Etude : Comment parler d’idées (syndicales et autres) à des parts de marché ?
Publicité et taux d’audience sont les deux préoccupations majeures des médias aujourd’hui, en Belgique francophone comme ailleurs. Comment, dès lors, s’informer correctement et, si on a des choses à dire, informer les autres ? Une plongée dans les dessous des médias, un monde qu’on croit connaître …
Version 31/5/07 – maj 8/08
COMMENT PARLER D’IDÉES (SYNDICALES OU AUTRES)
À DES PARTS DE MARCHÉ ?
NB : ce texte est suivi d'un 'post-scriptum', reprenant des ajouts et réfléxions postérieures à la rédaction de ce texte, dont vous trouverez l'accès via le lien en dessous de celui-ci.
Avant-propos
L’essentiel du texte qui suit a été rédigé en juin-septembre 2005 et a été mis à jour et complété depuis. La version arrêtée en février 2006 a servi de documentation dans une formation de base du SETCa (Syndicat des employés, techniciens et cadres de la FGTB) consacrée à la communication. Le texte décrit principalement la situation en Belgique francophone (la mal nommée Communauté française –au lieu de francophone- de Belgique), tout en comparant, à un certain nombre d’endroits, cette situation avec ce qui se fait du côté flamand, en France (puisque les télévisions françaises sont regardées en Belgique et que les réseaux de radios français sont aussi majoritairement présents en Belgique ; pour ne pas parler de la presse écrite), ou ailleurs.
Dans sa présentation de départ, ce travail se compose de trois cahiers : le texte ci-dessous en constitue le premier. Un deuxième cahier de documentation, comprenant des coupures de presse, ne sera pas reproduit ici, e.a. pour des raisons de droits d’auteurs. Enfin, le troisième cahier, composé d’un certain nombre d’exemples commentés, illustrant les propos du premier cahier.
Ce genre de travail n’est, on le comprendra aisément, jamais vraiment terminé. Il y a toujours une notion à mieux expliquer, de nouveaux exemples à donner, des références à ajouter. Mais, le but n’est pas là. Il est plein de choses que le citoyen conscient et responsable devrait connaître : il en va des choses de la vie, comme des aspects de la citoyenneté (fonctionnement de la démocratie, justice, gestion des affaires publiques, taxation et financement des dépenses de l’état, …). Malheureusement, le non-dit règne en maître dans ce domaine. On se contente souvent d’affirmer que l’école devrait prendre cela en charge … C’est un peu court !
Le citoyen conscient et responsable a sans doute le devoir de s’informer correctement, pour pouvoir se faire sa propre opinion, pour pouvoir agir ensuite. Certainement lorsqu’il exerce une responsabilité dans la société … p.ex. représenter ses collègues de travail. L’idée de départ de cette étude, est vraiment qu’un bon délégué doit pouvoir s’informer correctement, pour ensuite informer les autres, dans l’entreprise et à l’extérieur. Au sein de l’entreprise, il dispose, en principe, des outils d’analyse des infos internes (dossier de base, problèmes des collègues, …) ; il doit ensuite pouvoir convaincre (à travers discussions, tracts, assemblées générales, …). En dehors de l’entreprise, il lui faut trouver les infos générales et spécifiques (sources d’infos : médias, …) dont il a besoin, préalable à l’analyse et à la mise en perspective, nécessaires avant de témoigner (interviews, communiqués de presse, …).
On trouvera, à la fin de ce volet, une série d’exercices faciles, permettant de se faire une idée de certains aspects des médias.
Guy Stuckens
Août 2006
- Introduction
- Constat
- Cadre historique
- Cadre juridique
- Publicité, taux d’audience et autres considérations
- Conclusions
à table des matières
à exercices
Le texte qui suit n’est pas neutre. Il s’agit d’un texte militant qui défend la liberté d’expression et une presse d’opinion. Il est donc normal d’y trouver une description critique d’un certain nombre de travers de l’évolution de plus en plus marquée des médias vers le commercial.
Il ne s’agit pas d’une étude scientifique, destinée à quelques professionnels des médias, mais d’un travail d’initiation destiné à ceux qui, au départ, n’y connaissent rien ou pas grand chose. On n’y trouvera pas de révélations fracassantes, mais une série d’éléments permettant aux non-initiés de ce faire une idée du fonctionnement des médias et de l’envers du décor … Dans ce sens, il a fallu rester bref sur certains aspects, en tentant d’éviter de verser dans ce qui pourrait paraître caricatural aux yeux des spécialistes.
Deux éléments dominent les médias : la publicité et les taux d’audience. Au delà de la question de savoir quels médias nous désirons avoir (et, par conséquent, de leurs moyens d’existence), se pose celle de l’utilisation que nous pouvons faire des médias tels qu’ils existent.
Là où le but des médias (certainement au niveau audiovisuel) devrait être l’information, la culture et le divertissement (ce qui est d’ailleurs le but officiellement assigné aux médias publics), très curieusement, lorsqu’il en est question dans les milieux professionnels et politiques, on parle peu (ou pas) de contenus ou de but attendus, mais presque exclusivement de leur financement (subsides et publicité). Depuis les années 1980, la publicité a pris une part de plus en plus importante dans l’espace public et dans les médias, avec une influence non négligeable sur les contenus de ceux-ci. Pendant des années, en Communauté française de Belgique, le débat sur les médias, dans les instances officielles (CSAV, …) a tourner autour de questions tels que : combien de publicité peut-on fait (5%, 10% du temps d’antenne ?), peut-on couper un JT ou un film par de la pub et combien de fois ?
Léo Ferré : « Le conditionnel de variété »* :
« Je ne suis qu'un artiste de Variétés et ne peux rien dire qui ne puisse être dit "de variétés", car on pourrait me reprocher de parler de choses qui ne me regardent pas.
Comme si je vous disais (…)
Comme si je vous disais qu'un intellectuel peut descendre dans la rue et vendre le journal **.
Comme si je vous disais que ce journal est un journal qu'on aurait pu interdire.
Comme si je vous disais que le pays qui s'en prend à la liberté de la presse est un pays au bord du gouffre.
Comme si je vous disais que ce journal, qui aurait pu être interdit par ce pays au bord du gouffre, pourrait peut-être s'appeler « la Cause du Peuple ».
Comme si je vous disais que le gouvernement intéressé par ce genre de presse d'opposition pourrait sans doute s'imaginer qu'il n'y a ni cause ni peuple.
Comme si je vous disais que, dans le cas bien improbable où l'on interdirait le journal « la Cause du Peuple », il faudrait l'acheter et le lire.
Comme si je vous disais qu'il faudrait alors en parler à vos amis.
Comme si je vous disais que les amis de vos amis peuvent faire des millions d'amis.
Comme si je vous disais d'aller faire tous ensemble la révolution.
Comme si je vous disais que la révolution c'est peut-être une variété de la politique.
Et je ne vous dis rien qui ne puisse être dit de "variétés" moi qui ne suis qu'un artiste de Variétés … ».
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* sur l’album « La solitude » (1971).
** note : il s’agit de Jean-Paul Sartre, en 1968.
« Le monde des médias est-il totalement ‘nord-américanisé’, modelé par les International Herald Tribune, CNN et autres Wall Street Journal ? Ou constitue-t-il une réalité riche et complexe où se mêlent les Al-Jazira, les blogs citoyens, TV5 et autres Univision ? » (présentation de ‘Et maintenant le monde en bref’ de J.P.Marthoz)
« (J.P.Marthoz) analyse la ‘privatisation de la censure’ … »
« Comparés à d’autres pays, les Etats-Unis sont exceptionnels, voire uniques, par leur absence de restrictions imposées à la liberté d’expression. Ils sont tout aussi exceptionnels par l’étendue et l’efficacité des méthodes employées pour restreindre la liberté de pensée. Les deux phénomènes sont liés. Voilà longtemps que les théoriciens démocrates libéraux ont fait observer que, dans une société où la voix du peuple se fait entendre, il faut veiller à ce qu’elle dise les bonnes choses. » - Noam Chomsky : ‘Pirates et empereurs’ (1986, Fayard 2003 pour l’édition française).
1. PRESSE ET MEDIAS : définitions
Médias, mass médias : Un média – dont le Larousse dit qu’il est l’abréviation de mass média – est avant tout un moyen technique de communication, un outil au service de l’expression. En ce sens, les médias comprennent aussi ordinateurs, satellites de communication, câbles de télédistribution, vidéos, … « Les médias ont en commun de s’adresser chacun et toujours à des publics nombreux, indifférenciés et hétérogènes. Aujourd’hui, de nouveaux médias offrent de nouvelles possibilités. Certains prolongent les médias traditionnels, se bornant à accroître ou à démultiplier leurs capacités (…). D’autres (…) permettent l’établissement de relation à double sens, entre individus ou entre groupes, ou bien avec une banque ou une base de données informatisées. » (GDEL, 1984)
Presse : Le mot – dérivé de la machine homonyme à imprimer - désigne d’abord l’ensemble des journaux et des revues et les journalistes de ceux-ci. Aujourd’hui, le mot a une acceptation plus large : lorsqu’on convoque la presse, qu’on fait un communiqué de presse ou une conférence de presse, on s’adresse aussi aux radios, aux télévisions, aux agences de presse. Certaines entreprises (les AMP en Belgique, Hachette en France) ont un quasi monopole sur la distribution des journaux et revues.
Journal : Terme qui désigne à la fois diverses publications périodiques – et pas exclusivement quotidiennes – , le personnel et les locaux abritant ce journal, mais aussi, par extension, une émission d’information régulière, de nouvelles, tant en radio qu’en télévision.
Est journaliste, toute personne qui fait de l’information : non seulement celle qui « collecte, sélectionne, met en forme et présente des nouvelles d’actualité », ou celle « travaillant dans une entreprise de radio ou de télévision et qui exerce ces activités » (GDEL), mais aussi, plus largement, toute personne s’occupant de l’illustration des articles (photographes, …), du choix de l’illustration sonore, des séquences d’information ...
