2.1 Le mail-artiste et son environnement

Si la première partie a tenté de cerner les principaux aspects du mail-art, il convient à présent de se pencher sur ses principaux acteurs : les mail-artistes.

1. LE MAIL-ARTISTE ET SON ENVIRONNEMENT

À nouveau, divers aspects doivent être abordés. Peter Küstermann (DE) note que « le ‘mail-art’ n’est pas seulement un paradis non commercial pour des penseurs, des bricoleurs, des imprimeurs, des affichistes, des peintres, des ‘designers’, des dissidents, … mais il crée aussi des contacts internationaux et fait que nous nous comprenons mieux l’un l’autre. Et ce qu’il y a de mieux dans ce jeu ouvert à tous : il n’y a que des gagneurs, parce que chaque œuvre est présentée dans l’exposition » [299].

« Qui joue au mail-art ? » [B1] S’il est difficile de répondre à cette question, on peut néanmoins dire que, parmi les mail-artistes, on trouve diverses sortes de gens : « poètes, designers, photographes, typographes, architectes, psychologues, éducateurs, et ceux qui font les 400 coups. La plupart ont fait des études secondaires dans une variété de disciplines traditionnelles (complétées) par une spécialisation actuelle » [300]. On peut compléter en disant que les mail-artistes ont une curiosité marquée pour les langues (ils en parlent souvent plusieurs) et les contacts. Ils ont en eux le désir de comprendre l’autre et celui de créer des amitiés par-delà les distances et les frontières. Ils respectent un consensus tacite à propos de certaines « règles » éthiques : « défense de la communication, des droits de l’homme, respect du milieu, démocratie, liberté, paix, tolérance, … et combattent l’anti-communication, le fascisme, le racisme, le dogmatisme, l’apartheid, l’injustice, … » [B5].

Les mail-artiste montrent également de l’intérêt pour l’informatique et les techniques modernes de transmission.

Le mail-artiste est souvent aussi un critique. Maniaque, il a le désir de classer, d’archiver les documents qu’il reçoit, de répondre chaque jour à tout le courrier – et, lorsqu’il n’y arrive pas, le « mail-art stress » [301] le guette. La masse de courrier représente un gros problème, non seulement en volume [302], mais aussi par le montant important que représentent les frais de port [303].

Le mail-artiste n’a généralement pas un atelier, mais un bureau. C’est là qu’il concentre tout ce dont il a besoin pour ses activités artistiques, e.a. ses cachets, ses archives, ses documents, les livres qu’il aime, etc.. Il y a quelquefois –cause de désespoir– une pile de courrier en retard …

Autre particularité importante qui caractérise les mail-artistes : ils ne font pas de distinctions entre eux sur base de différences de style ou de génération. Par la structure même du mail-art, il n’y a pas cette « usure » qui est le fait de l’art habituel, où on n’a que quelques années pour « réussir » …