6 - Ensemble vocal Maurice Emmanuel

L'affiche du programme



Concert annuel

*

« A la Bien-Aimée »

Chœurs romantiques

de Schubert, Brahms et Berlioz

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Françoise Ricordeau

L’Ensemble Maurice Emmanuel fêtera son 30ème anniversaire en 1995. Il n’en poursuit pas moins son cycle de concerts annuels. Cette année, c’est avec des chœurs romantiques que Françoise Ricordeau, sa directrice, a constitué son programme. Après avoir participé à la « Messe » de Serge Lancen avec l’Orchestre Aubois des Jeunes, ce programme témoigne de éclectisme d’une formation qui refuse de se laisser enfermer dans un genre.

« A la Bien-Aimée », c’est le joli titre donné à ce concert où figurent des œuvres de Schubert, Brahms et Berlioz. C’est que ce concert qui ne dépassera guère l’heure, sera un hymne à la femme « qu’elle s’appelle Ophélie, Sarah ou Miranda, qu’elle apparaisse en simple bergère, en Diane chasseresse, en pâle l'héroïne ou en brune tzigane, qu’elle soit tendre ou passionnée ». C’est à elle que les poètes ont dédié les chants les plus beaux et les plus désespérés. Et les musiciens romantiques leur ont allègrement emboîté le pas, chacun avec sensibilité.

Avec Schubert, c’est la pastorale amoureuse qui donne avec métaphore de l’animal atteint d’une flèche (deux extraits de « Rosamonde » chantant l’amour blessé.

Le thème de la nature est aussi très présent dans Brahms : la nature consolatrice de ses peines ou complice de ses joies. Tandis que dans les chants tziganes, c’est la femme infidèle qui est évoquée.

On peut s’étonner de trouver le nom de Berlioz, le « musicien maudit », maître du grand orchestre, dans ce programme. En référence à Harriet Smithson, son amour et à Shakespeare, son auteur préféré, l’ensemble donnera « la Mort d’Ophélie » et « Miranda », extrait de « la Tempête ». Et, avec un passage de l’oratoire « L’enfance du Christ », l’amour divin sera également évoqué.

Un choix qui n’engendre pas particulièrement la facilité. Tous les choristes sont de purs amateurs avec toutes les difficultés que cela engendre pour se préparer. Mais on peut faire confiance à Françoise Ricordeau, à son exigence de qualité et à sa compétence en la matière : tout sera bien en place le 19 mai.

Martine Lablée et Françoise Ricordeau



Autre gage de qualité : la présence de Martine Lablée, professeur de piano à l’Ecole Nationale de Musique de Troyes, une excellente accompagnatrice qui a déjà travaillé avec l’Ensemble Vocal Maurice Emmanuel qui est soutenu, pour la circonstance, par le Centre Culturel.


L'Ensemble Vocal Maurice Emmanuel devant l'I.U.T. de Troyes ( Un jour de répétition )

Pourquoi ce programme ?

Tout simplement parce que Françoise Ricordeau aime faire aborder chaque année des œuvres différentes aux choristes, juxtaposer œuvres religieuses, œuvres profanes, époques diverses, langues étrangères. C’est ainsi que se sont succédé les programmes suivants :

Œuvres religieuses : Missa Criolla, Gloria et Credo de Vivaldi, Stabat Mater de Rossini, Messe de Schubert .

Œuvres profanes : autour de la danse, avec Scott Joplin et Johann Strauss, programme « Renaissance » avec

Clément Janequin et la chanson française, Canto général de Mikis Théodorakis.

« Cette année, explique Françoise Ricordeau, nous avons mené de front ce programme Profane « romantique » en allemand, français et italien, avec la messe de Serge Lancen, en latin, pour certains, la participation à l’oratorio « Nicolas de Flue », de Arthur Honegger, en groupement régional.

Un tel choix ne donne pas beaucoup de place à la facilité, et jongler avec les styles et les langues est une difficulté certaine que les choristes surmontent avec parfois des moments laborieux !

Mais, en fin de compte, heureux, me semble-t-il, de ne pas s’enfermer dans un genre précis. Je les remercie d’ailleurs pour leur fidélité ».