2. PRESSE D’OPINION.
Historiquement, on assiste à la disparition de la presse d’opinion (malgré l’aide à la presse) et à la dilution du message.
Exemples : La Dernière Heure est passé d’un journal libéral à un ‘journal’ à sensation (suivant le modèle britannique du Sun ou allemand de Bild Zeitung) avec un attrait marqué pour le sport. Idem pour Het Laatste Nieuws.
Le phénomène est universel.
Exemple : Le Nouvel Observateur est devenu une sorte de Paris Match vaguement rose.
3. DECONFITURE DE LA PRESSE DE GAUCHE EN BELGIQUE.
- Après l’incendie de l’hebdomadaire Pour, le projet Média Libre a échoué.
- L’expérience Le Matin (créé pour prendre le relais du Peuple et consorts et utiliser le quota des subsides réservé à la presse de gauche) n’a pas tenu le coup.
- Idem pour la presse démocrate chrétienne (La Cité) et communiste (Le Drapeau Rouge).
- Idem aussi pour la presse de gauche flamande : De Morgen, d’abord sans publicité, passe à la publicité et aux restructurations, puis est repris par le groupe de presse éditeur de Het Laatste Nieuws et du Financiële en Economische Tijd.
4. PRESSE POLITIQUE EN BELGIQUE FRANCOPHONE.
- Il en reste. On peut citer : La Gauche (POS – Troskyste), Solidaire (PTB - …), Alternative libertaire (anarchiste), … ; périodiques qui existent depuis des dizaines d’années, malgré leur faibles moyens (financiers, e.a.)
- On peut y ajouter la presse des groupes de pression : Amnesty international, MSF, Test Achat, Attac, Inter-environnement …
- Et les sites Internet et « webzines » de groupes (ou individus) d’opinion : Aden, …
Mais il faut avouer qu’il s’agit principalement de mensuels et qu’ils ont une diffusion restreinte (1000, 2000 … exemplaires).
Deux exceptions, en Belgique : les périodiques syndicaux Syndicat et Info-CSC (puisque la FGTB et la CSC totalisent près de 3 millions d’affiliés), qui sont les plus gros organes de presse du pays (si on exclu les toutes-boites publicitaires). Outre des infos internes et des infos aux affiliés, ces deux organes sont les seuls à diffuser massivement des infos sur le Tiers-Monde, la solidarité, la démocratie, les problèmes de société, …
5. UN PEU D’HISTOIRE.
La seconde guerre mondiale a entraîné un remaniement complet des médias en Europe. Certains journaux disparaissent lors de l’invasion allemande ; de nouveaux titres voient le jour au lendemain de la libération. Avant la seconde guerre mondiale, les radios privées (Radio Schaerbeek, Radio Hainaut, …) occupent les ondes avec l’INR.
La manière dont l’appareil de propagande nazi utilise les médias, pendant la guerre, entraîne, en réaction, un contrôle et une centralisation des médias, après celle-ci. Une législation assez contraignante est mise en place, pour les différentes formes d’expression : éditeur responsable, dépôt légal, couleur des affiches, … Ceci s’accompagnera d’un fichage de ceux qui ont des « moyens de presse ».
6. LIBERTE D’EXPRESSION EN BELGIQUE : liberté surveillée.
La Constitution belge garanti 4 libertés : presse, enseignement, religion (culte), association.
Par là, elle garanti la liberté d’opinion, ce qui n’est pas la même chose que la liberté d’expression. L’article de la constitution qui garanti la liberté de manifester ses opinions prévient aussi « sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés » (art.19). Ainsi, il est interdit de tenir des propos injurieux à l’encontre du roi, de la famille royale et des chefs d’état de pays amis.
- Dire qu’on est pour la république est déjà considéré comme injure au roi par les membres de son fan-club.
- Pouvait-on dire de Mobutu qu’il était un dictateur ?
A noter que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme garanti, elle, la liberté d’opinion et d’expression (art. 18 et 19).
Quand on parle de ‘presse’ on entend les journaux et périodiques. Radio et télévision sont monopole d’état jusque dans les années 1980. Jusqu’à la même époque, les étudiants en journalisme ne sont formés que pour la presse écrite.
Le principe de la Constitution belge est qu’il ne suffit pas d’avoir une liberté, il faut aussi avoir les moyens de l’exercer. Ainsi, la liberté de la presse est assurée par la subsidiation de la presse d’opinion ; la liberté religieuse a pour conséquence le financement du fonctionnement du culte ; la liberté de l’enseignement entraîne sa gratuité et sa subsidiation …
La Constitution indique aussi que « la censure ne pourra jamais être établie » (art.25). Mais, le pouvoir judiciaire a toujours utilisé d’autres moyens (la répression de délits de droit commun) pour imposer une censure qui ne dit pas son nom. Exemple : l’interdiction, dans les années 1980, d’un répertoire des associations alternatives, car il contenait les adresses de contact d’association pratiquant l’avortement (alors interdit).
L’inexistence de la censure a pour conséquence paradoxale que c’est la police judiciaire qui détermine ce qui est publiable/diffusable ou non !
7. CELUI QUI DETIENT L’INFORMATION DETIENT LE POUVOIR.
Il y a méfiance des dirigeants vis-à-vis des médias démocratiques, ceux qui donnent la parole aux gens, sans contrôle de l’autorité. Le message aux journalistes est clair : ils doivent pratiquer l’autocensure. Pas question de « cuisiner » un politicien, comme cela se fait à la BBC ! Les attachés de presse de certains ministres s’activent à tenter de convaincre les journalistes de ce qu’ils doivent écrire/dire. Ils peuvent accompagner le ministre en déplacement (tout frais payés) et, en retour, on attend évidemment d’eux qu’ils répercutent « la voix de son maître » …
Sous prétexte de respect de l’objectivité, on en arrive à éviter toute polémique. Or, cette objectivité (utopique) apparaît comme la caution morale de la censure et une mise en cause des médias d’opinion : s’attend-t-on qu’un journal chrétien conservateur défende aussi l’avortement, sous prétexte d’objectivité ?
Bien sûr, il y a l’exemple, souvent cité, du rôle de la Radio des Milles Collines dans les massacres du Ruanda. Sans doute y avait-il d’autres mesures à prendre, dans ce cas précis. Plutôt que de parler d’objectivité et d’autocensure, n’est-on pas en droit d’attendre de l’information qu’elle soit sérieuse et honnête ? Les (mauvais) exemples de Timisoara et de l’invasion US du Panama, en 1989, n’ont-ils servi à rien ?
8. LA TELEVISION A CHANGE LA FACON D’INFORMER ET DE S’INFORMER.
Jusqu’au XVIIIème siècle, l’écrit sert essentiellement à la diffusion du savoir. Les monastères et les universités concentrent la connaissance dans leurs bibliothèques.
L’ « information » passe par d’autres canaux : bouche-à-oreille, crieurs publics, prêtres, lettres (pour ceux qui savent lire et écrire).
A partir de la révolution française, les journaux participent au débat d’idée. Mais l’enjeu est aussi démocratique : qui sait lire ?
Au XXème siècle, les journaux sont largement répandus. La radio devient un objet familial. Les nazis comprennent le rôle de propagande qu’on peut lui faire jouer : chaque ménage doit posséder sa radio, ce qui permet au parti de s’adresser directement à chaque individu …
A partir des années 1960, la télévision devient un moyen de diffusion d’information, de culture et de divertissement populaire. Il va modifier les habitudes sociétales : pourquoi aller au cinéma, si on peut voir le film à la télévision (et gratuitement) ? pourquoi sortir de chez-soi après 20 heures ?
Mais, surtout, les informations vont être diffusées différemment en fonction de chaque média.
Exemple : Il est difficile de comprendre ce qu’est l’Intifada à travers un texte ou une photo dans le journal, à travers un reportage à la radio ; mais en 30 secondes de télévision, on a tout compris.
9. DES RADIOS LIBRES AUX RADIOS PRIVEES.
En 1978-81 apparaissent les premières radios libres, comme contre-pouvoir aux radios d’état. Elles sont « locales, sans publicité et sans parti ». Dès qu’elles ne sont plus interdites et pourchassées, les premières radios de format commercial apparaissent. Elles s’inspirent des radios ‘périfériques’ (RTL, Europe, …) du côté francophone, des radios pirates de la mer du Nord (Radio Veronica, Radio Noordzee, …) du côté flamand, et un certain nombre d’entre-elles sont des sous-marins de partis politiques (Radio Contact, Radio Iris, …).
En moins de 20 ans, le paysage radiophonique évolue d’une majorité de radios d’expression à une majorité de radios ‘bruit de fond’ commerciales, généralement relais local d’un réseau français (sauf le réseau Contact, qui est belge). On y rediffuse les programmes (y compris flash infos, météo et pub nationales françaises) concoctés à Paris, tout en laissant la place à quelques ‘fenêtres’ pour l’info et la pub locale … Quelques radios d’expression subsistent en Belgique (Radio Air Libre, Radio Campus, Radio Panik à Bruxelles, RUN à Namur, OSR à Soignies, …). Elles échanges des programmes d’information avec les autres radios de même type dans le monde et accordent beaucoup d’importance aux émissions multiculturelles.
A remarquer : En Amérique du Nord, c’est le phénomène contraire qui s’est passé. Après la seconde guerre mondiale, toutes les radios étaient commerciales. En 1949, est apparue la première radio communautaire, qui donna naissance au réseau Pacifica. Le succès de ce type de radios aidant, un réseau public de radios (National Public Radio) a vu le jour, qui diffuse au niveau national, e.a. des émissions produites par des radios communautaires.
10. TROP D’INFO TUE L’INFO ?
Les médias sont partout. Ma télé m’offre 40-50 chaînes, plus le satellite. Idem en radio. Les magasins de journaux sont pleins de journaux et de revues, généralistes ou spécialisés. Il y a encore les toute-boîtes et les magazines des associations dont je fais partie. Et, bien sur, l’Internet.
