3 - L'Aéronautique dans le département de l'Aube (1936)

ÉTAT DES ASCENSIONS

(Montgolfières et Aérostats)

effectuées dans le DÉPARTEMENT de l'AUBE de 1783 à 1901

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23 Mars 1784

Deux montgolfières s'élèvent à Troyes; l'une atterrit dans les fossés près des moulins de La Tour, l'autre à Argentolles.

2 Avril 1784

Une montgolfière part de Troyes, elle atterrit au parc du Château des Cours.

4 Avril 1784

Trois aérostats partent de Troyes, atterrissage à 4 kilomètres de leur point de départ.

20 prairial (1) An II de la 1ère République

Une montgolfière s'élève à Troyes, sur le " Boulingrin ", à l'occasion d'une cérémonie consacrée à l'Etre Suprême.

(1) 8 Juin 1794

24 Octobre 1830

Ascension à Troyes d'un ballon avec descente d'animaux soutenus par un parapluie parachute.

24 Septembre 1851

Le ballon " Le Majestueux ", pilote Aubert, part de Châlons-sur-Marne et atterrit tragiquement sur le finage de Villy-le-Bois (Aube).

26 Mars 1854

Départ d'une montgolfière pilotée par Louis Godard; atterrissage sur les arbres du faubourg Croncels.

2 Avril 1854

Le ballon " L'Aigle ", pilote Louis Godard, s'élève de l'Usine à Gaz, à 4 heures 30 de l'après-midi; ce ballon est équipé d'un parachute.

9 Avril 1854

Départ du ballon " L'Hirondelle ", pilote Louis Godard, accompagné d'un troyen, M. Dereins. Le ballon passe au-dessus de l'église de Sainte-Madeleine, à 2.600 mètres, et atterrit, après avoir tenu l'air pendant cinquante minutes, entre Chevillèles et Laines-aux-Bois, sur le chemin longeant la propriété de M. Corrard de Bréban.

30 Août 1858

A Nogent-sur-Seine, départ d'un grand ballon monté, sur la digue.

7 Juin 1860

Ascension du ballon " Le Léviathan ", à l'occasion de la grande exposition de Troyes. Pilote : Louis Godard. Atterrissage à Argentolles.

2 Mai 1869

Un ballon piloté par Eugène Godard, s'élève de la place de l'Hôtel-de-Ville, à Troyes.

2 Mai 1869

Un ballon, en gonflement à Bar-sur-Aube, sous la direction de Louis Godard, ne peut partir, par suite de la pénurie de gaz.

13 Août 1876

Le ballon " Le Mistral ", piloté par Mme Goudesonne, part de Troyes.

13 Août 1876

Départ de deux ballons, à Arcis-sur-Aube, à l'occasion de l'inauguration de l'Usine à Gaz.

27 Août 1876

Le ballon " L'Avenir ", pilote Karll, part de Troyes après que ce gymnasiarque eût exécuté divers exercices acrobatiques sur un trapèze suspendu à 20 mètres au-dessous du ballon et sans nacelle.

18, 19, 20 Mai 1877

Un ballon captif s'élève à Bar-sur-Aube, avec exercices acrobatiques, trapèze et descentes en parachute.

12 Mai 1878

Une montgolfière part de Troyes, dans la propriété de M. Chéreau.

22 Septembre 1878

Départ du ballon " Le Mistral ", piloté part M. Jules Dubois, le premier aéronaute aubois, atterrissage à Payns.

31 Août 1879

Le ballon " La Vidouvillaise " part de Troyes à 9 heures du soir, atterrit aux environs de la ville. Pilote : Jules Dubois.

30 Mai 1880

A Bar-sur-Seine, départ d'une superbe montgolfière " Le Géant ".

12 Septembre 1881

Le ballon " Ville de Bar-sur-Aube "part de cette ville et atterrit à Andelot (Haute-Marne). Pilote : Brissonnet.

24 Septembre 1883

A Vendeuvre-sur-Barse et à l'occasion du concours de la Société d'Encouragement à l'agriculture, départ de deux montgolfières.

19 Mai 1884

Le ballon " Ville de Bar-sur-Aube " piloté par Brissonnet, par de Bar-sur-Aube et atterrit à Epothémont (Aube).

14 Juillet 1885

Le ballon " Le Bolide " piloté par Wilfrid de Fonvielle, accompagné de MM. Thibaut et du docteur Deneuve, part de Troyes et atterrit entre Rouilly-Saint-Loup et Rouillerot (Aube).