Le Programme :

- Hirtenchor de F. SCHUBERT (1797-1828)

" Bergères aux joues roses, venez vite danser ; Laissez-vous envahir par la joie du printemps "

- Jägerchor de F. SCHUBERT ( Chœurs des chasseurs). ;

" Comme l’animal atteint d’une flèche, l’amour blesse... "

- Op 92 de J. BRAHMS (1833-1897)

- O schöne Nacht

" Dans un ciel féerique, la lune brille, doucement le garçon se glisse vers sa bien aimée "

- Spätherbst

" Comme si le ciel voulait pleurer une immense complainte "

- Abendlied

" Joie et soucis se sont dissipés. Le dernier sommeil est tout ce qu’ils ont laissé "

- Miranda de H. BERLIOZ (1803-1869)

Chœur d’Esprits de l’air, extrait de la fantaisie sur la tempête de Shakespeare

- 11ème danse hongroise de J. BRAHMS


- Prière du matin de H. BERLIOZ

Poésie de A. de Lamartine

- La mort d’Ophélie de H. BERLIOZ

Ballade d’après Shakespeare, extrait de « Trista »

- Adieu des bergers à la Sainte Famille de H. BERLIOZ

Chœur extrait de « l’Enfance du Christ »

- Ballet des ombres de H. BERLIOZ

Ronde nocturne (1829)

- 19ème danse hongroise de J. BRAHMS


- Le trébuchet de H. BERLIOZ

Scherzo à 2 voix

- Sara la baigneuse de H. BERLIOZ

Poésie de V. HUGO

- Zigeunerlieder de J. BRAHMS

n°1 « Hé! Tzigane, prends ta guitare et joue nous le chant de la jeune fille infidèle... »

n°2 « Que vous êtes sombres, flots tumultueux... »

n°3 « Savez-vous quand ma bien-aimée est la plus belle ?... »

n°4 « Mon Dieu, tu sais combien de fois j’ai regretté le baiser que j’ai donné... »

n°5 « Et voici que commence la czardas... »

n°7 « Te souviens-tu, mon tendre amour du serment que tu me fis jadis ?... »

n°8 « Entends-tu les plaintes du vent ? Mon tendre amour, aie confiance en Dieu et ne pleure pas... »

n°9 « S’ils me haïssent, pourquoi m’en préoccuper ? Tes yeux sont des étoiles... »

n°14 « Envieux, haïssez... Pourvu que ma tendre aimée me reste fidèle... »

n°15 « Petite hirondelle, emporte ma missive, vole jusque dans la maison de ma bien aimée... »

Les choristes

Il faut savoir que les choristes de l’Ensemble Vocal Maurice Emmanuel sont tous des amateurs troyens ou habitant la région. Certains d’entre-eux viennent de Romilly-sur-Seine, de Sézanne pour « s’entraîner » un soir par semaine et un dimanche matin par mois.

La moitié de l’effectif s’est engagé dans un travail vocal individuel, ce qui améliore la qualité de l’ensemble.

« Mais nous avons, comme beaucoup de chœurs d’amateurs, une faiblesse de recrutement dans les pupitres d’hommes, déplore Françoise Ricordeau. Aussi, je lance un appel : ténors et basses, venez nous rejoindre. Il n’est pas indispensable de savoir déchiffrer une partition (bien sûr, ce serait mieux), car on peut travailler avec des cassettes. (maintenant il y a internet !... c’est beaucoup mieux !)

Le chœur Maurice Emmanuel, l’an prochain, trente années d’existence. Nous cherchons dès à présent comment célébrer cet événement en produisant diverses manifestations musicales ».

L'Ensemble Vocal Maurice Emmanuel à la l'Hôtel-de-Ville de TROYES

Présent : Mr. le Maire de Troyes François BAROIN

François Baroin

Après le concert

Pour avoir abandonné l’église Saint-Martin où ont lieu habituellement ses concerts annuels, l’Ensemble Vocal Maurice Emmanuel n’en a pas perdu pour autant son audience jeudi, la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Troyes était confortablement garnie : ses fidèles et, ils sont nombreux, n’ont pas été perturbés, semble-t-il par ce changement de lieu imposé par un programme qui chantait l’amour profane, ce qui pouvait paraître déplacé dans une église.