S’informer correctement devrait donc être facile. Or, ce qui nous est proposé est plutôt standardisé, homogénéisé, pasteurisé, … La question n’est-elle pas : quelle info et comment y accéder ?
11. MASS-MEDIAS.
Les mass-médias constituent la première source d’information. Mais, leur concentration au sein de groupes multinationaux et multimédias constitue un danger pour la liberté et la diversité de l’information. De plus, la « berlusconisation » des médias (la concentration des médias publics et privés dans les mêmes mains) renforce le phénomène de « pensée unique », tant au niveau de l’info que de la culture.
Les journaux devant être « rentables » (comme éléments d’un groupe multimédias international), le nombre de journalistes est évidemment limité. Il n’y a plus de temps pour du journalisme d’investigation, ni pour se documenter correctement. C’est le règne du « copier-coller » et tous travaillent à partir des mêmes sources (communiqués de presse, communiqués d’agences : Belga, AFP, Reuter, …). Ainsi, à la mort du Roi Léopold III (événement prévisible et qui aurait donc dû permettre la constitution de dossiers ), tous les journaux ont publié à peu près le même article, reprenant l’essentiel du communiqué de presse officiel (dixit Frédéric Antoine, Observatoire du Récit médiatique).
Noam Chomsky : « Nous devons demander quel type d’image du monde ces intellectuels ont créée et pourquoi. Hé bien, ils ont créé l’image d’une masse stupide qui doit être dirigée par des intellectuels intelligents. En fait, ce que nous avons souvent découvert c’est que ces intellectuels, ces classes éduquées, forment la partie la plus endoctrinée, la plus ignorante, la plus stupide de la population. » (Ideology & power, 1987).
12. L’INFO C’EST …
Tout ce qui c’est passé dans le monde et ici. Mais encore : les résultats sportifs, la météo, les résultats du tiercé et du lotto, la bourse, l’info-service (prix de l’essence, …), etc. (cherchez l’erreur) ?
La météo est de l’info tant qu’on ne la sort pas du journal parlé/télé pour l’entourer de pub ! Si, sur certaines télévisions (VRT, RTE, …), la météo est intégrée au journal ou le suit immédiatement, à la RTB-F il faut attendre la fin d’un « tunnel » de +/- 20 minutes (pub, auto-promotion, petites séquences divertissantes, …).
13. LES CONTENUS.
« Aujourd’hui, l’information doit être télégénique. Tout doit être télégénique » constatait G.F.Bernardini, chanteur de I Muvrini (2005).
Les buts des médias peuvent être très divers. La mission de la RTBF tourne autour de trois axes : information, culture, divertissement.
Dans ces trois domaines, des choix très différents peuvent être faits, en fonction du but poursuivi : quel type de société voulons-nous ? quel type de culture(s) ? quel type d’information(s) ? Le but affiché peut être différent du but poursuivi (exemple : radio de divertissement et but commercial, radio multiculturelle et but social et politique). Dans bien des cas, l’info et la culture deviennent un « alibi » présentable à des activités purement mercantiles …
De même qu’« il y a folklore et folklore », la culture et le divertissement recouvrent des choses parfois fort différentes : il y a une grande différence entre un jeu-concours idiot et un jeu-concours intelligent …
Il y a aussi une différence importante entre l’info événementielle et l’info « de fond ». La première, par le « saucissonnage » de faits répartis sur une succession de jours, ne permet pas nécessairement une « lecture » claire, ni d’avoir une vision d’ensemble de ce qui s’est passé. La seconde met les choses en perspective, permet de comprendre, de se faire son opinion.
Certains médias ont tendance à vous dire ce qu’il faut penser des choses. On parle d’ailleurs de plus en plus souvent des médias comme de « faiseurs d’opinion » ! Les autres proposent plusieurs analyses ; le but étant de permettre à chacun de se faire son idée.
Le contenant influence également le contenu : un « flash info » n’est pas comparable à une séquence de magazine où on vous donne les tenants et les aboutissants des événements.
14. PLUS C’EST COURT, PLUS C’EST PRO !
- En matière de journalisme, il y a un mythe qui veut qu’un journaliste qui ne peut traiter un sujet en moins de 30 secondes n’est pas professionnel.
- Ce qui est vraiment considéré comme « pro », c’est un journal parlé de 2 minutes pour dire tout ce qui s’est passé dans le monde, plus les résultats sportifs, la météo, la bourse et le lotto.
- Si, sur les radios commerciales « les auditeurs ne supportent pas plus de 5 minutes d’info » (Pierre Houtmans, Radio Contact), sur les radios non-commerciales qui diffusent des magazines d’information d’une heure, sur un sujet donné, les auditeurs trouvent que ce n’est pas assez. Plusieurs mois après leur diffusion, certains auditeurs peuvent encore faire un résumé des émissions.
15. FAITS ET OPINIONS.
Les médias sont sensés faire ressortir ce qui est important, rendre lisible, compréhensible ce qui nous est proposé. La présentation, l’«emballage », la mise en onde, l’« habillage d’antenne », même la musique ou l’illustration sonore des reportages, ont une influence sur notre assimilation (ou non) de ce qui est communiqué. Des séquences comme « No comment », sur Euronews, nous apprennent peu de choses, par manque de points de repère.
Par contre, les différents acteurs (journalistes, monteurs, présentateurs, …) nous proposent souvent leur vision des choses et des événements. De plus, divers éléments influencent la façon dont nous percevons une information :
- Le choix des extraits d’interview.
- Le choix des images.
Exemple : la « une » de la Dernière Heure, lors de la manifestation à l’occasion du sommet européen de décembre 2001 à Bruxelles, pouvait faire croire que la ville était à feu et à sang, alors que les autorités et la police se félicitaient du bon déroulement de ces journées.
- Le choix des commentaires.
Un film de Chris Marker, montrant les mêmes images avec plusieurs commentaires différents, en est une bonne illustration.
A cela il faut ajouter qu’une manifestation est plus « photogénique » s’il y a de la bagarre, une interview plus « dramatique » si les intervenants ont une cagoule sur le visage, un reportage plus « poignant » si on y voit du sang ou des enfants malheureux. Mais point trop n’en faut, sinon le public ne va plus acheter le journal …
De plus, il faut se rappeler que ce que je dis au journaliste n’est pas nécessairement ce que le journaliste va écrire, ce que le monteur va retenir !
16. SPORT ET CHIENS ECRASES.
Certaines séquences d’un JT ne sont pas de l’information proprement dite, en ce sens qu’elles ne vont rien changer dans le monde et en comparaison à des sujets comme « la faim dans le monde ». Il s’agit plutôt d’anecdotes : accident, fête locale, « carnet rose » (p.ex. mariage princier), « info-service » (p.ex. augmentation du prix de l’essence), …
Le sport fait aussi partie de ces sujets : si on commence un JT par un direct du terrain de football ou un match va avoir lieu dans la soirée, n’y a-t-il vraiment rien de plus important qui se soit passé de la journée ?
Sous le prétexte que « tout le monde aime le sport », le sport est mis en avant sur toutes les chaînes. Prétexte fallacieux, puisque les chaînes spécialisées (genre Eurosport) ne sont pas nécessairement rentables. De plus, il ne s’agit pas de la promotion du « sport-santé », mais bien du spectacle sportif lié à de gros intérêts financiers.
Le sport à la RTBF est aussi un enjeu politique (la rédaction sportive est plutôt libérale, par rapport à la rédaction de l’info). Il fut une époque où la RTBF proposait un JT de 25 minutes dont le premier quart d’heure consacré au football ou au Tour de France. Aujourd’hui, le JT dure environ 40 minutes, dont 30 d’infos diverses et 10 de sport et de culture. Mais, depuis quelques années, le JT de RTL-TVi a plus de spectateurs, son contenu étant plus « populaire » (plus anecdotique et moins explicatif) ; il dure également plus longtemps (ce qui veut dire qu’il empiète sur le début de celui de la RTBF).
Selon le CSAV (en réponse à l’omniprésence du sport, il y a quelques années, dans le JT de la RTBF), une télé généraliste doit proposer un choix équilibré de sujets (infos politique, économique, sociale, culture, sport, …).
17. LE BUT DES MEDIAS, C’EST LA PUB !
On nous fait croire que la pub est (un mal) nécessaire à l’existence des médias, mais c’est le contraire : le but de la plupart des médias n’est pas l’information ou la culture, mais de dégager des bénéfices publicitaires. Ils n’existeraient pas si ce but n’était pas rempli.
« A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est à dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » (Patrick Le Lay, PDG de TF1)
Les responsables des régies de pub estiment qu’il y a encore de la place pour plus de pub dans les médias. Mais, le public demande-t-il de la pub ? Qui regarde les émissions de télé-achat ? La vérité est que beaucoup n’aiment pas la pub, même y sont allergiques : c’est une « niche » pour ceux qui n’en font pas (ou peu).
Sur les médias commerciaux, l’info et la culture sont utilisés comme « alibi », comme « produit d’appel » pour la publicité. De même pour les débats télévisés : un type d’émission facile et peu cher à produire et qui donne une illusion intellectuelle, alors qu’il y a une tendance de plus en plus forte de glisser vers le divertissement. Même glissement pour les émissions d’info : sur certaines télévisions, les présentateurs ne sont pas des journalistes, mais des animateurs ! On a vu apparaître des « journalistes-vedette » à côté des « animateurs-vedette ». Certaines émissions de divertissement ou caritatives réunissent les journalistes et les animateurs de la chaîne. La dernière mode, c’est que les uns rendent visite aux autres et inversement.
En télévision, le son de la pub est diffusée plus fort que celui des émissions (comme ça, si vous vous endormez pendant l’émission, vous serez réveillé par la pub !). C’est une pratique aujourd’hui interdite en Belgique francophone : les pubs sont donc enregistrées et diffusées au maximum, ce qui crée un effet similaire, par rapport à une émission où le niveau du son varie continuellement.
