Les années 70 : les films fondateurs

C'est dans les années 1970 que sont tournés les grands classiques du teen movie, qui vont le consacrer comme genre respectable... financièrement surtout.

La décennie des films cultes et du tournant comique

Le plus célèbre est American Graffiti. En 1973, G. Lucas a 29 ans quand il réalise ce film, qui est sorti des limites du teen movie par ses qualités incroyables. Il fait rimer teen movie et nostalgie des sixties. Les principaux personnages de ce film vont devenir des quasi-modèles pour les teen movies suivants (l'intello, le garçon populaire, l'ado transparent...).

Un été 42 (1971) manifeste le même désintérêt envers la Seconde Guerre mondiale que la plupart des films des années 60 envers la guerre du Vietnam : la quête sexuelle passe avant tout. Elle est recevable car elle reste liée à un coup de foudre, envers une femme adulte. Grease (1978) relance l'intérêt de la comédie musicale, joyeuse, insouciante et légère. Animal House (1978), plus connu en France sous le titre d'American College, associe durablement vie étudiante et délire permanent, comme si le temps du désengagement était venu. La college comedy est née et le tournant comique est pris pour longtemps.

Et même la France s'y met aussi avec Les Zozos, Diabolo Menthe, La Gifle ou A nous les petites Anglaises, L'école est finie. Dès cette époque, on sent un ton différent de celui d'outre-Atlantique.

La french touch : de l'humour certes, mais plus léger, avec parfois une pointe de gravité et de mélancolie (A nous les petites Anglaises)

La figure de l'ado inquiétant

Certains films prolongent le personnage de l'ado inquiétant, né avec les films de délinquance des années 50, tout en renouvelant l'approche.

Avec Halloween (1978), un nouveau sous-genre naît : le slasher, film d'horreur où des ados inconscients du danger (pléonasme) se font massacrer par un serial killer masqué, qui ne manque jamais d'imagination et de ténacité. L'association des ados et de l'horreur n'est pas nouvelle, mais elle est réactivée, aussi grâce au renouveau du film d'horreur en général dans cette décennie.

Sans être un slasher, Carrie (1976) rappelle qu'une ado frustrée et réprimée peut être destructrice, au moment où L'Exorciste (1973) en décrit une complètement possédée par le Diable (la femme sorcière, figure très ancienne à l'origine de nombreux bûchers, se trouve considérablement rajeunie).

Le glissement semble donc s'effectuer du jeune mâle violent à la jeune femme incontrôlable et/ou victime.

Cette figure de l'adolescence inquiétante se retrouve dans les derniers films où la révolte de la jeunesse est collective (Rock'n Roll High School, Over the Edge).

Ceux qui n'ont pas compris la symbolique du sang dans Carrie ont gagné le droit de revoir le film.

Rentabilité et nostalgie

D'une part, ces films sont très rentables et ce, très rapidement. Du coup, les grandes compagnies commencent à regarder de plus près : American College fait partie des 10 plus grosses recettes des années 1970 (avec Star Wars, les Dents de la Mer, le Parrain quand même !).

D'autre part, ces films sont presque tous nostalgiques, en évoquant les années 1960, du moins celles avant le Vietnam et la mort de Kennedy (American College se déroule en 1962, Grease dans l'année 1958-1959, American Graffiti au début des années 60, Un été 42 en ...1942, eh oui, incroyable).

La bande-son joue un grand rôle dans ce retour en arrière, avec de nombreuses chansons des sixties. Cette nostalgie peut se comprendre avec les traumatismes de la fin des années 60 (assassinats de M. Luther King, de Bobby Kennedy, émeutes urbaines) et des années 70 (crise économique, recul des USA dans le monde, montée de la violence urbaine).

Dernier point commun de la plupart de tous ces films, y compris français : la quête du dépucelage, qui donnera naissance aux sex comedies de la décennie suivante.

Retourner dans le passé : un rêve autant individuel que collectif, marquant le retour vers une forme d'âge d'or plus ou moins mythique, où tout semblait possible et plus facile (Grease).