29 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

NOS VOISINS

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LA Fédération aéronautique de France qui groupe, dans une vaste Association, tous les Aéro-Clubs de la Métropole et des Colonies, attribue officiellement à chacun d'eux une zone d'influence qui s'exerce parfois sur plusieurs départements.

En ce qui concerne l'Aéro-Club de l'Aube, son rayon d'action, nous l'avons vu, s'étant entièrement au département de l'Aube.

Quant aux départements limitrophes du nôtre, en voici l'organisation actuelle au point de vue aéronautique.


MARNE

AERO-CLUB DE CHAMPAGNE, Foyer Civil, Boulevard de la Paix, à Reims

Président : M. JAQUILLARD;

Vice-Président : M. M. WALBAUM.

Secrétaire Général : M. SIMONIN.

Trésorier : M. MICHAUDET.

Section de Châlons-sur-Marne :

Président : M. RENAUDIN.

Section d'Epernay :

Président : M. RAULET.

Section de Suippes :

Président : M. COLLET.


HAUTE-MARNE

AERO-CLUB DE LA HAUTE-MARNE, à CHAUMONT

Président : M. P. SCORDEL.

Vice-Président : M. L. LACAILLE.

Secrétaire Général : M. A. MIALON.

Secrétaire : M. P. FEBVRE.


COTE-D'OR

AERO-CLUB DE LA COTE D'OR, Hôtel de la Cloche, à DIJON

Président : M. BUSSIERE.

Vice-Présidents : Mme la Vicomtesse de VERGNETTE,

MM. MORLEVAT, Docteur PERON,

FOURCAULT, MOTTEZ, GUILLERME.

Secrétaire Général : M. CHOPIN.

Trésorier : M. CHARTRON.

Section de Semur :

Président : M. MORLEVAT.

Vice-Président : M. RENARD.

Secrétaire : M. de CHATELUS;

Aéro-Club Beaunois :

Président : M. BOURGOGNE.

Vice-Président et Trésorier : M. BARBEROT

Secrétaire : Mme JOLY.

Aéro-Club de Châtillon-sur-Seine :

Président : M. MOTTEZ.

Secrétaire Général : M. REGNAULT.

Secrétaire Adjoint : M. SAUVAGEOT.

Trésorier : M. MASSON.

Trésorier Adjoint : M. BERNARD.

Les Ailes Auxonnaises :

Président : M. FOURCAULT.

Vice-Présidents : MM. ROBARDET, le Commandant MAIRE.

Secrétaire Général : M. GUILLEMIN.

Trésorier : M. ROUSSELOT.

Section de Montigny-sur-Aube :

Président : M. . CHAMBON.

Les Ailes Récéennes, à Recey-sur-Ource :

Président : M. PORTERET.

Vice-Président : M. ALGAYER.

Secrétaire : M. PETIT.

Trésorier : M. J. LEMOINE.


YONNE

AERO-CLUB DE L'YONNE, 90 Rue de Paris, à AUXERRE

Président : M. j. MOREAU.

Vice-Présidents : MM. J. NICOLAS, JEANDOT, Serge

PRAY, R. DRET, A. DUMEE.

Secrétaire Général : M. André VINCENT.

Trésorier : M. Octave MICHAULT.

Trésorier Adjoint : M. André PATASSE.

Section de Tonnerre :

Président : M. DUNCEE.

Section d'Avallon :

Président : M. BEAU.

Section de Saint-Florentin :

Président : M. MEFARD.

Section de Joigny :

Président : M. JEANDOT.

Aéro-Club Sénonais (Club adhérent à l'Aé. C. de l'Yonne)

Président : M. DUMEE.

Section de Toucy :

Président : M. TOURNEAU.


SEINE-ET-MARNE

CERCLE AERONAUTIQUE DE COULOMMIERS ET DE LA BRIE, Hôtel de Ville, à COULOMMIERS

Présidents : M. le Docteur BERSON.

AERO-CLUB DE MEAUX, Café du Commerce, à MEAUX

Président : M. MAREST.


A nos voisins les Aéro-Clubs et à tous autres, nous souhaitons longue vie et prospérité, et qu'ils soient assurés de rencontrer, à notre siège ou sur nos terrains, la plus fraternelle hospitalité.


EPILOGUE

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LE travail que je viens de présenter a été conduit d'une façon tout objective; il ne comporte que des faits et des dates rigoureusement vérifiés, ce qui me donne l'assurance d'avoir écrit une Histoire et non un roman.

