7. Hergé

Autre Bruxellois célèbre : Hergé. A-t-on tout dit, écrit sur Hergé et son oeuvre ?

Voici une vision personnelle sur l'auteur de Tintin et Milou, Quick et Flupke et Jo, Zette et Joko.

HERGE, BOY-SCOUT A BRUXELLES

Ils sont nombreux les livres consacrés à l’exégèse des « aventures de Tintin » et à leur auteur Georges Rémi, dit Hergé. Chaque recoin de son œuvre a été exploré, en tout cas en ce qui concerne les « Tintin », où les moindres variations entre les versions successives ont été répertoriées et analysées. Les sentiments, et jusqu’aux opinions politiques supposées d’Hergé, ont été décortiqués, discutés et critiqués. Même les fameux jurons (ou pseudo jurons) du capitaine Haddock ont été compilés et expliqués1.

L’appartenance bruxelloise d’Hergé, l’ancrage bruxellois de Tintin, la belgitude du héros et de son auteur ont été soulignés dans plusieurs ouvrages. De même, les langues inventées par Hergé – principalement l’arumbaya et le syldavo-bordure – à partir du bruxellois flamand et, dans une moindre mesure, du wallon, ont fait l’objet d’un décorticage et d’une traduction en règle. Deux ouvrages font autorité dans ce domaine :

- ‘Dossier Tintin, sources, versions, thèmes, structures’ de Frédéric Soumois (Ed. Jacques Antoine, 1987)

- ‘Tintin, ketje de Bruxelles’ de Daniel Justens et Alain Préaux (Ed. Casterman, 2004).

Même si certaines traductions de ce dernier peuvent sembler approximatives et les procédés utilisés pour la traduction avoir un côté ésotérique, tout est dit1bis. Et si les remaniement successifs des albums par Hergé ont été synonyme de gommage du côté belgicain (dans le but commercial avoué d’un plus grand universalisme), il reste suffisamment d’éléments qui fonctionnent comme un clin d’œil au lecteur belge et plus particulièrement bruxellois.

Une espèce en voie de disparition.

Mais, il faut bien avouer que ce public averti et ciblé a tendance à se réduire. D’une part, seuls les passionnés achètent les rééditions des premiers albums. Là où les références locales sont les plus nombreuses, tant au niveau linguistique que géographique : l’image de la gare du Nord, démolie dans les années 50, n’est plus parlante au public actuel – alors qu’elle était une référence forte pour le lecteur de la dernière page de « Tintin au pays des Soviets », dans les années 30.

D’autre part, la réalité linguistique de la Belgique a fortement changé, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. A Bruxelles, où on considère qu’il y a, aujourd’hui, environ 10% de néerlandophones, la population de primo-locuteurs bruxellois flamand a dramatiquement chuté, alors que, dans le même temps, son âge moyen a augmenté de façon tout aussi dramatique. Peu de primo-locuteurs ont moins de 70 ans ! Depuis les années 60, en effet, les Flamands de Bruxelles parlent le néerlandais et non plus le bruxellois2. Dans le même temps, rares sont les Bruxellois francophones de moins de 50 ans qui ont appris le bruxellois comme ‘seconde langue’. Ce qui veut dire que le cercle de ceux qui peuvent encore converser dans un bruxellois flamand plus ou moins correct se ferme de plus en plus. Autrement dit, des succès théâtraux comme « Le mariage de mademoiselle Beulemans »3 et « Bossemans et Coppenolle »4 et le répertoire du théâtre de marionnettes de Toone, qui apparaissaient comme représentatifs du parler bruxellois de l’entre deux guerres, font figure, aujourd’hui, de souvenir passéistes pour nostalgiques des temps lointains.

Seules quelques expressions, comme drache (forte averse), restent accessibles au plus grand nombre. En ce sens, les albums d’Hergé peuvent participer à la conservation d’un patrimoine en voie d’extinction.

