8. Autres

Ca dit bien ce que ça veut dire : une place pour mettre ce qui ne trouve pas sa place dans les autres rubriques ...

    1. SYSTÈMES D’APRÉCIATION DU PERSONNEL : REGARD CRITIQUE
      1. Au bas de cette page, vous trouverez le lien vers l’étude consacrée aux systèmes d’appréciation
    2. LA SANCHON SANS FRAISES

Parmi les nombreux projets élaborés dans le cadre ou autour de mes activités radiophoniques, il y a cette série d’émissions consacrée à la chanson française de Belgique.

Voici le texte de présentation de cette série, intitulée LA SANCHON SANS FRAISES (petite histoire perso de la chanson francophone de Belgique).

Vous trouverez, en dessous de ce premier texte, l’essentiel de l’article consacré à Salvatore Adamo. C’est, je pense, le texte le plus long, le plus ‘littéraire’ et le plus personnel. Les autres étant parfois réduits à quelques données techniques (références de disques, …) destinées à faciliter le passage à la mise en onde.

1. La sanchon sans fraises ...

Depuis des dizaines d’années, je m’intéresse à la chanson française, avec une attention particulière à celle « d’ici » … et pas uniquement Adamo et Brel !

Dans le cadre de mes activités radiophoniques (commencées en 1979 !), j’ai réalisé une série de 10 émissions d’une heure pour Radio Air Libre : Abécédaire de la chanson française de Belgique, l’occasion de présenter une centaine de groupes et de chanteurs. C’était en 1990 …

Sur cette lancée, j’ai continué à rassembler des informations, des références et de nouveaux noms. D’où l’idée d’un projet plus vaste, que j’ai initié en 2007 sous le nom La sanchon sans fraises

Vaste projet. Pas encore de date pour le passage à la réalisation et ensuite la diffusion. Mais un double constat : le grand dynamisme des centaines d’acteurs actifs dans la chanson et, d’autre part, le fait que la chanson, c’est pas la joie au royaume de Belgique … : c’est un combat !

Voici le texte d’introduction du projet :

D’abord, pas de polémique, comme pour la Communauté française (sic) de Belgique : j’ai écrit chanson francophone de Belgique et pas chanson française. Il s’agit, ci-dessous, de chanteurs –Belges ou non- habitant en Belgique ou en étant originaires et chantant –au moins occasionnellement- en français. On peut donc y trouver un chanteur flamand, habitant à Paris et chantant majoritairement en anglais … De même, il ne s’agit pas uniquement de chanson française (cette espèce de marque déposée, labellisée par Brel, Béart et Brassens), mais de chanson en français, bien qu’il s’agisse parfois de rock, de folk, de choses plus expérimentales, etc.. Donc, en français et avec la Belgique comme port d’attache ! Et c’est déjà assez vaste et compliqué comme ça.

Et, comme disait le Monsieur Distinguè dans la sanchon sans fraises, d’André Bialek : « qu’elle soit bonne ou mauvaise, pourvu qu’elle soit française ! ». En trois minutes, cette chanson résume ce que Thierry Coljon mettrait tout un livre à écrire : la chanson, c’est pas la joie au royaume de Belgique … Pour continuer dans les préambules, l’ambition n’est pas l’anthologie exhaustive, mais le point de vue personnel, parfois anecdotique, où les souvenir et parfois le côté plus affectif prennent le dessus. Au travail, donc, et bonne lecture …

2. Salvatore Adamo

ADAMO Salvatore (°1943)

A onze ans et demi et pour ma communion solennelle, je reçu un petit électrophone d’André et Jeannine, amis de toujours de la famille. Cadeau aussi utile qu’un couvert, une montre ou une bague, et sans doute plus utile qu’un crucifix, un globe terrestre ou un quelconque autre objet dont la principale fonction est de prendre la poussière. A partir de là, je commençai à me constituer l’embryon d’une collection de disques hétéroclite, avec l’excuse de la jeunesse pour certains choix : Hector Delfosse et son accordéon, musiques militaires belges par la Musique des Guides et aussi des choses plus intéressantes (après l’épreuve du temps), comme le concert d’Adamo à l’Olympia, en 1967 (His Masters Voice, RCLP 22).

