Il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent pour qui voudrait faire sa thèse de 3e cycle...
Il y a peu, je déplorais qu'il n'existât pas de livre consacré à ce sujet en français. C'en est à un point que, s'il y a une entrée "enfance" et une autre "étudiant" dans le dictionnaire du cinéma populaire français, il n'existe pas d'entrée pour "adolescent"...
Un ouvrage très récent (2011) permet heureusement de nuancer cette désespérance scientifique :
Les teen movies d'Adrienne Boutang et Célia Sauvage (Vrin) est un panorama court mais clair, intelligent et assez large du genre, échappant à la facilité des seules approches thématiques (par sous-genre) ou chronologiques, très en vogue dans les ouvrages américains (ci-dessous). On en regretterait presque la brièveté (135 pages). Un plaidoyer pour l'étude de ce genre cinématographique, avec lequel je partage un très grand nombre d'analyses (hormis l'inclusion des films graves dans le genre, tels que ceux de Larry Clark, Gus van Sant ou Virgin Suicide).
Teen ! Cinéma de l'adolescence (Olivier Davenas, Les moutons électriques, 2013, 138 p.) ne traite pas seulement des teen movies mais de tous les films (ou presque) où les adolescents apparaissent, ce qui le rapproche du livre ci-dessus. L'analyse est thématique (le corps, le spleen, la sexualité, l'amitié...). L'approche est large, résolument grand public et illustrée de belles photos couleurs.
Films de campus, l'université au cinéma (A. Colin, 2012) a été rédigé par rien moins que le président de l'université d'Avignon (Emmanuel Ethis avec Damien Malinas). Il ne traite que partiellement le sujet des teen movies (avec un peu de condescendance) tout en reconnaissant que ces films racontent comment devenir adulte, avec une bonne dose de nostalgie.
Films cultes et culte des films chez les jeunes : penser l'adolescence avec le cinéma (sous la direction de J. Lachance aux Presses de l'Université Laval, 2009) comporte beaucoup d'articles sans relation directe avec les teen movies. On y trouve cependant d'excellentes contributions, comme l'introduction (des trois directeurs) et un historique de Vincent Lowy. C'est également de cet ouvrage que sort la très belle expression de "culture des pairs [qui] supplante celle des pères" de David Le Breton.
Mais la plupart des ouvrages sont en anglais et viennent des Etats-Unis :
Rebels and Chicks: A History of the Hollywood Teen Movie, de Stephen Tropiano (Back Stage Books, 2005). Dense mais clair, rédigé avec humour, fourmillant de références (ordonnées dans un découpage chronologique) qui m'ont fait mesurer ma propre inculture.
Teen movies : American youth on screen de Timothy Shary (Short Cuts, 2005) est un petit guide, découpé chronologiquement, des films américains sur les ados, au sens large (donc pas seulement les comédies). Il est moins riche que le précédent, d'autant que l'auteur voit dans ces films un moyen d'éduquer la jeunesse en lui renvoyant une image positive et constructive. Il comprend donc un message moral implicite, même si on n'est pas dans le politiquement correct intégriste (avec une défense de films comme American Pie ou Scream).
Generation multiplex : the image of youth in contemporary american cinema du même auteur est l'ouvrage typique de l'enseignement supérieur (bibliographie abondante, historiographie et choix d'analyse, plus de 300 pages, index, notes en fin de chapitre). Les principaux sous-genres font l'objet chacun d'un chapitre (à l'école, la délinquance, le film d'horreur, la science, la sexualité et l'amour) à base d'exemples de films analysés. On y regrettera le ton un peu solennel voire légèrement condescendant envers les analyses d'autres auteurs, ainsi que la période choisie (l'analyse ne commence vraiment qu'avec les films des années 1980, même si des références renvoient aux teen movies antérieurs). Pour l'auteur, l'enjeu n'est rien moins que de légitimer l'étude d'un genre à part entière, genre qui est également un outil pour mieux comprendre cette classe d'âge, tout en plaidant pour la promotion de films offrant une vision plus positive des ados (et en déplorant le trop grand nombre de films négatifs sur l'adolescence). Cela dit, on reste impressionné devant le nombre de films vus, classés (des listes utiles figurent en fin d'ouvrage) et analysés.
Pretty in Pink : the golden age of teenage movies de J. Bernstein (St Martin's Griffin, 1997) est plus difficile à lire en raison d'un style assez populaire rendant beaucoup d'expressions familières ou branchées incompréhensibles pour un néophyte comme moi. En outre, il y a peu de synthèse d'ensemble, même si les films sont regroupés en sous-genres : l'essentiel de l'ouvrage est une accumulation du récit des principaux films de la décennie 1980.
