17 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

L'AVIATION APRES LA GUERRE DE 1914

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PREMIER CYCLE : DE 1920 A 1931

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AU chapitre Aérostation, j'ai signalé comment notre Aéro-Club était ressuscité de ses cendres, je n'y reviendrai pas.

L'entrée au Club, en 1924, de notre camaradeCamille Marot, allait donner un essor signalé à notre Association. Une Société aéronautique ne peut vivre, ai-je dit, que si elle a des membres dévoués et un coffre-fort bien garni. Tout est là.

M. Camille Marot, dont les relations sont grandes parmi le monde industriel de notre cité, fait appel à ses amis; bon nombre d'entre eux répondent avec empressement en se faisant inscrire à notre groupe.

Après ses ascensions à bord de l'Aube, Camille Marot ne tarde pas à faire son apprentissage de pilote d'avion de tourisme dont il obtient le brevet en avril 1931; mais auparavant, le 31 mars 1929, il recevra le baptême de l'air en avion sur le Caudron de Millo qui le conduira de Sainte-Maure à Romilly-sur-Seine.

Ayant acquis, en janvier 1931, un Potez 36 ( le premier avion de tourisme du Club ) que Costes baptisa Nénette lors de sa venue à Romilly, notre aviateur, tout frais émoulu, entreprendra bientôt une belle série de vols à travers la France (1).

J'exposerai dans la suite, l'activité débordante que notre ami déploya par ses vols et par un ensemble de faits qui contribuèrent à le porter, en peu de temps, à la Présidence, dès que M. Joanneton, déjà terrassé par la maladie, eût résilié ses fonctions.

Mais auparavant, dans la première quinzaine du mois d'août 1920, un pilote aviateur, M. André Leclair, de Villemoyenne, et habitant la rue Champeaux à Troyes, donnera, aux environs des Haut-Clos, quelques baptêmes de l'air à bord d'un Caudron G 3, un ancien appareil de guerre.

M. Camille MAROT

L'année suivante, notre compatriote essaya de fonder une société d'aviation qui devait, sous le titre de " Société Française d'Aviation et de Propagande aérienne ", former des élèves-pilotes, organiser des meetings, prendre des photos aériennes pour les pilotes de réserve.

Malheureusement cette entreprise, plutôt commerciale n'eut qu'une existence éphémère et sombra presqu'aussitôt, laissant au Club Aéronautique de l'Aube, qui se reformait, le soin de réaliser ce programme intéressant.

En 1925, le Club Aéronautique de l'Aube crée l'Ecole préparatoire des mécaniciens d'aviation militaire. Lors des deux sessions de l'année scolaire 1925-1926, dix-neuf candidats s'inscrivent à ces cours, tous subissent avec succès l'examen de sortie.

Le certificat d'aptitude à l'emploi de mécanicien militaire d'avion, qui est décerné après cette épreuve, donne à ses détenteurs le droit absolu d'être incorporés, pour l'accomplissement du service actif dans l'aviation militaire. Les cours théoriques et pratiques ont lieu chaque année et la rentrée des classes est fixée en octobre.

Je parlerai ici de M. le général Gérard, alors Directeur du Matériel aérien militaire au Ministère de l'Air, au moment où j'écris ces lignes; sa famille est fixée à Méry-sur-Seine, c'est un compatriote, un ami qui nous a toujours aidé de ses bienveillants conseils, dans l'organisation des cours préliminaires de mécaniciens et de sa réconfortante présence à nos fêtes et à nos manifestations aéronautiques.

Cette même année nous intervenons auprès de la municipalité pour le maintien de l'affectation, à sa destination première, d'une somme remise en dépôt à la Ville de Troyes, en 1914, par le Comité national de la Navigation Aérienne et destinée à l'édification des hangars d'aviation dans le département (2).

RAID AERIEN PARIS-DAKAR-TOMBOUCTOU-PARIS

( 3 Février - 24 Mars 1925 )

Le mercredi 20 mai 1925, le capitaine Lemaître, l'un des héros avec le capitaine Arrachart du fameux raid Villacoublay vers l'Afrique équatoriale et retour, viendra à Troyes et évoquera cette fameuse équipée, en présence d'une nombreuse assistance réunie salle de l'Olympia, à Sainte-Savine (3). Et c'est en ces termes que M. Bouscatié, vice-président du Club Aéronautique de l'Aube, présentera l'illustre conférencier :

..... Le capitaine pilote aviateur Lemaître a bien voulu nous apporter ce soir l'appoint inespéré de sa présence. Très simplement il va nous dire quelques mots du merveilleux voyage qu'il fit avec son ami Arrachart. Ce qu'il taira, nous y penserons, nous souvenant qu'un certain jour, alors que le monde entier suivait nos hardis pilotes sur le chemin du glorieux retour, leur trace était soudainement perdue en plein Sahara.