Ainsi se trouve remplie la mission que je m'étais assignée. Je ne voulais pas qu'un jour soit méconnu tout ce que notre Département a fait de méritoire pour la noble cause de l'Aéronautique. Je ne voulais pas que ses enfants qui ont apporté le meilleur d'eux-mêmes, à la réussite et à la gloire des ailes françaises, puissent tomber dans l'oubli.

Les événements se précipitent avec une telle rapidité que nous n'avons même pas le temps de vivre notre vie !

Comme un torrent impétueux qui se précipite en grondant, et entraîne tout sur son passage vers l'immensité des océans, de même le temps emporte-t-il, vers l'oubli, tous les événements de la vie des hommes.

Et cet ouvrage devra rappeler aux générations futures les difficultés de l'enfantement et les premier balbutiements d'une science qui étonna le monde; il en marquera le développement progressif sur notre terre champenoise.

J'ai le sentiment que chacun de nous accomplit, avec la meilleure volonté, toute sa tâche en faveur de nos ailes. Elle n'était pas la même pour tous, mais n'avions-nous pas, civils et militaires, un seul et même idéal; celui de donner à la France un peu plus de gloire afin que, dans le monde entier, elle soit aimée et respectée.


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Trois grandes passions ont, en moi, trouvé l'asile le plus sûr : l'amour de ma famille, celui de ma patrie et d'un grand attachement aux choses de l'air.

Un soir, le caprice des vents conduisit mon sphérique au-dessus d'un tout petit coin de France, pour moi le plus joli - n'idéalise-t-on pas tout ce que l'on aime ? - au pays de mes ancêtres, Arsonval.

Penché sur le bord de la nacelle, j'admirais le clocher, la Grande-Rue avec ses branches et coquettes maisons, les bords de l'Aube, et, tout au fond d'un vallon, la fontaine l'Arlette.

Les vignes, encore nombreuses, s'accrochaient en longues nappes de verdure au flanc des côteaux, la prairie étalait son large tapis parmi les peupliers bordant la rivière. J'était profondément ému tout en recherchant, de ci, de là, sentiers ou buissons, je songeais à ma plus tendre enfance où je folâtrais en ces lieux. - Les moindres événements de la vie ne s'enfoncent-ils ^pas très profondément et avec ténacité dans le cœur de l'homme ?

Mais un doux zéphyr me fit bientôt quitter la vallée pour naviguer au-dessus des plateaux, vers Eclance et Vernonvilliers.

La brume du soir déjà s'élevait, enveloppant de son ombre les plus lointains vallons et gagnait les hauteurs.

Dans le calme impressionnant d'une nature qui allait s'endormir, l'Aube, majestueusement, descendit lentement de son céleste empire, pour venir se poser à l'orée d'un bois aux abords de La Chaise...

Encore tout imprégné des sentiments profonds qui bouleversaient mon âme, j'écrivis mes pensées.

Elles sont le chant de l'amour pour ma petite patrie et pour mes vieux vignerons, à qui je dédie cordialement ce récit.


La FONTAINE “ARLETTE” et ARSONVAL (Aube)

Quand, venant de la plaine, vous descendez vers la vallée de l'Aube, vos regards sont agréablement impressionnés par le cirque des coteaux qui, subitement se dresse devant vous. La transition est brusque, brutale même et combien attrayante.

Au fond de la vallée, flanqué parmi les vergers, un hameau " la Maison-Neuve ", avec sa superbe prairie. Sous son massif pont de pierre aux trois arches (1), la rivière coule rapide, bordée de vieux saules qui se penchent tout troués et noueux, baignant dans son onde, quelques rameaux flexibles de leur tête échevelée. A l'arrière plan sur un plateau élevé, presque nu, semblant dédier les éléments, une ferme " Heurtebise " se dresse majestueusement dans un superbe isolement. A ses pieds, un profond vallon..., d'épais fourrés..., une source : " l'Arlette ". Quel doux nom de nymphe et comme il fait bon aux grands jours d'été, pencher ses lèvres brûlantes vers les siennes, d'une fraicheur exquise. Parmi les racines toujours vivaces, d'un tremble fort ancien, la nature a placé son berceau. Seul son clair visage apparait aux regards indiscrets. Furtivement, l'ondine a fui sous les glas et les herbes, dans un inextricable fouillis de verdure que domine la verte ramure d'élégants et altiers peupliers. Maintenant, Arlette vers la vallée descend, roulant des cailloux blancs. Son murmure est joyeux, limpide est son eau, sur son lit peu profond elle coule comme un cristal.