Les qualités de dessinateur d’Hergé, ses qualités de scénariste, d’auteur picaresque, d’illustrateur de revues et de romans, ainsi que son travail de publiciste, ont fait l’objet de publications appropriées. Les aspects bruxellois de « Quick et Flupke », à partir des rééditions des albums en noir et blanc, ont été soulignés par ailleurs. Entre autre à la faveur de la publication dans l’hebdomadaire gratuit ‘La tribune de Bruxelles’, ces derniers temps5. Mais peu a été fait – hormis la réédition dans les « Archives » - sur ce qui a précédé la ‘naissance’ de Tintin.

Or, Tintin n’aurait existé si Georges Rémi n’avait été scout et s’il n’avait été en charge de l’illustration de la revue des ‘boy-scouts belges’. On est loin du « Hamster jovial » de Gotlieb. Celui qui vient de se créer le pseudonyme d’Hergé, met en gestation un prototype de ce qui deviendra Tintin. Totor n’est pas encore Tintin, mais il en est le précurseur et ses aventures le brouillon de « Tintin en Amérique ».

Scouts toujours …

Des valeurs scoutes, comme le respect de la parole donnée ou l’amitié, guideront Hergé tout au long de sa vie. On se souvient de la dépression qui le frappa lors de son divorce d’avec Germaine, suite au début de sa relation avec Fanny. Hergé se trouve là face à un dilemme cornélien, où son attitude est en complète contradiction avec l’intime conviction et les valeurs qu’il a honoré jusqu’alors. A la même époque, dans « Tintin au Tibet » - dont le sujet est l’amitié, jusqu’à un certain point irrationnelle entre Tintin et Tchang – il y a l’image forte de Haddock pendu dans le vide, au bout d’une corde que retient Tintin. Jamais l’amitié n’aura été illustrée de façon aussi poignante6. Là encore Corneille n’est pas loin !

C’est aussi le scoutisme qui génèrera l’intérêt de Hergé pour l’Amérique (en fait, les Etats-Unis), celle des cow-boys et des indiens. Cet intérêt ne se démentira pas tout au long de sa vie. Trois récits, assez différents sur la forme, fonctionnent sur le même schéma : Totor, Tintin et Popol et Virginie. Si « Tintin en Amérique » est l’évolution logique de « Totor », « Popol et Virginie au pays des Lapinos » procède d’une autre logique : celle de séduire un public plus jeune7.

Totor, Tintin et Popol et Virginie déclineront les mêmes gags. On y trouve l’espièglerie qui caractérise aussi Quick et Flupke : celle des ketjes (gamins) de Bruxelles qui font des stuuts (des tours, des blagues, des bêtises). Espièglerie et sens de la répartie qui font le charme et la caractéristique (ou même la marque de fabrique) des vrais brusselairs (bruxellois pur jus), amateurs de zwanze (farces), et qu’on peut aussi retrouver dans les sketchs du film « Un Soir de joie » de Gaston Schoukens8.

Dans les premières années de sa carrière de dessinateur de BD, Hergé mène de front plusieurs projets : Tintin, Quick et Flupke, des projets publicitaires, des illustrations genre chromo (pour des articles sur l’aviation, la marine, les voitures, …) et aussi la série « Jo, Zette et Joko »9 qui servira de modèle à d’autres séries familiales10 et qui, elle aussi, est oubliée de l’exégèse hergéenne. Cette série se distingue des Totor, Tintin et Popol et Virginie par son sérieux. Même s’il y a quelques singeries de Joko, les gags en sont quasi absents.

Cinéma.

