NB : vous trouverez le lien vers les [notes] dans le fichier 3.1 de la page de sommaire, ainsi que des notes additionnelles dans le fichier 3.2 .
La quasi-absence de textes de référence théoriques [1] contrastant avec l’abondance de matière disponible, la diversité de celle-ci et le fait qu’elle existe la plupart du temps dans des tirages limités ou en tant que pièces uniques, ainsi que l’importance du nombre d’artistes concernés de près ou de loin [2], font que cette étude a été difficile –mais toujours passionnante– et qu’elle n’aurait pu se concrétiser sans l’apport personnel de certains des membres les plus actifs du réseau.
Il est à constater que le côté « hors commerce » du mail-art n’a engendré que peu d’articles de journaux et revues, pas de livres, et quasi pas de critiques (les critiques s’occupant sans doute principalement des « grands » mouvements artistiques actuels et passés, dont les œuvres ont une valeur marchande). De plus, son côté « au-dessus des normes et des courants artistiques modernes » (avant-garde, conceptuel, réalisme, …) entraine qu’il est absent des études consacrées aux tendances artistiques d’aujourd’hui, et qu’on oublie d’au moins le mentionner dans les cours et les livres d’histoire de l’art – qui, dans les meilleurs cas, s’arrêtent prudemment aux années 60 [3].
Lors de la sortie du premier numéro de la revue Automne par les Éditions provisoires, en octobre 1982, un mailing [4] fut organisé, avec l’aide de Daniel Sotiaux, à destination du fichier-adresses de la revue Liaison [5]. À la suite de cet envoi, je reçu les premiers documents mail-art d’Italie (G. Fontana, N. Frangione, V. Baroni) et des États-Unis. Des contacts furent pris, aussi avec d’autres noms qui arrivaient d’un peu partout.
Vu l’affluence de documents, je décidai, en octobre 1983, de créer Creatif Art Revue, petit périodique d’abord mensuel, puis bimestriel et actuellement trimestriel, dont le tirage varie de 500 à 700 exemplaires. C.A.R. devint rapidement l’ambassadeur, la tête de pont de l’a.s.b.l. MAM [6] à l’étranger et a permis le développement du réseau international de cette association.
Le développement, au sein de MAM, d’archives –sous forme d’une fondation– consacrées au mail-art, et l’organisation d’expositions, doivent contribuer à faire connaitre ce phénomène artistique. Cette publication en sera un aspect.
Enfin, il est évident que cette étude est subjective, puisqu’organisée au départ d’un seul point du network [7], point ayant sa vision des choses qui n’est pas nécessairement celle de l’ensemble, ni même d’une tendance au sein du mail-art (comment, en effet, théoriser quelque chose dont un des fondements –peut-être le principal– est l’absence, le refus de la théorie ?), et avec la collaboration –limitée dans sa conception même– d’un nombre restreint d’autres points. Cette étude est également partielle, puisque je n’ai eu accès –de par la spécificité de l’objet à traiter– qu’à une partie (en quantité et en qualité) de la matière disponible et que je ne suis en contact qu’avec une partie des membres du réseau [8] ; la qualité de ces contacts est, en outre, très variable. Elle est aussi incomplète, puisque le mail-art vivant continue au fil des jours à évoluer et ses nombreux adeptes à produire quantité d’œuvres et de travaux. Si nous savons de quoi est fait le mail-art aujourd’hui, de quoi il était fait hier, il est difficile de deviner quelles seront ses préoccupations demain ; sans doute les supports subiront ils des transformations (influencées par les nouvelles technologies) et les contenus évolueront vers une plus grande affirmation d’idéaux politiques, philosophiques et moraux (paix, droit de l’homme, …) [9].
Il s’agit donc bien d’une analyse à un moment donné, de propositions sans caractère définitif, de questions insuffisamment nombreuses et vouées à rester peut-être pour toujours ouvertes. Le mail-art et la communication de l’essence artistique, cela se passe de toute façon dans la tête de chacun de vous …
Guy Stuckens
Vence, avril 1984 – Bruxelles, mai 1985.
Note
Cette étude se base sur une majorité de documents qui sont rédigés dans d’autres langues que le français et qu’il a donc fallu traduire. Il se pourrait donc que la pensée de leurs auteurs ait été partiellement trahie. De même, l’impossibilité courante de vérifier les données rend inévitables les erreurs, les approximations, les interprétations.
Il sera tenu compte de vos remarques et corrections dans une édition ultérieure.