18. L’INFO C’EST LA PUB, LA PUB C’EST L’INFO.
Comme beaucoup de personnes sont allergiques à la publicités, les annonceurs nous trompent parfois sur la marchandise : ça ressemble à de l’info, ça a le « look » de l’info, mais c’est de la pub. Ainsi, les fausses couvertures de votre journal habituel (Metro, …), ou les « publi-reportages » (SNCB dans Metro, Télé-Bruxelles, …), qu’apparemment rien (ou si peu) ne distingue des vrais reportages ...
Dans certains magazines, cette forme de publicité prend des proportions importantes. Ainsi, le magazine américain Fortune, dans son édition de juillet 2005, proposait 8 pages sur l’Irlande et 3 pages sur Malte, comprenant rédactionnel et publicités : en fait 11 pages de publicité, surmontées d’une discrète mention « special advertising section ».
Certains vont même jusqu’à affirmer qu’ils font de l’info lorsqu’ils font de la pub : « Lidl vous informe ». Ou à faire un faux magazine à sensation pour vendre leurs salades … Encore plus fort : ce responsable de radio commerciale qui prétendait faire œuvre sociale, via la pub, car, grâce à celle-ci, les auditeurs peu fortunés pouvaient savoir où acheter des produits moins chers !
Quid si c’est la même personne qui présente les infos, les émissions de divertissement, apparaît dans les pubs et présente les publi-reportages ? Quid si, dans le conseil de maquillage d’un magazine, on utilise les produits de la pub à côté ?
A noter qu’en Communauté française de Belgique, il est interdit de couper les infos et les films (pas les téléfilms et les séries). Tant en radio qu’en télé, les pubs doivent être précédées et suivies d’un indicatif reconnaissable. Mais ceci ne s’applique qu’aux chaînes reconnues en Communauté française (La Une, la Deux, RTL-TVi, Club RTL, Plug-TV, BE1, AB3, AB4, MCM). Le CSAV prend régulièrement des sanctions par rapport à ces chaînes, pour non respect de la législation ou de leurs conditions de reconnaissance. Il s’agit souvent de problèmes liés à la pub.
Exemple : le CSAV a sanctionné Télé-Bruxelles, car le générique du JT indiquait que les présentateurs étaient habillés par …
A noter que RTL a récemment décidé de ne pas demander le renouvellement de sa reconnaissance pour TVi en Communauté française, de façon à ne plus devoir respecter ses obligations (quotas de diffusion, de production propre, …)
19. J’ACHETE UN MAGAZINE DE PUB …
Si on peut comprendre qu’il y ait plus de pub que de rédactionnel dans un toutes-boîtes (puisque son but est publicitaire), c’est difficile à comprendre pour un magazine qu’on achète (parfois cher) en librairie. Or, dans beaucoup de magazines tant pour homme que pour femmes, il y a plus de pub que de rédactionnel. De plus, la pub est sur la page de droite, le rédactionnel perdu sur la page de gauche (entre d’autres pubs).
Vous pouvez même acheter des magazines consacrés à tel modèle de voiture (Citroën, …), magazines réalisés avec l’aide de la marque en question ! Vous contribuez ainsi au budget publicitaire de cette entreprise.
Dans le rédactionnel, quel est la place donnée à l’info, par rapport à l’anecdote ? Quel est la « recette » d’un magazine masculin/féminin ?
20. INFLUENCE DE LA PUB SUR LE CONTENU.
- Influence sur les sujets traités : peut-on imaginer une émission ou un article sur la nourriture végétarienne accompagné de pub pour Coca ou pour Mac Donald ?
- Influence sur le formatage : ce n’est pas le contenu qui dicte la longueur de l’émission, mais l’espace publicitaire qui dicte sa longueur et la durée des séquences au sein de celle-ci : émissions de 25 minutes, « fondu au noir » dans les feuilletons (et de plus en plus dans les reportages : cfr. la diffusion sur des chaînes spécialisées comme Discovery), …
- Même les émissions d’info et les journaux télévisés de certaines chaînes publiques n’y échappent pas (JT de RTE : 25 minutes coupées en deux par de la pub), ce qui ne fait que renforcer la confusion avec les émissions de divertissement.
- Suite à l’intervention du CSAV, la RTBF ne reprend plus Euronews en matinée, car Euronews propose du télé-achat (« téléphonez pour acheter la série de disques … »), ce que la RTBF n’est pas autorisée à faire.
- De plus en plus souvent, la publicité s’introduit au sein des émissions, même des émissions pour enfants (T-shirt ‘Danone’ dans une émission pour enfants, sponsorisée par Danone, sur RTL-TVi), même des émissions d’information (« la minute Rolex » sur Euronews, même le jour de repos du tournoi de golf sponsorisé, comme la séquence, par Rolex). Et que dire de certaines télés commerciales, où on présente comme magazine d’info, une tranche horaire, entrecoupée de pubs, où les mêmes personnes animent infos, météo, horoscope, rubrique cuisine (sponsorisée) ou restaurant (avec promotion du menu spécial de cette semaine), conseil maquillage (sponsorisé), messages personnels (« Un bonjour de Charles à sa mamy »), sans oublier de préciser que la robe de la présentatrice vient de tel magasin et ne coûte que … ?
- C’est l’heure de la pub … et on coupe la parole (automatiquement, c’est programmé dans l’ordinateur de la station) au présentateur radio. Ou la pub Delta Lloyd qui « mange » la reprise du match de tennis.
- Ettore Scola refuse que ces films soient coupés par de la pub (c’est son droit d’auteur). Du coup, il a disparu des catalogue des distributeurs (qui souvent proposent des « paquets » : films, feuilletons, jeux, documentaires et … pub !).
21. TELEVIE : CHARITE OU AUTOPROMOTION ?
Charité bien ordonnée commence par soi-même : Télévie, opération de bonne conscience, est avant tout une opération de promotion pour les firmes qui y participent. Si ces firmes devaient payer leur présence à l’antenne en terme d’espaces publicitaires, cela leur coûterait beaucoup plus ! Et que dire de la séquence sur le Télévie, pendant le JT d’RTL-TVi, en direct du GB de Wavre. ?
CONTENUS : objets d’enjeux insoupçonnés.
22. L’ORDRE DES SEQUENCES DANS UN JP OU JT.
Ce qu’on met en avant, ce qui fait la « une » d’un média, le choix de l’ordre des séquences d’un JP ou d’un JT, la mise en page d’un journal (y compris le choix des caractères et des photos), influencent aussi le contenu de l’information et la façon dont nous allons comprendre l’information.
Exemples :
Le 23/7/2005, deux semaines après les attentats islamistes de Londres (plus de 50 morts) et au lendemain de nouvelles tentatives d’attentats, des attentats sont perpétrés à Charm al Cheik (Egypte). Comparaison entre deux télévisions d’information :
Sky News (9 h .)
- Arrestation d’un suspect dans le cadre des attentats de Londres.
- Tremblement de terre (sans dégats) à Tokyo.
- Attentats à Charm al Cheik, avec au moins 65 morts, dont des touristes.
- Une entreprise chinoise rachète Rover.
- …
Euronews (9 h 30)
- (contrairement à l’habitude : pas de titres).
- Attentats à Charm al Cheik.
- Arrestation d’un suspect à Londres.
- Réactions dans la communauté musulmane à Londres et dans les transports en commun.
- Réaction du Président Bush.
- Explosion d’une voiture à Beyrouth.
- Tremblement de terre à Tokyo.
- Une entreprise chinoise rachète Rover.
- …
23. L’EVENEMENT QUI N’EN EST PAS UN
La navette spatiale explose. Le lendemain, la une des médias annonce qu’on va faire une enquête : ce n’est pas une info, puisqu’il est tout à fait normal de faire une telle enquête. C’est le contraire (ne pas faire d’enquête) qui serait une vraie info, méritant la « une ».
Les « breaking news », avec un « carrousel » d’images (qui sont souvent peu « parlantes ») et la répétition continuelle des mêmes commentaires (pour éventuellement dire qu’on ne sait rien), détournent l’attention de l’information de fond (« pour quoi, comment, … ? »). Exemple : Les attentats du 11/9/2001 à New York.
Autre exemple de non-info : les cotations de la Bourse et l’évolution (quotidienne ou en continu) des indices boursiers. Ces chiffres ne veulent absolument rien dire, même pour les professionnels du secteur (qui eux se branchent sur des agences spécialisées, comme Reuter), car ce qui intéresse les actionnaires et les gestionnaires de fonds, c’est l’évolution à plus long terme.
24. LE MYTHE DE L’INFORMATION IMMEDIATE.
Autre phénomène inquiétant, la volonté affichée d’avertir l’auditeur/le téléspectateur dès qu’il se passe quelque chose. C’est le règne du « flash-info » (on interrompt l’émission en cours pour annoncer que quelque chose s’est passé), du déroulant en bas d’écran et la naissance, il y a quelques années, des chaînes d’info « en continu ».
Le vrai but est d’inciter les auditeurs/téléspectateurs à laisser leur radio et leur télé allumée toute la journée (« restez branché »). Cela s’appelle la fidélisation et sert surtout à gonfler les statistiques des sondages.
Si on analyse le contenu des chaînes d’info « en continu » (en radio : France-Info, BFM, …), on se rend compte que peu d’info est donnée. C’est moins le cas en télé (Euronews, Sky News, …), en tout cas en Europe.
Sur CNN, la répétition des messages d’auto-promotion (« Coming up soon … ») et des interruptions publicitaires, donne un sentiment de frustration (la séquence annoncée dure moins longtemps que la promotion qui en est faite).
Sur les chaînes d’info financières (Bloomberg, CNBC, Canal Z, …) et dans une moindre mesure les autres chaînes (Fox, RTP, …) la multiplication des déroulants et des fenêtres rend l’info « illisible », même sur télé grand écran.
