Plus de 30 ans de radios libres en Belgique

Il a fallu attendre près de 30 ans avant qu'un plan de fréquences, digne de ce nom, voie le jour en Belgique. Comme toujours, il aurait d'abord fallu pouvoir résoudre un problème insoluble : comment arrêter les ondes radiophoniques aux frontières linguistiques ? C'est impossible, évidement, mais ça aurait bien aidé la Communauté française et la Vlaamse Gemeenschap ... Mais, même au pays du surréalisme réel, tout fini par arrivé. Le plan de fréquences bouclé, les appels d'offre pouvaient être lançés, une procédure prévue quelques semaines après la publication du décret de 1997 ... et attendue en vain.

Les dossiers rentrés, encore fallait-il faire le tri et départager les nombreux amateurs (professionnels) pour certaines fréquences et réseaux de fréquences. Allez, disons-le sans détour : la ministre Fadila Lanaan peut mettre ces deux plumes à son chapeau : passer à travers le plan de fréquences et la procédure d'attribution de celles-ci, le tout en une législature : chapeau (avec les plumes) ! Enfin un peu de calme et de sécurité d'avenir dans le secteur.

Le temps de mettre tout ça en place, on était plus de 30 ans après les premiers gazouillis de Radio Couvin. Le temps d'un nouveau bilan décenal ...

Radioactivities

En 2010, Sophie Auby et d’autres animateurs de radios libres bruxelloises ont lancé le festival Radioactivities, qui s’est déclinée de plusieurs façon : émissions spéciales, exposition, débats, projections de films à la Cinematek et au cinéma Nova, … Plus le site www.radioactivities.be.

Retour sur l’aventure des radios libres

Extrait de l’article de Jean-François Munster dans le journal Le Soir, 20-21/11/2010 (basé sur une interview de Sophie Auby et de Guy Stuckens) :

(…) Le mouvement des radios libres a démarré en Italie dans le milieu des années 70 et s’est étendu à toute l’Europe. Il est avant tout militant, même s’il y avait aussi des radios libres purement musicales. Ces radios d’expression puisent leur racine dans les grands mouvements de contestation populaire de l’époque. Animées bénévolement, elles défendent des causes écologistes, pacifistes, féministes, estudiantines, antiracistes … La première radio libre belge est apparue en 1978 à Couvin. Elle militait contre la construction d’un barrage sur l’eau noire. « Au début, ces radios n’émettaient que quelques heures par semaine, et puis les diffusions se sont faites plus régulières » explique Guy Stuckens, animateur à Radio Air Libre.

(…) Il existe des tonnes d’anecdotes sur la façon dont animateurs et policiers jouaient au chat et à la souris. « Pour être sûrs de ne pas se faire prendre, se souvient Guy Stuckens, certains montaient sur le toit des bâtiments de l’ULB avec l’émetteur dans un sac à dos. Comme la police devait d’abord demander l’autorisation au recteur avant de monter, ils avaient le temps de disparaître ».

Lasses de cette guéguerre, les radios libres vont se coaliser via l’ALO (association pour la libération des ondes) pour demander une reconnaissance officielle. Elles l’obtiennent. Dès 1983-1984, le droit de diffuser sur les ondes leur est reconnu. Mais une autre guerre commence, cette fois entre radios libres. Certaines comme Radio Contact par exemple optent pour un modèle résolument populaire et commercial, grâce à la pub qui a été entre-temps autorisée. Elles commencent à gagner beaucoup d’argent et à se regrouper en réseaux.Les petites radios militantes, farouchement indépendantes, peinent à se faire entendre car leurs fréquences sont parasitées par les puissants émetteurs de ces nouveaux joueurs. Leur nombre ne cessera de diminuer.Il faudra attendre 2008 et l’adoption du plan de fréquence pour qu’enfin les radios libres obtiennent une place sur la bande FM. Il en reste aujourd’hui treize dans l’espace francophone. Deux en Flandre. Elles se sont réunies dans une nouvelle association, le Craxx, qui défend leurs intérêts. Car déjà de nouvelles menaces se précisent. Le passage au numérique par exemple. « Nous n’aurons jamais les moyens financiers nécessaires, prévient Guy Stuckens. Si la Communauté française est attachée à la diversité des ondes, il faudra qu’elle y aille de sa poche ».

« On a besoin des radios libres pour lutter contre l’homogénéisation des discours à la radio, insiste de son côté Sophie Auby, animatrice chez Radio Panik. Sur nos ondes, nous donnons la parole à ceux qui ne l’ont pas dans les médias dominants. Nous passons des artistes qui ne sont pas diffusés ailleurs. Nous avons une vraie liberté d’expression. Ce festival, c’est aussi une manière de fédérer les radios libres en vue des combats à venir ».

http://archives.lesoir.be/medias-il-y-a-trente-ans-elles-defiaient-la-police-_t-20101120-014X27.html

http://www.radioactivities.be/-BNA-BBOT-