Allions-nous, une fois de plus, assister impuissants à la disparition de ces deux chevaliers de l'air et du désert ? Ils ne l'ont pas voulu. Mais songez au miracle d'énergie que ces pilotes ont accompli en parcourant, en plein désert, un dur chemin pour retrouver la bonne route !

Applaudissez sans mesure à leur exploit comme à celui de fils héroïques de notre chère et glorieuse Patrie !

C'est dans un enthousiasme indescriptible que le capitaine Lemaître présenta cette remarquable randonnée. Ce raid fut accompli, à bord d'un avion Bréguet à moteur Renault 460 CV. et le 3 février 1925, à 11 h. 39 du matin, les deux aviateurs quittaient l'aérodrome de Villacoublay. Ils volèrent pendant 24 h. 30 m. gagnant Villa - Cisneros ayant parcouru d'une seule envolée 3.400 kilomètres, ce qui donnait à la France le record du monde du vol sans escale.

De Villa - Cisneros, ils franchirent ensuite les 1.050 kilomètres qui les séparaient de Dakar puis parvinrent avec difficulté, en raison de la chaleur tropicale de cette région, à gagner Kayes et enfin Tombouctou.

S'envolant ensuite vers Adrar, ils s'égarent. Leur provision d'essence est sérieusement réduite et fait prévoir un atterrissage prématuré au milieu des sables du désert. La situation est des plus critiques, quand cette fâcheuse éventualité, que nos deux héros redoutaient depuis plusieurs heures, arrive et les contraint de se poser, vers 18 heures, au milieu de cette immensité désertique ! où sont-ils ?

En toute hâte ils font l'inventaire de leurs provisions ! 5 kilos de dattes seulement. Ils prennent leurs armes, leur boussole et se chargent d'effets chauds, car si la température est torride pendant le jour, elle est glaciale pendant la nuit. Vidant les réservoirs ils emplissent d'eau leurs bidons et partent à la recherche d'êtres humains en s'orientant vers le nord.

Après une marche fort difficultueuse, brisés par la fatigue, ils s'arrêtent une demi-heure. Le sommeil s'appesantit sur eux mais le froid de la nuit les oblige à repartir bientôt. Ils s'arrêtent de nouveau et construisent un abri contre le vent au moyen de pierres ramassés çà et là. Mais le froid qui sévit les oblige à demeurer éveillés et ce n'est que le lendemain matin, vers 9 heures, alors que le soleil réchauffe l'atmosphère qu'ils pourront prendre quelque repos. S'éveillant, ils sont victimes de mirages; alors qu'ils apercevaient tantôt des fumées, ou bien des êtres fantomatiques, voici que deux véritables Arabes, en chair et en os cette fois, pas des deux Européens. Ce sont deux gardiens de troupeaux qui parcourent le désert de l'Ouest vers l'Est, en faisant paître leurs chameaux.

Cette fois, avec leurs guides, les deux aviateurs retournent à leur avion qu'ils amarrent solidement, puis à dos de chameau, gagnent, en 6 journées, El Goléa où ils télégraphies à la maison Renault pour rassurer parents et amis sur leur sort et réclamer du secours. Tout arrive, on retourne avec le matériel vers l'avion immobilisé. Le moteur est mis en marche. Lemaître et Arrachart prennent leur vol vers El Goléa où ils arrivent le 9 mars, et le lendemain, à Alger.

Leur retour en France fut une véritable promenade d'enchantement et le 24 mars le Bréguet 19 A2 survolait Paris où il atterrissait à 14 h. 59. Mémorable odyssée bien digne des héros de l'antiquité, et si glorieuse pour les ailes de notre pays.

LA DEUXIEME FETE AERIENNE DE ROMILLY

( 15 Avril 1928 )

En juillet 1914, la ville de Romilly-sur-Seine, qui avait si remarquablement clos, par ses vols d'avions et par ses nombreux baptêmes de l'air, cette admirable époque héroïque de l'aviation, se devait, depuis que les événements de la guerre l'avaient dotée d'un spacieux aérodrome militaire, de déclencher l'ère des grandes manifestations aériennes dans notre région de l'Aube.

