4 - Mémoire de Jean-René Darsonval

Je voudrai maintenant revenir au moment où mon père s’est inscrit au “Club Aéronautique de l’Aube” en 1903, il a le privilège d’y rencontrer le commandant Driant qui en est membre honoraire, et qui lui fait obtenir par décision ministérielle, son incorporation au 25ème bataillon d’aérostiers de Versailles. Il est breveté 1ère classe et pendant deux ans et sept mois de service militaire il y accomplit de nombreuses ascensions militaires afin d’obtenir un brevet militaire de places fortes.

Il revient ensuite à Troyes où il effectue également quelques vols, trop peu à son gré. Il est un moment hanté par l’idée d’accompagner avec un ballon une expédition polaire du Docteur Charcot, mais devant les risques possibles de cette aventure, son père réussit à l’en dissuader alors que le rendez-vous avec Charcot était pris. Aussi, mon père ne tenant plus en place et désirant à tout prix faire du ballon et comme il sait qu’à Noisy-le-Sec, on peut voler souvent, il rentre à la Compagnie des chemins de Fer de l’Est à Paris, où un modeste emploi de bureau lui est proposé et trouve un logement 22 avenue Victor Hugo à Noisy-le-Sec en Seine et Oise. Ainsi, il peut prendre part à des concours comme celui de l’Aéro-Club-de-France et à des compétitions internationales, partant de Versailles, Noisy-le-Sec, Paris-le-Raincy. Et en septembre 1908, il changea de logement pour habiter 22 rue Mercadet à Paris, 18ème arrondissement. Mais cette intense activité nuit à son travail et, à la suite d’observations de ses chefs, il doit quitter son emploi. Toutefois, alors qu’il était toujours en place, papa revient à Sainte-Savine chez ses parents pour se marier, malgré quelques hésitations de sa part et pour être agréable à ses parents qui avaient provoqué et organisé ce mariage, accepte et en décide la date, le 16 février de cette même année 1909 à Troyes. (Mariage qui aura lieu à Troyes en la cathédrale !)

Mariage de Susanne CAILLET et de Léon DARSONVAL

“ L’an 1909, le 16 février à cinq heures du soir, par-devant nous Charles Lemblin, maire de la ville de Troyes (aube), officier de l’état-civil de la dite ville, ont comparu dans la salle publique de l’Hôtel de Ville, Monsieur Léon, Arsène, Martial Darsonval, employé à la Compagnie de l’Est, âgé de 25 ans, étant né à Vendeuvre-sur-Barse (Aube), le 7 décembre 1883, ainsi qu’il résulte de son acte de naissance ci-annexé, demeurant à Paris, rue Marcadet, 21, 18ème arrondissement, depuis moins de six mois, et avant à Noisy-le-Sec, avenue Victor Hugo, 22, majeur, fils de Jean-Baptiste, Martial Darsonval, Entrepreneur-marbrier, âgé de 55 ans et de Louise, Angèle Rousselot, sans profession, âgée de 50 ans, demeurant ensemble à Sainte-Savine '(Aube), rue de l’Avenir, 26, tous deux ci-présents et consentants, d’une part ; Et Mademoiselle Susanne, Delphine Caillet, sans profession, âgée de dix-neuf ans, étant née à Troyes, le 7 décembre 1889, ainsi qu’il résulte de son acte de naissance que nous nous sommes fait représenter, demeurant au dit Troyes, rue Simart, 8, avec ses père et mère, mineure, fille de Charles Joseph Caillet, Boucher, âgé de 45 ans, et de Adèle, Louise, Justine Lorin, son épouse, sans profession, âgée de 36 ans, tous deux ci-présents et consentants, d’autre part. Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux, pour lequel aucune opposition nous a été signifié. Faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées, et du chapitre six du titre du code civil intitulé ; Du mariage, les pièces ci-annexées à notre interpellation, les futurs époux et les pères et mères des époux nous ont déclaré que Monsieur Darsonval et Mademoiselle Caillet ont passé un contrat de mariage devant Maître Champeaux, notaire à Troyes, le 15 février courant, ainsi que le constate le certificat ci-annexé, avons demandé aux futurs époux s’ils veulent se prendre pour mari et pour femme : chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, déclarons au nom de la loi que Monsieur Léon, Arsène, Martial Darsonval et Mademoiselle Susanne, Delphine Caillet sont unis par le mariage : Dont acte dressé en présence de Messieurs Claude, Edouard Darsonval, entrepreneur de bâtiments, âgé de 57ans, demeurant à Argançon (Aube), oncle paternel de l’époux, René, Alix, Martial Darsonval, militaire à l’Ecole de tir au camps de Chalons-sur-Marne (Marne), y demeurant, âgé de 22 ans, frère du dit époux, Arthur, Isidore, Honoré Riboulot, expert en Domaine, âgé de 47 ans, demeurant à Semur (Côte-d’Or), non parent des époux et Madame Ottenwalder, née Marie Louise Lorain, sans profession, âgée de 46ans demeurant à Troyes, rue de l’Isle, 11, tante maternelle de l’époux ; Lecture faite du présent acte de mariage, les époux, les pères et mères des époux et les témoins l’ont signé avec nous “.

Susanne Caillet et Léon Darsonval

Susanne Caillet et Léon Darsonval

Après quelques mois passés avec ma mère dans son appartement, 22 rue Marcadet à Paris et avoir surtout quitté son emploi d’employé de bureau, mon père décide de revenir à Sainte-Savine pour aider son père dans son métier de tailleur de pierre et de marbrier. Maman n’est pas très satisfaite de cette décision et accepte malgré tout de suivre son mari. Malgré son nouveau métier, auprès de ses parents, papa continue à donner une large place à son sport favori, le ballon libre. Il fait parti des cinq aéronautes membres du Club, et devient secrétaire général de ce Club jusqu’en 1926 avec une interruption forcée à cause de la Grande–Guerre de 1914-1918 pendant laquelle, papa accomplit celle-ci dans une compagnie active d’aérostats et prend part aux observations à bord des saucisses, ballon 55.

Le ballon 55

De 1903 à 1914 sans compter les ascensions militaires, papa a fait dix-sept ascensions dont celle du 18 mai 1910, mail du lycée, face au cirque, à Troyes (ancienne gare de Troyes, en face de la Fontaine “Argence”), le ballon “ l’Aube “ piloté par mon père, et ayant comme passagers , Mme Darsonval-Rousselot, mère du pilote et Mr Héberlin, fait escale à Saint-André les Vergers pour déposer Mme Darsonval, et repart de Saint-André avec monsieur Héberlin pour atterrir à Saint-Léger (Aube), après avoir fait 43 kilomètres en une heure quarante cinq minutes à 1250 m d’altitude. Ma grand-mère était âgée de 51 ans.