26 Juin 1887

Ascension d'un ballon captif près de Troyes, à la fête de la Vacherie, organisée par MM. Hugot et Génevois.

14 Juillet 1887

A Bar-sur-Aube, ascension d'un ballon cubant 570 mètres, monté par MM. Rat et Clerc, membres d'une Société Aéronautique de Paris " L'Etoile Polaire ". L'atterrissage eut lieu au delà de Colombey-les-Deux-Eglises.

14 Juillet 1887

Une montgolfière, en gonflement à Cunfin, prend feu au moment du départ.

19 Septembre 1887

Lors d'un important concours agricole à Vendeuvre-sur-Barse, a lieu le départ d'une magnifique montgolfière, sous la direction de l'aéronaute Henri Lecomte, du Raincy, assisté d'un jeune débutant dans l'aérostation, E. Lassagne, le futur constructeur du premier ballon " L'Aube ".

14 Juillet 1888

Le Ballon " Ville de Troyes " piloté par Gabriel Chéreau, Vice-Président de l'Ecole nationale d'aérostation à Paris, accompagné de son frère et de M. Auger, de Sainte-Savine, part de Troyes et atterrit finage de Torvilliers, lieudit " Le Vicaire ", avant le passage à niveau. Des pigeons-voyageurs appartenant à M. Balsière, du " Messager Troyen ", sont lâchés au cours de cette ascension.

14 Juillet 1889

Le ballon " Ville de Troyes " piloté par Gabriel Chéreau, accompagné de Mme Manotte, part de Troyes et atterrit à Valentigny (Aube).

6 Avril 1890

Ascension de la montgolfière " La Vaillante " montée par un jeune aéronaute. Elle part de Bar-sur-Aube et atterrit sur le finage de cette ville, à proximité de la ferme Moslin.

7 Avril 1890

A Nogent-sur-Seine, ascension de la montgolfière " La Vaillante ", montée par un officier, et sous la direction de M. Henri Lecomte, du Raincy. A 500 mètres d'altitude, simulacre de bombardement de la ville et descente en parachute.

25 Mai 1890

Gonflement du ballon " Ville des Riceys "par l'aéronaute Clément, dans la cour de M. L. Maison, serrurier. Il emmène deux passagers.

4 Août 1890

Départ de Troyes, à 7 heures du soir, du ballon " Ville de Troyes ". Ce sphérique est piloté par Gaudron, accompagné par M. Lucien Payn, de Sainte-Savine. A l'atterrissage, à Menois, finage de Rouilly-Saint-Loup, le pilote ne dégonfle pas immédiatement le ballon, ce qui lui permet de faire plusieurs ascensions captives et de donner quelques baptêmes de l'air aux habitants de l'endroit.

8 Mai 1892

A Romilly-sur-Seine, place Solférino, départ d'une montgolfière, " L'Avant-Courrier ", montée par M. Coraux, aéronaute de la ville d'Epernay.

14 Juillet 1892

Ascension du ballon " Le Danton ". Pilote : Camelin, accompagné d'un passager, M. Louis Nopper. Départ de Troyes et atterrissage à Longpré-le-Sec (Aube).

14 Juillet 1893

Ascension du ballon " Ville de Troyes ". Pilote : Edouard Chéreau. Passagers : MM. Darly et Huchard. Départ de Troyes et atterrissage à Vanlay (Aube).

14 Juillet 1895

Un ballon est en gonflement sur le boulevard Victor-Hugo, sous la direction du pilote Camelin. Par suite d'un violent coup de vent, le ballon est déchiré et ne peut prendre le départ.

14 !juillet 1896

A quatre heures de l'après-midi, place Carnot, à Bar-sur-Aube, a lieu le départ du ballon " Ville de Bar-sur-Aube " piloté par Justin Balzon, aéronaute-colombophile. Atterrissage à Chervey (Aube).

10 Septembre 1899

Départ de montgolfière à Bar-sur-Aube, place Carnot.

15 Juillet 1900

Ascension du ballon " L'Etoile " piloté par E. Lassagne. Passagers : Mme E. Lassagne et M. Georges Munerot, de Paris. Départ du vélodrome de Troyes, à 4 heures. L'atterrissage eut lieu à 5 heures un quart, sur la route de Paris, aux environs du champ de tir des Marots.

Le ballon " Etoile ", gonflé boulevard Victor-Hugo, fut conduit au Vélodrome, avec assez de difficultés par une section de chasseurs à pied, en passant par le faubourg Croncels et la route d'Auxerre.

