’Atlantique.

Grands voyages à travers le monde, conquête de records, raids éclatants ont Emporté, jusqu’aux Terres les plus lointaines de notre empire colonial, nos idées et nos courriers, notre pensée, notre idéal.

Quarante mille kilomètres de lignes de commerce et de poste, aujourd’hui régulièrement exploité sous notre pavillon, nous relient aux capitales d’Europe, à notre empire Africain, à nos colonies de l’Extrême-Orient, et, par la côte de l’Afrique Occidentale Française, jusqu’en Amérique du Sud ; l’ouverture des liaisons postales de l’Atlantique-Nord n’est pas si lointaine.

« La Conquête de l’Air ?…. une illusion » a-t-on écrit.

Donnons des moteurs puissants, faisons des ailes solides à « l’illusion », et confions lui nos espoirs.

Nos pilotes sauront les porter loin dans l’optimisme du ciel.

C’est la leçon de confiance qu’enseigne le livre utile de Léon Darsonval.

Laurent Eynac

(Président de la Fédération Aéronautique de France et Ancien ministre de l’Air.)

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En Mai-Juin 1936, Léon Darsonval fit paraître son livre : « L’Aéronautique dans le département de l’Aube, du 18ème siècle à nos jours ». (Ouvrage récompensé par la Société Académique de l’Aube « Prix Etienne Georges 1936 ».


Dans l’épilogue de son ouvrage, il précise : “Ainsi se trouve remplie la mission que je m’étais assignée. Je ne voulais pas qu’un jour soit méconnu tout ce que notre Département a fait de méritoire pour la noble cause de l’Aéronautique. Je ne voulais pas que ses enfants qui ont apporté le meilleur d’eux-mêmes, à la réussite et à la gloire des ailes françaises, puissent tomber dans l’oubli.”

Journal local du 15 Juin 1936 :

“ Une histoire locale des choses de l’Air “

Il faut remercier le bon pilote aéronautique Léon Darsonval d’avoir songé à écrire l’Histoire de l’Aéronautique dans le département de l’Aube.

Ce faisant, il a comblé une lacune et nul ne pouvait le faire mieux que lui.

Féru, passionné des choses de l’air, vivant le regard levé vers le ciel, portant en lui l’ancien instinct d’Icare, il a vécu des heures passionnées en planant dans l’azur.

Il a voulu faire partager à ses concitoyens les heures glorieuses qu’il a vécues , les espoirs suscités jadis par le plus lourd que l’air ; il a voulu rappeler les deuils et les détresses qui sont la rançon du progrès et toutes les étapes heureuses ou malheureuses de la conquête du ciel.

Tous les matériaux étaient épars dans les journaux ou les livres ; mais le meilleur réservoir où il puisa fut encore sa mémoire, car cette histoire s’était inscrite au jour le jour dans son cerveau.

Il la rassemble avec patience et minutie comme on fixe un film. Les moindres faits de notre temps ne sont plus condamnés à périr. L’image et l’écriture les conserveront ; mais il faut prendre cependant la précaution de les soustraire à l’oubli et à la destruction qui les guette chaque jour.

Léon Darsonval a produit un beau volume de matière compacte, car de nombreux éléments ont dû être mis en œuvre et il a fallu plus d’une fois déblayer le champs des matériaux trop nombreux.

Tout d’abord un papillon bien trouvé excite la curiosité : “ C’est à Troyes, en 1536, que le premier homme volant de France prit son essor au-dessus de la Cathédrale “.

A vrai dire, on n’en est pas bien sûr, mais la légende est si jolie ! Elle constitue une admirable préface à la découverte sensationnelle des frères Montgolfier, dont nous avons parlé dans un récent almanach de la Tribune.

Dès la Révolution, on voit les montgolfières s’élever dans le département de l’Aube et le sang des héros ensemencer ses champs. Ce sport était combien attirant. C’est la grande invention du XVIIIème siècle.

Tous les faits saillants sont rapportés ; les ascensions qui toutes sont une aventure apportent leur contribution historique.

Puis le ballon est devenu pratique courante. Le Club Aéronautique de l’Aube est né en 1901 . Il a trouvé un admirable animateur en M. Henry Joanneton qui partage sa passion avec Darsonval et la magnifie par la littérature.

Puis une autre société, parce qu’on ne peut rien faire sans la concurrence surgit et il faut s’en louer. La Société Troyenne d’Aérostation apporte aussi son effort. Egalement l’aérostation militaire, car c’est le sort de toutes les inventions d’être accaparées par la défense nationale et c’est même ce qui force les hommes indolents à les perfectionner avec fièvre et intensité.

Mais le ballon est dépassé. On voit apparaître le dirigeable et enfin c’est l’avion, l’avion aux perspectives infinies, la plus grande découverte de notre siècle qui nous enchante encore tous les jours.

Les premiers aviateurs étaient des surhommes ; ils risquaient leur vie continuellement ; on n’était pas sûr de la stabilité ; les remous déconcertaient ; les trous d’air étaient un piège.

Ces novateurs hardis sont cités et décrits ; et c’est plus touchant encore quand parmi eux se trouvent des femmes comme Suzanne Bernard, “ Etoile de la nue “

La marche héroïque de l’aviation s’éploie dans ces pages. On voit les grands as survoler notre département, les fêtes d’aviation se succéder , le avions changer de forme, les courses et meeting figurer aux programmes des jours de fête.

L’Œuvre réalisée par Léon Darsonval est très complète. Elle forme un beau volume illustré de nombreuses photographies documentaires, introuvables aujourd’hui.

De plus, une contribution artistique de valeur s’y révèle. C’est celle du bon graveur sur bois Charles Favet qui a signé de nombreux dessins de la meilleur inspiration, apportent à cet ouvrage un cachet bien local.

Nous ne saurions donc trop engager les amateurs éclairés à happer ce beau volume au passage pour garnir leurs rayons. Il ne trouveront pas tous les jours un fanatique de l’air pour leur apporter une semblable réalisation avec un tel désintéressement . G.G.