Pourtant, il faut considérer l’œuvre de Hergé dans son ensemble, y compris la publicité et l’illustration. Cela fait partie d’un tout, qui procède des mêmes sources d’inspiration et du même processus créatif. Ainsi, un autre aspect de son œuvre qui mériterait une étude, c’est l’influence du cinéma comme source d’inspiration d’Hergé11. Peu de choses ont été faites, à ce propos, alors que le sous-titre de « Totor » aurait dû mettre la puce à l’oreille de plus d’un cinéphile amateur de BD. On connaît, par contre, l’influence de « Tintin » sur certains réalisateurs, comme Philippe de Broca ou Spilberg12. Or, certaines scènes du film muet ‘The great train robbery’, par exemple, pourraient avoir influencé « Totor » et « Tintin en Amérique », si pas « Popol et Virginie … ». Il serait étonnant que Hergé, grand amateur de tout ce qui touche aux cow-boys et aux indiens12bis, ne se soit pas précipiter pour voir les westerns projetés dans les cinémas de son quartier. Il y a aussi le comique de situation des films de « Charlot » et ses rapports ambigus avec la police13 qu’on retrouve chez Hergé. On n’est pas loin des coups fourrés, pas vraiment méchants, que les gamins de Molenbeek ou de Schaerbeek, faisaient subir à leur voisinage … Ce qui plaide aussi en faveur d’une étude cinématographique de l’œuvre de Hergé, c’est que Tintin lui-même fait du cinéma (dans « Tintin au Congo » ou va au cinéma (dans « Le Lotus bleu ») !

Revenons à Totor et à son ancrage bruxellois. Là plus qu’ailleurs, les références et les mots fabriqués à partir du bruxellois flamand sont légions. A croire qu’il n’y a de scouts qu’à Bruxelles ! En tout cas, les initiés – ceux qui comprennent le bruxellois – sont à la fête. La connivence entre eux et le jeune auteur est complète.

Encyclopédie de base.

Dans les années 20, pas de télévision, pas d’Internet, peu de livres attrayants, quelques rares photos. Avec Totor et Tintin, Hergé découvre le monde et nous avec lui. Hergé envoie son scout (dans les deux sens du terme) et son reporter à la découverte de pays de cartes postales. Le ‘reportage’ est bien plus un portrait de la façon dont, en Belgique, on voyait, ou plutôt on s’imaginait ces pays. A remarquer que Tintin est un bien étrange reporter, puisque, de toute la série des « Aventures », il n’écrit qu’un seul article14.

En ce qui concerne « Tintin chez les Soviets », Ph.Soumois a montré15 comment Hergé avait donné une version caricaturale du pamphlet d’un diplomate belge sur l’URSS. Pour le Congo, Hergé s’est basé sur le récit des coloniaux et des missionnaires, en visite en Belgique, mais le côté scout ressort plus clairement : lutte contre l’injustice, le fort protège le faible, etc. En Amérique aussi, et particulièrement aux Etats-Unis, ces valeurs scoutes –il s’agit, plus largement, de valeurs humanistes16- sont omniprésentes. Les cow-boys et les indiens exerçaient une véritable fascination sur Hergé … et sur les scouts en général : totems, campements sous la tente, feus de camps, … Bref : la vie sauvage, mais civilisée ! Il faut, bien sur, toujours se reporter aux albums en noir et blanc ou aux premières versions couleur pour voir ces valeurs illustrées avec le plus de force : la page de « Tintin en Amérique » où les Indiens se font chasser de leurs terres, car on y a découvert du pétrole, et où on y construit un hôtel avec portier noir, est particulièrement éclairante à ce sujet.

On peut même appliquer le principe des cartes postales à Bruxelles. Là, c’est évidemment l’effet de connivence avec le lecteur qui est recherché. Avec un effet maximum dans « Quick et Flupke ». Mais, pour le lecteur actuel, il s’agit de cartes postales anciennes, puisque plusieurs lieux, mis en image par Hergé, ont aujourd’hui disparu.

