Dinard, juin 2014
C'est pour toi Nicolas B. que je commence cet embryon de concentré d'émotions, sensations, questions, et à toi que je le dédie.
Ce qui m'envahit à l'arrivée, ce sont toujours les lumières et les parfums, puis viennent les sons pas toujours harmonieux mais en ce cas, maritimes.
La mer semblable partout et toujours, changeant de tons, d'éclairages, de texture même mais pas de message.
La pierre ici est grise, presque froide funéraire, imposante aux allures "parvenues" dans ses formes de manoirs aux grands airs. J'imagine les dames encorcellées, ennombrellées, emmitouflées, se protégeant du vent de liberté qui les taquine pendant leur descente vers la plage où elles ne se baigneront que timidement encore.
J'aimerais leur parler, leur décrire ce que ressentiront leurs filles et petites filles, comme nous, ces appels grisants du large, leur dire LACHEZ PRISE, LACHEZ TOUT CECI, ces frous frous,, ce fatras, en vrac là sur le sable et jetez -vous dans cette eau qui selon l'exposition de l'anse, est douce presque caressante, ou bien fouettante et âpre.
Vous en ressortirez salées après avoir ressenti la tiédeur du liquide amniotique marin et plus goûteuses aux lèvres de vos amants, avec au fond des yeux des profondeurs encore inexplorées.
Bien sûr, je suis ici et maintenant et ce vagabondage rétrospectif m'a été, je n'y peux rien, inspiré par ce coucher de soleil orgiaque de roses de gris, d'argentures et par ces silhouettes si humaines des rochers, sentinelles protectrices de notre petit voyage aux plaisirs distillés. Le Passé nous tient la main, nous empêche de trébucher.
Nous re-devenons l'enfant poisseux et salé qui lèche sa glace à l'eau en revenant le seau plein de coquillages et de sable vers la vieille maison craquante, parfois à échardes, mais écrin et coffre fort complice de ces souvenirs lumineux.
Notre guide amical et radieux nous conduit avec les yeux de l'amour. La carte du tendre et du moins tendre que nous parcourrons avec elle, loin de nous exclure de son histoire, nous intègre plutôt dans la chair même des lieux.
Le verre d'eau pétillante et bienvenue en terrasse sur la petite place de St Briac, la fatigue autant émotionnelle que physique, l'envie subite de pouvoir transmettre nos sensations, par dessin, photo, phrases écrites, prononcées, tout ceci avec la maladresse du néophyte nous submerge.
Ce lieu est à la fois sauvage et citadelle architecturale. Chaque être y a laissé sa trace sentimentale sous l'influence maritime.
Les mouettes le racontent, les vagues léchant le sable aussi.
J'ai envie de revenir sentir le pain chaud du petit matin, goûter les saveurs des fruits de la mer, me laisser fouetter par le vent salé, sablé. Trouver un Paradis perdu pour les autres et n'existant que pour moi, y lire longuement solitaire parmi les présences impalpables, nous sommes en Bretagne pays des fées, me griser peut être d'autre chose que de grand air.
Revenir, car tout ce paysage urbain, sauvage, civilisé et primitif me ressemble, nous ressemble.
Une presqu'île, un rocher, une petite ville engourdie après la sortie en mer matinale, un endroit où vivre autrement entre Eau Cosmique et Vents océans à portée de corps et de rêve.
Dep