Aussi est-ce sur le terrain de la Belle-Idée que, le 15 avril 1928, plus de vingt mille spectateurs, et ce chiffre est au-dessous de la réalité, vinrent témoigner leur admiration pour les grands oiseaux et saluer frénétiquement leur retour dans notre Champagne.

Dès le début, Maurice Finat, champion du monde en avionnette biplace, emmène M. Istria qui se lance dans le vide, et vient, soutenu par son parachute, atterrir sur l'aérodrome.

Avec Fronval, l'idole de la foule, ce fut une vraie débauche d'acrobaties aériennes, d'une rare virtuosité. Il ne ménagea ni sa science, ni sa peine et nous fit assister à des exercices d'une témérité qui tient du merveilleux : tonneaux, loopings, glissades sur l'aile, chutes en feuilles mortes, vrilles, toute la gamme des acrobaties les plus osées y passa jusqu'au vol si extraordinaire, et pendant plusieurs centaines de mètres, de l'appareil renversé, roues en l'air (4).

Debout sur un plan de l'aviation de Knipping (5), Maryse Bastié, l'intrépide parachutiste, jette des fleurs à ses admirateurs. Elle n'est pas encore pilote mais ne tardera pas à le devenir et sa célébrité n'y perdra rien, car elle se signalera par des vols remarquables où son sang-froid et son audace seront vraiment mis à l'épreuve.

Puis c'est Roland Toutain qui exécute de périlleux exercices, sur un trapèze placé sous un avion; cet acrobate intrépide suspendu à la barre sur un seul pieds, tête en bas, arrache en passant un drapeau placé au faite d'un mât sur le terrain. Quant à Melle Lebœuf, elle recevra quelques instants plus tard le baptême de l'air, et, confiante dans son parachute, fera le saut de cinq cents mètres dans le vide.

Mais Maryse a pris place dans le Caudron de Maurice Finat pour tenter une double descente en parachute. L'avion prend bientôt de la hauteur. Les voilà à mille mètres, la parachutiste enjambe la carlingue et se laisse glisser dans le gouffre. L'énorme champignon de soie blanche se développe et la soutient, mais Maryse s'en libère en coupant la corde qui la retient à lui. De nouveau, elle est précipitée dans le vide et l'on aperçoit se profiler dans le ciel sa silhouette qui descend à une vitesse prodigieuse, quand le deuxième parachute, qu'elle porte, s'ouvre à son tour et la maintient, cette fois, jusqu'à son arrivée sur le terrain.

Avec exubérance, la foule manifeste son admiration pour cette prouesse qui démontre combien le parachute offre, aujourd'hui, de sécurité et quelle confiance nous devons lui accorder.

C'est au tour des pilotes militaires d'entraînement de la Belle-Idée d'accomplir un vol de groupe des plus ordonnés, et la fête se termine par l'envolée bruyante de trois " Spad " de chasse qui évoluent au-dessus du terrain avec une aisance incomparable.

Cette fois c'est la fin, car Fronval s'élève dans le ciel et disparaît tout aussitôt en direction de Villacoublay, port d'attache de l'école Morane Saunlnier dont il est le brillant chef-pilote.

Et voici qu'un ronflement inaccoutumé de moteurs attire l'attention, c'est le Goliath, qui atterri au cours de cette fêtee et va reprendre son vol; il s'ébranle, roule, et décolle au grand enthousiasme des spectateurs. Encore quelques minutes, et cet avion monstre n'est plus qu'un point noir à l'horizon.

Maintenant, comme à regret, la foule s'écoule lentement vers toutes les issues. Sur le terrain, on ne voit plus que des enthousiastes, ceux qui n'ont au cœur qu'un seul désir, celui de s'envoler tout la-haut ! Aussi, l'avion de Knipping donne-t-il nombre de baptêmes et jusqu'à la nuit, sans relâche, son avion ronronnera-t-il dans le ciel !


