A la périphérie du teen movie

Ces sous-genres ne sont pas des comédies ancrées dans le réel, mais ils sont destinés aux ados et ils les mettent en scène.

Le slasher

Apparu dans les années 70, avec Halloween, le slasher s'épanouit dans les années 80 et 90, avant de se noyer dans la cohorte des films d'horreur. 

Le schéma narratif est simple : des ados, souvent en vacances et qui se croient tout permis (notamment la fornication pré-maritale), se font décimer un par un par un serial killer venu on ne sait d'où, du moins au début du film. Ce serial killer, souvent masqué, travaille souvent à l'arme blanche et fait preuve d'une étonnante patience (ce qui le rend encore plus étrange, comme le savent tous ceux qui fréquentent des ados) : il décime la bande un par un (ou par petits groupes si le scénario a dû être densifié). Seule l'intelligence d'un des ados permettra de s'en sortir (mais pas forcément de tuer le serial killer, car il faut bien prévoir des suites).

Pourquoi diantre les jeunes font-ils un succès à des films où ils devraient avoir peur, puisqu'un tueur en série les occit à l'écran ? Pour exorciser leurs peurs, notamment celle très primale de l'abandon face à la terreur ? Pour relativiser leurs angoisses ordinaires ? Pour ressentir quelque chose de fort ensemble, surtout si ça permet à la copine de se blottir dans vos bras ? Pour rechercher une forme de discours moral, puisque très souvent le serial killer les punit de leurs vices, notamment sexuels (l'arme du tueur étant souvent une arme blanche...) ? Pour se rassurer, car la furie du tueur finit toujours par avoir une explication logique (très souvent la vengeance d'un crime passé) ? Pour que les ados relégués et frustrés exultent en voyant les plus populaires se faire massacrer ?

Quoiqu'il en soit, c'est un genre des plus rentables, même s'il a connu son heure de gloire essentiellement dans les années 1980. C'est probablement aussi moins mysogine que l'on ne l'a affirmé : certes, les jeunes femmes sont traquées et elles meurent souvent stupidement, mais c'est souvent une d'entre elles, plus intelligente, qui triomphe du tueur. 

Plus rares sont les films où les ados sont eux-mêmes des tueurs (I was a teenage werewolf, Carrie). En revanche, c'est un genre particulièrement parodié (Scary Movie), voire auto-parodiés (Scream), y compris par nos géniaux Inconnus (sketch des dents de la mouche). Les films de vampires, revenus à la mode avec la saga Twilight (mais plus anciens en réalité), en sont des variantes. En revanche, la présence d'un monstre n'est pas une condition suffisante pour identifier un slasher (Teen Wolf avec du loup-garou est d'abord une comédie).

Le grand ancêtre : Halloween

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Et plus récemment : Jennifer's Body

Les jeunes filles écervelées sont souvent les premières victimes (Halloween 2)

Mais elles sont souvent les plus futées pour survivre et mettre en échec le serial killer (Cherry Falls)

Le twen movie

Ce sous-genre provient d'un jeu de mots astucieux entre "teen" et "twelve" (12 ans). C'est le sous-genre le plus récent.

Le marketing hollywoodien s'attaque au pré-ados, à savoir celles (car il s'agit surtout de filles) qui ne jouent plus à la Barbie mais qui n'ont pas encore touché à une bouteille à consommer avec modération. On notera avec un léger amusement ironique la forte présence de Lindsay Lohan dans certains de ces films, ce qui est étonnant quand on connaît son parcours un tantinet dépravé. Beaucoup de ces twens sont des adaptations de chick-lit ("littérature de poulette"), en grande partie tirés de la littérature jeunesse.

On ne s'étonnera pas de l'absence de gags graveleux, remplacés par une sur-valorisation de l'amitié féminine, sur laquelle plane à peine l'ombre de la rivalité amoureuse pour le garçon à peine pubère, sur fonds d'accès à la popularité. C'est vraiment le sous-genre de transition entre les productions Disney et le vrai teen movie. Pas d'ambiguïté : il ne s'agit pas non plus de films sur des lolitas, malgré le titre trompeur de l'un d'entre eux. 

En tout cas, cela témoigne d'un abaissement lent mais constant de l'âge du début de l'adolescence, englobant ce qu'on appelle parfois pré-adolescence, correspondant plus ou moins au collège français et plus seulement au couple lycée / université.

Le grand ancêtre : Un Vendredi dingue, dingue, dingue

Mais aussi : Quatre filles et un jean, Quatre filles et un jean 2, Le journal d'une princesse, Le journal de Georgia Nicolson, Lolita malgré moi, Freaky Friday, Princesse malgré elle, American Girls, Camp Rock, Journal intime d'une future star, 30 ans sinon rien, Trocadéro bleu citron

Et dans l'actu : Hannah Montana le film, Wild child, 16 voeux

Pas de bière, pas de voiture, pas de gags sous la ceinture mais de l'amitié mise à l'épreuve, des fringues et des garçons à draguer : en route pour le twen movie (Quatre filles et un jean)

La parodie

Pour réaliser une parodie d'un teen movie, il suffit souvent de pousser la logique du genre à ses extrêmes. Certains films sont d'ailleurs tellement outrés qu'on est en droit de se demander s'ils sont des parodies volontaires ou pas. La sexualité devient monstrueuse, les serials killers rivalisent de bêtise avec leurs victimes, le gag scatologique guette à chaque scène, les allusions aux grands succès saturent les dialogues... Même un classique comme Scream est à la limite de l'auto-parodie. 

Il faut quand même saluer un cinéma qui ne se prend pas au sérieux, typiquement américain...

Le grand ancêtre : Scary Movie

Mais aussi : Scary Movie 2, Scary Movie 3, Scarry Movie 4, Sex Academy , Wet hot american summer, Psycho Beach Party

Et plus récemment : Mords moi sans hésitation

La scène originale dans Varsity Blues

Sa parodie dans Not another teen movie

Le frenchie

Y a-t-il un teen movie à la française ? 

Des films existent mais la production est moindre. Il semblerait plutôt que la France se soit faite une spécialité de l'enfance (depuis les 400 coups) ou d'un traitement plus grave de l'adolescence (Les Zozos, Diabolo Menthe)

De plus, les comédies américaines restent tellement spécifiques avec leur ancrage dans la vie quotidienne des adolescents des Etats-Unis que les films d'adolescents français ne semblent pas bien entrer dans cette catégorie. Ils sont en général, en plus, rarement très drôles. 

Une différence de taille les distingue des teen movies US : la place des parents, quasiment absents dans les films nord-américains, alors qu'ils sont très présents dans les films français, au point de faire du conflit de génération un des ressorts scénaristiques principaux. De manière générale, le conflit avec l'Autorité (profs, armée, police...) est beaucoup plus marqué dans les teen movies français que dans les films nord-américains.

Le grand ancêtre : Les Zozos

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Deux rares réussites françaises : l'hilarant Les Beaux Gosses et le déjanté Super Bourrés