« A la Bien-Aimée », une dédicace qui est tout un programme et indique un choix délibéré de chansons dédiées à l’être cher, même si l’extrait de l’Oratorio de Berlioz « L’enfance du Christ » détonne un peu : mais au fond ne s’agit-il pas là d’une autre forme d’amour terrestre, celui que portent les bergers à la Sainte Famille ?

Qui dit amour, dit romantisme. Qui mieux que les grands romantiques a chanté l’amour ? C’est donc tout naturellement qu’on retrouve côte à côte Schubert, Brahms, et Berlioz, même si le nom de ce dernier est plus volontiers accolé aux grands ensembles orchestraux. Et pour les poèmes, les signataires sont entre autres Shakespeare, le grand ancêtre, Victor Hugo, et Lamartine.

Des chants d’inspiration diverses, tendres ou passionnés, joyeux ou tristes, légers et primesautiers ou lyriques, chaleureux et pleins de feux ou pétris d’amour. Il y en avait pour tous les goûts dans ce programme dont les titres sortaient souvent des sentiers battus, même si ce n’est pas le cas des célébrissimes « chants tziganes » de Brahms.

De toutes les couleurs pour chanter l’amour sous toutes ses formes : frais et printaniers chez Schubert, chaleureux chez Brahms, fougueux et passionné chez Berlioz, même si « Sara la baigneuse » a un ton moqueur.

Sous la direction précise, rigoureuse et inspirée de Françoise Ricordeau, l’Ensemble Vocal Maurice Emmanuel prenant en l’occurrence la forme d’un chœur à générosité variable, a parfaitement traduit tous ces sentiments s’attachant à bien rendre les colorations les plus subtiles, avec beaucoup de justesse et une homogénéité de bon aloi. Avec toute la difficulté qu’il y a à juger une formation à un an d’écart, pour ma part, j’ai trouvé l’Ensemble Vocal en progrès et, par exemple, les deux petits chœurs féminins étaient de fort bonne qualité, alliant musicalité et sensibilité.

Que voilà donc un ensemble entièrement fourni de vrais amateurs qui atteint un niveau des plus appréciables, prouvant par ailleurs qu’il est à l’aise dans les styles les plus divers.

Au piano, Martine Lablée, qui se tire à merveille de cet art délicat de l’enregistrement. Mais qui a prouvé, en duo avec Marie-Pierre Maitrot, qu’elle est aussi une excellente concertiste : les « danses hongroises » de Brahms, la 11ème, mélancolique et la belle coloration tzigane et la 19ème remarquable et pleine de fougue, étaient excellement interprétées.

Quoi d’étonnant que le public ait fait le plus chaleureux triomphe aux choristes, à leur directrice et aux musiciennes. Manifestement, il a bien aimé ce concert dédié à « la bien-Aimée ». J.N.

Chœur de femme de l'Ensemble Vocal Maurice Emmanuel

Que voilà donc un ensemble entièrement fourni de vrais amateurs qui atteint un niveau des plus appréciables, prouvant par ailleurs qu’il est à l’aise dans les styles les plus divers.

Au piano, Martine Lablée, qui se tire à merveille de cet art délicat de l’enregistrement. Mais qui a prouvé, en duo avec Marie-Pierre Maitrot, qu’elle est aussi une excellente concertiste : les « danses hongroises » de Brahms, la 11ème, mélancolique et la belle coloration tzigane et la 19ème remarquable et pleine de fougue, étaient excellement interprétées.

Quoi d’étonnant que le public ait fait le plus chaleureux triomphe aux choristes, à leur directrice et aux musiciennes. Manifestement, il a bien aimé ce concert dédié à « la bien-Aimée ». J.N.


Le Samedi 17 Septembre 1994

A

L’église de Saint-Lyé (aube)

Martine LABLEE et Françoise RICORDEAU

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CHOEURS ROMANTIQUES

BERLIOZ, BRAHMS, SCHUBERT

Françoise Ricordeau

Chef de Chœur

Pianistes : Martine Lablée et Marie-Pierre Maitrot