Lors de l'Assemblée générale du 24 janvier 1929, une Commissaire de propagande est instituée au sein du Club Aéronautique de l'Aube; elle a pour mission d'intensifier l'idée aéronautique parmi le public, en organisation des fêtes aériennes, conférences, baptêmes de l'air, etc... En outre, cette Commission se propose d'assurer le recrutement de nouveaux membres qui viendront apporter à notre Association un appui moral et pécuniaire, ce dernier destiné tout spécialement à un programme bien défini, tel que l'achat d'avions pour baptêmes de l'air, et celui d'un hangar dont l'édification est à prévoir, dès maintenant, sur l'aérodrome qui doit être éventuellement créé à Troyes.

CLUB AERONAUTIQUE

et les Anciens de l'Aéronautique de l'Aube

Société fondée en 1901

Affiliée à l'Aéro-Club de France en 1904

S.A.G. n° 5380 du 12 Février 1912

Assemblée générale du 24 janvier 1929

Le renouvellement du bureau a donné la constitution suivante :

Président : M. H. Joanneton, ingénieur, villa Rothier, à Troyes.

Vice-présidents : M. le docteur Armbruster, sénateur, avenue Pasteur, Troyes; Gentin F., conseiller général, industriel, rue Sainte-Jules, à Troyes; Bouscatié, ingénieur, pilote-aviateur, rue Rothier, à Troyes.

Secrétaire : M. R. Renard, industriel, boulevard Danton, à Troyes.

Vice-secrétaire : M. L. Darsonval, marbrier, à Sainte-Savine (Aube).

Trésorier : M. Coudrot R., industriel, rue Ambroise-Cottet, à Troyes.

Archiviste : M. Morisseau, pilote-aviateur, rue Kléber, à Troyes.

Membres : M. A. Boivin, négociant, rue de la République, à Troyes.

Commission de propagande composée de MM. C. Marot, industriel; Morisseau; Odent, assurances; Coudrot, industriel; Darsonval; Joly; Renard.

Commissaires-adjoints d'aviation agréés par l'Aé. C. F. : MM. Armbruster, Bouscatié, Darsonval, Duchaussoy, Joanneton, Gentin, C. Marot, docteur Meynier, Renard.


De nombreux membres assistent à la réunion; plusieurs sont excusés.

Les rapports du secrétaire et du trésorier sont adoptés.

MM. Darsonval, Renard, Duchaussoy sont désignés pour représenter le C. A. A. au Congrès des Sociétés affiliées à l'Aé. C. F. en mai 1929.

Un meeting d'aviation est à l'organisation pour fin mars.

Trois sorties du ballon " L'Aube " seront effectuées dans le cours de l'année.

L'étude de la construction d'un bâtiment pour installer l'Ecole préliminaire de mécaniciens d'aviation qui fonctionne depuis 1926 avec succès, et le garage du matériel d'aérostation, est décidée.

La séance est levée à 23 heures.


Certes, cette tâche est importante et, pour la réaliser, le Club Aéronautique de l'Aube débutera, en 1929, par l'acquisition de son premier avion, un Hanriot 14 et de trois moteurs Gnôme et Rhône. Notre Club envisagera aussi l'organisation d'intéressants meeting, et le 1er avril nous verrons se dérouler la deuxième manifestation aérienne d'après-guerre, dans une propriété de M. Morin, située en bordure de la route de Barberey, à Sainte-Maure, et à l'Ouest-Sud-Ouest de ce dernier village.

LE MEETING DE SAINTE-MAURE

( 31 mars-1er Avril 1929 )

La journée du 31 mars 1929 fut consacrée à l'arrivée des avions sur le terrain.

Voici Lena Bernstein. Son avion touche le sol à dix heures; puis, Maillet (6) se pose à midi. Ce célèbre pilote est un Aubois originaire de Loches-sur-Ource; du reste, il ira, dans l'après-midi, survoler son village natal, en compagnie de mon fils aîné (Hubert) qui reçoit ainsi en ce jour le baptême de l'air que je regrette de ne pas lui avoir donné.

Vers 16 heures, l'autogyre de la Cierva que pilote Massot fait son apparition. Les spectateurs sont véritablement intrigués et considèrent, avec un réel intérêt, ce nouvel appareil qui est présenté, pour la première fois en France, sur un aérodrome, à l'admiration du public (7).

L'autogyre de la Cervia a été imaginé par un ingénieur, M. Juan de la Cierva né en 1895, et fils de l'ancien Président du Conseil espagnol.

