2. SUE International Mensuel

SIMPLE ALLER-RETOUR

Bruxelles, septembre.

Il est des nuits où on se sent particulièrement en forme. Pas envie d’aller dormir.

En sortant du Laguna Beach, vers trois heures du matin, Paul était près à partir faire le tour du monde. Il avait l’impression de glisser entre les minutes. Un peu comme si le temps s’était arrêté. Avec ce sentiment de pouvoir le feuilleter, comme on parcourt un livre.

Autant en profiter et avancer de quelques heures le départ pour Paris. Il pourrait toujours s’arrêter en cours de route, si la fatigue le surprenait.

Au bout des kilomètres, cette eau om-ni-présente, cette eau qui tombe et qui gicle de partout –essuie-glaces, vitesse 2– avait cédé la place à l’autoroute simplement détrempée.

Les puissantes lampes au sodium se multipliaient, sans fin, dans les immenses étendues d’eau. Mais, on avait l’impression d’à nouveau respirer.

Après moins d’une heure, les lampes disparaissent. Et c’est la frontière …

Malgré la nuit, un douanier profite de la fraîcheur relative – il doit y avoir dix degrés.

Sans képi, mais légèrement du ventre. Il fait signe à Paul de s’arrêter. Sa voix semble presque musicale dans l’air humide.

Il est calme. Par pressé, plutôt, comme si la nuit était un tout suspendu, un ensemble infini et impalpable, dans lequel se mouvoir prend une force étrange, qui tient à la fois du ralenti cinématographique et de la marche dans l’espace.

Paul ayant également encore quelques heures devant lui, tout va bien.

Il n’y a pas non plus la routine des dialogues, les stéréotypes qui marquent généralement ce genre de non-rencontres.

Le calme prévaut. Rien ne bouge et –forcément- tout semble figé ; les sons mêmes sont ouateux.

Quand chacun s’est rendu compte qu’un petit espace de temps est passé, il n’y a donc plus rien à dire.

Paul peut, tout naturellement, continuer son voyage. La lumière du poste frontière, la voix du douanier et l’image furtive de son collègue assoupi sont déjà loin.

Il ne reste que la nuit …

Paris, septembre 1985

(paru dans SUE International, mensuel n° 6, décembre 1985)

(Isabelle Damotte)

Le hasard fait parfois bien les choses.

Une lettre, il y a quelques mois, nous fait découvrir un groupe rock danois : Poets of the Signature.

En fait, la chanteuse est une Française qui vit à Copenhagen. Isabelle Damotte écrit aussi des textes, comme « Petite fille » ou « Sauvage » que l’on retrouve sur le maxi-45 tours du groupe, ou d’autres que vous pourrez trouvez dans les pages qui suivent.

(introduction à SUE International, mensuel n° 4, juin 1985)

(S. Gustav-Hägglund)

On sait peu de choses de S. Gustav-Hägglund ; à peine l’initiale de son prénom, tout juste son adresse (520 E. 14 st. 29, New York, NY-10009 U.S.A.).

Et pourtant, Gustav-Hägglund est un nom qui revient souvent dans les réseaux « mail-art », à la fois en tant qu’artiste du son (comme en témoignent plusieurs participations à des compilations ou à des radio-art shows) et en tant qu’artiste visuel. Le copy-art (utilisant toutes les possibilités des photocopieurs) est un des domaines où il excelle. Il travaille e.a. sur l’agrandissement à l’extrême, de dessins ou de mots.

Nous lui avons demandé ces quelques témoignages de son activité dans ce domaine, témoignages qui nous montrent certains de ses thèmes favoris.

(introduction à SUE International, mensuel n° 11, juin 1986)