Monsieur Quateau, ancien professeur de mon père et, par ailleurs, tailleur de Manneken Pis, m’avais offert le premier 33 tours de Pierre Perret, celui avec les ‘Les jolies colonies de vacances’ et d’autres chansons bien plus intéressantes, que je pus écouter jusqu’à ce que mon père en comprenne les paroles. Je pus me réapproprier le disque quelques années plus tard seulement … Pour en revenir à Adamo, quelques anecdotes :

Mauvaise langue, Marius, collègue de mes débuts professionnels, originaire du Borinage comme Salvatore, prétendait que si Adamo avait connu ses premiers succès, c’était pas charité pour cette famille nombreuse et pauvre : on l’aurait laissé gagner lors des concours de chant des kermesses locales, pour que sa famille puisse empocher le gros lot ! C’est vrai qu’il n’a jamais eu une belle voix, mais elle a du charme et ses chansons ont tout pour plaire.

Bernard Hennebert me confiait tout le bien qu’il pensait de l’homme, avec qui il avait fait le tour des écoles, dans le cadre de stages sur la chanson française, organisés par Diffusion Alternative (si je me souviens bien). Peu de chanteurs, ayant vendu des millions de disques et vedettes jusqu’au Japon, acceptent d’aller répondre aux questions de deux-trois classes d’adolescents boutonneux à l’Athénée ou au Collège … Adamo, oui ! Il avait aussi dit à Bernard que, d’une certaine manière, il regrettait d’avoir été une vedette à vingt ans, car cela ne lui avait pas permis d’orienter sa carrière dans la voie qu’il aurait voulu. C’est ainsi, lorsqu’on est connu, le public demande de la continuité et, même trente ans plus tard, demande toujours les mêmes chansons.

Adamo aurait-il pu devenir un ‘chanteur engagé’ (comme on disait alors) ? Sans doute. Et même, d’une certaine manière, il l’est. Certainement si on se rappelle que, à la même époque, Hugues Aufray -vedette des veillées au coin du feu de camp scout- était considéré comme ‘engagé’, peut-être par analogie avec Bob Dylan et la traduction des protest songs de celui-ci par Pierre Delanoë (dont même Michel Sardou disait qu’il était un réactionnaire !). Dans les années soixante, Inch’Allah est une chanson engagée, pro-israélienne. Israël doit se défendre, dans un Moyen-Orient hostile, et on vente l’esprit pionnier des kibboutz jusque dans nos écoles catholiques. Bref, la guerre des six-jours et les barbelés de la chanson font bon ménage. La question palestinienne ne se pose même pas. Mais qui est cette femme, vêtue de noir, qui tombe sous des balles inconnues ? Le vrai sujet de la chanson, c’est l’injustice. Et, lorsque, quelques années plus tard, Adamo en donnera une nouvelle version, ce sera pour mettre en avant les espoirs de paix : salam, shalom … Il y a une belle interprétation de cette chanson, en duo avec Maurane.

Moins directement critique que Brel, par rapport à l’hypocrisie bourgeoise et ses déclinaisons petit-bourgeoises, Adamo, néanmoins, n’hésite pas à la mettre en scène : Vous permettez, monsieur en est un bon exemple. Brel aurait chanté « des mémères décorées comme des sapins de Noël ». Chez Adamo, tout est en nuances ; au détour d’un vers, quelques mots apportent l’élément de conscience. Même si, ces dernières années, l’engagement du chanteur, comme ambassadeur de l’UNESCO par exemple, s’est aussi marqué par quelques chansons, comme On se bat toujours quelque part.

Adamo a aussi été chanté par d’autres. A part Les filles du bord de mer, par Arno, citons : Mes mains sur tes hanches (C.Jérome), Tombe la neige (G.Lenorman), Vous permettez monsieur (Dave), … Il a aussi écrit Le président pour Michel Fugain.

Adamo a vendu plus de 100 millions de disques dans le monde. Il est le chanteur italien le plus connu de Belgique ! Il est aussi le plus gros vendeur de disques de Belgique …

(suivent une série d'indications plus techniques et références de disques, comme le CD Adamo chante Bécaud, sorti par Polydor en 2014).