6 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

NOMENCLATURE

Par ordre chronologique des pilotes aéronautes ayant pris le départ, pour la première fois, dans le Département de l'Aube .

( De l'avènement des montgolfières à nos jours )

Deux pilotes parisiens prirent le départ au nom de l'Aéro-club de l'Aube, mais en dehors du département ; ce sont : MM. Bourdariat Edouard et Suire.

(*) L'astérisque qui suit le nom indique que le pilote est étranger au Département de l'Aube.

ETAT des ASCENSIONS en SPHERIQUE accomplies par l'AERO-CLUB DE L'UBE (1)

De 1901 à 1936

(1) On trouvera dans la collection des journaux locaux déposée à la Bibliothèque municipale, le récit de la plupart des ascensions accomplies par les sphériques de l'Aéro-Club de l'Aube. A remarquer que, dans l'état ci-dessus, ne sont portées à l'actif des pilotes que les seules ascensions accomplies au nom de l'Aéro-Club de l'Aube.

(2) Record de durée. N°31.

(1) Record de distance. N°92.

LA SOCIETE TROYENNE D’AEROSTATION

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Des divergences de vues s'étant produites dans le club Aéronautique de l'Aube, quelques membres s'en séparèrent pour fonder la Société Troyenne d'Aérostation.

Ce nouveau groupement fut donc constitué en l'année 1912, sous la présidence de M.Blanc, secondé par MM. Nopper et Protat, comme pilotes-aéronautes. La Société Troyenne d'Aérostation s'attacha tout spécialement à organiser des ascensions avec son ballon favori quand même ; de même en fut-il avec d'autres ballons qu'elle dénomma tantôt La Champagne, parfois Ville de Troyes.

Après avoir formé, vers 1929, un jeune pilote, M. Monpert, MM. Nopper et Protat prirent, dans la suite, une retraite bien méritée.

La Société Troyenne accomplit donc trente-cinq ascensions en ballon libre, du 26 mai 1912 à nos jours, organisant à Troyes et à Romilly, plusieurs rallyes-ballons, notamment ceux du journal la Tribune de l'Aube, qui obtinrent de véritables succès.

En résumé, la S.T.A. effectua, pendant la période 1912 à 1936, trente-trois ascensions libres, consomma environ trente-six mille mètres cubes de gaz, transporta cent huit passagers, y compris les pilotes, et parcourut deux mille six cent onze kilomètres.

Compte rendu de la quatrième ascension de la S. T. A.

_ 11 Mai 1913 _

Pilote : M. Nopper.

Passagers : MM. Simon, Dolliens et Viardin.

Le dimanche 11 mai dernier, à onze heures, nous quittons la terre après le pesage fait par le chef de manœuvre. Au commandement di " lâchez tout " nous montons à cinq mètres environ, mais un coup de vent fait redescendre à deux mètres. Notre habile pilote, Nopper, par une manœuvre rapidement exécutée, déleste le ballon de 40 kilogs. Comme l'espace nous manque, nous n'avons pas le temps de prendre de la hauteur et c'est à ce moment que nous faisons connaissance avec les fils téléphoniques, sans que nous sentions le moindre choc ; la nacelle franchit l'obstacle en fauchant quelques-uns de ces derniers. Malgré cet incident, tout va bien à bord ; pour rassurer nos amis, nous saluons, et les nombreuses personnes qui étaient venues contempler le majestueux Quand-Même ne nous ménagèrent pas les acclamations.

Nous passons au-dessus de la Cathédrale. A 750 mètres, les marais de Villechétif ; Saint-Parres à 1200 mètres ; Bouranton Dosches, à 1400 mètres. La fraîcheur des étangs nous fait redescendre ; cela nous coûte 10 kilogs de lest. Nous traversons les fermes de l'Hopiteau et Bonleu, à 700 mètres. M. Dolliens rédige une dépêche qui doit être transmise par pigeon-voyageur. Nous approchons de la forêt du Grand-Orient ; le guide-rope touche terre ; nouveau jet de lest de 20 kilogs. Ensuite nous laissons derrière nous la Belle-Epine ; nous sommes à 2250 mètres ; cette altitude sera le maximum de notre ascension.

Le pilote nous engage à bien jouir du panorama, n'ayant plus que quelques kilos de lest à bord ; la première descente sera la fin de notre voyage. Les nuages sont au-dessus de nous et produisent un effet merveilleux ; je n'ai jamais rien vu d'aussi impressionnant et de si beau. Je remarque à terre un point noir qui se déplace ; je crois voir un lièvre ! notre collègue imon ajuste sa longue vue et constate que c'est une vache dans un pré...

Nous sommes surpris de nous voir tous avec la figure rouge comme des tomates ; le thermomètre est descendu à 5°, ce phénomène est dû à l'air qui se raréfie.

Pour fêter notre ascension, nous débouchons une boureille de champagne ; nous buvons, dans les nuages, à la santé des membres de la Société Troyenne d'Aérostation. Nous filons sur Unienville, toujours à la même hauteur. Deuxième lâcher de pigeon. Nous sommes maintenant à 1000 mètres, nous passons au-dessus d'Eclance, que nous traversons à 500 mètres, n'ayant plus que 10 kilogs de lest.

M. Nopper trouve l'endroit propice pour atterrir. A ce moment, le guide-rope traîne ; les engins d'atterrissage sont jetés et nous touchons terre doucement.

Le panneau de déchirure ouvert, le superbe ballon Quand-Même qui n'est plus qu'une loque, se couche sur le flanc et notre ascension prend fin. Il est 1 heure 30. L'ascension a duré 2 heures 30. La distance parcourue a été de 50 kilomètres. Nous replions le ballon, aidé gracieusement des habitants d'Eclance et de ceux des pays environnants, accourus pour nous prêter main forte. Le matériel remis en place, M. Laffilé se charge de nous conduire à la gare de Jessains, et à 9 heures 30, nous étions de retour à Troyes, enchantés de notre voyage.

André Viardin,

Membre actif de la S. T. A.

Par ses ascensions, la Société Troyenne d'Aérostation contribua à développer le sens de l'air parmi nos populations, apportant, elle aussi, une pierre à l'édifice aéronautique qui, chaque jour, prend des proportions plus grandioses que jamais.

Mais de nos jours, on commence à se familiariser avec le vol des avions, et des jeunes générations vont désormais s'acheminer, avec plus d'ardeur, vers ce nouveau mode de locomotion.

Qui donc pourrait entraver ce mouvement ? La griserie de l'air envahira les masses de plus en plus, et les paroles si prophétiques prononcées, il y a plus de trente années, par le commandant Driant : " on volera dans les airs, comme on roule aujourd'hui sur deux rails d'acier ", trouvent enfin, de nos jours, leur réalisation !

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ETAT des ASCENSIONS en SPHERIQUE

accomplies par la

SOCIETE TROYENNE D'AEROSTATION

De1912 à 1936 (1)

(1) On trouvera dans la collection des journaux locaux déposée à la Bibliothèque municipale le récit de la plupart des ascensions accomplies par la Société Troyenne d'Aérostation. A remarquer que, dans l'état ci-dessus, ne sont portées à l'actif des pilotes que les seules ascensions accomplies au nom de la Société Troyenne d'Aérostation.