A l’opposé, les télés locales diffusent leur programme en boucle, de façon à ce que les téléspectateurs puissent regarder les émissions au moment qui leur convient. Néanmoins, le contenu informatif est important (Télé-Bruxelles consacre 2/3 de son temps d’antenne à l’info et à la culture), proche des gens et on prend le temps de développer les sujets locaux.
25. UN HABITANT DES ETATS-UNIS VAUT …
- Un prêtre polonais, tué sous le régime de Jaruzelski, vaut 1000 prêtres, religieux et religieuses, tués sous les dictatures militaires d’Amérique latine, en terme de place qui lui est consacrée dans les médias occidentaux (cfr. Thomas Cutsem dans ‘Médiamensonges’).
- 1000 soldats des Etats-Unis tués en Irak reçoivent plus d’attention des médias que 250000 civils irakiens tués dans la même guerre.
La concentration des médias dans les mains de quelques méga-groupes occidentaux renforce ce problème :
Al Jazira (chaîne du Qatar, bâtie sur le modèle de la BBC) est accusée de n’être pas objective, car elle ne reflète pas le point de vue occidental. Le fait que ces méga-groupes occidentaux sont majoritairement anglo-saxons n’arrange rien : ce sont les Etats-Unis qui dictent au monde ce qu’il doit penser et comment il doit penser !
26. LE VENEZUELA EST UNE DICTATURE ?
Au Venezuela, pays membre fondateur de l’OPEP, dont le chef de l’état (démocratiquement élu) est renversé par un coup d’état (orchestré par qui ?), mais remis au pouvoir par le peuple, 90% des médias appartiennent à des groupes de presse internationaux … basés aux Etats-Unis. Le principal d’entre eux est propriété d’un groupe dont un des administrateurs est … Georges Bush (père) ! Ces médias ont organisé une campagne de dénigrement systématique du président et du gouvernement vénézuéliens, e.a. en jouant un rôle majeur dans l’organisation des manifestations anti-Chavez.
Ces médias ont aussi largement soutenu la grève du secteur du pétrole, contre le pouvoir en place, e.a. en présentant un « leader syndical » (en fait, membre d’une organisation non reconnue comme syndicat, au niveau international) comme « chef de l’opposition ». Le président Chavez est présenté comme un dictateur et la chaîne publique de radio-télévision (la seule qui ne donne pas la parole qu’à l’opposition, mais diffuse l’émission « Alo presidente » où les auditeurs peuvent téléphoner et le président répond en direct à leurs questions) comme inféodée à celui-ci et donc non objective.
27. AUDIENCE ET SONDAGES : les faux dieux des médias.
Les meilleurs médias devraient être ceux qui ont le plus de succès. Les sondages devraient nous permettre de voir clair à ce sujet. Mais, les sondages ne sont pas neutres. Ils remplissent la mission définie par celui qui finance l’étude. La lecture des résultats d’un sondage doit donc se faire selon une grille d’analyse critique : qui a financé le sondage ? qui l’a réalisé ? quel était son but ? quel est l’échantillon consulté (quantité, âge, catégorie socio-professionnelle, …) ? quand a eu lieu le sondage ? quelles sont les comparaisons possibles ? …
Or, la composition des grilles horaires subit de plus en plus la dictature de la course à l’audience. Même principe pour les journaux et revues. Il s’agit donc de savoir de quoi on parle et d’en comprendre les travers.
Exemples :
- Quel peut être le résultat d’une émission pour enfants si on sonde les 15-35 ans ou les 18-65 ?
- Arte, TV5 et Euronews n’apparaissent jamais dans les sondages, car on interroge sur les télévisions de Communauté française (RTBF, RTL-TVi, parfois les télés locales, …), éventuellement en comparaison avec les trois principales chaînes françaises (TF1, F2, F3). De même, les chaînes francophones ont des téléspectateurs en Flandre, et inversement, mais cela n’apparaît pas dans les sondages. La RTBF est aussi diffusée sur le câble, dans le Nord de la France. Son JT et d’autres émissions sont reprises sur TV5.
En Belgique, le CIM (Centre d’Information sur les Médias) c’est imposé comme référence dans le milieu professionnel des médias (radios, télés, journaux). Néanmoins, le CIM, comme d’autres instituts de sondages, s’est créé dans un but précis.
28. AUDIENCE ET SONDAGES : télévision
Si on compare RTL-TVi et la RTBF, au niveau des meilleurs scores d’audience hebdomadaire, RTL-TVi sort grand vainqueur, avec 14 émissions classées dans les 20 premières. Le JT de RTL-TVi arrive en tête (654000 téléspectateurs = 16,1 %), celui de la RTBF en 3ème position (466000 = 11,5 %) et le Journal de 13 heures de RTL-TVi en 10 (355000 = 8,7 %). Les feuilletons obtiennent la faveur du public, sur RTL-TVi (‘Lost’ en 2, ‘Les experts-Manhattan’ en 4, ‘Urgences’ en 7, …) comme sur la RTBF (‘Les Cordiers, juge et flic’, 2ème entrée pour la RTBF, en 8ème position !).
(Source : CIM, 1/8 au 7/8/05)
29. AUDIENCE ET SONDAGES : radio
Là où, au Nord, la VRT se taille la part du lion des « parts de marché », en radio, avec ses 5 radios (Radio 2 = 32,66 %, Radio Donna = 19,68 %, Radio 1, Studio Brussel et Klara) dans les 7 premières (les deux autres étant Q-Music, en 3, et 4FM, en 6), les radios privées (Bel-RTL = 21,13 % et Radio Contact = 15,62 %) occupent le haut de classement francophone, la RTBF arrivant en 3 (Vivacité = 13,24 %), en 6 (La Première = 5,68 %) et en 7 (Classic 21 = 4,86 %), entourant Radio Nostalgie (10,74 %) et NRJ (6,90 %).
30. AUDIENCE ET SONDAGES : journaux
Il y a une différence entre tirage, nombre de journaux vendus et nombre de lecteurs. Pour les toutes boîtes, on considère que un journal = un lecteur. La diffusion payante des journaux francophones et germanophone est passée d’un peu moins de 600000 en 1991 à environ 500000 en 2002, en passant par un sommet de plus ou moins 610000 en 1994. Le nombre de lecteur passait de 2120000 en 1990 à 2212000 en 1993/94. Dans le même temps, le total du nombre de lecteurs des quotidiens belges passait de 5627000 à 5679000.
En août 2005, 497410 journaux francophones étaient vendus, contre 956423 journaux néerlandophones.
Au niveau national, le journal francophone qui a les plus fortes ventes (Le Soir) arrive au même niveau que les journaux régionaux flamands les plus vendus (Gazet van Antwerpen, Belang van Limburg). En 1999, le tirage des quotidiens francophones et germanophone était de 679000 exemplaires, sur un total national de 1885000. La diffusion payante de 549000 et 1554000 exemplaires. Le nombre de lecteurs de 1974000 et 5242000 (chiffres de 1998/99), ce qui veut dire que les journaux flamands ont presque deux fois plus de lecteurs que les journaux francophones.
A noter également que les hommes lisent plus les journaux que les femmes, particulièrement du côté francophone (54,1 % - 45,9 %).
(Source : CIM)
31. AUDIENCE ET SONDAGES : une question d’échantillons
Les résultats sont différents en fonction de l’échantillon, ce qui explique la différence entre les résultat obtenus par le service « sondages » de la RTBF et d’autres sondages (CIM, …), la RTBF ayant un échantillon qui lui est plus favorable. Ceci entraîne souvent des disputes entre le CIM et la RTBF.
Certains échantillons sont très limités (moins de 1000 personnes) ; les taux d’erreur (« marge ») sont donc très importants.
Les questions posées influencent également. Les sondages sont souvent quantitatifs (combien de lecteurs, d’auditeurs/jour …), rarement qualitatifs (taux de satisfaction, …). Ce qui favorisent les médias « généralistes » par rapport aux médias spécialisés.
32. AUDIENCE ET SONDAGES : … et de pub !
Deux fois par an, de grandes affiches publicitaires pour des radios apparaissent partout : c’est l’époque du sondage de printemps et d’automne pour les radios. Les résultats du sondage ne sont pas nécessairement les résultats publiés : il faut payer pour que ses résultats soient publiés (le montant demandé est inabordable pour un média indépendant associatif). Exemple : il y a quelques années, Atelier Radio Arlon était la radio de première écoute dans sa région ; elle n’apparaissait pas dans les sondages, la première place étant occupé par Radio Contact Arlon … qui n’émettait plus depuis deux ans !
20 radios qui ont le même nom, autrement dit un réseau émettant sur les principales villes francophones, sont plus facile à faire ressortir d’un sondage que 20 radios qui ont leur propre nom et ne couvrent qu’une seule ville. Les radios associatives d’expression, qui s’adressent à une mosaïque de publics-cible, offrent souvent une grande satisfaction à une juxtaposition de petits groupes de gens.
La satisfaction du public ne ressort absolument pas des sondages, qui sont majoritairement quantitatifs (nombre de personnes qui se sont branchés sur la station, qui se sont branchés pendant au moins 10 minutes, qui se sont branchés au moins 3 fois la semaine dernière, …).
Les sondages qualitatifs, eux, donnent parfois des résultats étonnants.
Exemples : L’émission « Histoires de Bruxelles » (avec le vieux réactionnaire Jo Gérard) et l’émission restaurants de Télé-Bruxelles, avaient un grand succès populaire (au grand dam des responsables de la chaîne). L’émission de philosophie et celle sur le cinéma d’auteur, le dimanche matin, à la RTBF radio, qui, sans promotion ou auto-promotion, ont obtenu un succès tout à fait important.
