12 - Léon Darsonval (Pilote Aéronaute)

Le 2 mai 1937, 2ème coupe de printemps, le ballon du Journal « La Sarthe », piloté par Darsonval, n’ayant pas de passagers, part de la ville « Le Mans » et atterrit à Chantenay dans la Sarthe.

Le 2 Mai 1937 , Coupe internationale du Mans

Départ de 16 ballons dont le ballon “ La Sarthe “ pilote Darsonval

Départ de Paulette Weber qui reçoit le baiser d’amies de Maryse Bastié

L’atterrissage a eu lieu dans ce champ (suivre la flèche )

Le 5 juillet 1936, Grande Coupe Internationale de l’Aéro-Club Royal de Belgique à Heysel, en présence de sa Majesté le Roi des Belges et le Professeur Piccard. Paulette Weber aéronaute est félicité par S. M. Léopold III, Roi des Belges.

Mr. le Professeur Piccard et Paulette Weber serrant une poignée de main au Roi de Belgique " Léopold III "

Bulletin du Ballon-Club en Hollande

Dans le journal « Express de l’Aube , du 5 janvier 1941 », André Chanteclair écrivait ceci :

Les Ailes de la Fortune

En ce carrefour qui couronnait déjà, aux temps lointains de l’Histoire de notre Ville, la rue Emile Zola, lorsqu’elle était placée sous l’Egide de Nôtre-Dame, en ce carrefour sur un des côtés duquel s’élevait la célèbre Hostellerie des Quatre-Vents, qu’illustra jadis une visite royale, on remarque depuis peu, une humble échoppe, petite d’apparence, mais grandes de promesses, d’espoir et de Souvenirs.

Erigée sur cet emplacement au nom prédestiné, par les bons artisans de la Cause Aérienne que furent et que demeurent Camille Marot et Roger Renard, dédiée aux Ailes Brisées et aux Prisonniers de guerre, desservie par Darsonval, le vétéran de l’Air, telle une chapelle consacrée au culte du Souvenir, elle réunit dans un même sentiment de reconnaissance ceux que trahirent leurs ailes et qui, victimes du devoir, tombèrent pour leur Pays, laissant derrière eux des Mères, des Femmes et des Enfants et ceux que le sort des Combats abandonna et qui, captifs, souffrent loin de leur foyer, loin de leur Patrie.

Apparue aux heures douloureuses , tout en étant au service de la Charité, elle ne cesse de distribuer du Rêve et de l’Espérance, souvent du Bonheur et parfois la Fortune.

Ailes Brisées ! Darsonval ! Ô noms évocateurs de la Belle Aventure, de la Conquête de l’Air, des vols radieux, des sacrifices sublimes, des dévouements obscurs !.

Et quel département pourrait donc revendiquer une telle faveur, si ce n’est celui-ci, le nôtre, toujours généreux en renoncements et riche d’enthousiasme quand il s’agit du Prestige du Pays, de sa grandeur et de sa renommée ?.

C’est qu’ils furent nombreux les Enfants de l’Aube qui, au cours des siècles, hantés par le Rêve millénaire de l’Humanité, que concrétise la légende d’Icare, acceptèrent tous les risques pour ravir aux oiseaux le secret de leur vol et tentèrent de forcer les portes de ce domaine de l’Air, l’élément invisible, capricieux et sournois.

Mais tenace l’homme s’obstinait, créatrice sa pensée travaillait. La tâche était ardue : il ne s’agissait rien moins que de vaincre la Pesanteur, cette forme de l’attraction des Mondes, au rythme souverain, de laquelle obéissent les astres pour suivre leurs trajectoires immuables dans les espaces sans bornes et dont le seul spectacle remplit notre esprit de vertige quand nous les contemplons sur le fond de velours de nos nuits champenoises.

« Autant vouloir faire voler un pavé », disait au début du siècle – nous avons entendu cela – ceux qui refusaient de croire que, dix ans plus tôt, Clément Ader, le Premier entre les premiers, avait réussi à enlevé le Pavé.

