Atelier du 3 juin 2016Solitude d’enfantpar FredaineDans cette foule d’élèves bruyantes, qui riaient, parlaient fort, s’ébrouaient, je me sentais de plus en plus isolée. Qu’avais-je donc en commun avec elles ? Pourtant c’était bien moi qui avais demandé à être pensionnaire pendant les trois jours de la retraite spirituelle organisée par le collège. Quelle folie m’avait prise ? Pourquoi diable me mettre moi-même dans cette situation stupide ? Je me sentais isolée, esseulée, seule à mourir dans cette cohorte qui piétinait avec fracas. Je haïssais les cris de ces êtres qui m’entouraient. Je haïssais les discours moralisateurs qui nous étaient tenus. Mon impuissance à intégrer le cadre dans lequel j’avais délibérément voulu m’inscrire était totale. Ce triste constat amplifiait encore le vide immense qui m’envahissait. L’estomac serré, les poumons haletants, je considérais sans complaisance mes mains devenues fébriles, qui tremblaient de fureur contenue. J’avais le sentiment d’être enfermée dans une cage hermétiquement close. Mais cette cage était en verre : elle laissait mon regard pénétrer avec lucidité dans les lugubres profondeurs de mon désespoir d’enfant. J’étais si désemparée que je ressentais avec une tristesse sans fin l’indifférence de l’univers qui m’entourait.
Cette solitude dans un troupeau de moutons bêlants devint intolérable. J’éclatai en sanglots.
Fredaine