On revient au vieux débat : regarder ou lire, entendre ou écouter ? Vaut-il mieux être écouté/lu par 100 personnes ou entendu/regardé par 1000 ? Ceux qui prétendent écouter telle radio toute la journée, s’ils l’écoutaient vraiment, se rendraient sans doute compte que c’est inécoutable …
En conclusion, le but d’un sondage n’est pas de dire au public quels sont les médias qui ont le plus de succès, mais ils sont utilisés par la régie publicitaire proche de l’institut de sondage pour dire aux annonceurs potentiels « mettez votre pub dans notre régie, nous travaillons avec les médias qui ont le plus de lecteurs/auditeurs ».
Autrement dit et très concrètement, on ne parle plus de lecteurs, d’auditeurs, de téléspectateurs, mais de « parts de marchés » !
CONCENTRATION DES MEDIAS ET AUTRES CONSIDERATIONS.
33. CONCENTRATION DES MEDIAS ET ENJEU DEMOCRATIQUE.
Cette façon d’utiliser les médias a non seulement des conséquences sur la façon dont l’information est conçue et diffusée, mais elle a aussi des conséquences au niveau culturel. Les moyens techniques utilisés ont, eux aussi, leur influence sur l’information et la culture, qu’on songe à l’emprise de certaines firmes (Microsoft, Sony, …) et les énormes enjeux économiques en matière de matériel (DAB, TVHD, 6:9, …). Bill Gates était une cible culturelle toute désignée pour l’entarteur …
Il s’agit aussi d’un enjeu démocratique : qui a accès à l’Internet à haut débit ? qui peut s’acheter un poste-récepteur DAB ou TVHD ? Même chose pour l’émetteur : qui a les moyens d’acheter et de faire fonctionner les émetteurs nécessaires à ces techniques et le matériel technique nécessaire à la production d’émissions sur ces standards ?
Au niveau musique, la concentration des moyens est de plus en plus importante : fabricants de matériel audiovisuel, producteurs, labels, détenteurs des droits (d’auteur et autres), médias (TV, radio, presse musicale, Internet, …), publicité, distribution, secteur vente (magasins, cinémas, …), appartiennent parfois au même groupe ! Certaines chaînes de radio-télévision ne diffusent plus que des musiques produites par et dont les droits appartiennent au même groupe qu’elles. A la ‘Star Academy’, émission sponsorisée par Mercury (Universal), la plupart des vedettes invitées sont chez Mercury et les lauréats ont droit à un disque … chez Mercury !
Disney fait plus de bénéfices sur le « merchandising » (de la brosse à dent au parc d’attraction, en passant par les vêtements et les Lego) lié à ces films que sur les films mêmes : le film et sa promotion (couverture presse comprise) deviennent un élément de marketing de tous les autres produits ! De même, vous payez (cher) pour aller voir un concert qui est en fait un élément de publicité pour la vente du nouvel album du groupe ou du chanteur …
Dans le domaine du cinéma, on parle du « box office », c’est à dire du montant des recettes générées par le film. Ce qui veut dire qu’un film qui passe dans le circuit des centres culturels aura besoin de dix fois plus de spectateurs payants pour obtenir le même classement que celui qui passe dans un grand complexe (si le prix d’entrée est dans un rapport de un à dix). Quand on sait que certaines grosses productions américaines ont des budgets de promotion pour la Belgique supérieurs au coût de production d’un long métrage belge, on peut se poser des questions sur le réel choix laissé au spectateur …
34. PRIME TIME.
Le « prime time », c’est le meilleur moment de la soirée télé, juste après le JT : Celui où le passage de pub est le plus cher ! Pendant la finale de ‘Star Academy’, le passage de pub coûtait 500000 EUR (à raison d’une quinzaine de spots toutes les 20 minutes …). Toujours sur TF1, le prix maximum d’un spot de 30 secondes, au début ou à la mi-temps du match de football France-Iles Féroé ( !) était de 89000 EUR …
L’organisation de la soirée en dit long sur le but réel de chaque chaîne de télévision. Va-t-on programmer un magazine d’info, un magazine de société, un film, une série télé, un match de foot ou un divertissement ? Va-t-on mettre le JT à 19 heures, suivi de ‘Place royale’ à 19 h 30, pour « capter » les téléspectateurs royalistes de la RTBF ? Si le concurrent propose un film, le lundi soir, va-t-on également mettre un film ? Va-t-on proposer quelque chose d’intéressant si on sait que la plupart va regarder l’émission du concurrent ? TF1 et France 2 proposent tout deux un divertissement musical le samedi soir, à la même heure, éventuellement avec les mêmes vedettes …
Même démarche pour les magazines : que va-t-on mettre en pages 2, 3 et 4 de couverture ? Ce sont les espaces publicitaires les plus chers.
35. LA RTBF ET SES CENTRES REGIONAUX.
Chaque pays propose des solutions différentes en matière d’informations régionales. Après les infos nationales et internationales, la BBC enchaîne avec un décrochage régional : en Belgique on a droit aux infos régionales du Sud-Est de l’Angleterre … France 3, avec son « 19-20 », juxtapose les infos des différentes régions de France, avant de passer aux infos « de votre région » : en Belgique, celles de la région Champagne-Ardennes ou Nord-Pas de Calais (selon l’endroit).
La RTBF divise le travail entre ces centres régionaux (Bruxelles, Namur, Liège, Charleroi, …). Ce qui entraîne quelques curiosités : tel sujet d’info nationale sera illustré par un reportage dans la région de Charleroi, tel autre par un reportage dans la région de Liège, etc., non pas en fonction de l’intérêt local du sujet, mais bien du « à chacun son tour » ! Ceci donne parfois l’impression que la RTBF accorde plus d’importance à ce qui se passe à Esneux ou à Pont-à-Celles qu’aux grands faits qui se sont passés dans le monde. Un sentiment de JT « régional », en quelque sorte.
Autre particularité de la RTBF : la division du temps d’antenne en fonction, non pas de critères d’information, mais sur des critères politiques. Ainsi, on interviewera un politicien de tel parti, si c’est le tour de son parti, même s’il n’a rien à dire sur ce sujet !
36. LES TELEVISIONS LOCALES ET COMMUNAUTAIRES
Nées il y a une vingtaine d’année, les Télévisions locales et communautaires (TVLC) ont comme avantage d’être plus proche des gens, de prendre le temps de parler de sujets (principalement infos et culture) d’intérêt local, et d’être moins soumises à des considérations publicitaires (l’essentiel de leur financement étant des subsides). Le rapport entre le nombre d’heures d’émissions produites et leur budget global est important (en comparaisons avec les télévisions nationales). Elles compensent donc leurs faibles moyens par beaucoup d’inventivité et un ton volontiers décontracté. Le tout étant apprécié par leur public, en terme d’audience.
Le revers de la médaille, c’est qu’elles sont souvent fort dépendantes du pouvoir politique local, e.a. en terme de subsides. Plus elles sont petites, plus elles risquent d’être « la télé du bourgmestre ». Dans une région où la scène politique est dominée par un parti, elles ont des problèmes de pluralisme, leur conseil d’administration étant composé de représentants des partis politique (selon la « grille Dhont »).
Télé-Bruxelles, fondée par des politiques et des associatifs (Ligue des Familles, Inter-Environnement Bruxelles, …), a vu ces derniers évacués de l’assemblée générale et du conseil d’administration, au profit exclusifs des représentants politiques et de ceux d’associations liées aux partis (GSARA, CLARA, …). Juges et parties, on a vu des administrateurs décider de l’utilisation de fonds, en fonction d’une politique qu’ils déterminaient en tant que députés régionaux ou communautaires, ou de subsides qu’ils octroyaient en tant que ministre ! Aujourd’hui, les « élus du peuple » (ministre, député, bourgmestre, échevin, …) et leurs chefs de cabinet, ne peuvent plus faire partie des instances dirigeantes des TVLC. Mais d’autres membres des partis bien.
Ceci peut poser problème aux journalistes, qui ont parfois des difficultés à faire leur travail en toute indépendance. Le même problème s’est posé pour les radios locales, bénéficiant parfois d’un local de la commune. Dans le cas des radios, le recours à la publicité nationale (ou internationale) et l’évolution vers le statut de diffuseur local du programme d’un réseau, ont eu raison de la plupart des « radios de bourgmestre ».
37. VRT-RTBF : MEME COMBAT ?
Tant en radio, avec ses radios commerciales (Radio Donna) et culturelles (Klara), qu’en télévision, avec la Een et Ketnet/Canvas, la VRT tient le haut du pavé en matière d’audience. Ce qui la met dans une position bien plus favorable que la RTBF, dans le Nord du pays.
Pourtant, la création de VTM avait fait perdre 30% d’audience à la télé publique flamande. Mais, dès le milieu des années 90, des mesures sont prises (au niveau légal comme au niveau financement), pour assurer la pérennité de la VRT … tout en n’ayant pas recours à la publicité commerciale en télé. Son contrat de gestion lui impose une moyenne quotidienne de 1500000 de téléspectateurs. « Dès le moment où on s’interdit de faire de la télépoubelle, nous visons plus de trois quarts du public flamand », déclare son administrateur-délégué Tony Mary, avant d’ajouter « Au-dessous de 600000 spectateurs en prime time sur Een et de 250000 sur Canvas, les deniers publics sont mal utilisés » (in L’Echo, 18-20/6/05).
La VRT subit moins la concurrence des chaînes néerlandaises que la RTBF de ses consœurs françaises. Mais, elle a aussi moins l’occasion de valoriser ses productions sur d’autres chaînes (comme la RTBF avec TV5, p.ex.).
38. PARRAINAGE.
Quelle est la différence entre parrainage et publicité ? Elle est tellement subtile que l’auditeur/le téléspectateur ne la remarque pas : certaines émissions sont produites avec l’aide (financière) d’une firme ou d’un parastatal. La RTBF a eu recours au parrainage à l’époque où elle n’avait pas le droit de faire de la publicité. Depuis, les deux cohabitent sur ces ondes. Dans les années 90, à la RTBF et à Télé-Bruxelles, les réalisateurs ne devaient pas proposer une nouvelle émission à la direction sans apporter également les moyens financiers nécessaires pour la réalisé ; d’où le recours fréquent au parrainage (Lotto, …).
