Un vers comme un incipit à son propre poème
Comme des frères par Corinne Bunzl.
"Ton amour taciturne et toujours menacé"
m’entoure comme une ombre les yeux rivés
je me penche, je soumets
à ta forme bornée
mon ventre sans défense, mes mains écartées.
Je te dis sans relâche
soyons comme des frères
l’amitié dans l’amour comme pierre angulaire
la passion fugace
méfiance atavique
rien ne changera
j’en suis sûre, je t’assure.
Soyons comme des frères
je t’en supplie dis moi
ou sont passé les rires, tes hanches agiles
Sur l’autre rive j’irai solitaire et hautaine
de là je guetterai tes attaques soudaines
Jamais je laisserai ta vie de revanchard
couper dans son élan mon innocence choisie
Dans l’eau qui coule lente des bouts de bois descendent
aux formes saugrenues de torturées mésanges
Je lis, je rêve, je dors
sans plus d’attente en moi
Je suis ce que je rêve et
dans ton corps l’errance.
Corinne Olga Bunzl
"Pour l'oeil qui sait voir les larmes des choses..." Théophile Gauthier
Pour l'oeil... par Catherine Becquart
Pour l'oeil qui sait voir les larmes des choses
Il n'y a qu'une chose
Oter la parure du chagrin
Descendre au jardin
Ceuillir la rosée du matin
Revetir un habit de mousse
Et poser ses pieds nus
Sur le sol alcalin.
Pour l'oreille qui sait entendre
L'épanchement des Etres
Il n'y a qu'une chose
Recevoir le silence blanc
Monter à l'étage contempler le ciel
Et regarder l'arc en ciel donner
La courbure de nos émotions.
Pour le nez qui sait renifler
L'air du temps
Il n'y a qu'une chose
Plonger dans la mer tout nu
Deviner l 'espace restant
Entre l'horizon plat et les nuages
Sans cesse en ballade
Là haut tout là haut.
Catherine Becquart