14 Juillet 1901

Ascension d'un ballon cubant 800 mètres. Pilote : Louet, lieutenant de Génie. Passager : M. Jacoillot, de Troyes.

Départ de Troyes à 6 heures 05. Atterrissage à Saint-Thibault (Aube).


LE CLUB AÉRONAUTIQUE DE L'AUBE

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PREMIER CYCLE : DE 1901 A 1906

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DEPUIS quelque temps déjà, un ancien aérostier militaire de Chalais-Meudon, Louis Nopper, brûlait du désir de créer dans la Ville de Troyes une société d'aérostation.

Après quelques tentatives infructueuses, il réussit, en 1901, à grouper un noyau de jeunes hommes sympathisant à cette idée, et le premier septembre de cette année, le Club aéronautique de l'Aube est fondé sous la présidence (1) de M. Ley James, industriel à Saint-André.

Dès le début, l'activité de cette nouvelle Société est remarquable. On décide l'institution de cours techniques sur l'aérostation, avec épures de ballons. La construction de ballonnets, de même que l'enseignement de la météorologie sont également envisagés.

Le 13 Juillet 1902, le premier ballon " L'Aube " construit par l'ingénieur aéronaute E. Lassagne (2) à Palaiseau, arrive en gare de Troyes et participe le lendemain à la première ascension du C. A. A.

Le matériel du Club se compose de deux sphériques :

" L'AUBE " et le " TITI "

1°) " L'AUBE " (3) - SES CARACTÉRISTIQUES :

Ballon en étoffe coton verni.

Capacité..................................................................................1.000 m3

Diamètre..................................................................................12 m.40

Poids (enveloppe, filet, nacelle, agrès, etc.)............................300 Kgs

Passagers (poids approximatif)...............................................280 Kgs

Lest à bord (poids approximatif)...............................................145 Kgs

Force ascensionnelle (approximative)....................................725 Kgs


2 °) " LE TITI " - SES CARACTÉRISTIQUES :

Ballon en étoffe coton verni.

Capacité......................................................................................470 m3

Diamètre.....................................................................................9 m.70

Poids (enveloppe, filet, nacelle, agrès, etc.)..............................120 Kg

Passagers (poids approximatif)....................................................80 Kg

Lest à bord (poids approximatif)..................................................110 Kg

Force ascentionnelle (approximative)..........................................310 Kg


Tout ce matériel est réuni dans un bâtiment dépendant de la propriété de M. Ley James, rue Thiers, à Saint-André. Mais cet emplacement est par trop exigu; d'autre part, M. Ley James a des exigences de location immodérées, aussi l'évacuerons-nous vers janvier 1904, pour nous réfugier 49, rue de Gournay, à Troyes, dans le chantier appartenant à M. André Vital, membre du C. A. A.

Ce dernier met gracieusement, à la disposition du Club, un vaste hangar en attendant que soient construits, au même endroit, les locaux nécessaires pour abriter dignement les ballons et leurs agrès, ce qui permettra d'effectuer les manœuvres indispensables à l'entretien de ce matériel. Après les différents flottements inhérents à la fondation de la Société (démissions et adhésions nouvelles), il convient, pour fixer un point d'Histoire, de citer les noms des vingt membres actifs inscrits en 1903 et qui forment le contingent définitif que s'était imposé le Club aéronautique de l'Aube.

BABLON Lucien JOANNETON Henry

BERNODAT Paul LEMAIRE Xavier

BOIVIN Albert MARTINI René

CARPENTIER Michel NOPPER Louis

CLEVY Alphonse PANNETIER Paul

DARSONVAL Léon PROTAT Henri

FINOT Charles RAGON Ernest

GARAUDEL Louis VINCENT Félix

GERARD Henri VINCENT Georges

JACQUOT Lucien VITAL André


Louis NOPPER

Le bulletin annuel du Club, qui ne paraît que pendant dix années, donne, dans son premier numéro de 1904, la nomenclature des sept premières ascensions accomplies à Troyes, par le ballon 54 " L'Aube ", et qui s'échelonnent sur trois années, de 1902 à 1904 inclusivement. Elles remportèrent un grand succès.

Le Club aéronautique de l'Aube avait ainsi accompli, en pleine période d'organisation, un gros effort, aidé en cela par les modestes ressources dont il disposait à cette époque, et surtout par la générosité de quelques-uns de ses membres.