Championne de cette technique : Euronews, qui, sous le couvert d’une télévision d’info en continu, assure une présence publicitaire de plus en plus marquée via la parrainage de plusieurs séquences (« La météo vous est présentée par … », idem pour Economie, Markets et certaines séquences sportives) et ce en plus de publicités présentées comme telles. Lorsqu’on nous dit que telle séquence « vous est offerte par … », il faut se rappeler que c’est nous qui l’avons payée via la consommation.
39. EMISSIONS CONCEDEES.
Il s’agit d’émissions, diffusées sur une radio ou télé (publique ou privé), mais dont la responsabilité éditoriale n’est pas portée par celle-ci. En Belgique, il s’agit principalement des émissions religieuses (RTCB, …) et de la morale laïque, des émissions des partis politiques et des syndicats. Il y a aussi Vox (émission de l’armée). Pendant un certain temps, RTL-TVi a diffusé, après ses émissions, une émission religieuse réalisé par un groupe américain (« preachers »).
Les trois chaînes de télé publiques des Pays-Bas fonctionnent sur une autre base : toutes les émissions sont produites par des groupes (NOS, AVRO, …) et la répartition du temps d’antenne de chacun d’eux se fait selon des critères d’ordre religieux, politiques, … C’est une autre façon de garantir le pluralisme.
Sur les trois chaînes généralistes françaises, beaucoup d’émissions à succès sont produites par des maisons de production indépendantes de la chaîne. C’est particulièrement vrai pour les émissions de divertissement : Michel Drucker, Patrick Sébastien, Nagui, ont tous leur maison de production.
En Belgique, que dire d’un ministre qui commande, à une télé locale dont ce ministre (ou son représentant) est administrateur, une série de spots d’information publique, payée sur le budget du ministère, et qui sera diffusée sur cette télé, et qui ensuite se fait interviewer par la même télé ? Quelle est l’indépendance pour le journaliste qui l’interviewe et pour la rédaction ?
40. LES GROUPES DE PRESSE ET LEUR(S) TENDANCE(S) POLITIQUE(S)
A côté des médias publics, les groupes de presse se sont développés sur un modèle de société commerciale. Ils ont souvent une tendance politique. Mais, un groupe de presse de telle tendance peut très bien avoir, en son sein, un organe d’une autre tendance (cfr. De Morgen). Au départ groupes familiaux, la plupart des groupes de presse ont dû ouvrir leur capital à des groupes multimédias internationaux. Exemple : le groupe Rossel (‘Le Soir’, …) s’est ouvert au groupe français Hersant, avant de prendre le contrôle du groupe français ‘La Voix du Nord’.
L’Echo (Persgroep/Rossel) : 18596 exemplaires vendus.
De Tijd (idem) : 37516 exemplaires.
Le Soir (Rossel) : 101765 exemplaires.
Le groupe Sud Presse (Rossel)
La Dernière Heure/Les Sports (IPM)
La Libre Belgique (IPM) : 47208 exemplaires.
Les éditions de l’Avenir (VUM/Mediabel)
Het Volk (VUM)
(source : CIM, 8/2005)
En radio, les montages financiers et les tendances politiques sont encore plus difficiles à suivre. Ainsi, Nostalgie est détenue à 51% par Mediabel et 49% par Nostalgie France (filiale de NRJ) et un réseau français « socialiste » peut très bien devenir « social chrétien » en Belgique.
RCF (le réseau de Radios catholiques françaises) est pris en relais, à Bruxelles, par RCF (Radio catholique francophone). Par contre, Radio Al Manar (= le phare), dont le président Ahmed Bouda ne cache pas son affiliation au PS bruxellois, n’a rien a voir avec la radio et télévision Al Manar du Hesbola libanais, dont la diffusion en France a été interdite par le CSA français.
BFM, radio d’infos économiques fondée dans l’entourage de Radio Contact, fait aujourd’hui partie du réseau français BFM, dont elle importe l’essentiel de son temps d’antenne.
Quant à Radio Contact, pas de mystère, elle a été fondée par Pierre Houtmans (membre du bureau du PRL) et Freddy Neyts (le mari de Annemie, VLD) …
Il y a concurrence politique et commerciale entre médias, aussi au sein de la même « famille » politique : le réseau Bel-RTL (ex-Rossel FM) est en concurrence avec le réseau Radio Contact. Si au niveau de l’attribution des fréquences (gros enjeu politique et commercial), on peut comprendre qu’il y ait un certain équilibre entre tendances politiques, dans le cadre d’un « paysage radiophonique diversifié » et en sachant que le nombre de fréquences disponible est forcément limité, quel place reste-t-il pour les « non-alignés », si chaque « famille » politique revendique une fréquence pour chacune des tendances en son sein, dans chaque grande ville du pays ? Quand on sait, en plus, que la plupart des membres et experts du CSAV ont une étiquette politique …
On peut aussi s’étonner du fait que le PS mette en avant le « modèle » Radio Ciel (la plus grosse radio commerciale de Liège) au détriment de radio plus associatives, nées dans le giron du GSARA …
41. ORGANES DE REGULATION
A l’image de ce qui s’est fait en France, la Communauté française s’est doté d’un organe de régulation de l’audiovisuel. Mais il n’existe pas de tel organe au niveau international (alors qu’existe la directive européenne « télévision sans frontière »). Le CSAV a mission d’avis au ministre, de décision et de sanction.
Son périodique, Régulation, rend compte de ses activités et développe un certain nombre de sujet de fond. P.ex. : sens ou non-sens de l’interdiction de la publicité autour des programmes pour enfants, diffusion d’œuvres européennes sur les télévisions de la Communauté française, et des considérations sur les contenus. A côté de cela, un aperçu des autorisations données, des contrôles effectués, des avertissements et sanctions infligées à divers acteurs des médias audiovisuels qui n’ont pas respecté la législation (e.a. au niveau du signalement de la publicité) ou leur cahier des charges …
Si, en Belgique, en France et dans d’autres pays européens, des organes de régulation jouent au « gendarme des ondes » et protègent ainsi le public de certaines dérives, nos pays subissent néanmoins l’influence inéluctable d’autres pays où « tous les coups sont permis ».
Au niveau européen, la directive « télévision sans frontière » règle un certain nombre de choses, comme l’obligation de diffusion des chaînes publiques et les quotas maximum de pub (12 minutes par heure, soit 20% du temps d’antenne !). Mais, sa révision, fin 2005, élargit les possibilités publicitaires (fin des 20 minutes entre deux séquences de pub). L’inclusion d’objets de marques, à des fins publicitaires, dans les films et les séries télé –pratique largement utilisée aux Etats-Unis (la voiture de James Bond, …)- est dorénavant également autorisée dans les productions européennes, ce qui a au moins le mérite de mettre fin à une forme d’hypocrisie …
42. AUDITEURS ET TELESPECTATEURS ACTIFS.
Très curieusement, les associations d’auditeurs et de téléspectateurs sont quasi inexistantes. Aucun représentant d’une telle « association de consommateurs » de médias n’est présent au sein du Conseil supérieur de l’audiovisuel, au contraire de représentants de régies publicitaires …
Néanmoins, les usagés des médias peuvent se faire entendre auprès du CSAV, du JEP, et bien sûr s’adresser directement auprès de la direction du média qui leur pose problème.
Pendant une dizaine d’année, à partir de 1994, Bernard Hennebert (ancien journaliste et ancien responsable de Diffusion alternative) et ses amis de l’Association des Téléspectateurs actifs (ATA) n’ont cessé d’interpeller les responsables de médias audiovisuels sur les pratiques douteuses de ceux-ci : faux directs, fausses interviews, émissions de jeu truquées, publicité intégrées dans les émissions, … Le fait de porter ces faits, souvent ignorés du public, sur la place publique a porté des résultats. Aujourd’hui, des associations de consommateurs, comme le CRIOC, ont pris le relais, e.a. en insistant sur la nécessaire éducation à la consommation et aux médias.
43. INTERNET & C°.
L’évolution des moyens informatiques (ordinateurs, ADSL, …) est telle que, sans qu’on s’en rende compte, notre façon de nous informer est en train de changer plus qu’il y a quelques années avec la télévision. Tout est disponible, quelque part dans le monde … du moins en apparence. A condition d’avoir un ordinateur, le téléphone et de l’électricité (ce qui est peu le cas dans le Tiers-Monde) ; à condition d’avoir les moyens intellectuels d’utiliser l’Internet à bon escient … Le monde selon Google cache peut-être le vrai monde ?
Même chez nous, à l’école primaire, on commence à ressentir la fracture sociale entre les enfants dont les parents ont un ordinateur et une connexion à la maison et les autres. Ce problème est largement ignoré ou sous-évalué. Il y a toujours eu ceux qui ont des livres à la maison ou qui vont à la bibliothèque et les autres. Mais, ici, on se trouve devant un phénomène sans commune mesure avec ce qu’on a connu précédemment : il y a ceux qui ont accès à toutes les bibliothèques du monde … et les autres. Et ce ne sont pas les quelques heures, où ceux qui ne sont pas équipés à la maison peuvent mettre leurs doigts sur l’ordinateur de l’école, qui vont régler le problème ! Ni les mesures fiscales, dont les principaux intéressés ignorent en général l’existence.
On se trouve là devant un problème de société au niveau de la planète : tant au niveau Nord-Sud que Nord-Nord. En fonction du monde que nous voulons, dont nous rêvons, nous devons régler les problèmes d’information !
44. CONCLUSION.
Le constat est accablant : le but des mass-médias n’est pas de nous informer, mais d’imposer, à toute la planète, un modèle commercial de société, soumis au pouvoir économique, à la suprématie technologique, générant un maximum de profit, au mépris de valeurs comme la liberté. Le fossé entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas est de plus en plus grand. Celui qui veut s’informer correctement ne peut donc se contenter de ce qu’on lui propose : il doit chercher ses propres circuits d’informations, trouver ses propres moyens d’analyse, avoir toujours un esprit critique.
