Frontières et transgressions

"Au cours d'un trajet, vous décidez de vous libérer en changeant radicalement quelque chose de votre vie. Racontez ce qui a motivé cette décision et comment les événements se sont déroulés"

A l'Ouest (de Dep) Première voiture, cheveux au vent, passeport pour la liberté, enfin ! Destination : ou le vent me pousse. Ce fut vers l'Ouest, vers ces couchers de soleil n'en finissant pas de se vautrer, d'irradier leur palette de lilas, rose et dorures, promesses de rêves aisément réalisés. Les suivre, aller vers "l'autre côté" j'entendis ce message ce soir là et me laissait aspirer. Ce soir de juin je me suis larguée avec l'illusion de transgresser les règles d'une vie bourgeoise et déjà convenue, me grisant d'arômes printaniers exquis.

Roulant jusqu'au point de non retour, franchissant le mur du son de la première indépendance.

Une auberge, de celles faites pour des amoureux à la recherche de pénombre discrète et anonyme ou de solitaires explorateurs des premières émotions printanières, une auberge gastro-astronomique pour la toute jeune fille d'alors. Attablée devant un festin voluptueux, solitaire et non esseulée, libre pour une brève parenthèse détachée de mon rocher. Mes papilles ont mémorisé les goûts si nouveaux des mets encore inconnus et souvent les couchers de soleil déclenchent une réaction Pavlovienne lorsque je roule vers le Couchant, toujours et encore.

Pourquoi dit-on "A l'Ouest "pour une perte d'azimuts ?

Mon Ouest ne me déçut jamais, il fut promesse tenue de volupté, porte ouverte vers ce que serait ma vie, fuite en avant vers le couchant et l'océan que j'allais traverser tant de fois.

Promesse d'amour également, liens de sang, vie de femme de mère, toujours vers l'Ouest.

Aujourd'hui Il a le charme serein de la paix d'une maison protectrice, d'un feu réconfortant et rougeoyant tel le coucher de soleil de ma jeunesse.

Et toujours cette petite voix tentatrice "si nous poussions plus loin encore notre quête des soleils couchants comme le fameux Petit Prince... Et si cette fois ci nous ne rebroussions pas chemin ?"

Dep