A propos de la petite phrase de Vinteuil dans "du côté de chez Swan"
La « petite phrase » de Vinteuil est pour moi un passage de la sonate en la majeur pour violon et piano de César Franck (je crois que Marcel Proust l’écoutait en tant que telle « A la recherche du Temps Perdu » - Du Côté de chez Swann. ).
Je trouve les notes simples et pures, elles pénètrent en moi comme un langage de l’âme auquel les mots ne peuvent pas parvenir. Cette mélodie d’une douceur incroyable, d’une légèreté éthérée m’enveloppe et m’envahit totalement.
Sa délicatesse vaporeuse provoque en moi une émotion sublime inexplicable presque douloureuse puis devient lentement une impression surnaturelle quasiment divine qui m’envahit comme dans un rêve ; je suis alors apaisée comme dans un autre monde où tout serait tendre et beau.
A chaque fois que je l’attends et que je l’écoute, le miracle se produit. Elle devient comme une présence physique…et même maintenant qu’il n’est plus là. Un être peut donc revêtir une apparence sonore et devenir présence.
Pour moi, l’expérience d’entendre cette sonate et particulièrement la « petite phrase » est semblable à l’expérience de Marcel Proust lui-même lorsqu’il a goûté la petite madeleine pour la deuxième fois. Elle fait revenir le passé dans le présent. C’est une mémoire involontaire qui arrive par hasard et permet de revivre le temps perdu.
La « petite phrase » de Vinteuil est devenue comme l’hymne de notre Amour.
« On ne connaît pas son bonheur. On n’est jamais aussi malheureux qu’on croit. On ne connaît pas son malheur. On n’est jamais si heureux qu’on croit ».
Passerose