A mi-côte, dans le vallon, clairsemées parmi les friches, s'accrochent encore des vignes bien chétives et dépérissantes, dominées par des bouquets de sapin ou de bois rabougris, derniers vestiges d'un passé prospère, aujourd'hui, agonisant. Puis, noyé dans un flot de verdure, " Arsonval ". Nettement, son clocher se détache au-dessus des frondaisons touffues; à sa droite, de grands épicéas dressent élégamment leurs cimes majestueuses et sombres alors que ça et là apparaissent, chaotiques, à travers la feuillée, les maisons du village. A flanc de coteau, des vignes, des sapins et des bois. Puis, noyé dans un flot de verdure, Arsonval ! Nettement, son clocher se détache au-dessus des frondaisons touffues. A sa droite, de grands pins dressent élégamment leurs cimes majestueuses et sombres, alors que ça et là apparaissent chaotiques, à travers la feuillée, les maisons du village.

Construites en moellons des carrières du Vallage (2), elles sont toutes brutes et rugueuses comme le sol. Dans un heureux enchevêtrement, leurs toits de grisaille offrent une esthétique silhouette au pinceau de l'artiste. Ainsi, Dame Nature crée un tableau de maître. Soudain, dans ce voisinage, Arlette a disparu pour se faufiler bientôt entre d'agrestes jardinets entourés de vieux murs de pierre sèches, où poussent à foison les pampres et les lierres. Son passage est discret à travers la prairie, et, comme à regret, la nymphe aux cheveux d'argent s'en va bien lentement pour se jeter enfin, avec désespoir, dans les eaux rapides de l'Aube, " la Blanche ", qui l'entrainent vers des rives tourmentées et lointaines...

Mais revenez au village, la route le traverse et trace un sillon large et tortueux encadré de blanches et coquettes maisons. Les ruelles ne manquent pas. Prenez de préférence la plus raide, celle grimpant vers les pins. Aussitôt à vos pieds, vous aurez tout le pays : au centre, l'antique église au style ogival, la place et la maison d'école. Par-delà les enclos s'étend un large tapis vert tout émaillé de fleurs, où, l'Aube, aux nombreux méandres, a tracé son lit environné de peupliers, qui, bien droits vers l'infini, lancent leur flèche osée.

De hautes collines ferment ce décor. Au gré de la rivière, leur chaîne se déroule tantôt claire, tantôt sombre, et, comme sur un miroir, les sommets boisés, où domine le chêne, se reflètent dans ses eaux.

Lentement, le soleil descend, jetant une ombre sur la campagne, alors qu'au village, les fumées diaphanes et légères montent tranquillement des cheminées vers les cieux.

Le vigneron a quitté le coteau; courbé sous la hotte d'osier, toute chargée de sarments, le " fousseux " dans les bras... il suit la sente à pied et pense... au vin nouveau !


Léon Darsonval, Pilote Aéronaute (1936)


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(1) Après le combat de Saint-Dizier (Haute-Marne), le 26 mars 1914. Napoléon 1er, à la tête de la cavalerie de sa garde, en repartant pour Paris, s'arrêta le 29 mars, pendant trois heures, sur ce pont où il reçut un exprès venant lui annoncer, de la part du roi Joseph, l'arrivée, à Meaux, des armées combinées.

De suite, l'Empereur envoya le général Dejean aux maréchaux pour leur recommander d'éviter l'occupation de la Capitale.

Puits, de ce lieu, il dépêcha un agent diplomatique porteur des conditions de paix pour l'Empereur d'Autriche, alors à Dijon. (Campagne de 1814, par F. Fock.)

Ce pont a été entièrement détruit le 14 juin 1940, à 10 heures du matin, par le génie français, devant l'avance allemande. Reconstruit en bois, l'ingénieur des ponts fit commencer sa démolition pour entraver le repli des troupes allemandes à la libération.

De nos jours (1936), le pont a été reconstruit en pierre sous sa forme primitive.

(2) " Le Vallage " pays de Champagne (Haute-Marne et Aube) entre Brienne-le-Château, Bar-sur-Aube, Joinville et Saint-Dizier (Ch.-l. Wassy).


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