Mais un beau jour de Novembre 1906 – il n’y a encore que trente cinq ans – aux Portes de la Ville Lumière, sur les pelouses de Bagatelle, un nom aussi frais et aussi léger que cet air que l’homme allait atteler à son char – nous avons vu cela – Santos Dumont faisait voler le Pavé, créant d’une seule et même envolée, d’un seul coup d’aile, avec un plus lourd que l’air, les records de la distance, de la vitesse, de la durée et de la hauteur !

Ce fut alors la Période Héroïque avec les Blériot, les Farman, les Voisin, les Sommer et tant d’autres, puis les ailes grandissant, on vit se précipiter 1910, le Circuit de l’Est dont les tenants Leblanc, Aubrun, Mamet, Weymann, Legangneux, Lindpaintner, Français et Allemands unis par une même foi en un même idéal, se partagèrent les périls d’une même gloire et où Troyes, dut à l’Aéro-Club de l’Aube d’être choisie pour première escale de cette vision d’avenir ; la naissance de l’aviation de guerre, autre vision d’avenir ; l’impulsion donnée à cette arme, que le maréchal Foch devait appeler plus tard « la plus prompte et la plus terrible », par notre compatriote Bauvalot, lorsqu’il décida André Michelin à créer le prix Paris-Clermont-Ferrand, en lui disant :

- Hein Michelin ! que diriez-vous d’un canon portant à 400 kilomètres.

Enfin, pour clore la Période héroïque, le grand élan d’enthousiasme que souleva l’appel du Comité Nationale pour l’Aviation Militaire qui recueillit onze millions et installa 72 stations aériennes dont Brienne-Aviation, pour assurer la sécurité des Ailes Françaises, appel dont profita le Département de l’Aube pour se classer en tête de ceux qui firent le plus pour cette œuvre de Défense Nationale.

Mais l’Air se défendait, l’assaut coûte cher et l’on compta bientôt les tombes sous les Ailes Brisées.

Parmi tant des nôtres, inclinons nous pieusement devant Suzanne Bernard, l’alouette champenoise – Ton élève, Darsonval – sacrifiant ses 18 printemps au lendemain du Circuit de l’Est, pour inscrire le premier nom d’une aviatrice au frontispice du Martyrologe de l’Aviation, puis, c’était hier, saluons la mémoire du lieutenant-pilote Vignes, un enfant de Troyes, victime du courage malheureux, le dernier aviateur tombé pour la France, simplement pour l’Honneur.

Pardonne-nous, Darsonval, d’amener encore ton nom sous notre plume, mais cela est de l’Histoire et tu fus de ceux qui firent cette Histoire-là !

Oui, bien avant le terme fixé par le Destin pour l’éclosion de l’Aile, des hommes soulevés par le grand Rêve, emportés par l’ardeur de leur foi, s’accrochaient à une bulle de gaz, autant dire à rien et s’élançaient, impavides, à la poursuite des nuages.

Pionniers de l’Air, ils se riaient de ses pièges, dévoilaient ses mystères et contant ses merveilles préparaient l’heure où la France, seule avant toutes, ne devait plus être.

« Qu’une immense couvée d’impatients oiseaux » que chanta le Poète, le Poète de l’Aiglon !

Imitateurs, ils imprégnèrent les Esprits de l’Idée Aérienne et élevèrent les âmes jusqu’à ces cieux, dont, Précurseurs, ils annonçaient la Conquête.

C’était à cette époque, sous les couleurs de l’Aéro-Club de France, les De la Vaulx, les Besançon, les Tissandier, les Blanchets, les Godard et les Autres, et sous celles de l’Aéro-Club de l’Aube, les Nopper, les Jules Dubois, les Boivin , les Daubigny, Léon Darsonval et que d’autres encore : tous ces hommes qu’auréole aujourd’hui un même prestige ont signé de leur nom et parfois de leur sang, la Préface à l’Histoire de la Conquête de l’Air.

La génération qui doit à Jules Verne le goût du merveilleux, la nôtre, a connu ces hommes là !

Passant, dont le nom fut inscrit par les tiens ou par toi-même sur les listes de la Souscription pour que vivent les Ailes Françaises et que tes pas conduisent vers le carrefour des Quatre-Vents, accorde une pensée de gratitude à ton compatriote Darsonval, et réponds à l’appel de ce champion de l’Air qui, au soir de sa carrière, se fait celui de la Veuve et de l’Orphelin et te convie à faire œuvre charitable en entrouvrant pour toi la Porte de la Fortune.

