Guillome Apollinaire "Votre âme est une enfant que je voudrais bercer"

Apollinaire .

Votre âme est une enfant que je voudrais bercer

Votre âme est une enfant que je voudrais bercer

En mes bras trop humains pour porter ce fantôme,

Ce fantôme d'enfant qui pourrait me lasser,

Et je veux vous conter comme un bon Chrysostome

La beaut'e de votre âme apercue à demi

Autant qu'on peut voir une monade, un atome.

Votre âme est dans la paix comme cloître endormi.

Des larrons useront de plus d'un stratagème

Pour ouvrir le portail qui forclot l'ennemi.

Et l'un venant de droite avec la claire gemme

L'offrira de dehors à votre âme en dedans;

Un autre, le sinistre, alors s’écriera: «J'aime!

J'aime la paix des soirs qui sont des occidents,

Dans un cloître aux échos longs comme ma mémoire».

Et contre le heurtoir il brisera ses dents.

Votre âme est un parfum subtil dans une armoire,

Votre âme est un baiser que je n'aurai jamais,

Votre âme est un lac bleu que nul autan ne moire;

Et l'on d'erobera le parfum que j'aimais,

On prendra ce baiser dans un baiser trop tendre,

On boira dans ce lac où l'eau, je le promets,

Sera douce et très fantôme cher à qui saura s’étendre

Au bord du lac et boire comme une fleur d'eau,

Etre au lac de votre âme, homme fleur, ô l'anthandre!

Votre âme est une infante à qui c'est un fardeau

Que porter le brocart de sa robe et sa traîne.

L'infante aux yeux ouverts qui veut faire dodo.

Votre âme est une infante à l'ombre souveraine

Des cyprès à l'instant où les rois vont passer,

Votre âme est une infante et qui deviendra reine,

Votre âme est une enfant que je voudrais bercer.

Поэтический перевод Нина Быкова.

О, дайте укачать мне вашу душу

О, дайте укачать мне вашу душу,

младенческое тело не для этих рук.

И ангела дыханье я мог бы описать

И сказочною колыбелью убаюкать.

Мне вашу душу дайте испытать,

Хоть и невидимую сквозь окошки Рая.

Мне вашу душу можно ли обнять,

Укрыть от похитителей и миновать

Оковы тяжкие и стратагемы.

Тому, кто может колебать ваш дух,

Расстроить созерцанье мирпокоя,

Другой, несчастный выкрикнет: «Любить!

Любить души младенческую прелесть,

Закатов тишину как память белизны»,

Оскалив рык страстей заблеять.

О, дайте мне испить глоток души,

Как поцелуя не почувствовать круженье,

О, дайте мне объять сомненье

В голубизне её воды,

Души муаровой волненье.

Вкусивший перелив её души,

Забудет сладострастье тела,

Покинет бесконечность неба

И взор его потухнет — нет и следа.

Не прикоснется вновь душа

К его власам злотым и платью.

Инфанта, вы — моя душа,

Взгляните, мы — рабы заклятья

Всех верноподданных и королей.

Избавьте, вы — мое проклятье,

мне укачать вас — страх сильней.