Cet appareil a été spécialement construit pour suppimer les inconvénients de la perte de vitesse, inhérents jusqu'alors aux planeurs, et par suite, à l'avion, dont la sustentation, la stabilité et la manœuvrabilité sont fonction de la vitesse.

L'ingénieur de La Cervia conserva le moteur de l'avion à l'hélice tractive, supprima les ailes fixes pour les remplacer par une sorte de grande hélice horizontale à 4 pales montée au-dessus de la carlingue sur un axe vertical et animée d'un mouvent d'autorotation entrenu par le vent relatif produit par la translation (8).

L'hélice tractive entraîne l'avion et, dès que le courant d'air est assez puissant, celui-ci vient frapper les pales horizontales, ce qui permet à l'autogyre de s'élever. ( Ne trouve-t-on pas ici l'idée du Dr de Malherbe et de certains autres précurseurs ?

Mais revenons à notre meeting.

A l'horizon, un point noir ? C'est Destroyat, le roi de l'acrobatie qui nous arrive, il exécute quelques pirouettes savantes et se pose élégamment sur le terrain.

A 17 heures, Millo atterrit en compagnie de M. André Mars, chef de Cabinet du Ministre de la Justice. Lemoigne à son tour ne tarde pas à arriver, il est exactement 17 h. 25.

A Troyes, toutes les personnalités de notre ville ainsi que le Comité de direction de l'Aéro-Club reçoivent cette glorieuse phalange d'aviateurs à laquelle viennent se joindre Fonck, notre as national de guerre, ainsi que Sadi Lecointe, Schneider, Leduc et Dravet. Puis dans une franche gaîté, nous nous retrouvons tous autour d'une belle et bonne table dressée par le maître-queux Butat.

M. Bouscatié, vice-président de l'Aéro-Club, prononce cette allocution (9) :

Messieurs,

Je remercie bien sincèrement M. Joanneton, notre très dévoué président du Club <aéronautique de l'Aube, de l'honneur qu'il me fait et du plaisir qu'il nous donne.

Car c'est un grand honneur pour moi que d'être l'interprète d'un des plus anciens Clubs Aéronautique des départements français pour souhaiter ici la bienvenue à nos Camarades aviateurs.

Le meeting de demain promet d'être très réussi. Les plus dévoués d'entre nous n'ont rien négligé pour sa préparation, et le baromètre veut bien nous assurer une autre garantie de succès dans une belle journée printanière ensoleillée.

Vous voudrez bien permettre, mes chers Camarades, au Président des Anciens de l'Aéronautique Militaire de l'Aube, association fondée après la guerre, et que le Club Aéronautique de l'Aube a aréée dans son sein, de féliciter chaudement ceux des Membres de ce Club, restés fervents et fidèles au ballon libre.

J'ai encore présentes à l'esprit les péripéties d'un délicieux voyage accompli comme passager avec notre ami Darsonval. J'ai aussi gardé souvenir de notre atterrissage mouvementé au cours duquel j'ai admiré l'incomparable maîtrise et le sang-froid admirable de ce fin pilote.

Qu'il me soit permis, maintenant, de vous dire la joie que j'éprouve à me retrouver ce soir aux côtés du sympathique vice-président des " Vieilles Tiges ", mon ancien chef-pilote de la Division Nieuport. Tous ceux qui ont connu notre as Sadi-Lecointe, à Avord et ailleurs, savent de quelle science il a fait preuve et quels signalés services il a rendus au pays, en formant la plupart des pilotes de chasse de la guerre.

Tous nous avons applaudi à ses records de vitesse.

Notre grand As national de la chasse, notre camarade René Fonck, m'excusera si, pour ne pas froisser sa modeste bien connue de tous, je me contente de présenter simplement l'hommage de l'admiration unanime et constante des Anciens Chasseurs de l'Air au prestigieux pilote dont les innombrables et glorieuses victoires ont su si bien venger la disparition de Guynemer.

Et, puisque je viens de rappeler le nom du plus légendaire des héros de la chasse, permettez-moi, Messieurs, d'évoquer aussi un instant le souvenir de tous ceux de nos Camarades qui, durant la guerre et depuis, hélas ! ont payé de leur vie, le lourd tribut qui est inhérent à la gloire de l'aviation. Ils sont bien trop nombreux, hélas ! pour qu'il me soit permis de rappeler leurs noms si chers à nos cœurs. A tous, honneur et salut.

