Aéro-Club de l'Aube

85e Ascension - 14 juillet 1930

La Tribune de l'Aube,

du 6 Août 1930.


Pilote : M. Darsonval

Aide-pilote : M. Bernard Adnet.

Passagers : Mme et M. Joanneton, président du Club.

Le gonflement de l' Aube n° 3 ", effectué par les soins du pilote et de son aide; de M. Chandelier, l'excellent aéronaute bien connu, par notre mécanicien, M. Charbonnier, et d'autres camarades que nous remercions ici sincèrement, s'est fait très rapidement.

A 10 h. 30, tout étant prêt, l'aérostat s'élève majestueusement, en présence de la foule des spectateurs qui remplit la place du Lycée.

Les accents de la Marseillaise, brillamment exécutée par l'Harmonie des Sapeurs-Pompiers, salue notre beau départ.

Après avoir admiré, de 300 à 400 m., notre cité, nous abordons la campagne par Pont-Hubert et son " champ d'aviation d'un jour ", témoin des exploits du Circuit de l'Est. Il y a déjà 20 ans !...

Nous survolons Argentolles, Creney. A Luyères, nous quittons la ligne de Châlons, à 11 heures. Nous arrivons à Avant. Peu après à Coclois, 11 h. 20; à Jasseines.

Depuis Troyes, l'altitude a été voisine de 800, 900 et 1000 mètres.

A 11 h. 45, Arzillières.

Nous voguons à 300 ou 400 m. Nous traversons la voie ferrée de Jessains à Vitry-le-François.

A partir de 1200 mètres, nous dominons une splendide mer ce nuages dont les larges éclaircies nous permettent cependant de très bien voir le paysage.

A 12 h. 10, Blesure, 1600 m.

A partir de là, nous suivons la ligne de Vitry-le-François à Bar-le-Duc jusqu'aux environs de Mussey, en surplombant Pargny-sur-Sault à 1800 mètres, Blignicourt, 1900 m.

A 12 h. 45, Sermaize, 2.000 m.

Tous les toits sont neufs, en tuile rouge; ville détruite et totalement reconstruite.

A 2.200 m. de hauteur, on peut voir, par temps très pur, à plus de 160 km, l'horizon est donc constitué par un parallèle de 320 km.

Nous laissons Beauzec-sur-Aire à notre gauche.

Il est 13 h. 10, notre lest commençant à diminuer et notre descente s'accentuant, notre pilote décide de profiter de la première occasion propice pour atterrir.

Une clairière dans la forêt est toute désignée pour cette opération. Sur les ordres de Darsonval, nous exécutons les manœuvres traditionnelles de l'atterrissage. Nous nous suspendons donc au grand cercle de suspension et attendons le choc. Il ne se fait pas sur un lit de mousse, et il est un peu brutal malgré tout; après celui-ci, nous nous retrouvons de nouveau à 50 m. du sol et cette fois la descente a lieu inévitablement sur la forêt. Sur les branches l'atterrissage est plus doux.

Panneau de déchirure et la nacelle descend doucement au fur et à mesure de l'échappement du gaz.

Il est 13 h. 30, nous avons l'aubaine de voir venir à nous des bûcherons qui peuvent nous guider dans la forêt jusqu'à Pierrefitte, où nous trouvons les moyens de locomotion rapides pour nous ramener à Bar-le-Duc, et rentrer à Troyes le soir même, à 21 heures.

Ce voyage de trois heures nous a permis de faire un trajet de près de 140 km., à une vitesse horaire de 50 km.

Nous sommes heureux d'avoir exécuté cette randonnée dans ces conditions, qui se trouvent assez rarement et il ne nous reste plus qu'à féliciter notre pilote Darsonval, pour la ma^trise et l'esprit de décision qu'il montre toujours dans ses voyages.

Vive le ballon l' " Aube " !

H. JOANNETON.