Ô Darsonval ! toi dont l’exemple continue à dicter son devoir à chacun de nous, toi qui connus les pires épreuves morales et qui mis tes deux fils – tout ce qui te reste – au service de la France, l’un dans l’Armée de l’Air, l’autre dans celle d’Outre-Mer, veuille ta modestie s’incliner devant l’hommage que nous rendons au bon ouvrier de France que tu es et qui, en resserrant les liens qui doivent unir le passé glorieux des Morts au présent des Vivants, prépare l’Avenir de la France Nouvelle.

André Chanteclair

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“ C’est avec la plus profonde tristesse à l’Aéro-Club de l’Aude, que nous venons d’apprendre la mort de Louis Nopper, l’un des pionniers de l’idée aéronautique dans notre département (Aube). Louis Nopper après avoir passé la majeure partie de son existence à Troyes et à Piney, accablé en ces derniers temps par les soucis d’une vie de plus en plus pénible, avait émigré, il y a quelques années, dans un commune de la Haute-Marne, à Rosoy-Sur-Amance et c’est là que la maladie est venue le terrasser.

Dès sa plus tendre jeunesse, Louis Nopper s’intéressait déjà aux choses de l’air. Le 14 juillet 1892, c’est à Troyes qu’il sphérique à bord du ballon “ Le Danton “. Après avoir terminé son service militaire à Chalais-Meudon en qualité d’aérostier, il rentra à Troyes et envisagea la possibilité d’y créer une société aéronautique. Il échoua d’abord, mais ayant repris son projet en 1901, il fondait en septembre de la même année “ Le Club Aéronautique de l’Aube “ qui devait ultérieurement être dénommé “ Aéro-Club de l’Aube”

Louis Nopper était un passionné de la navigation aérienne. D’une nature accueillante, cet homme sympathique avait la foi, cette foi rude, ardente, créatrice des plus belles choses et constamment son esprit vagabondait vers les régions éthérées, ce qui lui donnait une charmante originalité.

Je dois faire remarquer que Nopper ne vécut pas uniquement en dilettante de ce sport si prenant. La vie a ses obligations, ses vicissitudes et l’aéronaute Troyen ne passa pas toute une existence exempte de soucis, je dirai même qu’elle lui fut souvent bien pénible. Louis Nopper trouvait un dérivatif à ses peines morales et matérielles en se livrant ardemment, passionnément à ce besoin qu’il éprouvait de créer quelque chose de nouveau, d’utile pour la science aéronautique. Les idées ne lui manquaient pas certes, n’avons nous pas souvenance de son ancre à quatre bras pour atterrissage de sphériques, de même que tout un système pour ballonnets et ballons sondes ainsi que d’autres innovations toujours ingénieuses.

A Piney, Nopper avait installé chez lui, une salle consacrée exclusivement à l’aéronautique, aussi est-ce dans ce sanctuaire de souvenirs qu’il aimait à recevoir ses amis à venir s’y recueillir.

C’est donc avec une profonde émotion tant en mon nom personnel, qu’en celui de mes camarades de l’Aéro-Club de l’Aube, qu’il m’est donné de rendre un ultime hommage à l’ami qui vient de disparaître.

Louis Nopper, bon ouvrier de la cause aérienne et en particulier de l’aérostation, nous vénérons ta mémoire et bien que ta dépouille mortelle ne repose pas parmi nous, nous ne saurions oublier que tu fus, dans notre département, le créateur, l’étincelle qui jaillit pour embraser le cœur d’hommes nouveaux pour des idées nouvelles.

Homme de l’Air, tu l’étais dans toute la quintessence de ton âme d’aéronaute, ne vivant que dans le pur idéal d’un sport dont beaucoup d’hommes ignorent encore la sublime poésie : Le Ballon libre.

Et ton âme s’affranchissant soudain de tout ce qui pouvait la retenir captive au séjour des mortels s’est enfin élevée, libre, légère, ailée, dans ce beau ciel bleu dont, souventes fois ici bas , avec les ballons “l’Aube” et “ le Quand même “, tu avais su trouver la voie.

Léon DARSONVAL, aéronaute. (Petit Troyen du 11 juin 1942)