Je remercie vivement notre ami Schneider qui, le premier, est venu représenter à Troyes les Vielles Tiges, je le remercie surtout pour l'heureux choix de cette Association a fait du jour de Pâques pour l'organisation du meeting de Troyes.

Messieurs, je termine en levant mon verre à la gloire de l'Aéronautique, qu'elle soit glorieuse dans la Paix autant qu'elle l'a été durant la guerre, à votre santé à tous, à celle de tous les membres de nos associations, à celle surtout de nos vaillants camarades Bernstein, Detroyat, Lemoigne, Maillet, Massot, Millot et Leduc, aux prouesses desquels nous applaudirons chaudement, demain.

Une foule impressionnante et en même temps fort impatiente d'admirer les glorieux aviateurs, nous oblige à mettre " les bouchées doubles " pour nous rendre bientôt au Cirque municipal.

Là, dans un enthousiasme indescriptible, le public accueille les grands oiseaux qui demain déploieront largement leurs ailes, et le speaker le capitaine Jollois, avec une maîtrise incomparable, fait, de tous, une présentation sensationnelle saluée par les accents vibrants de La Marseillaise.

(1) En attendant la réalisation de notre aérodrome de Barberey, l'avion " Nénette " est garé dans l'un des nombreux hangars du terrain militaire de Romilly-sur-Seine.

(2) Cette question a été traitée au chapitre " Création de stations aériennes dans le département de l'Aube ( période avant la guerre de 1914 ).

(3) Le capitaine Lemaître, depuis commandant de réserve, est mort le 22 juillet 1935, des suites d'une maladie banale qui l'emportera à 41 ans.

(4) Fronval était champion du monde du " looping the loop " avec mille cent onze boucles en 4 h. 56 m.

(5) Max Knipping était recordman du monde en avionnette monoplace.

(6) André Maillet, engagé volontaire pendant la guerre, fut un remarquable pilote de chasse, d'observation et de bombardement. Après la démobilisation, il passa deux ans en Indo-Chine contribuant à la création du réseau aérien, puis il accomplit une année au Japon en qualité d'instructeur de la jeune armée Japonaise. Ensuite il se rendit en Abyssinie où il fut charger de l'organisation de l'aviation chez le Négus qu'il conduisit plusieurs fois à bord de son avion. Dès son retour en France, il créa le Club Roland Garros et construisit " L'Avion Maillet " Maillet se tua, à Orly, en formant des élèves-pilotes.

André Maillet, décoré de la Croix de guerre, de la Médaille militaire et de la Légion d'Honneur, fut chargé de piloter le roi des Belges Albert 1er et l'empereur du Japon lors du passage de ces Souverains à Paris.

(7) Le lendemain, 1er avril, notre camarade Roger Renard prendra place à bord de l'autigyre, qui dera quelques évolutions au-dessus du terrain.

(8) L'autogyre qui prit part au meeting de Sainte-Maure comportait encore deux ailes.

(9) M. Bouscatié, François, Félix, (classe 1900), mobilisé le 2 août 1914, au D. C.1e/41e B.C.P., part au front comme volontaire, au 41e B.C.P., où il passe successivement sergent, adjudant et sous-lieutenant (24-11-1914).

Le 11 juillet 1915, il est blessé accidentellement en manipulant des pétards, lors de la préparation à l'attaque française sur le Ban-de-Sapt. Entré au dépôt, M. Bouscatié veut obtenir son rappel au front comme chef de section, mais n'y parvenant pas, il demande à être affecté comme élève-pilote d'avion, à Avord.

Breveté militaire n° 26833 et n° 3914 (F.A.I.), notre camarade est affecté le 22 octobre 1916 à l'escadrille N 102 ( Aisne ), puis en janvier 1917, à la formation de l'escadrille N 82 ( Alsace ), Blessé en combat aérien (février 1917), M. Bouscatié rentre volontairement, avant l'expiration de sa convalescence, à son escadrille qui devient par suite, du remplacement des " Nieuport " par des " Spad 17 ", la S.P.A. 82 qui quitte le front d'Alsace pour la Somme et l'Aisne.

Le lieutenant pilote aviateur de chasse Bouscatié passe ensuite comme adjoint technique au Parc de Combat 113 de la Division aérienne, puis, sur sa demande, au Groupe de Combat 15 (Division aérienne), comme adjoint technique également.

M. Bouscatié, titulaire de deux citations à l'O. A., reçut la Légion d'Honneur à la deuxième.