Après lecture d'un extrait des mémoires de Chateaubriand. Naissance
Courbevoie des années 1930, banlieue avant tout ouvrière. Dans ma mémoire de fillette, les rues de banlieue c'est toujours triste et plutôt moche. Mais à Courbevoie, j'y suis née. C'st écrit sur tous les actes officiels. Maman raconte : Tu es née dans la clinique du.... « bon docteur »! qu'elle disait toujours, juste à côté d'une caserne. Tôt le matin, on entendait le clairon ! Et soudain réveillés, les nouveaux-nés se mettaient à brailler ! Le personnel de service maudissait le clairon mais rien n'y faisait ! L'Armée, c'est l'Armée et on ne revient pas sur le Règlement !! Moi, j'aime bien le clairon : » Soldat lève-toi ! Soldat lève-toi ! » J'aime ! Maman raconte : A cause de toi, à attendre ta naissance, j'ai dû rester allongée des jours et des jours pour m'entendre dire que l'accouchement pouvait mal se passer et qu'il valait mieux ne pas préparer de layette, ou peut-être ….une seule au cas où. Maman voulait une fille, l'unique layette fut rose. Mais serait-ce une fille ? A l'époque, seule la cartomancienne pouvait le dire. Le bon docteur.... quel était son nom ? Et pourtant Maman l'évoquait si souvent ! Mais non, je ne me souviens plus ! Le bon docteur avait ajouté :Avec votre bassin croisé, peut-être que l'enfant ne pourra pas passer. Alors, il faudra se résoudre à le découper ! Paraît, qu'on dit maintenant, que le bébé, dans le ventre de sa mère, entend tout et enregistre tout.... Et il a dit, le bon docteur, me découper ! Mais c'est qui ce cinglé ?
Le bon docteur avait dit aussi au père...ai-je su plus tard.
-Je sauve qui ? L'enfant ou la mère ?
-La mère ! Bien sur ! Avait répliqué le père.
Bref, à tous les coups, j'étais foutue ! Donc, l'urgence : sortir de là ! Et en vitesse !
- Eh bien oui ! Elle est sortie toute seule ! Raconta plus tard l'environnement familial.
MAIS....
Vous savez peut-être que dans les années 30, les femmes d'ouvriers ou d'employés ne travaillent pas
Alors, quand elles se rencontrent, à faire leurs courses, elles parlent de quoi. De leurs problèmes. La vie chère, et puis... et puis leur santé, leurs petits ennuis mensuels, leur accouchement...
-Ah, moi, comme une lettre à la Poste ! Et pareil pour les trois !
-Ah moi, ce fut horrible !
-Et moi, racontait ma mère, ma fille m'a déchirée !
Je suis l'enfant qui a déchiré sa mère ! Je suis la « petite brute » comme elle disait, qui a déchiré sa mère !
-Q'on m'a recousue à vif ! Qu'elle ajoutait !
Que faire ? Que faire après une telle condamnation ? Sans réaliser, tard, si tard que la déchirure ne pouvait provenir que d'un coup de ciseau du médecin accoucheur afin de libérér le passage !
Et voilà ! Karma ?
Karma encore de n'être pas la fille de …. son père officiel ?
Il avait « lâché » un soir : Drôlement content de ne pas avoir eu d'enfants ! Avec tous les emmerdements que cela entraîne !
Sonnée, j'avais tout de même interrogé : mais qui est mon père ?
Il avait répondu : demande à ta mère!
- Papa, elle est morte !
- C'est vrai ! J'avais oublié !
Karma ? Non, parce que je l'ai retrouvée, la branche paternelle. ! Tous au cimetière, certes ! Mais qui était le grand-père de mon grand-père paternel ?
Un colonel d'Empire, décoré de la Légion d'Honneur ! Alors ? Alors.... la caserne … Le clairon ! Fallait bien !
Colette
Naissance d'une petite soeur
Par Scarlett
C'était en 1945, précisément ce jour du 7 mai, fin de ces 5 Années de guerre horrible, que naissait ma petite soeur Dany, 5ème d'une fratrie de 7... Enfin quelques heures avant "on" ne savait pas à l'époque quel bébé maman attendaitNous habitions un joli village de la Seine et Marne, "Echouboulains" entre les villes de Melun et Montereau et aussi près de Fontainebleau où était installée "la kommandantur Allemande". Notre rue chaque matin pendant 3 ans, voyait et supportait "surtout" un défilé de soldats allemands devant notre grille et les volets fermés des habitants du village.
Ce jour du 7 mai était non seulement la naissance de ma petite sœur, mais aussi le jour de la libération de notre village par les américains.
Entre les cris de notre maman et l'effervescence dans les rues du village, mon père sortait souvent de leur chambre "sans rien nous dire" pour aller discuter dans la rue avec le Maire, notre voisin d'en face et d'autres personnes. Nous n'avions pas le droit d'entrer dans la chambre de Maman, nous restions bien sages, adossés contre le mur du couloir tous les 4 - mes 3 frères et mon autre sœur - main dans la main dans l'attente d'aller embrasser et consoler notre Maman, tant nous ne voulions plus l'entendre souffrir.
En attendant le médecin ou la sage-femme, je ne m'en souviens plus. Nous avons vu notre père sortir de la chambre et revenir avec "des briques". Nous avons su plus tard, que c'était pour rehausser son lit afin de faciliter l'accouchement et de diminuer ses souffrances, car, à cette époque et surtout en période de guerre, on accouchait à la maison.
Il y avait un autre événement ce jour-là dans notre village : le jour de la fête foraine et c'était un dimanche. Une aubaine pour mon père heureux de "se débarrasser" de nous. Il nous a confié à une voisine et amie et JAMAIS, nous avons profité autant de tous les manèges et dégusté autant de glaces, sucreries et barbe à papa.
A notre retour, tard dans la soirée, c'est une petite sœur qui était née : elle s'appelait Danielle et nous la découvrions emmitouflée de rose et de "langes" dans les bras de Maman : belle, blonde , avec de grands yeux noirs. Notre maman pleurait et nous souriait à la fois heureuse et délivrée.
Scarlett