Légende et réalité d’un personnage.
Le rocher de La Loreleï (d’après un poème de Heinrich Heine)
Il était une fois, sur les bords du Rhin, un énorme rocher qui s’avançait dans l’eau sombre. Cet endroit était réputé très dangereux pour les mariniers parce que, autant le gros rocher était bien visible, autant de nombreux récifs immergés ne l’étaient pas et les bateaux venaient s’y échouer régulièrement.
Mais la légende explique différemment ces naufrages.
Dans ce rocher, une grotte servait de repaire à une sirène d’une beauté incroyable, elle s’appelait Loreleï. Elle était grande, mince, revêtue d’une longue robe dorée moulant ses formes parfaites. Mais surtout elle possédait une chevelure dorée comme sa robe qui descendait jusqu’au bas de ses reins. Elle en prenait grand soin et, en fin de journée, au moment du coucher du soleil, elle sortait de la grotte et montait sur le point culminant du rocher. Elle s’installait là face à l’astre déclinant mais encore resplendissant. Sa robe et sa chevelure dorées brillaient de tous leurs feux. Elle se mettait alors à chanter une chanson étrange et très mélodieuse qui résonnait dans la montagne. Elle déplaçait sa chevelure sur un côté et la peignait avec un peigne d’or ; son mouvement était lent, régulier et très harmonieux. Ses cheveux ondulaient avec la brise du soir et retombaient sur le rocher où était assise alanguie la sirène. Vu du fleuve, le spectacle était magnifique. Et la légende dit que les navigateurs qui passaient près du rocher étaient subjugués par cette vision. Au lieu de s’en éloigner pour éviter les récifs, ils s’en approchaient au contraire pour voir de plus près la sirène aux cheveux d’or et invariablement leur navire heurtait les rochers immergés et ils ne pouvaient plus s’en dégager.
C’est pourquoi ce rocher fut appelé « le rocher de La Loreleï ».
Passerose