Un mot encore sur « Le Lotus bleu », qui marque un tournant dans l’œuvre d’Hergé : celui vers plus de réalisme et moins de préjugés, comme expliqué par Tintin à Tchang dans l’album même17. On passe d’un monde de cartes postales à un vrai monde18. Le vrai Tchang, étudiant aux Beaux-Arts à Bruxelles, a eu une influence prépondérante sur ce passage de l’un à l’autre, comme sur le contenu informatif de l’histoire et –ce qu’on sait moins- sur le dessin. Tchang a non seulement tracé tout les caractères chinois de l’album, il a aussi dessiné pas mal de motifs décoratifs chinois. Examinez les dessins de bambous de la version noir et blanc19, vous verrez qu’il s’agit là d’un type de dessin chinois traditionnel. Il faudrait d’ailleurs parler de peinture, puisqu’il est tracé à l’encre (de Chine, évidemment) au moyen de pinceaux. Et ceci selon des techniques rigoureuses, qui mettent en valeur, e.a., les contrastes entre le noir et le blanc20. Autrement dit, il y a des raisons de croire que, à travers Tchang, le dessin traditionnel chinois a influencé la fameuse ‘ligne claire’, dont Hergé est le porte drapeau !

Guy Stuckens

Juillet 2006

PS : L’auteur de ces lignes était bien trop jeune –en 1965/1967- lorsqu’il a rencontré Hergé, pour lui poser des questions pertinentes par rapport au sujet du texte ci-dessus.

1 ‘Le Haddock illustré’ de Albert Algoud, Casterman, 1992.

1 bis A l’exception notable du titre du dernier album en chantier : « Tintin et l’Alph-Art », où Alph-Art (half aar) peut aussi se comprendre ‘demi-œuf’.

2 Très curieusement, c’est la Communauté française qui subsidie le bruxellois, à côté d’autres « langues endogènes », wallon, picard et platdeutsch – la Communauté flamande ne reconnaissant que le néerlandais. A noter, également, que, si beaucoup d’auteurs font l’amalgame entre parlé bruxellois et marollien, il existait une quinzaine de parlé différents (dont plusieurs ont déjà disparu) sur le territoire actuel de la Région bruxelloise : schaerbeekois, molenbeekois, …

3 De Frantz Fonson et Fernand Wicheler (1910).

4 De Paul Van Stalle et Joris d’Hanswyck.

5 En 2006.

6 A remarquer que si Haddock et Tintin s’en sortent, il n’est pas expliqué comment. A croire qu’ils ont été sauvés par l’amitié elle-même.

7 L’auteur de ces lignes avoue que, lorsqu’il était un jeune lecteur de BD, c’était sa lecture favorite, pour ne pas dire son livre de chevet : il a même monopolisé, pendant longtemps, l’exemplaire de la bibliothèque paroissiale !

8 La trame de ce film s’articule autour de l’histoire du faux Soir, réalisé par des membres de la Résistance bruxelloise pour fêter le 11 novembre (la victoire de 1918 sur l’ennemi), pour remplacer le vrai journal Le Soir, volé par l’occupant … et où Hergé plaçait un strip journalier. Cette histoire – tragique, si on songe au sort que subiront ses principaux protagonistes – est présentée de façon assez légère : une immense blague faite à l’ennemi. Elle est entourée d’une série de sketchs et de tours que les Bruxellois auraient fait au dépend de leurs occupants. Ce film marquait le retour en grâce de son réalisateur, lui aussi –comme Hergé- taxé de collaboration passive …

9 Cinq albums, dont deux histoires sur deux albums.

1 0 « Les Franval », par exemple.

1 1 Ph.Soumois a souligné l’influence de magazines illustrés, comme le Crapouillot. Il reste silencieux sur celle des films de l’époque.

1 2 Le héros de ‘L’homme de Rio’, incarné par Jean-Paul Belmondo, vit plusieurs scène qui sortent tout droit des « Aventures » … Et le personnage des ‘Indiana Jones’ est directement inspiré de Tintin.