How to fight, lie and cry your way to popularity (and a prom date) de Nikki Roddy (Zest Books, 2011, 111 p.) n'est ni plus ni moins qu'un petit recueil chronologique des 50 teen movies les plus marquants des origines à nos jours. On n'y apprend rien sur les films ou sur le genre. L'originalité est ailleurs : l'auteure a tiré des leçons de morale absurde de chaque film comme "Si vous mentez à vos parents, volez leur voiture et avez recours à une prostituée, vous intégrerez une des meilleures universités" (pour Risky Business).
Beyond Clueless est un documentaire récent (2014) de Charlie Lyne (23 ans seulement au moment de la réalisation !). Citant environ 200 teen movies récents (décennies 1990-2000), et en en analysant une dizaine, il se centre sur la période du lycée comme une dramaturgie en quatre étapes que suivent la plupart des films : l'ado doit trouver sa place dans un univers dominé par des bandes, puis s'émanciper (de sa famille et de la répression de sa sexualité), puis perdre ses repères (au point de frôler la mort et le danger) pour enfin se mettre au pas à la sortie du lycée (le bal de promo et la cérémonie des diplômes en sont les moments symboliques). Si on peut être admiratif du nombre de teen movies cités (le générique final dure environ 10 minutes...), on pourra regretter l'absence de nuances (tous les teen movies n'entrent pas dans cette grille), la non prise en compte de l'humour comme ingrédient fondamental et des films fondateurs des années 70 et 80. Voulant défendre les teen movies, le réalisateur en donne finalement une vision certes cohérente mais un peu distancée et peu empathique. Le titre fait allusion à Clueless que le réalisateur considère comme un film fondateur : le titre signifie donc à la fois les teen movies après Clueless et les messages qui se cachent dans ces films.
Arte a consacré un excellent documentaire sur le sujet : Teen spirit, les ados à Hollywood (2009).
France 4 s'est penché sur l'école française dans le cinéma français (L'école française fait son cinéma, 2018) : ce n'est pas du teen movie, mais ça permet de comprendre la spécificité des films français, beaucoup plus portés sur la relation à l'autorité (des élèves envers les profs et des profs envers l'Educ Nat).
Wikipedia (en anglais) est une source irremplaçable sur de nombreux sujets, à doubler par l'encyclopédie du cinéma qu'est l'Internet Movie Data Base en version anglaise (Imbd). J'avoue avoir essayé de contribuer à l'article teen movie du Wikipedia français, mais ça a dû déclencher une polémique qui a gelé toute tentative d'amélioration. Son correspondant en anglais n'a que peu d'intérêt (la liste quasi exhaustive des films est beaucoup plus utile); en revanche, l'article allemand, bien que traitant des films sur la jeunesse dans son ensemble, est évalué comme "article de qualité" (traduction téléchargeable ICI) : c'est assez discutable compte tenu de l'absence d'analyse et de la définition trop large de "teen movie", mais il cite un grand nombre de films d'autres pays que les seuls USA.
Il existe un site sur le sujet, mais son look retro et son ergonomie improbable m'ont fait repousser son exploration : Hollywood Teen Movies.
Le cinéclub de Caen propose une fiche synthétique avec une autre approche : les drames de l'adolescence.
Le site des Inrocks a proposé une suite d'articles sur la particularité des teen movies français. Patrice Blouin tente de souligner qu'ils traitent davantage les rapports d'autorité que leurs homologues américains (La Boum, les conflits avec les parents, Les Sous-Doués... avec les profs), mais que globalement, tant pour le ciné que pour les séries télé, la France reste à côté de la plaque, hormis pour Les Beaux Gosses dont réalisateur est interviewé sur le site.
Il existe quelques émissions de radio consacrées au sujet, dont "Que disent de nous et de notre époque, les teen movies ?" de la série "Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert" (France Inter, 2013), qui vous permettra d'avoir un historique des grands jalons du genre en moins d'1 heure.
Et quand on tape "teen movies" dans Google, on tombe sur des liens parfois intéressants :
- un récapitulatif bref sur Vodkaster
- une liste mise à jour sur Allociné
- le top 10 des clichés des teen movies sur Topito
- une apologie du teen movie sur France-jeunes.net
- les Teen Movies pour les Nuls, avec une conception différente du genre et de sa longévité.