Qu'il me soit donné d'ouvrier ici une large parenthèse pour affirmer qu'un Club aéronautique se classe parmi les Sociétés qui réclament de ses membres, non seulement une grande abnégation d'eux-mêmes, mais un maximum de sacrifices pécuniaires. Ainsi, l'achat et l'entretien du matériel d'aérostation, la location de vastes remises, les frais inhérents aux départs de sphériques, l'organisation de cours, de fêtes, de meetings, souvent déficitaires, l'acquisition d'avions, la construction de hangars, que sais-je encore, furent toujours une lourde charge pour l'Association; c'est si vrai, que le budget de l'Aéro-club est, de nos jours, à plus forte raison avec l'aviation, très obéré. Que faire à cela ? Je n'entrevois guère de solution, sinon de continuer, comme par le passé, une intense propagande aéronautique avec l'espoir de voir les adhésions de Membres de toutes catégories affluer nombreuses dans notre Association, ce qui permettrait de parachever toutes les institutions envisagées par l'Aéro-club et de faciliter notamment l'achat de nouveaux avions de tourisme, dont Le Président Joanneton, appareils si indispensables pour la formation de nouveaux pilotes.

Souhaitons également que la Ville de Troyes, comprenant le rôle que l'aviation marchande et de tourisme est appelée à jouer dans l'avenir, procède bientôt à l'installation définitive de sa gare aérienne.

En cette année 1904, M. Henry Joanneton, Ingénieur E.C.P., est porté à la Présidence qu'il conservera pendant trente ans.

C'est aussi en 1904, que le Club Aéronautique de l'Aube demande et obtient son affiliation à l'Aéro-club de France, à Paris. A ce titre, on doit le classer comme l'une des cinq premières sociétés de France qui vinrent se grouper autour de la plus puissante institution aéronautique de notre pays.

Je citerai, avec le Club Aéronautique de l'Aube : La Société de Navigation Aérienne à Paris, l'académie Aéronautique de France à Paris, l'Aéro-Club du Sud-Ouest à Bordeaux et l'Aéronautique-club de France à Paris.

Si la présence de M. Joanneton au Club en rehaussait le prestige, il convient également de se louer d'avoir eu dans nos rangs, dès l'année 1903, comme membre honoraire, M. le Commandant Driant (4) alors à la tête du 1er bataillon de chasseurs à pied, en garnison à Troyes.

(Cliché Tribune de l'Aube)

Le Commandant DRIANT

Le 24 Avril 1904, ce valeureux soldat partait de Troyes à bord du ballon L'Aube qui, après deux heures et demie de voyage, allait atterrir à Ancy-le-Libre (Yonne).

Au souvenir du Commandant Driant, l'émotion me gagne; comment pourrais-je oublier ce chef, dont la bonté pour ses soldats ...

Lettre adressée au Pilote Nopper

Par le Commandant Driant, dès son retour d'ascension

... était légendaire, lui qui me guida pour obtenir, par décision ministérielle, mon incorporation au 25e bataillon d'aérostiers à Versailles.

Ainsi, pour la première fois, le Club Aéronautique de l'Aube envoyait, en 1904, l'un de ses membres aux aérostiers militaires.

Afin de montrer quel intérêt le Commandant Driant portait aux travaux du Club Aéronautique de l'Aube, je dois mentionner succinctement l'une des causeries si intéressantes qu'il faisait périodiquement, au sein de notre Association, avec sa compétence et sa précision habituelles. Celle-ci a lieu le 9 Octobre 1904, jour consacré à l'inauguration de notre nouveau parc, rue de Gournay, à Troyes, en présence des autorités civiles et militaires de notre ville.

Le Président du Club, M. Joanneton, fait d'abord un exposé des travaux accomplis par la Société depuis sa fondation, puis le Commandant Driant, dans une magistrale et prophétique conférence sur l'aéronautique, s'exprime ainsi :

" Messieurs, dit-il, lorsque dans une cinquantaine d'années nous aurons à Troyes, comme ailleurs, une gare de ballons, des départs périodiques, une administration aérostatique formaliste et tatillonne, car on peut changer la manière de voyager, mais on ne change pas les mœurs; lorsque tout le monde sera bien convaincu qu'on peut voler en l'air comme on roule aujourd'hui sur deux rails d'acier., alors on aura un haussement d'épaules pour ces pauvres Clubs aérostatiques qui conviaient le public à venir voir s'élever dans l'air un ballon rond, caprice du vent ".