1 2bis A ceci, il faut encore ajouter l’influence de romans comme « Le dernier des Mohicans » (James Fenimore Cooper) ou des aventures romancées de personnages comme David Crocket ou Buffalo Bill, très populaires auprès des jeunes européens, à cette époque.

1 3 Tout comme le personnage fétiche de Charlie Chaplin, Tintin n’hésite pas à se battre contre les forces de l’ordre …

1 4 Un article bien long, il est vrai. A croire qu’il y a beaucoup à écrire sur les Soviets et que cela a découragé Tintin par après …

1 5 Dans son « Dossier Tintin … » cité plus haut.

1 6 Même si le terme boy-scout est péjoratif aujourd’hui, on est loin d’une image caricaturale des scouts : grands chapeaux, foulards, courtes culottes … On est loin aussi du scout qui fait traverser la rue aux vieilles dames !

1 7 A Tchang, qui ne peut comprendre pourquoi un Européen ait pu sauver un Chinois qu’il ne connaissait même pas, Tintin donne une série d’exemple de comment les Européens voient les Chinois.

1 8 Ces détracteurs concentrant souvent leurs critiques sur l’aspect caricatural (d’un point de vue politique) des premiers albums, Hergé n’a cessé de répéter qu’il avait en quelque sorte renié ceux-ci, ou alors qu’il les considérait comme l’ébauche d’une œuvre qui commence vraiment avec « Le Lotus bleu ».

1 9 P.ex. dans le passage où Tintin s’apprête à boire du thé.

2 0 Voir, à ce sujet, l’album reprenant quelques dessins originaux en grand format, catalogue de l’exposition « Hergé dessinateur » au Musée d’Ixelles. Cet ouvrage, rédigé par Pierre Sterckx et Benoît Peeters, est paru aux éditions Casterman en 1988.

HARO SUR LES CARICATURES !

On connaît les aventureuses tentatives de caricaturer le prophète ou d’autres religieuses figures, sous quelques latitudes que ce soit. On connaît moins les croisades pour préserver nos chères têtes blondes¹ des dérives racistes de Tintin et Milou !

En février 2012, la Justice belge à tranché : « Tintin au Congo » n’est par raciste. Ce n’est pas au goût de tous. Dans le même temps, en France, le ministre de la Culture est interpellé devant l’Assemblée nationale … Hergé ne serait pas un auteur de saine lecture pour la jeunesse. Dans certains pays anglophones, la page de garde de l’album met le lecteur en garde à propos de la dangerosité perfide de son contenu : à ne pas mettre entre toutes les mains ! Des mains qui ne seraient pas capable de le « lire avec la distance nécessaire à toute caricature »².

À y bien regarder, n’est-ce pas tout Tintin qui est caricature ? Qu’en pensent les Mme Pinson, les Castafiores et autres marins au long court ? On a accusé Hergé de misogynie –lui qui trouvait que les femmes ne se prêtaient pas à la caricature- mais à quand une mise en garde (sur la page du même nom) dans « Les bijoux de la Castafiore » à la demande de l’association de défense des caméristes, de celle des cantatrices, des marbriers, des pianistes accompagnateurs ? Sans parler des agents d’assurance et du syndicat des gens de maison (représenté par Nestor) ? Et même Tintin lui-même …

Et les Arumbayas, les Bordures et les Syldaves ! Amaï … Heureusement que la censure n’existe pas, sinon il resterait des albums blancs, avec dix pages de mises en garde. Mais à lire ces albums pour ce qu’ils sont, on mettrait au chômage les gardiens de la morale et les ayatollahs de la bonne pensée …

(12/3/2012)

¹ Sauf que, considérant l’âge moyen des lecteurs de Tintin, il faudrait au moins parler de tempes grises …

² Comme le dénonce le CRAN (Conseil représentatif des Associations noires) en France.

Voir aussi, à la fin de ce texte, le petit pamphlet ‘HARO SUR LES CARICATURES !’