D'après le livre de François Bon "Paysages de fer"
Le mot, le ressenti du vocable , routine, qui pourrait l'aimer ? Dans ce mot pourtant deux invitations, l'une au voyage intérieur ou extérieur, l'autre à s'endormir bercé par les comptines de notre enfance qui nous entraînaient invariablement vers un rêve roulé par les vagues de mots que nous ferions vite d'effacer pour le remplacer par les nôtres, ceux que les portes de nos rêves, une fois ouvertes allaient libérer,. Prendre la route vers une joie, un chagrin, quelqu'un ... Avoir et savoir prendre le temps de se préparer à l'arrivée, cette destination parfois transitoire ou, pourquoi pas, définitive. Ma route est toujours celle de l'amour, vu depuis l'habitacle modeste de ma voiture, assauts de musique rythmant les battements de mon cœur, musique allant droit au but de l'émotion, et invariablement ce moteur sentimental se met à battre pour devancer la joie du revoir. Rendez vous avec amis, amours, maisons et lieux familiers et chaleureux, chargés d'émotions. Mon trajet, celui dont nous parlions, débute à Mortagne, à travers la forêt de la Trappe et ses enchantements divins, ce curieux silence en toutes saisons, comme un sas de détachement d'avec l'avant, avec l'avant toi. Rouge, roux, rouille symphonie. Premiers pincements, battements et frémissements des ventricules. Au revoir à la pancarte " Perche terre d'accueil " et mon cœur commence à se préparer comme celui du renard du Petit Prince à la joie de l'attente, douce douleur vite vite consolée à l'arrivée. Il bat pourtant parfois la Chamade car les saisons d'amour de son habitant sont parfois en désaccord avec les miennes... Les Aspres, petit bourg sinistre, traversé maintes fois auprès d'un autre amour don le souvenir s'estompe et dont seuls les automatismes de cette traversée laissent deviner l'usage quotidien de ce trajet. Puis, direction l'Aigle, tiens je dépasse sans hésiter le tournant de l'Horloge n'ayant plus personne à déposer à la gare. J'accélère car au bout, enfin, la décision qui oriente ma vie, l'Ouest de l'Ouest, Lisieux. Egrennement de noms de ce voyage plus sentimental qu'Odysséen. Je peux donc continuer car tout est en place et je ne peux me tromper, ne veux pas me tromper, ne peux pas me tromper. Bref trajet mais non brève rencontre. Un voyage à poursuivre.
Dep