A cela ne joignaient-ils pas l'outrecuidance de convoquer leurs concitoyens dans des réunions, comme celle-ci, pour entendre parler d'une science dans l'enfance, d'un sport qui sort à peine de ses langes, d'un mode de transport qui, à proprement parler, n'existe pas, car le premier omnibus aérien, celui de Santos Dumont, n'a pas encore fait ses essais à l'instant où je parle. Et pourtant tout progrès commence ainsi, car, quand Cugnol faisait du six à l'heure dans sa première voiture à vapeur, on ne soupçonnait guère que des locomotives feraient du 200.

Lorsque Daguerre, après une heure de pose, découvrait une silhouette dessinée par la lumière sur une plaque d'argent sensibilisée à l'iode, il ne prévoyait pas lui-même que l'instantané d'aujourd'hui saisirait au passage la trace d'une balle ou le vol d'une hirondelle.

Quand enfin, le Français Lesage, avec ses 24 fils conducteurs affectés chacun à une lettre de l'alphabet, transmettait à Genève sa première dépêche par télégraphie électrique, il était loin de supposer qu'un jour viendrait où le courant mystérieux franchirait l'espace, sans aucune espèce de fil, pour porter la pensée humaine du vieux continent jusqu'au nouveau.

Ainsi en sera-t-il certainement de la découverte de Montgolfier.

Ensuite, le Commandant Driant développe son sujet et s'étend longuement sur l'aérostation militaire, indiquant les quatre principales conditions à réaliser pour la construction d'un dirigeable : La stabilité longitudinale, la permanence de la forme, la solidarité absolue du ballon et de la nacelle, et l'assurance absolue contre l'incendie. Puis il aborde l'aviation, en passant par l'orthoptère et l'hélicoptère et donne cette description de l'aéroplane :

Cet engin, ajoute-t-il, rentre dans la série des plus lourds que l'air. Son objet est d'imiter le vol plané, au moyen de surfaces planes, légèrement inclinées sur l'horizon et animées dans leur ensemble d'un mouvement de propulsion horizontale, comme celui d'un oiseau planant.

L'aéronautique, continue le Commandant Driant, bouleversera le monde. Transports rapides, suppression des distances, des frontières, des barrières douanières, exploration complète de notre globe, accession des pôles, etc...

Cette science, dont on ne possède qu'une faible esquisse, ne progressera pas, tant que la mécanique d'aujourd'hui sera où elle en est, c'est-à-dire tant que les aviateurs montés sur un engin plus lourd que l'air seront à la merci d'un bouton qui casse, d'une bielle qui se fausse, d'une aile qui cesse de battre !...

Enfin, le Commandant Driant termine par une savante description du ballon lenticulaire de Capazza dont il entrevoit une réalisation pratique.

Certes, son auditoire est enthousiasmé. Toutefois, l'Histoire nous apprendra que l'idée de l'aéronaute Capazza ne fut pas exploitée. On s'orientera, désormais, vers du Commandant Driant indique magistralement, dans son ensemble, que nous sommes dans une période de tâtonnements et que nous devons, prochainement, atteindre le but. C'est vraiment une ère glorieuse pour l'aviation qui va s'ouvrir. Un nouveau génie, celui de l'air, doit bientôt déchirer le voile et présenter aux yeux émerveillés des plus incrédules, l'appareil magique attendu depuis plus de six mille ans; ce sera le triomphe du plus lourd que l'air, la réalisation suprême de ce rêve grandiose qui, de tout temps, passionna l'Humanité.

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(1) On peut voir dans cet ouvrage, au chapitre « A l’ombre des Ailes auboises », la composition des différents bureaux du Club pendant trente-quatre années d’existence.

(2) En 1935, le constructeur Lassagne livrera à une société cinématographique anglaise qui reconstitue l’histoire complète de l’aérostation, deux montgolfières. L’une est la reproduction exacte de la montgolfière montée par Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlande et l’autre, la reproduction, également exacte, de la première montgolfière qui prit le départ en Angleterre.

(3) Après la guerre (1914-1918), le Club aéronautique de l’Aube fit l’acquisition d’une nouvelle peau dont le cube était de 1.200 mètres.

(4) Le Commandant Driant, bien que Député de Nancy au début des hostilités avec l’Allemagne, en 1914, partit néanmoins au front, comme Lieutenant-Colonel, à la tête de deux bataillons de chasseurs à pied et mourut héroïquement, en entraînant ses hommes, au Bois des Caures le 22 Février 1916. Parmi les œuvres du Commandant Driant, on peut citer : « La guerre de demain », « La Guerre souterraine », « Robinsons de l’air », « L’Aviateur du Pacifique » etc...