« Le meilleur moyen, pour un Belge, de savoir ce qui se passe au Nicaragua, c’est d’entendre un paysan du Nicaragua parler de ses problèmes quotidiens » (Olivier Pirotte, ex-coopérant et journaliste). Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies de l’information, une telle information est disponible. Mais, c’est à nous d’aller vers elle … et d’en faire profiter un maximum de gens autour de nous. C’est un travail de militant indispensable pour assurer la survie d’une société démocratique.
45. ADRESSES UTILES.
Conseil supérieur de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique (CSAV) :
Rue Jean Chapelié 35, 1050 Bruxelles
Tél. 02 349 58 80 – Fax. 02 349 58 97 – www.csa.be - info@csa.be
à l’abonnement au magazine gratuit ‘Régulation’ peut être demandé à ces adresses.
Jury d’Ethique publicitaire (JEP) :
Av. Louise 120, bte 5, 1050 Bruxelles
Tél. 02 502 70 70 – Fax. 02 502 77 33 – info@jepbelgium.be
- se définit comme « organe d’autodiscipline du secteur de la publicité »
- comme le signale Résistance à l’Agression publicitaire – Belgique (www.antipub.be), le JEP est juge et partie. En cas de problème, il vaut mieux porter plainte à l’Administration de l’Inspection économique (Menu : Protection du Consommateur > Comment porter plainte).
Association générale des Journalistes professionnels de Belgique (AGJPB) :
Résidence Palace Center – bloc C
Local 2240
Rue de la Loi 155, 1040 Bruxelles
Tél. 02 235 22 60 – Fax. 02 235 22 72 – www.agjpb.be - agjpb@agjpb.be
Association des Journalistes professionnels (AJP) : branche francophone de l’AGJPB
(même adresse que l’AGJPB) – www.ajp.be - ajp@ajp.be
Observatoire du Récit médiatique (ORM) :
Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) :
Paepsem Business Park, Bd Paepsem 20, 1070 Bruxelles
Tél. 02 547 06 11 – www.oivo-crioc.org - crioc-oivo@oivo-crioc.org
Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) :
Tour Mirabeau, 39-43 quai André-Citoën, FR-75739 Paris Cedex 15, France
Conçu au départ comme un outil au service du pouvoir en place, le CSA français, devenu organe de régulation, a servi de modèle à son petit frère belge francophone.
46. SOURCES D’INFOS ET REFERENCES.
Sites intéressants :
Il vaut mieux chercher l’information à la source, plutôt que de se baser sur des informations filtrées ou fortement concentrées. De nombreuses organisations, associations, entreprises et médias, publient leurs informations et leurs communiqués de presse sur leur site internet. Ceci qui permet de trouver de solides chemins de traverses par rapport aux « autoroutes de l’information » !
RTBF : www.rtbf.be
BBC : www.bbc.co.uk
Euronews : www.euronews.net
Les sites des télévisions permettent souvent de (re)voir le JT du jour et de lire le texte des JT et JP, ce qui est parfois bien utile.
Beaucoup de radios, mêmes de type associatives, émettent aussi « en ligne », via internet, ce qui permet de suivre ce qui se passe à Montréal … ou au Pérou. Plus d’info sur le site de l’Association mondiale des radios communautaires : www.amarc.org
Indymedia : www.indymedia.be ou www.indymedia.org ou www.paris.indymedia.org etc.
Réseau international d’info alternative (texte, son et image), très utile pour ceux qui veulent suivre l’actualité sociale et les activités du mouvement alter-mondialiste.
Monde diplomatique : www.monde-diplomatique.fr
Infos sous forme de dossier, sur des sujets divers. Comprend aussi une cartographie.
Union européenne : www.europa.eu.int/europedirect ou tél. gratuit 0800 6 7 8 9 10 11.
Le site de l’UE a pour objectif de répondre à toutes les questions des citoyens européens.
Organisation des Nations unies : www.un.org/french/
Sur son site, l’ONU propose une radio en ligne, des informations écrites et aussi la retransmission des conférences de presse : www.un.org/french/audiovis/index.html
L’émission TV de Arte ‘Le dessous des cartes’ et son site internet.
Livres et publications :
Sous la direction de G. de Selys : Médiamensonges (EPO, 1990).
D.Sinardet-K.De Swert-R.Dandoy : Les sujets des journaux télévisés francophones et flamands (Courrier hebdomadaire du CRISP/1864, 2004).
Hugues Le Paige : Télévision publique contre World Company (2001).
Jean-François Bachelet : Médias, médiocratie et extrême-droite (in Aide-mémoire/31, fév-mars 2005).
Sous la direction de M.S.Frère : Afrique centrale, médias et conflits. Vecteurs de guerre ou acteurs de paix (GRIP).
Bernard Hennebert : La RTBF est aussi la nôtre (Ed. Aden, 2005).
Bernard Hennebert : Mode d’emploi pour téléspectateurs actifs (Ed. Labor, 2003).
Yves Thiran : Sexe, mensonges et Internet : réseau et transparence (Ed. Labor)
Politique-spectacle et télévision : en Communauté française aussi ?, n° hors série de Régulation (bulletin d’information du CSAV), printemps 2006.
Jean-Paul Marthoz : Et maintenant, le monde en bref. Les médias et le nouveau désordre mondial – Les journalistes : témoins mais aussi acteurs (GRIP/Ed. Complexe, 5/2006)
Les revues Enjeux internationaux, Courrier international, Les nouvelles du GRIP, …
… et leurs sites internet.
Constitution belge (1994) : Titre II
E.Wauthy, P.Duchesne, P.Rouard : Droit constitutionnel (La Procure, 1972) : Leçon IV
Ligue des Droits de l’Homme : Mode d’emploi à l’usage du citoyen normal, qui croit aux droits de l’homme et vote le dimanche matin (comprenant la Déclaration universelle des Droits de l’Homme)
Edition 22 Mars : 22 ! v’là les flics : Je veux publier un tract, une brochure, un journal, une affiche …
Guy Stuckens
(2006)
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Connaître les médias
1. Presse et médias
2. Presse d’opinion
3. Déconfiture de la presse de gauche en Belgique
4. Presse politique en Belgique francophone
5. Un peu d’histoire
6. Liberté d’expression en Belgique
7. Celui qui détient l’information détient le pouvoir
8. La télévision a changé la façon d’informer et de s’informer
9. Des radios libres aux radios privées
10. Trop d’info tue l’info ?
11. Mass-médias
12. L’info c’est …
13. Les contenus
14. Plus c’est court, plus c’est pro !
15. Faits et opinions
16. Sport et chiens écrasés
Médias et pub, même combat !
17. Le but des médias, c’est la pub !
18. L’info c’est la pub, la pub c’est l’info
19. J’achete un magazine de pub
20. Influence de la pub sur le contenu
21. Télévie : charité ou autopromotion ?
Contenus : enjeux insoupçonnés
22. L’ordre des séquences dans un JP ou JT
23. L’événement qui n’en est pas un
24. Le mythe de l’information immédiate
25. Un habitant des Etats-Unis vaut …
26. Le Venezuela est une dictature ?
Audiences et sondages : les véritables enjeux ?
27. Les faux dieux des médias
28. Télévision
29. Radio
30. Journaux
31. Une question d’échantillons
32. … et de pub !
Concentration des médias et autres considérations
33. Enjeu démocratique
34. Prime time
35. La RTBF et ses centres régionaux
36. Les télévisions locales
37. VRT-RTBF : même combat ?
38. Parrainage
39. Emissions concédées
40. Les groupes de presse et leurs tendances politiques
41. Organes de régulation
Et finalement
42. Auditeurs et téléspectateurs actifs
43. Internet & C°
44. Conclusion
45. Adresses utiles
46. Sources d’infos et références
EXERCICES
Point 1
Exercice : Faites un palmarès des émissions télé les plus nulles. Faites la même chose avec les émissions les plus intéressantes. Justifiez vos choix.
Point 13
Exercices :
- Minutage d’un JT.
- Minutage d’un JP de 2-3 minutes : quels sujets sont abordés ? quel est le pourcentage du temps total consacré à chaque sujet ? quel est l’ordre des séquences ? qu’est-ce qui est mis en avant ?
- Les « unes » des journaux : contenu, mise en page, illustration, pub … ?
Point 16
Exercices :
- Quelle est la place du sport dans un JT (un JP), en % du temps total ?
- A quel endroit est-il placé (début, fin, …) ?
- Idem pour ce qui est anecdotique (« il fait chaud, il fait froid, …).
Point 19
Exercices :
- repérer la proportion de pages « people », mode, santé/beauté, psychologie/sexologie, maison/jardin, cuisine/tricot, jeux, astrologie, …
- quelle est la place de la « une de couverture » à l’intérieur du magazine ?
Point 22
Exercices :
- A partir de fiches reprenant les principaux événements (du jour), préparer un JT (ou JP), en mettant l’accent sur l’ordre des séquences : info nationale, info internationale, politique, sociale, culturelle, …
- A partir des journaux du jour, préparer une revue de presse : qu’est-ce que chaque journal dit et ne dit pas des principaux événements ?
Point 23
Exercices :
- Repérer, dans un JT ou un JP, ce qui est information, ce qui n’en est pas ; ce qui est fait, commentaire et opinion ; ce qui est anecdote ; etc.
- Repérer, dans un JT ou un JP, ce qui est vraiment nouveau par rapport à l’édition précédente (une heure plus tôt, deux heures plus tôt, …)
Point 25
Exercice : Repérer, dans un JT ou un JP, l’importance relative des événements rapportés, au point de vue national et au point de vue international.
Point 34
Exercice : Sur base du programme publié dans un journal, comment s’organise une soirée (18-24 heures) sur diverses télés ?